La question de la réévaluation des droits d'auteur dans le cadre du livre numérique.
En novembre dernier, un groupe d'auteurs, réunis au sein d'un collectif intitulé Le Droit du Serf, lançait un appel incitant les auteurs à refuser tout avenant de contrat concernant la vente de leurs livres au format numérique. La raison ? La proportion des droits d'auteur, identique à celle pratiquée pour le livre papier, jugée comme relevant de la « spoliation » alors même « qu'il n'y a pas de distribution, que le coût de la diffusion devrait être très faible et que l'essentiel du boulot éditorial est déjà effectué », écrivait Ayerdhal. Quel est le point de vue de nos éditeurs sur cette polémique ?
Répartition du prix d'un livre papier (Source : SNE)
En bref
On ne pouvait pas manquer l'occasion de ce dossier pour donner la possibilité aux éditeurs de s'expliquer sur cette polémique qui a brièvement secoué la sphère SF à l'automne dernier. Toutefois, nombreux sont les éditeurs qui, employés de grands groupes dont les aspects purement pécuniaires dépendent de service commerciaux, et qui n'ont pas de pouvoir sur ces questions. Il me semble que « personne ne cherche à "arnaquer" qui que ce soit, ou à se faire un maximum de bénéfices sur le dos des auteurs » et tous s'accordent sur le fait que si la vente d'un livre numérique permet de dégager plus de bénéfices, c'est l'auteur qui doit bénéficier de cette plus value. Certains arguent que s'ils sont forcés de pratiquer ces pourcentages, c'est surtout le fait de grands groupes de distribution qui, craignant de devenir dispensable dans le cadre du numérique, leur imposent de reprendre le modèle économique du livre papier pour ne pas avoir à renoncer au « tas d'or » sur lequel ils sont assis.
Si l'on s'en tient au graphique ci-dessus, la vente d'un livre numérique, par exemple, directement depuis le site de l'éditeur permettrait, en théorie, d'économiser plus de 50 % du coût d'un livre (part détaillant + part diffuseur/distributeur + une partie de la part fabrication). Mais est-ce aussi simple ? Il faut signaler qu'au jour d'aujourd'hui, la TVA sur la vente de livre numérique est toujours de 19,6 %, ce qui engloutit aisément la part distribution/diffusion. Par ailleurs, nombreux sont les éditeurs qui signalent que la fabrication et la diffusion d'un livre, tout immatériel qu'il soit, a quand même un coût, coût qui est mal connu aujourd'hui. Économiser la part détaillant signifierait aussi se passer du libraire, ce qui peut paraître évident du point de vue technique, mais peut aussi déranger dans un pays très attaché à son réseau de librairies indépendantes, protégé depuis près de 30 ans par la loi Lang.
En définitive, la problématique des droit d'auteur n'est que le sommet d'un iceberg qui cache un véritable flou juridique et de nombreux autres problèmes, malgré les préconisations du rapport Zelnik. Quelle sera la part des droit d'auteur dans le cadre d'une vente numérique ? Mais aussi, quelle sera la durée de cession de droits d'un livre numérique devenu par définition inépuisable ? Pour en arriver à un nouveau modèle quoi soit à la fois équitable pour les auteurs et économiquement viable pour les autres acteurs de la chaîne, il faudra en passer par la résolution de ces problèmes.
On entend tout est n'importe quoi là dessus. Editer quelqu'un, c'est un échange dans lequel il faut que chacun ait l'impression de trouver sa
juste part. Reste à la définir. Il ne faut que l'auteur se sente floué et que l'éditeur ait l'impression de ne rien gagner. Dans
l'édition traditionnelle, la part du diffuseur/distributeur, du libraire et de l'imprimeur impacte fortement le prix du livre, et du coup les
droit d'auteur et les recettes de l'éditeur. Dans le cas d'un livre numérique, il faut calculer les coûts de production. A priori,
cela coûtera moins cher à faire. Très bien. Mais quelle sera la part du diffuseur/distributeur ? En gros on peut vendre un livre
numérique sur son site mais aussi passer par Amazon ou la Fnac pour en vendre plus. Quels pourcentages prendront-ils ? Bref, il y a encore pas mal
d'interrogations. Il semble normal que les droit d'auteur sur le livre numérique soient plus importants que pour un livre papier puisque les
coûts de fabrication sont moindres. Mais quel est le bon chiffre ? 20% ? 35% ? 50% ?
À ma connaissance, personne ne sait rien sur les frais de production dans le numérique, qui semblent beaucoup plus élevés qu'on ne
l'avait estimé. Ni sur les coûts de diffusion. La proportion de droit d'auteur sera comme d'habitude essentiellement affaire de rapports de
force. Voyons comment cela évoluera sur le marché américain qui ne va si bien que ça, ni sur le livre papier ni sur le livre
électronique. Ce que je crains le plus, comme je l'ai déjà indiqué sur plusieurs forums, c'est l'extraordinaire facteur de
concentration sur les best-sellers que cela promet de représenter. Il y aura les gratuits et les super-best-sellers. Entre les deux, pas grand
chose, je le crains.
Pour le moment, j'ai peu à dire sur le sujet car j'attends avec impatience que les éditeurs se mettent d'accord sur des droit d'auteur
décents et en faveur des auteurs. Ce qui n'est sans doute pas gagné. Et je comprends l'inquiétude des auteurs. Hélas, beaucoup n'y
connaissent rien non plus et je me retrouve parfois à discuter du sujet avec des écrivains aussi paumés que moi…. Bref, je ne suis
certainement pas un très bon exemple d'humain mis à jour sur ce type de technologie ! Il faudrait me greffer une application avec manuel
d'utilisation… Un comble pour une éditrice de SF, je sais.
Ne connaissant pas tous les tenants et les aboutissants, notamment les coûts de production et de diffusion d'une œuvre sur support
numérique, je me garderais bien d'avoir une opinion. Ce que je sais, en revanche, c'est que personne - personne de ma connaissance, en tout cas -
ne cherche à "arnaquer" qui que ce soit, ou à se faire un maximum de bénéfices sur le dos des auteurs. Le fait est qu'au jour
d'aujourd'hui les éditeurs sont incapables de savoir s'il se vendra 100, 1000 ou 10.000 copies numériques d'un livre. Le marché est
totalement nouveau, pas encore prêt (du fait de la rareté des liseuses), il est donc impossible de mettre en place un modèle
économique viable. Dans ces conditions, imaginer la répartition des bénéfices est purement fictif.
Je ne suis pas encore entré dans ce débat, car je manque de données, je n'ai pas encore une visibilité suffisante des frais et
marges respectives d'un livre numérique. J'estime cependant que la position officielle du SNE comme quoi il n'y aurait pas de rupture
d'exploitation entre le papier et le numérique est outrageuse pour les auteurs, et que ne rémunérer ces derniers qu'au même
pourcentage que le papier serait malhonnête. J'ignore en revanche quel serait le "bon" pourcentage, pour l'instant.
C’est le vrai problème. Il y a un modèle économique a inventer, et là il y a du boulot. L’un des aspects importants
dudit problème réside dans le fait que les grands groupes d’éditions sont tous propriétaire de leur réseau de
diffusion/distribution. Ce réseau représente un vrai tas d’or ; et les grands groupes en question refusent d’envisager
l’éventualité même que ce tas d’or soit potentiellement un peu moins gros. Et j’insiste sur le « potentiellement
». Le propre du livre électronique, c’est de court-circuiter le réseau de diffusion habituel (soit un diffuseur, un distributeur
et un libraire). Avec le livre électronique, n’importe quel éditeur peut proposer directement sur son site ses ouvrages à vendre
en numérique. Ou passer un accord avec une plateforme de diffusion spécialisée (type Amazon, par exemple). Et ça, il semble que
ça inquiète énormément les groupes, qui ont pour certains dépensé des fortunes afin de constituer leur propre plateforme
de diffusion (Eden-Livres, qui réunit Gallimard, Flammarion et La Martinière), plateforme qui semble fonctionner, si j’ai bien compris,
plus ou moins sur le même modèle économique que pour le livre papier, ce qui n’a pas grand sens.
Quoiqu’il en soit, à l’heure ou j’écris ces lignes, et bien qu’étant responsable des éditions du
Bélial’, éditeur distribué par la Sodis, c’est-à-dire Gallimard, et donc concerné par Eden-Livres, je suis
frappé par la quasi totale absence d’information qu’on nous donne. Je ne sais pas quoi dire à mes auteurs. Vraiment. Et je ne
comprends pas bien en quoi le fait que le Bélial’ propose des ouvrages électroniques directement via son site pose problème
(après tout, c’est la même chose que de proposer des livres papiers en VPC, et c’est bien ce que nous faisons…).
Bref. Le livre électronique véhicule une part de fantasmes considérable. Sans même parler du piratage. A ce propos
d’ailleurs, je sais d’expérience que les plus grands pirates sont aussi les plus grands acheteurs, les plus gros consommateurs. Le
piratage ne m’inquiète en rien, bien au contraire. Quoiqu’il en soit et pour résumer, je pense que la montagne va pour
l’essentiel accoucher d’une souris. Je ne veux pas dire qu’il faut négliger le livre électronique. Le train est au
départ, et le Bélial’ sera dedans, avec des conditions satisfaisantes pour ses auteurs, on fera ce qu’il faut pour, et dans
l’esprit d’indépendance qui nous carractérise…
Ce serait bien que les auteurs gagnent autant qu'avec le papier, en tenant compte de la baisse de prix de vente, donc peut-être d'ajuster les taux
sur les ventes. Pour discuter de cela, il y a des cadres de discussion avec les auteurs, SGDL et SOFIA, je crois que pour l'instant tout et n'importe
quoi circulent. J'ai d'ailleurs cru qu'il était question de 25% de droits sur les ventes H.T., or le modèle anglo-saxon semble proposer 25%
sur les revenus des ventes moins les couts, c'est bien différent et pas nécessairement mieux que 8%...Et il y aurait des éditeurs
français prêts à proposer la botte pour faire parler d'eux ou faire venir des auteurs, je suppose.
Une des questions centrales dans la chaîne du livre tourne autour du rôle de la librairie : s'il y a des libraires, à eux de se
mobiliser pour exister et prolonger leur rôle par le net, les coûts de la chaîne ne seront pas vraiment différents de ceux qui sont
établis aujourd'hui. Je me garde encore du mythe myspace, le chemin directe de l'offre à la demande, du producteur (éditeur ? auteur ?)
au consommateur. Aujourd'hui déjà, fabriquer un livre ne coûte pas beaucoup, en impression numérique, chacun peut se construire
son site et le proposer à la vente, mais reste à éditer de bons livres et à les faire connaître.
Tous les intervenants font comme si cela coûtait moins cher à tous les étages, cela reste à analyser, est-ce que l'on
considère que le numérique comme du marginal, c'est à dire débarrassé des charges fixes de l'éditeur, de la correction ou
traduction, promotion ?
Ce n'est pas faux, mais c'est à nuancer. La part de la fabrication dans le coût global d'un livre n'est pas forcément la plus forte, et
il y a d'autres paramètres qui entrent en ligne de compte. Tout dépend du livre, de l'avance consentie pour le publier, de ses éventuels
coûts de traduction, de la communication dont il fait l'objet. Toute la partie éditoriale notamment demeure inchangée, ainsi que, peu ou
prou, ce qu'on appelle les charges de structure. Ensuite des économies seront réalisées sur l'impression ou d'une manière
générale sur la logistique autour du livre, c'est certain, et si le coût général d'un livre baisse, il n'y a pas de raison de
ne pas en faire bénéficier l'auteur, entre autres.
Vu notre contrat et les droit d'auteur que nous avons chez Rivière Blanche, cela ne posera pas de problème, mais nous sommes un cas
peut-être à part, vu que nous ne cherchons pas à faire de bénéfices, que nous sommes bénévoles et que nous
partageons les bénéfices 50-50 avec les auteurs. Donc nous proposerons un contrat dans le même ordre d'idée. Par contre,
actuellement, pour les auteurs, il ne faut rien signer. Je pense que les éditeurs ne savent pas très bien sur quel pied danser. Je parle des
grands éditeurs. Et je pense que les auteurs ont toutes les raisons à l'heurre actuelle de s'inquiéter, car on entend de tout. Par
exemple, que le prix du livre sera le même en version papier qu'en version numérique, avec les mêmes droits pour les auteurs.
En général, quand on pense livre numérique, on pense prix de vente beaucoup plus bas, beaucoup de coûts intermédiaires qui
disparaissent (notamment l'imprimeur et le libraire), et donc pourcentage de l'auteur qui monte en flèche. Quand on se documente un peu, ça
n'a pas l'air aussi simple. D'après le SNE, par exemple, mais nous avons trouvé le même genre d'infos en provenance du Canada ou du
Japon, le coût du livre électronique ne sera pas si bas que ça. Des coûts intermédiaires sont supprimés mais d'autres
apparaissent (fabrication et sécurisation des fichiers, par ex), et la partie diffusion-distribution restera probablement indispensable. En ce qui
concerne la France, la TVA qui est de 5,5% sur le livre papier passera à 19,6% sur le livre électronique, ce qui donne un surcoût de 14%
du livre électronique risquant d'engloutir les économies réalisées malgré tout. Bref, le livre électronique à
2€ avec 50% de droits à l'auteur, on ne sait pas si c'est vraiment faisable. D'un autre côté, cf.le point suivant, nous n'avons
pas spécialement creusé la question non plus.
Chez Alire, même si nous pratiquons des prix "noraméricains" pour le numérique (contrairement aux éditeurs français qui,
jusqu'à maintenant, proposent des prix éhontés... heu... je veux dire européens !), et donc nettement moins élevés (de
6,99$ à 10,99$ pour le numérique, comparativement à 11,95$ à 19,95$ pour les versions papier), nous sommes en mesure d'assurer aux
auteurs une rémunération à l'exemplaire égale ou supérieure à celle reçue pour un exemplaire papier (je rappelle
qu'au Québec, le droit d'auteur correspond à 10% du prix de vente du livre papier). Pour Alibis et Solaris, à partir du premier
numéro 2010, comme la revue est dorénavant offerte tant sur papier qu'en format numérique et que nous payons nos collaborateurs sur une
base forfaitaire, j'ai tout simplement pris la décision de majorer de plus de 50% les rémunérations aux auteurs.
Certains s'inquiètent, certains sont furax, d'autres ont « signé les papiers » sans même poser de questions. J'espère
avoir bientôt, en ce qui concerne « mes » auteurs, toutes les données économiques, techniques, tous les arguments qui me
permettront de leur expliquer pourquoi c'est comme ça et qu'elle est la marge de manœuvre réelle. Le modèle économique
Gallimard / Flammarion / La Martinière (tel qu'on me l'a présenté) a été conçu avec des droits d'auteur de 14% maximum,
parce qu'il « protège » la librairie traditionnelle, ce qui a un coût. Je comprends que les auteurs hurlent, mais je comprends
aussi la démarche de ces trois groupes attachées à la nébuleuse de petites et moyennes librairies qui quadrille la France, un
système unique au monde (on a tendance à l'oublier). Après, toutes les maisons d'édition ne sont pas convaincues par ce modèle
économique et certaines proposent déjà à leurs auteurs des droits électroniques de 33% (voire davantage) en courtcircuitant la
librairie, voire la diffusion dans son ensemble.
La question vaut la peine d’être débattue, mais il faut avoir tous les éléments en main. Pour l’instant, je
préfère diffuser gratuitement et temporairement à des fins de promotion. Les droits d’auteurs sont une préoccupation
immédiate pour les auteurs, parce que nous vivons une période d'expérimentation. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut
pas rééditer les erreurs du disque et calquer le modèle numérique sur le modèle physique. Pour l’instant, nous
n’avons pas pris position sur les problématiques du prix du livre numérique et nous ne sommes pas entrés dans le débat.
Mon point de vue est simple. La chaîne de valeur du livre change, la rémunération des auteurs doit alors donc changer en leur faveur.
Maintenant, plus globalement, ce sont des discussions qui doivent se mener dans le cadre des institutions responsables (Syndicats d'auteurs, SNL, CNL,
ministère de la Culture et aussi celui de l'Industrie, Google, Amazon, libraires, diffuseurs/distributeurs, etc.) et j'espère plus
clairvoyantes que pour la musique. La position du "on fait semblant de changer, on pond une loi pour contenter les gros" ne pourra mener que dans le
mur avec un Google surpuissant et qui discute publiquement d'égal à égal avec les États (ce qui est assez incroyable au passage),
des auteurs souvent inquiets, des lecteurs/utilisateurs qui de toute façon ont déjà changé leurs comportements et surtout des
technologies qui changent en profondeur tous les trois ans.
Effectivement, l’économie du livre va être changée. A terme, si on passe à du 100% numérique, on n’ aura plus les
coûts de l’impression papier. Il faut évidemment voir à long terme, mais il faut aussi voir à court et moyen terme, où
l’on aura très vraisemblablement une coexistence des deux medias. Il va y avoir de nouveaux acteurs dans la chaîne du livre, de
nouveaux intermédiaires, de nouveaux modes de diffusion, de nouveaux coûts. Nous ne réfléchissons pas pour l’instant en terme
de chiffres, mais en terme de schéma, et c’est un débat dans lequel nous n’avons pas encore de position définie.
Dès le départ, nous avons donné un pourcentage supérieur pour les éditions numériques. C'est normal vu l'absence
d'investissement dans la fabrication papier et de stock, et aussi du fait du prix très inférieur de nos livres numériques vs leur
correspondant imprimé. Avec l'option "sans DRM", nous avons encore augmenté le pourcentage pour les auteurs. Et pour la lecture en ligne,
qui sera mise en place prochainement, les auteurs toucheront davantage encore en pourcentage.
N'étant pas directement concerné par le problème, je n'ai pas tous les éléments pour répondre à cette question.
Il est bien évident que l'auteur (sans lequel il n'y aurait pas d'ouvrage et donc pas d'ouvrage numérique) doit tirer profit de
l'exploitation numérique de son oeuvre. Dans quelle proportion ? Je n'en sais rien, mais je crois comprendre que le problème n'est pas
qu'un problème de coût de fabrication. Tout (semi-)béotien que je suis, je vois d'autres points de dépense potentiels et c'est
sans doute loin d'être les seuls.
1. Qui va vendre les livres numériques ? Un libraire en ligne (qui peut aussi être libraire en ville) ? Il faudra qu'il soit
rémunéré. L'éditeur directement ? C'est une évolution de son métier qui n'est pas absurde mais cela
générera des coûts de développements informatiques, de gestion des livraisons, de... que sais-je ? Bref, des coûts. Un
fournisseur d'accès à Internet ou un opérateur de téléphonie mobile ? Il n'est pas improbable que ces entreprises soient
très gourmandes... D'autant que si une d'elles prend le monopole, elle imposera SES conditions et fera la loi sur les coûts.
2. Quid de la TVA ? Si elle est (ce que j'ai cru comprendre) à 19,6%, la différence avec celle du livre papier (5,5%) devient
significative. D'où notre souci, chez Gallimard, de préconiser un taux de TVA à 5,5%.
3. Des passeurs d'ouvrages, c'est bien. Mais des passeurs qui prêchent dans le désert risquent de se retrouver déshydratés
assez vite. Et c'est là qu'interviennent des boissons énergisantes comme le Marketing, la Publicité, l'Evénementiel... Bref,
encore plus qu'avec le papier, la visibilité d'un ouvrage numérique devra être impressionnante pour pouvoir tirer son épingle
du jeu. Et là encore, cela a un coût.
J'oublie sans doute plein de choses, mais il me semble illusoire de croire qu'un partage à 50/50 est possible (d'ailleurs, sans doute que
personne ne demande cela, mais la question telle qu'elle est posée pourrait le laisser penser). Mais je peux me tromper.
Dernier point, celui de la durée des droits. Si un livre est toujours disponible en version numérique mais qu'il ne l'est plus en version
papier, est-ce qu'un auteur pourra tout de même récupérer ses droits pour une réédition chez un autre éditeur par
exemple ? Là aussi on est un peu dans le flou. Mais c'est peut être aussi l'occasion d'ouvrir de nouvelles discussions entre les
éditeurs et les auteurs pour mieux se comprendre. Le monde du livre change. Sans en avoir peur il faut y être attentif pour s'adapter au
mieux.