Ce huitième épisode du dossier Bob Morane part à la rencontre des héritiers d'Henri Vernes, Christophe Corthouts et Gilles Devindilis, poursuivant les aventures du héros depuis que Vernes a pris sa retraite. Dans cette deuxième partie, Gilles Devindilis, auteur des « Nouvelles aventures de Bob Morane » dont le quatrième volume est tout juste paru, répond à nos questions…
À quand remonte votre découverte de Bob Morane ? Et avec quel titre de la série ?
À pas mal d’années… Un jour de 1969 où, obligé de rester à la maison à cause d’un gros rhume, je m’ennuyais, mes copains étant à l’école. J’ai fouiné dans
la petite bibliothèque de mon frère aîné et j’ai eu le regard attiré par un bouquin à la couverture jaune sur laquelle l’illustration montrait un homme
sanglé sur un fauteuil de dentiste et à qui une machinerie envoyait des rayons rouges dans les yeux… Le samouraï aux mille soleils… La
première aventure de Bob Morane que je découvrais. Je l’ai dévorée. J’ai trouvé ensuite un livre relié qui, pour mon plus grand bonheur, recelait trois
autres aventures de ce Morane… C’était l’omnibus Marabout. Ces trois nouvelles histoires palpitantes avalées, il me fallait à tout prix en dénicher
d’autres. J’ai donc fait les librairies, une quête qui n’a jamais cessé depuis, sauf peut-être au début des années 80, les éditions Gérard ayant fait
faillite, les Bob Morane avaient disparu des rayons. C’est à cette époque que j’ai écrit à Henri Vernes et qu’il m’a répondu, une lettre
que je garde précieusement.
Avant d’écrire la suite des aventures de Bob Morane, vous avez déjà publié plusieurs livres : les aventures de Laurent Saint-Pierre, les aventures du
Vicomte de Brignac. Pouvez-vous nous en dire plus ?
J’ai fait des études de biologie, option « Industrie alimentaire ». J’ai donc une formation plutôt scientifique que littéraire. Mais l’œuvre d’Henri Vernes
m’a tellement marqué que je me suis mis à rêver qu’un jour, je pourrais moi aussi devenir auteur de romans d’aventures. Et puis il y a eu l’exposition de
1991 consacrée à l’univers Bob Morane à la maison de la Culture de Tournai, en Belgique. Lorsque je suis sorti de cette expo, la tête me tournait. Cette
exposition m’avait fasciné, ainsi que l’homme à l’origine de tout cela, Henri Vernes, le créateur de Bob Morane. C’est à cette occasion que je l’ai
rencontré la première fois. Lorsque j’ai quitté l’exposition, j’avais une idée fixe en tête : devenir écrivain. Mais ce métier ne s’invente pas. Il faut
travailler… beaucoup travailler. Et pour atteindre mon but, je savais que j’avais du pain sur la planche. Alors, je me suis mis à écrire en créant mes
propres personnages avec la volonté de réaliser également mon propre parcours. J’ai débuté par de l’autoédition. C’est à cette époque que des membres du
Club Bob Morane, auquel j’avais adhéré en 1988, ont découvert mes textes et qu’ils m’ont encouragé.
En 1996, pour raison professionnelle, j’ai dû
interrompre cette « carrière littéraire ». Mais en 2000, après avoir écrit un dernier roman dont j’avais mis les premiers chapitres en ligne, sur le Web,
j’ai été remarqué par un auteur québécois qui, étonné que je ne sois pas publié par un éditeur professionnel, m’a donné l’adresse des Éditions Pierre
Tisseyre, à Montréal. J’ai envoyé un tapuscrit de ce dernier roman et, deux mois plus tard, je recevais une réponse positive. On me demanda toutefois
d’adapter ce texte au lectorat québécois, ce que je fis. Les aventures de Laurent Saint-Pierre, jeune écologiste et baroudeur québécois, étaient nées. On
me commanda deux autres romans dans la foulée, puis par la suite, trois titres supplémentaires. J’obtenais une reconnaissance de mon travail par le milieu
professionnel de l’édition. Malheureusement, cet éditeur ne diffusait pas en Europe. Lassé d’attendre une plus large diffusion, j’ai voulu sortir de la
littérature jeunesse en me lançant dans le roman policier. J’ai donc écrit L’Affaire Petithomas, un roman mettant en scène le Vicomte
Chris De Brignac, ancien policier devenu détective. Ce roman était destiné à un éditeur du Morbihan où je vis actuellement. Par malchance, je suis arrivé
trop tard, l’éditeur en question ne publiant plus de « polar » au format poche. Comme j’ai horreur de laisser un texte dans un fond de tiroir, je l’ai
autoédité pour réaliser un test auprès des lecteurs. J’ai eu des retours assez favorables. Et puis, est arrivé Bob Morane… J’ai laissé tomber Chris De
Brignac pour me consacrer entièrement à ce rêve que je poursuivais depuis vingt ans. Parce que depuis l’expo de Tournai en 1991, j’avais aussi un rêve
secret : collaborer avec Henri Vernes dans l’écriture de Bob Morane.
À quand remonte votre première rencontre avec Henri Vernes ? Comment s’est-elle passée ?
Comme je l’ai raconté plus haut, la première rencontre a eu lieu en 1991, à Tournai. Mais j’ai simplement fait dédicacer un livre, trop intimidé par
l’homme que j’avais en face de moi. L’année suivante, j’ai assisté à l’assemblée générale du Club Bob Morane où Henri Vernes était présent. Là, il y a eu
le jeu des questions-réponses. J’ai posé la question suivante : « Si quelqu’un exprimait la volonté de devenir auteur de romans d’aventures, seriez-vous
disposé à l’aider par de précieux conseils ? » Henri Vernes a répondu : « Pourquoi pas ?… Si le travail est bon… » C’est à la fin de cette assemblée
générale que je lui ai remis un manuscrit en main propre… Le premier roman que j’avais écrit. Mon épouse qui m’accompagnait, a dit à Henri Vernes : « Vous
allez voir, c’est du Bob Morane »… Et Henri Vernes a répondu en souriant : « La relève est donc assurée… » Je n’invente rien, croyez-moi…
Je n’ai jamais eu l’avis de monsieur Vernes sur le manuscrit en question. Et c’est tant mieux, parce que ça ne valait pas grand-chose. J’espère qu’il l’a
bien vite jeté au feu.
Racontez-nous comment vous en êtes donc venu à continuer les aventures de Bob Morane ?
Contrairement à certains membres de la communauté « Bob Morane » je n’ai jamais écrit de « À la manière de… », ces petits textes mettant en scène notre
héros. Je me disais que j’écrirais mon premier Bob Morane quand le moment serait venu. En 2011, un ami de longue date, membre du Club, me
relançait régulièrement en me disant que ce qui sortait depuis quelques années ne correspondait plus à Bob Morane. C’est un peu la constatation que j’avais
faite en me procurant les derniers opus de la série. De plus, il n’y avait pratiquement plus de romans édités, mais de courtes nouvelles. J’ai donc cherché
à en savoir plus par des investigations sur le net. J’ai découvert les deux forums (www.annees-marabout.com et aproposdebobmorane.net) consacrés à Bob
Morane et les commentaires qui s’y échangeaient. Effectivement, ça « râlait »… J’ai constaté également que sur les 700 membres de ces forums inscrits peu
après leur mise en ligne, beaucoup avaient déserté les rubriques par la suite et ne s’exprimaient plus, déçus peut-être par le contenant et le contenu.
J’ai orienté mes investigations vers Henri Vernes et je suis tombé sur plusieurs enregistrements vidéo, notamment, une émission datant de 2008 consacrée à
la BD, intitulée « Un monde de bulles » où Henri Vernes était interviewé. À la fin de cette interview, j’ai compris que le célèbre auteur désirait que son
personnage continue à vivre des aventures. D’autres enregistrements m’ont fait comprendre qu’Henri Vernes désirait dorénavant se consacrer à autre chose
que Bob Morane, particulièrement à la rédaction de ses Mémoires. Poussé par mon ami du Club, je me suis dit que le moment était venu. J’ai donc écrit mon
premier Bob Morane, L’or gris de Bolivie fin 2011.
Grâce à la complicité de connaissances, le tapuscrit est arrivé dans
les mains d’Henri Vernes et dans celles de son éditeur, Ananké. Quelques jours après, j’avais une réponse positive. Par la suite, j’ai eu Henri Vernes au
téléphone et il m’a dit le bien qu’il pensait de mon travail. Je n’en croyais pas mes oreilles. Un rêve de vingt ans était en train de se réaliser. C’était
fantastique ! Dès lors, je me suis mis à réfléchir pour la suite. Averti par les commentaires des forums et par ceux de mon ami du Club, il fallait trouver
une idée pour relancer l’attrait de la communauté moranienne vers les aventures de Bob Morane. J’ai compris que les avis étaient divisés entre ceux qui
voulaient conserver un Bob Morane comme ils l’avaient toujours connu sous la plume d’Henri Vernes et ceux qui, au contraire, souhaitaient le voir évoluer
et se moderniser pour séduire un public plus jeune. Cette idée, je l’ai eue. Il fallait disposer de deux Bob Morane : un qui serait renvoyé dans
le monde des années 50/60, le décor qui a fait son succès ; un autre qui resterait bien ancré dans le XXIe siècle. Mais comment faire pour que tout cela
soit cohérent ? L’idée de la « duplication » de Bob Morane m’est alors venue en mettant en scène dans un roman des personnages et des « trucs » créés par
Henri Vernes, notamment monsieur Ming, alias l’Ombre Jaune, le plus grand ennemi de Morane, et son terrible duplicateur. À partir de là, une nouvelle
collection pouvait naître, celle des nouvelles aventures de Bob Morane, une collection constituée d’aventures se déroulant en parallèle dans deux univers
temporels différents sans que ça soit incohérent.
Comment vous êtes-vous coulé dans le moule moranien créé par Henri Vernes ? Cela a-t-il été facile ?
Je suis un pur disciple d’Henri Vernes. Mon style d’écriture est calqué sur le sien. Et je suis un fan de Bob Morane depuis plus de 40 ans ! Mon épouse me
dit que j’aurais dû me faire connaître plus tôt… Peut-être… Je ne sais pas… Mais on ne marche pas aussi facilement dans les pas d’Henri Vernes. Il y a
encore du travail à faire.
Dans ses interviews, Henri Vernes explique sa manière d’écrire un Bob Morane, qui, à partir d’un titre et d’une situation initiale, laisse une
large part à l’improvisation. Quant à vous, quelle est votre méthode pour écrire un Bob Morane ?
Je ne pars pas d’un titre mais d’une idée de scénario. Cette idée peut me venir de différentes sources : revues scientifiques, reportages TV, actualités
mondiales… ou d’un sujet que j’ai envie de traiter. Ensuite, je cherche le titre. Un titre à la Henri Vernes, si possible. À partir de là, je mets sur
papier un synopsis avec quelques repères pour l’écriture du roman et je sélectionne un ou plusieurs décors ainsi que les personnages. Et, je me lance en
improvisant. Des idées complémentaires me viennent pour structurer et étoffer le texte. L’or gris de Bolivie a ainsi été écrit en trente
jours.
Envisagez-vous, ou pensez-vous qu’il soit possible d’imposer sa patte sur Bob Morane, une série littéraire déjà très balisée avec ces deux cent trente
titres ?
Ma patte sera l’exploitation de l’idée de « duplication » de Bob Morane. Ensuite, peut-être, en rendant le personnage plus adulte… Mais je pense que si les
lecteurs retrouvent par mes textes, les aventures qui les ont fait rêver dans leur jeunesse, ça sera une belle récompense. Certains m’ont d’ailleurs déjà
écrit dans ce sens. Et si en plus de nouveaux lecteurs adhèrent à la franchise, alors… Ce que je dois dire aussi, c’est que cette idée de « duplication »
est une réponse que je souhaite optimisée pour satisfaire le plus grand nombre de lecteurs. Comment sont répartis ces lecteurs aujourd’hui ? Quatre-vingt
pour cent sont âgés de quarante à soixante-dix ans. Les vingt pour cent restants sont plus jeunes, ceux qui ont découvert Bob Morane par la chanson
d’Indochine, « L’Aventurier », par la BD, ou par la série animée. Même s’il est impératif de renouveler le lectorat de Bob Morane, il
était inconcevable pour moi de laisser tomber les quatre-vingt pour cents d’anciens lecteurs (j’en fais partie de toute manière…). Question de respect…
Duplication
se présente comme le numéro 0 des « Nouvelles Aventures ». Pourquoi avoir choisi de rebooter (d’une certaine manière) la série ?
Je pense qu’il fallait réorienter les aventures de Bob Morane dans une direction précise afin de relancer la collection. Apporter du neuf sans renier la
tradition… Soixante ans d’existence, ce n’est pas rien. Et la « duplication » de Bob Morane le permet. Il n’est pas question pour moi de faire table rase
de l’œuvre d’Henri Vernes et risquer de « dénaturer » le personnage. Henri Vernes, c’est Bob Morane et Bob Morane, c’est Henri Vernes. Littérairement
parlant, bien sûr… Ce qui me tient le plus à cœur, c’est la cohérence de l’œuvre. À ce sujet, le reboot du Lombard, en BD, prévu pour fin 2014, me gêne
déjà beaucoup. Je ne vous cache pas que par moments, des idées me traversent l’esprit pour faire recoller tout ça ensemble.
De quelle manière ? En justifiant dans un roman l’existence de ce Bob Morane rebooté ? En collaborant avec les auteurs de la BD ?
Brunschwig n’a pas cherché à s’informer sur les auteurs des romans Bob Morane. Le Lombard lui a donné carte blanche pour le reboot. Il ne connaissait pas
le monde de Bob Morane. Il a simplement contacté Henri Vernes pour « saisir » la psychologie de base de Bob Morane et a décidé de tirer un trait sur son
passé. Alors oui, il y aurait peut-être moyen de justifier l’existence de ce Bob Morane rebooté par un roman spécifique… À voir…
Les Bob Morane d’Henri Vernes se caractérisent par leur atemporalité : les aventures se déroulent dans des époques que quelques menus indices
permettent de dater, et le héros ne vieillit pas. Cependant, à la fin de Duplication, vous propulsez Morane dans un univers parallèle, à une date
précise en 1953. Les années auront-elles désormais prise sur lui ?
C’est à l’étude. Je récolte les avis. Le faire vieillir, c’est le condamner à un moment ou à un autre en lui planifiant une retraite… Après tout, il
l’aurait bien méritée, non ?… Mais n’oublions pas qu’en ce qui concerne les aventures « vintage », Bob Morane revisite le passé mais avec sa mémoire du
XXIe siècle. Cela permet de développer des réflexions sur l’histoire et certains événements qui s’y sont déroulés… Est-ce que Bob Morane, par son sens de
la justice et de l’équité, pourra modifier l’histoire de cet univers parallèle proche du nôtre ?… Grande question.
Ne peut-on pas imaginer qu’il y a déjà plusieurs Bob Morane évoluant dans différents univers parallèles ? Certains événements (comme, par exemple, le
conflit à l’échelle mondiale dans Les Dents du Tigre) ne sont plus évoqués par la suite et semblent même n’avoir jamais eu lieu que dans le roman
où ils apparaissent ; les méchants ne se rencontrent que rarement ; la menace représentée par Ming est seulement présente dans les romans « Ombre jaune » ;
l’Amérique centrale et du Sud abrite des pays imaginaires qui auraient du mal à figurer tous sur une même carte, etc. Allez-vous remettre à plat tout
cela ?
En ce qui concerne une série de Bob Morane évoluant dans autant d’univers parallèles, ça serait trop se disperser. Deux Bob Morane, c’est déjà bien assez
et il y a de quoi faire. Lorsque j’ai formulé sur papier l’idée de « duplication », je n’ai pas mesuré tout de suite tout ce que cela pouvait entrainer
d’un point de vue scénaristique. Mais en réfléchissant bien, cette idée de « duplication » ouvre de nombreuses perspectives. Comme les aventures se
déroulent dans deux univers temporels différents, l’un du passé, l’autre du présent, avec leurs mœurs respectives, il est possible d’envisager deux
écritures différentes : l’une, celle des romans « vintage », totalement à la « Henri Vernes » ; l’autre, celle des romans XXIe siècle, conservant une base
à la « Henri Vernes » mais en étant plus en phase avec le lectorat d’aujourd’hui. À mon sens, il n’y aurait là aucune incohérence. De plus, rien n’interdit
d’écrire des romans où les deux univers se mêlent, notamment, lorsqu’il sera question de l’Ombre Jaune, les « Bob Morane » luttant de concert contre les
« Ming ». En ce qui concerne la non-confrontation entre les méchants, je crois qu’il y a une raison à cela : la supériorité écrasante de monsieur Ming. Il
n’en ferait qu’une bouchée… Sur les décors géopolitiques mis en scène par Henri Vernes, beaucoup inventés de toutes pièces, je pense qu’il y a également
une raison à cela : Henri Vernes n’a jamais voulu trop politiser son héros, les romans ayant comme but premier la distraction par la lecture. Et puis lui a
toujours écrit dans le « présent ». En revanche, la solution de l’univers parallèle des années 50/60, m’offre la possibilité de le façonner à ma guise. En
fonction des aventures, je peux le choisir identique au vrai univers, le transformer légèrement ou y faire figurer des géopolitiques inédites. Bref, je
peux faire de l’uchronie sans que cela ait de répercussions sur le vrai univers. Quant au roman Les Dents du Tigre, je me souviens qu’il
m’avait également perturbé lors de sa lecture, son dénouement étant décalé par rapport aux autres titres de la collection.
Dans Duplication figure l’Ombre jaune. Faire intervenir un personnage assez galvaudé, n’était-ce pas un défi ?
Ming est un personnage incontournable de l’œuvre. Et il y a moyen de le rendre bien plus méchant et détestable qu’il ne l’a été jusqu’ici, à cause du
lectorat auquel les aventures de Bob Morane étaient destinées, celui de la jeunesse. Si Bob Morane devient adulte, il peut s’adresser à un public plus
large. De toute manière, aujourd’hui, le monde des ados a profondément évolué par rapport à celui auquel s’adressait Henri Vernes jadis. Il faut en tenir
compte.
Qu’est-ce qui pourrait caractériser un Bob Morane adulte ? Des aventures davantage dans le ton de Poison blanc ? Qu’est-ce qui changerait dans le
personnage ou l’écriture, quelles sont les constantes obligatoires ?
Un Bob Morane adulte, ça pourrait être des sujets abordés plus en profondeur… Des sujets de société. Des relations plus étoffées entre les
personnages, les rendre plus « psychologiques ». Dans Poison blanc, il y avait un peu de cela… Un peu, parce qu’aujourd’hui, pour
actualiser ce roman, il faudrait nettement durcir le ton.
Tous les personnages emblématiques de l’univers BM n’ont pas été renvoyés dans cet univers parallèle (Orgonetz et Miss Ylang-Ylang, par exemple).
Seront-ils présents tout de même dans de futures aventures ?
Franchement, je n’en sais encore rien. Là aussi, il y aura d’autres méchants et d’autres créatures sulfureuses.
En janvier doit paraître le quatrième tome des Nouvelles Aventures, Les Faiseurs d’oasis. Ce roman va-t-il revisiter Les Faiseurs de désert ?
Non, ça n’a rien à voir. Je voulais sortir Bob Morane de la SF ou de la fantasy en lui faisant revivre des aventures sans ces artifices. Les Faiseurs
d’oasis en est un exemple. Une véritable aventure à l’ancienne… Un retour aux sources… Mais il y aura toujours de la SF chez Bob Morane puisque je suis un
fan de ce genre littéraire.
Envisagez-vous néanmoins de revisiter certains romans de Vernes, par la bande ou frontalement ?
Henri Vernes m’a lui-même parlé de cette possibilité. Là aussi, à voir…
En SF justement, quels sont vos auteurs ou vos romans préférés ?
Je suis un passionné d’astrophysique et de cosmologie. Je dévore des Hubert Reeves, des Stephen Hawking, des Trinh Xuan Thuan, des Brian Greene et des Igor
et Grichka Bogdanov… Mais là, il s’agit d’essais de vulgarisation. Pour les romans SF je lis, K. J. Anderson, P. F. Hamilton, S. Baxter, R. Reed, I. Bank,
K. S. Robinson, D. Brin, A. D. Foster… A. C. Clarke et d’autres… J’ai particulièrement aimé Karen Traviss avec ses Wess’Har. J’aime bien
le space opera en général, surtout lorsqu’il est question d’exploration de mondes lointains. Mais pour moi, le chef d’œuvre, c’est Alien.
Je ne me lasse pas de visionner les films tirés de cette franchise, à part le dernier sorti racontant les origines à cause des erreurs grossières qu’il
contient. Et 25 sur 20 pour Sigourney Weaver !
Le mot de la fin ?
Depuis leur création par Henri Vernes, en 1953, les aventures de Bob Morane sont devenues un véritable phénomène de la Littérature Populaire. Plus de
quarante millions d’exemplaires ont été vendus, rien que dans la francophonie. Et je ne compte pas les BD. Je compare cela à un Big bang. Aujourd’hui, il
en reste un bruit de fond, ce sont les milliers d’anciens lecteurs que la lecture de ces petits romans a marqués dans leur jeunesse. Ces gens-là n’ont pas
oublié Bob Morane. La preuve ? Lorsque je fais des salons du livre et que des visiteurs défilent ou s’arrêtent devant ma table, leur première réaction est
de sourire. Et croyez-moi, il y a là un sentiment très attachant. À travers les Nouvelles Aventures « vintage » de Bob Morane, mon travail d’auteur
consiste à offrir de nouveau à ces lecteurs-là des romans spécialement écrits pour eux, à la « Henri Vernes ». Quant aux lecteurs plus jeunes, j’espère
qu’ils pousseront eux aussi la porte de ce monde fabuleux et qu’ils découvriront les Nouvelles Aventures estampillées « XXIe siècle » avec autant de joie
et de bonheur que leurs aînés. C’est tout le mal que je nous souhaite…
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Le site de Gilles Devindilis.
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