Après la jeunesse et les débuts littéraires de Jean-Pierre Andrevon, voici abordée, dans cette deuxième partie de l’interview-carrière menée par Richard Comballot, l’œuvre de notre auteur dans les années 70. Où il est question de Gandahar et ses suites, du Travail du furet, de la triple anthologie Le Retour à la Terre et des projets en bandes dessinées…
Repères dans l'infini, entretien avec Jean-Pierre Andrevon (2/3)
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En mai 1968, tu es toujours prof, mais tu es peu après victime, comme tu as commencé à le dire tout à l’heure, d’une compression de poste.
Heureusement que ce n’est pas une compression de César ! Effectivement, je n’ai pas été renommé à la rentrée 1969 et il a fallu que je me débrouille. J’étais alors tout jeune marié avec un enfant en bas âge, ma femme était elle-même maîtresse-auxiliaire de français, c’était assez peu pour faire bouillir notre maigre marmite. Même une marmite végétarienne ! Je me suis donc mis à écrire d’arrache-pied et, parallèlement, j’ai fait du pied à la Maison de la Culture en contactant son directeur, souhaitant y exposer mes toiles. Au lieu de cela, il m’a proposé d’organiser une grande manifestation de science-fiction pour laquelle il m’a engagé six mois. Cette manifestation s’est déroulée entre fin novembre 1970 et début janvier 1971. Il y avait un volet débat, un volet exposition, un volet cinéma. Ça m’a donné l’occasion de rencontrer tous les gens que j’avais invités, André Ruellan, Stefan Wul, Pierre Versins, Gérard Klein, et de m’insérer un peu plus dans le milieu.
Faut avouer qu’on a du mal à t’imaginer prof en 1968 !
Et pourtant si ! J’étais prof de dessin dans un petit collège. Un prof chahuté et laxiste. Il y a bien eu la grève mais le mois de mai 1968 n’a pas été très chaud à Grenoble. Je suis passé à côté des pavés et des gaz lacrymogènes.
Quand tu as décidé de vivre de tes œuvres, comment voyais-tu la chose, toi qui te partageais depuis longtemps entre plusieurs modes d’expression ?
J’avais plus ou moins abandonné l’idée de faire de la BD mais je continuais à peindre parallèlement à l’écriture et je me disais que le hasard déciderait, ou les rencontres que je ferais, ou bien mon talent propre. J’ai continué à exposer jusqu’au début des années soixante-dix et puis j’ai réalisé que je ne pourrais jamais vivre de ma peinture et j’ai cessé de peindre en 1974. Une décision douloureuse, mais mûrement réfléchie ! J’ai rangé les pinceaux, les tubes et j’ai décidé de ne plus me consacrer qu’à l’écriture puisqu’à ce moment-là j’avais déjà plusieurs livres à mon actif. J’avais un pied chez Denoël, un pied au Fleuve Noir, et une main dans Fiction, à une époque où il y avait encore peu de collections.
N’étais-tu pas également journaliste dans un quotidien régional ?!
Si. En rentrant de l’armée, en juillet 1963, ne sachant pas si j’aurais un poste de maître-auxiliaire à la rentrée, je suis entré, introduit par un copain, comme pigiste au Progrès dauphinois, un concurrent du Dauphiné libéré, journal qui tient le haut du pavé à Grenoble. J’ai fait les faits divers et, peu à peu, en jouant des coudes, comme je sais si bien le faire, j’ai commencé à m’occuper des événements culturels, du théâtre, du cinéma, de la chanson. J’ai fini par devenir le critique cinéma du journal, jusqu’à la fin du Progrès, lequel n’a pas pu soutenir la concurrence du Dauphiné, implanté depuis plus longtemps. Le journal est mort en 1970. Ma carrière de journaliste a donc duré sept ans.
Après Gandahar, tu poursuis chez Denoël avec un premier recueil, en 1970, puis un second, l’année suivante.
Je suis effectivement devenu un auteur français activement soutenu par Kanters. Je ne sais pourquoi. Sans doute parce que, étant quasiment aveugle, il n’avait pas vu ma tête de gauchiste ! Je plaisante… Je pense en réalité qu’il trouvait que ma S-F, Gandahar mis à part, était proche du réel et assez littéraire. Ce n’était pas quelqu’un qui connaissait bien la S-F, on prétendait même qu’il ne l’aimait pas, ce qui est quand même exagéré. En tout cas, il appréciait ce que je faisais, notamment mes nouvelles intimistes, et il m’a publié un ouvrage par an jusqu’à ce qu’il abandonne « PdF », en 1975. Il a été remplacé par Elisabeth Gille avec qui le courant est très bien passé aussi, ce qui m’a permis de continuer mon bonhomme de chemin.
Ton pseudo Alphonse Brutsche fait son apparition en 1971 au Fleuve Noir, en « Anticipation » et en « Angoisse ». Donc, dès cette époque, tu t’es partagé entre la S-F et le Fantastique ?
J’ai toujours aimé les deux genres et j’ai donc toujours, y compris dans les nouvelles, travaillé dans les deux registres, parfois en les faisant s’interpénétrer. « Angoisse » m’a marqué. Elle est née, je crois, en 1954, juste après Fiction, et elle m’a tout de suite passionné, peut-être même plus que les romans de S-F. Jusque là, je n’avais que très peu lu de Fantastique, hormis quelques classiques, car le roman dit d’angoisse n’existait pas. J’ai très vite adoré ces histoires qui faisaient peur, au point de souhaiter en écrire. Or la collection manquait de manuscrits, contrairement à ce qui se passait en S-F, peut-être parce que ça ne correspondait pas à une tradition bien française. Aussi, dès que j’ai mis un pied au Fleuve Noir, François Richard m’a demandé d’en écrire. J’ai sauté sur l’occasion, malgré des tirages et des à-valoir moindres, et j’ai essayé d’alterner. Par la suite, Richard a quitté le Fleuve et, comme ça marchait bien chez Denoël, j’ai cessé pendant un bon moment d’envoyer des manuscrits.
Pourquoi ce pseudonyme bizarre ?
Les contrats que j’avais signés chez Denoël comportaient un droit de préférence à mon nom qui portait sur cinq ouvrages. Et lorsque mon premier roman a été pris par le Fleuve, je me suis aperçu que je ne pouvais pas le signer de mon nom. J’ai pris ce pseudonyme bizarre parce que tous les auteurs français prenaient des pseudos américains ou allemands. Du coup, j’ai choisi un nom agressivement français. J’ai pris Alphonse parce que c’était le nom de mon vélo et…
Pardon ?!
Oui, Alphonse était le prénom de mon vélo, de la même façon que ma guitare s’appelait Mariette ! Tout était nommé chez moi… Quant à Brutsche, il s’agissait du nom de jeune fille de ma grand-mère maternelle, avant qu’elle n’épouse Marcel Andrevon, futur tailleur…
As-tu utilisé d’autres pseudos, depuis ?
Pour Fiction, oui, je l’ai dit, car de par ma complicité avec Dorémieux, j’avais dix à quinze pages de critiques et de rubriques dans chaque numéro, plus une nouvelle tous les deux numéros. Il fallait mettre le holà parce que les lecteurs commençaient à protester : « On ne voit qu’Andrevon ici, qu’est-ce que ça veut dire ?! » J’ai choisi Denis Philippe, mon épouse s’appelant Denise Philippe de son nom de jeune fille. Entre parenthèse, j’ai parfois partagé ce pseudo avec George Barlow et Martial-Pierre Colson, histoire de tromper l’adversaire ! J’ai par ailleurs signé Jean-Patrick Epstein des critiques de bouquins publiées dans Le Point et plus rarement dans Fiction. Mon dernier pseudo a été Italo et Tomaso Tomasini pour deux articles dans Univers. Ce pour ne pas avoir de problèmes avec des personnes que j’évoquais et pour pouvoir parler de moi-même comme j’aime bien le faire de temps à autre, en bon Sacha Guitry de la S-F. Cela n’a duré que jusqu’à la fin des années soixante-dix. Après ces années bouillonnantes, le marché s’étant rétréci, j’ai aussi rétréci le nombre de mes signatures.
N’as-tu jamais été tenté depuis par le jeu des masques ?
Michel Jeury disait : « Il est déjà difficile de se faire un nom, alors s’en faire plusieurs… » Je suis bien de cet avis. De plus, je ne suis pas pour le partage des genres entre chefs-d’œuvre perso qu’on publie sous son nom, et œuvres honteuses qu’on largue sous un pseudo. J’assume tout et signe de mon nom jusqu’aux pires merdes que je peux commettre. Dieu reconnaîtra les siens !
Tu deviens également un collaborateur régulier de La Gueule Ouverte, de Charlie Hebdo et Charlie Mensuel. Bref, la machine est lancée…
C’est vrai. Les années soixante-dix ont été extrêmement productives pour moi et, certaines années, mon activité journalistique a supplanté mon activité d’écrivain. J’ai d’ailleurs été titulaire plusieurs années d’une carte de presse. J’ai en outre collaboré à des revues de cinéma comme L’Ecran Fantastique ou Positif, à des revues écolos comme Combat non violent ou Alternatives non violentes, ou des revues de BD comme Circus et A suivre…
Tu apparais aux yeux de certains comme le gauchiste de service, et tu as été à ce titre attaqué par certains lecteurs. Tu ne t’en défends pas et confirmes même : « Je pense être à gauche, anarchiste et écologiste (1)… »
Je ne sais pas si mes articles de l’époque étaient si agressifs que ça. En tout cas, certains les ressentaient ainsi. Les choses avaient commencé à changer vers 1975, avec la parution simultanée des anthologies Les Soleils noirs d’Arcadie, Retour à la Terre et Utopies 75. Mais si le monde de la S-F a commencé à bouger de façon post soixante-huitarde, c’est avec sept ans de décalage, puisqu’il ne s’était rien produit dans l’édition jusque là. Or ma grande période dans Fiction correspond aux années 1970-75, ce qui fait que je détonnais. Les auteurs réactionnaires du Fleuve, par exemple, m’envoyaient régulièrement de copieuses lettres d’injures. Celles de Bessière étaient de petits bijoux. C’était donc une période boutonneuse et parano où on faisait beaucoup de bruit pour rien. Mais je n’étais pas seul, il y eut ensuite des gens comme Yves Frémion ou Bernard Blanc qui, entre parenthèses, étaient sans doute plus agressifs que moi !
Quoi qu’il en soit, tu apparaissais comme un écrivain engagé.
Quand je suis tombé sur les premières revues écologiques qui commençaient à paraître au début des seventies, je me suis dit que la vérité était là, qu’il fallait sauvegarder la nature et l’homme. Et quand La Gueule ouverte s’est créée, fin 1973, je connaissais déjà Fournier, son créateur, étant donné qu’il travaillait aussi dans l’équipe de Charlie. Il pensait que je ferais une bonne recrue puisque je partageais ses idées. Il est mort quelques mois après mais j’ai longtemps collaboré à la revue. Essentiellement comme dessinateur, d’ailleurs. J’ai regroupé certains de mes travaux dans un petit album intitulé Attention science-fiction !, paru chez … Car rien n’a d’importance, avec une préface de Cavanna. En fait, j’écris sur ce qui me tient à cœur sans chercher à me cacher ni à grossir le trait. L’écologie et tout ce qui touche à la survie de la Terre, hélas bien malmenée, me semblent importants et suscitent des sujets d’histoires. Mais mon engagement n’a rien d’intellectuel, il est tout au contraire spontané et naturel. De même, lorsque je fais de l’érotisme, ce que l’on m’a reproché aussi en me traitant de pornographe, je le revendique entièrement parce que j’aime bien les femmes, le sexe, et ne m’en défends pas, ne m’en cache pas. Si j’étais pédé, j’écrirais des romans pédés !
Les seventies furent fortement politisées et tu as dit à ce sujet : « S’il y a un genre littéraire qui touche de près à la politique, qui doit être accompagné de politique, tout le temps, complètement, c’est bien la S-F. (1)»
Bien sûr ! La S-F réfléchit sur le futur, qu’il soit à très court terme ou plus lointain. Comment sera-t-il ? Utopique ? Catastrophique ? Qui fera ce futur ? Nul autre que les hommes, c’est à dire nous, autrement dit il faut agir sur le futur de la manière la plus positive possible. Agir comment ? L’action est politique. Défend-on l’environnement ou les bétonneurs ? Fait-on du vélo ou prend-on l’avion ? N’importe quel geste de la vie courante est un geste politique. Il faut le dire, et ça s’est reflété dans mes textes et dans la S-F. Ce que je dis quand on me rebrousse le poil, c’est que les grandes œuvres de S-F sont directement politiques : Le Meilleur des mondes d’Huxley, 1984 d’Orwell, ou plus près de nous Tous à Zanzibar de Brunner. Il faut être de très mauvaise foi pour prétendre le contraire. J’ai souvent dit que ceux qui minaudent que la S-F ne doit pas être politique sont des lâches, des traîtres et des cons, je persiste et signe !
Aujourd’hui encore, tu dis des choses du genre : « Ecolo-gauchiste, je suis et je reste » et tu te déclares volontiers écrivain « énervant (2)».
Comme Renaud peut être un chanteur énervant… Je crois que je suis un peu moins énervant maintenant parce que j’ai déjà dit beaucoup de choses et que je ne veux pas me répéter indéfiniment. Mais comme en témoigne Le Monde enfin, la « saga » que je suis en train d’écrire, je parle toujours de la fin de l’homme. Je continue, tout en mettant la pédale douce parce que mon intérêt s’est plus ou moins porté ailleurs, notamment vers le roman policier dans lequel je n’ai pas pu me lancer avant les années quatre-vingt-dix.
N’as-tu pas le sentiment d’être un précurseur en matière d’écologie, sur le terrain de la littérature ?
Ho ! lala… Mon oncle Barjavel l’avait été bien avant moi, même si on l’a traité par la suite de pétainiste. Et Tous à Zanzibar date de 1968 ! Je n’ai fait que prendre le train en marche, mais avec tant d’agressivité que j’ai paru prendre toute la place… Ce qui est sûr, c’est que l’écologie est tellement admise aujourd’hui qu’on la retrouve partout, au cœur de plusieurs partis, dans des discours ; mais il n’y a plus cette verve écologique qu’on trouvait dans les seventies. J’ai connu les manifestations contre Malevil, contre Super-Phénix, on était cent mille personnes. A l’heure actuelle, on ne ferait plus une manifestation contre les centrales nucléaires, ou alors on serait trente. Je trouve qu’il y a eu un affadissement. A partir du moment où les choses sont officialisées, elles sont mises au musée, et de ce point de vue même les partis écologiques parlent très peu d’écologie, ce qui m’énerve particulièrement. Ils essaient seulement d’avoir un discours qui se situe entre celui du P.S et celui des gauchistes.
As-tu néanmoins milité à un moment ou un autre au sein d’un parti ?
Jamais. Même pas chez les Verts. J’ai simplement fait partie de Grenoble Ecologie, un groupe qui s’était formé à Grenoble en 1977, s’était présenté aux élections municipales et fait maintenant partie de la municipalité aux côtés du P.S. et du P.C. C’est tout. Je n’ai jamais pris la carte d’aucun parti. Je suis un homme sans carte et je préfère gueuler comme ça, souvent en contradiction avec ceux qui ont pourtant l’étiquette.
Tu dis souvent être un pessimiste actif, précisant : « … il y a plus de raisons de désespérer que d’espérer, ce n’est pas pour autant une raison pour ne pas agir (1) ».
C’est une espèce de démarquage d’une très belle phrase de Scott Fitzgerald. En substance : « Il faut savoir que la situation est désespérée et être néanmoins acharné à la changer ». Des mots bien utiles pour préciser une pensée quand on écrit une préface ou un article. Il faut se battre jusqu’au bout, en tout, pour tout : sa vie, sa survie, son travail, sa famille. Sinon, il vaut mieux se pendre tout de suite…
Ce point de vue te fait lancer dès 1975 la série d’anthologies Retour à la Terre, qui annonce la vague de collectifs qui fleurira dans les mois et les années suivants, et dont tu as dit un mot tout à l’heure.
Oui, mais si ça les annonce, c’est parce que c’était dans l’air du temps. Tout est parti d’une réunion-discussion à Grenoble, avec quelques potes écrivains, dont George Barlow et Martial-Pierre Colson. Nous nous étions dit qu’il fallait écrire des textes vraiment écologiques, j’ai réuni le premier volume et j’en ai ensuite compilé deux autres. Cela étant, les choses s’affadissent et s’éteignent vite. La preuve, le quatrième qui, il faut bien le dire, était sans doute moins bon, a été refusé par Elisabeth Gille. Alors je l’ai fourgué aux éditions Kesselring sous le titre d’Avenirs en dérive et la série s’est arrêtée.
Il fallait en tout cas que tu aies une certaine cote d’amour auprès de Kanters pour qu’il se décide à publier une anthologie française, lui qui n’en avait jamais sorti jusque là.
Je pense que j’avais effectivement une cote d’amour, littérairement parlant, auprès de Kanters. Même chose ensuite avec Elisabeth Gille. De toute façon, tous mes recueils ultérieurs, Il Faudra bien se résoudre à mourir seul ou Paysages de mort, sont composés de textes de la même tonalité, à la fois sombres et écolos.
Justement… En ce qui concerne tes thèmes… Outre l’écologie, on relève la mort, la fin de l’homme, la guerre…
Mes thèmes sont essentiellement ceux-là, souvent liés. La fin de la Terre finira bien par arriver, que ce soit dans cent ans ou dans six milliards d’années. Le drame, la tragédie ultime. Aussi est-il intéressant d’envisager ce qui pourrait se passer. J’ai donc regroupé dans Neutron toutes mes nouvelles sur la guerre atomique. Il faudra bien se résoudre à mourir seul est plutôt composé de textes écolos et intimistes. Puis s’est imposée à moi, peu à peu, cette vision à la fois mortifère et paradisiaque d’une Terre débarrassée de l’homme, qui peut reverdir à son aise et où les animaux peuvent à nouveau s’ébattre en toute liberté. Cette vision se manifeste particulièrement dans la saga du Monde enfin. C’est quelque chose que je ressens très fort et si j’ai encore un discours structuré et une très vague activité militante, qui se résume le plus souvent à signer des pétitions et à adhérer à des associations, c’est en direction des animaux. Je suis une espèce de Brigitte Bardot au masculin et j’ai écrit plusieurs ouvrages sur les éléphants, les gorilles, comme La Nuit des bêtes, Gorilles en péril, ainsi que deux recueils de poèmes. J’ai souvent dit que tuer un tigre, c’est comme tuer un être humain ; je mets toute vie et toute souffrance dans le même panier. Comme il reste encore quelques personnes pour défendre l’homme, je me suis dit que mon dernier combat serait celui de la défense des animaux. Et puisque je parle de défense, tout particulièrement des éléphants !
La mort est toujours, chez toi, au centre des choses. Tu as écrit dans une présentation autobiographique : « La mort est d’ailleurs mon thème de prédilection, puisqu’il résume tout le reste (3) ».
Nous sommes tous de futurs morts. Que ce soit conscient ou inconscient, refoulé ou proclamé, c’est une chose qui nous préoccupe. C’est le grand thème des tragédiens grecs ou de Shakespeare. Qu’ont-ils fait d’autre que raconter les différentes façons de mourir, de donner la mort, ou d’éviter la mort ? C’est LE thème par excellence. Et comme la S-F permet en outre de dépasser le meurtre au singulier pour arriver à la mort collective, je n’allais pas m’en priver.
Néanmoins, tu as souvent recours à une petite pointe d’humour, dont tu dis qu’il reste « la politesse du désespoir (3) ».
Il ne faut pas trop désespérer, se désespérer soi-même, c’est pourquoi j’aime bien mêler de l’humour à mes textes, y compris les plus noirs. Ça se retrouve souvent aussi dans mes dessins ou mes chansons. L’humour est une partie indispensable de ma personnalité. L’humour noir, bien entendu.
Tu n’as jamais voulu être un chef de file et tu avances volontiers : « … ni dieu ni maître, ni chef ni gourou, c’est mon credo (1) ! ».
« Aussi inapte à commander qu’à obéir. » Voilà ce qu’on disait de moi à l’armée. C’est pour ça que ça m’amuse quand on me dit que j’ai lancé tel ou tel truc. Je n’ai rien fait. J’ai amené ma pierre mais il y a toujours d’autres pierres à côté ; si ça se rejoint, tant mieux. Cela étant, je n’ai jamais voulu entraîner des gens dans quoi que ce soit, même si j’ai des convictions fortes et que je suis persuadé d’avoir raison, au point d’injurier les gens qui ne sont pas de mon avis. Je préfère injurier ceux qui ne sont pas de mon avis que regrouper ceux qui le seraient…
Plus jeune, tu cites comme admirations ou influences des écrivains comme Giono, Flaubert, Sartre ou Camus…
J’ai beaucoup aimé Giono, qui avait une certaine parenté avec Barjavel. Marcel Aymé aussi, avec son fantastique entre le gris et le rose partant du quotidien. Flaubert, c’est le socle sur lequel tout est bâti — le style à l’état pur. Sartre, l’engagement fait homme même si, aujourd’hui, je me donne le droit de pratiquer chez lui le « droit d’inventaire ». Mais des nouvelles comme « Le Mur » ou « L’Enfance d’un chef », ouahouh !
Pour la S-F, tu avances souvent les noms de Vian, Sternberg, Barjavel, Wul, Brown, Bradbury.
Ce sont tous des humanistes sombres. Barjavel a confectionné une impressionnante galerie de fins du monde ; il n’y a pas plus pessimiste que Sternberg ; Vian était un anarchiste, un provocateur, avec un humour au vitriol. Il était poète, écrivait et chantait ses chansons, peignait, baisait… Un oncle, ai-je dit ? Un frangin, oui !
Plus récemment, tu as cité King, Barker, Straub, Manchette, Guégan, Houellebecq…
Pour ce qui est des auteurs américains de fantastique, je les trouve très efficaces malgré des ouvrages trop épais. J’admire la façon que possède King de trousser une histoire, de l’écrire de la manière la plus simple possible et en même temps avec une multitude de détails réalistes, en l’insérant fortement dans le quotidien et l’actualité. C’est également ainsi que je conçois ma littérature… Ne pas travailler dans l’intemporel et pour la postérité, mais pour l’aujourd’hui et le maintenant — comme disait Bernard Blanc. Quant aux autres, ce sont tous des gens très engagés. Manchette, par exemple, venait du Situationnisme et était une espèce d’Andrevon du polar ! C’était aussi un amoureux du cinéma et il écrivait de la manière la plus neutre et imagée possible. Je le considère un peu comme quelqu’un de ma famille. Guégan également.
Au fond, quelle est ta famille littéraire ?
Contrairement à ce que je viens d’affirmer, je n’ai en réalité pas de famille littéraire constituée. Au sens où je ne fais partie ni d’un groupe, ni d’une caste, ni d’une secte, ni de quoi que ce soit d’autre. Je suis un individu qui aime les individus qui lui ressemblent, qui partagent les mêmes amours, les mêmes haines.
A partir de 1977-78, tu t’ouvres à d’autres éditeurs que Denoël et le Fleuve Noir.
Je n’agis pas par calcul mais par rencontres. Par exemple, j’ai écrit pour Charlie Hebdo, pendant six mois, des petites nouvelles très attachées à l’actualité. Une fois que j’en ai eu l’équivalent d’un volume, je l’ai proposé et il a été publié au Dernier Terrain Vague. Pareil pour les courtes nouvelles que Kanters m’avait refusées en 1966-67. Je les ai publiées à L’Atelier du Gué puis chez Léon Faure. Ce n’est donc pas que j’étais plus productif à ce moment-là mais j’avais dans mes bagages des livres courts, souvent marginaux, et comme ils n’étaient pas acceptables par les éditeurs dits « grands », j’ai profité de l’apparition de tous ces petits pour leur donner ces textes que j’avais engrangés.
Tu collabores avec le dessinateur Georges Pichard et vous réalisez ensemble Edouard et La Réserve, suivis un peu plus tard par Ceux-là.
Cela s’est fait grâce à Wolinski, qui était quelqu’un qui m’aimait bien et que j’aimais bien : une des cinq ou six personnes qui, à différentes périodes de ma vie, m’ont donné le coup de pouce nécessaire. Il m’a fait venir à Charlie Mensuel pour y tenir une rubrique de S-F, puis il m’a proposé de faire des scénarios de BD. J’ai d’abord écrit un scénario à partir de « La Réserve », ma première nouvelle dans Fiction. Il l’a d’abord passé à Buzzelli, mais le maestro était occupé à autre chose ; alors il l’a donné à Pichard et c’est comme ça que j’ai commencé à travailler avec lui. C’était un grand dessinateur de l’époque.
Tu travailleras quelques années plus tard avec la dessinatrice Véronik, sur deux albums.
C’était une jeune dessinatrice suisse que Rolf Kesselring m’avait présentée. Elle cherchait un scénariste et il nous avait encouragés à travailler ensemble. Nous avions fait une bande courte puis deux albums, un en noir et blanc, un en couleur. Le premier, refusé par Casterman, a fini par atterrir chez Glénat, avec une prépublication dans Circus. Un troisième album était prévu mais Véronik avait entre-temps épousé un scénariste — un autre scénariste ! — et notre belle histoire d’amour s’était terminée comme ça !
As-tu travaillé avec d’autres dessinateurs, depuis ?
Très récemment, oui. Avec Afif Khaled, un jeune dessinateur sorti il y a peu de l’école d’Angoulême et qui m’a contacté parce qu’il souhaitait faire une BD à partir du Travail du furet. Je lui ai donné mon accord, mais je lui ai proposé de démarrer avec une BD de quatre pages. Nous l’avons faite, elle est parue dans le second numéro de la revue de BD Kog, et nous travaillons actuellement sur le premier album d’une adaptation qui devrait en compter trois au total.
Et concernant tes BD en tant que dessinateur ?!
J’ai fait quelques tentatives, la première étant Gandahar, puis quelques BD courtes, parues soit dans BD, revue des éditions du Square, soit dans Charlie Mensuel, soit dans Libération, du temps où c’était un journal couillu, soit dans Pilote, soit dans des fanzines. Je me suis arrêté là puis je m’y suis remis, il y a une dizaine d’années, pour tenter d’adapter Niourk de Stefan Wul. Exactement comme pour Gandahar, j’ai fait quelques planches en couleurs que j’ai présentées à deux ou trois éditeurs qui n’en ont pas voulu. A nouveau, j’ai arrêté là les frais.
Sur un plan graphique, tu as également réalisé des illustrations pour des couvertures de livres…
Faire des couvertures est quelque chose qui m’intéresse et lorsque j’ai eu l’occasion de le faire j’ai foncé. Chez Denoël, au Fleuve Noir, à L’Aurore, etc.
Un beau projet voit le jour ensuite : Compagnons en terre étrangère. Deux recueils de nouvelles écrites en collaboration. Comment les choses se sont-elles passées ?
Je trouvais très intéressant ce qu’avait fait Harlan Ellison dans La Chanson du zombie et je m’étais dit que je pourrais faire pareil puisque je connaissais tous les auteurs de S-F intéressants du terroir. Il aurait dû y avoir un troisième volume avec les auteurs manquants mais, par fatigue et paresse, j’ai laissé tomber. Pour des gens comme Hubert, Pelot ou Wintrebert, je le regrette aujourd’hui. C’était une expérience cousine des Retour à la Terre et des recueils écrits un peu plus tard avec Philippe Cousin. Ça participait à ce goût que j’avais pour la convivialité existant entre un certain nombre d’auteurs.
Pour continuer à décliner toutes tes activités… tu as réalisé deux courts-métrages en 1971 et 1977. De quoi s’agissait-il et ont-ils été vus ?
Il s’agissait de deux courts-métrages en noir et blanc de vingt minutes chacun, faits avec les moyens du bord. Le premier s’intitulait Nul n’y survivra : une histoire de fausse alerte atomique. Le second, Ce jour-là, était beaucoup plus allusif, sur le thème de la torture. On ne les a vus que lors de quelques festivals. Du coup, comme je suis un grand spécialiste du recyclage, j’ai fait une nouvelle du premier, qui a été publiée dans Neutron.
Aimerais-tu remettre le couvert du côté du court-métrage, voire du long ?
Le cinéma restera toujours un rêve pour moi. C’est trop cher, trop compliqué, et je ne suis pas dans le milieu. Mais j’ai toujours adoré ça et si je pouvais d’un coup de baguette magique refaire ma vie, je ne serais ni écrivain ni chanteur, ni peintre ; je serais cinéaste.
Tu as souvent parlé des folles années soixante-dix : « … j’y vis encore, en fait (1). » dis-tu quelque part… Que reste-t-il selon toi de l’esprit de cette décennie et quelque chose ne s’est-il pas perdu en
chemin ?
Il s’est perdu beaucoup de choses. Parce qu’il n’y a pas un chemin, mais plusieurs. Les années 80 ont été les années fric et repli sur soi. Les années 90 ? On a eu l’impression que quelque chose se débloquait, et puis est arrivé le 11 septembre 2001. Les problèmes politiques, économiques sont tels que l’écologie en a été oubliée. Tant les hommes politiques que les militants disent aujourd’hui : « Occupons-nous du chômage, des droits de l’homme — et de la femme —, du tiers-monde, des banlieues, des sans-papiers », de mille autres choses… toutes importantes, bien sûr. Mais l’écologie, avec le ciel qui se fend au-dessus de notre tête et le climat qui se détraque ? « Après ! » nous dit-on. Mais après quoi ? Quand on aura la flotte au ras du menton ? Quand on sera tous crevés ? C’est cette vision à court terme qui me désole et m’enrage, même chez des gens qui sont, ou étaient proches de moi. Alors oui, envers et contre tout et tous, et même si je me sens à nouveau bien seul, je reste cramponné aux années 70. Il me semble que c’est dans cette brève et fulgurante décennie qu’on a tout découvert. Et tout oublié depuis.
Tu commences à écrire pour la jeunesse au début des eighties avec La Fée et le géomètre, Grand Prix de la S-F Française, et La Nuit des bêtes. Un nouveau défi ?
J’avais envie d’écrire quelque chose sur l’acculturation et l’ethnocide, mais m’étais dit que ça ne fonctionnerait pas dans un roman pour adultes. J’en ai donc fait, presque par nécessité stylistique, un ouvrage pour la jeunesse. Dans mon esprit, ce n’était pas le début de quoi que ce soit, juste un livre. Seulement, j’ai rencontré Pierre Marchand qui était le directeur de la jeunesse chez Gallimard. Il avait lu ma nouvelle « La Nuit des bêtes » dans Le Monde et m’a conseillé de la transposer pour un jeune public. J’en ai fait un petit bouquin. D’autres ont suivi. A chaque fois par hasard, par rencontres, ou par demandes.
Quel plaisir prends-tu à écrire pour les jeunes ?
Un plaisir très mince, je l’avoue. Il y a beaucoup plus de contraintes que dans le roman pour adultes. On est surveillé à la fois pour les thèmes et pour le style.
Ce qui t’a fait dire : « … il est difficile d’écrire pour les enfants sans se trahir, s’édulcorer, se censurer (1) » ou « … je m’y sens brimé. Vous devez faire attention à la violence, au sexe, à la politique (4) ». C’est toutefois la possibilité de faire passer des messages auprès de nos chères têtes blondes ?!
Exactement, oui. Disons que ça fait partie du boulot — quand, bien sûr, on fait ce boulot en conscience, ce que j’espère être mon cas. Il faut savoir aussi que, souvent, un livre pour la jeunesse est ensuite relayé par les rencontres que l’auteur fait de ses jeunes lecteurs quand il passe dans les classes. On peut alors engager la discussion et enfoncer le message avec un petit marteau.
Puis tu as collaboré avec Philippe Cousin, le temps de trois recueils de nouvelles. Tu as dit de lui : « C’est un peu mon frère, mon double (1)… ».
Je trouvais que ses textes ressemblaient un peu aux miens, avec leur humour noir, leur poésie aussi. C’était un peu un Houellebecq avant la lettre. Il venait de la pub et avait le sens du slogan. Nous étions partis sur l’idée de faire un recueil et nous en avons finalement écrit trois, poussés par cette dynamique interne qui s’était développée.
Penses-tu retravailler avec lui ?
Pour des raisons personnelles que je n’évoquerai pas ici, certainement pas. On perd même ses frères, tu sais.
Tu livres ensuite Le Travail du furet, qui est l’un de tes romans préférés…
J’aime bien le mélange des genres, comme ici le mélange du polar et de la S-F. Tout est parti de « Salut, Wolinski ! », une nouvelle que j’avais publiée dans une anthologie et que j’avais intitulée ainsi en hommage à Wolinski, lequel avait fait une BD, Georges le tueur, avec un personnage qui flinguait à tout-va. Je la trouvais très drôle et réussie, et ça m’avait donné envie de faire quelque chose de ce genre sous forme de nouvelle. Quelques années après, je m’étais dit que je n’avais pas épuisé le sujet. Et j’avais écrit ce roman de manière assez spontanée, retrouvant la fraîcheur de Gandahar. C’est toujours un de mes cinq ou six romans préférés.
Il a donné lieu à une adaptation en téléfilm et intéresse, je crois, le cinéma…
Il a effectivement été porté à l’écran par Bruno Gantillon, ce qui est bien, mais je n’aime pas trop son film car il est trop intimiste à mon goût. Dur dur, après Blade runner ! Quant au projet cinéma, il doit être mort vu que ça fait longtemps que je n’en ai pas entendu parler. Plus récemment, Gantillon a eu envie de revenir sur cet univers et d’en faire une série télé constituée d’épisodes de 55 mn. Nous y avons un peu travaillé, le projet court les maisons de production mais je ne suis pas exagérément optimiste. Reste la BD avec Afif !
Une suite avait été envisagée…
C’est vrai. J’ai toujours dans mes tiroirs le synopsis d’une seconde aventure du furet… que j’écrirai ou pas, je n’en sais rien.
Jusqu’à une période récente, tu n’avais jamais écrit ni suites ni séries.
C’est exact, même si pour Gandahar j’avais envisagé, presque dès le départ, d’en faire des suites. J’avais écrit, dès avant que Laloux ne me propose d’en faire un film d’animation, deux synopsis que je n’ai finalement utilisés qu’à une date récente ; l’un est devenu Gandahar et l’oiseau-monde, l’autre Cap sur Gandahar. Tout cela procède de mon esprit erratique et boulimique à la fois. J’aime passer d’un gros roman à une petite nouvelle, d’un texte poétique à quelque chose de très violent, ou de pornographique, pour reprendre un terme qu’on me balance souvent à la figure. Il m’est donc difficile de concevoir une saga s’étendant sur des dizaines de livres. Les suites que j’ai écrites sont plutôt le fait du hasard. Entre le premier et le second Gandahar, il s’est écoulé quand même plus de vingt-cinq ans !
Le fait de publier un best-of dans « Le Livre d’Or » a-t-il été une consécration pour toi qui es avant tout un nouvelliste ?
Consécration ? Attends une minute, que j’essaye de ne pas m’étouffer de rire… Les « Livres d’Or » français n’ont pas bien marché, et leur publication s’est interrompue au bout de six auteurs. Je devais moi-même faire un Walther finalement mis sur la touche. Alors la consécration… En outre, je n’ai pas pour habitude de regarder le passé. Ce que j’aime, c’est ce que je fais en ce moment et ce que je ferai plus tard. Si j’ai écrit tant de nouvelles, c’est parce qu’il y avait à une époque de nombreux supports et qu’il était possible, grâce à « Présence du Futur », de les réunir très régulièrement en recueils. Avoir beaucoup donné dans la nouvelle m’a permis de m’enfoncer dans ma boulimie car je pouvais écrire une dizaine de nouvelles au lieu d’un roman, et j’ai ainsi multiplié les histoires, les univers, les variations sur des thèmes. Si j’en écris moins aujourd’hui, ce n’est pas par baisse d’inspiration mais parce qu’il est beaucoup plus difficile de les placer et d’en vivre.
Tu as pourtant dit : « Je continue donc à écrire régulièrement des nouvelles qui sont ma sève (2). »
Certes, mais le résultat est que beaucoup restent dans mes tiroirs ! C’est le cas de « L’Ecroulement de la maison d’enfance », dont j’ai déjà parlé, ou encore de « Il y a toujours une seconde chance », novella de 110 000 signes, faite — et refusée — pour une anthologie internationale. Y a-t-il un éditeur dans la salle ? Si je continue à écrire des nouvelles, c’est que j’invente tout le temps des histoires, réagissant à n’importe quoi, une conversation, un truc lu dans un journal, un passage de livre ou de film. J’essaye de ne rien perdre, je note toutes mes idées, et bien sûr mes rêves. J’ai même le projet d’écrire un recueil composé de la retranscription brute de décoffrage de certains de mes rêves. Tout cela procède d’un bouillonnement interne permanent. Je ne m’en glorifie pas, c’est comme ça, c’est tout !
As-tu une préférence pour la nouvelle ?
Qu’est-ce qu’une nouvelle ? La substantifique moelle d’une idée que l’on traite de la manière la plus concise et savoureuse possible. Il n’y a pas de déchets, pas de graisse, on élimine tout ça, alors qu’on sait bien comment fonctionne le roman : il faut qu’il y ait régulièrement des descriptions, des dialogues, que ce soit découpé… Le roman obéit à des lois, il est par conséquent beaucoup plus technique…
« Une nouvelle, c’est la liberté de dire (3). »
On peut tout à fait écrire une nouvelle en un jour. C’est donc la liberté de jeter sur le papier ce qu’on a dans la tête, sans se préoccuper de constructions techniques. Mais cela ne veut pas dire que ce soit un exercice facile et il y a certaines nouvelles que j’ai réécrites plusieurs fois.
Notes
(1) « Rencontre avec Jean-Pierre Andrevon », par Richard Comballot, in Ere Comprimée n°41, 1988.
(2) « Andrevon versus Walther », interview croisée, in Ténèbres n°6, 1999.
(3) « Jean-Pierre Andrevon », in 131 nouvellistes contemporains, ouvrage coordonné par Claude Pujade-Renaud et Daniel Zimmermann, Manya-Festival de la nouvelle de Saint-Quentin, 1993.
(4) « Entretien avec un brouillon cyclothymique », par Olivier Girard, in Bifrost n°6, 1997.