Henri Vernes et l'aventure Marabout

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bm-une1.jpgEn décembre 1953, Bob Morane s’égarait dans La Vallée infernale, sa toute première aventure. Pour fêter les soixante ans du « vrai héros de tous les temps », le blog Bifrost vous propose une rétrospective sur le personnage et ses péripéties littéraires. Et pour débuter ce dossier, opérons d’abord un retour sur le père de Bob Morane, monsieur Henri Vernes, et l’éditeur qui a vu naître l’aventurier, Marabout !

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Qui ne connaît pas Bob Morane ? Au moins par la chanson d’Indochine. Au moins par le dessin animé, ou les BD. Peut-être aussi par les romans d’Henri Vernes.

C’est en décembre 1953 qu’est paru La Vallée infernale, toute première aventure du « vrai héros de tous les temps » imaginé par Henri Vernes. Pour ses soixante ans, le blog Bifrost vous propose de fêter cet anniversaire au travers d’un dossier qui va aborder le personnage sous différents angles – les lieux et époques du monde fictif qu’il arpente, les phases de son évolution littéraire et son futur, les nombreux visages du héros et la truculente galerie de personnages qui l’entoure…

Néanmoins, replaçons tout d’abord les romans d’Henri Vernes dans leur contexte littéraire, la grande époque du roman populaire et des éditions Marabout !

 

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Le roman populaire

Le terme « roman populaire » possède plusieurs sens : s’agit-il de romans lus par les masses ou issus du peuple ? C’est la première acceptation du terme que l’on suivra ici, dans ce bref récapitulatif de l’histoire du roman populaire en France.

 

1. Origines

Le roman populaire est issu de la littérature de colportage du Moyen-Âge. Imprimés sur du papier de mauvaise qualité, ces textes mêlent dans une langue simple exploits guerriers et romances. Réécrits au fil du temps et des modes, ces textes sont en général anonymes..

bm-mysteresdeparis.jpgLe roman populaire gagne la presse dans les années 1830, avec notamment la publication en feuilleton de La Comtesse de Salisbury d’Alexandre Dumas en 1836. Néanmoins, par l’ampleur inattendue de son succès, le véritable acte de naissance du roman populaire est le début de la publication des Mystères de Paris d’Eugène Sue, roman-feuilleton publié à partir de 1842.

Le roman populaire connaît un premier essor sous le Second Empire. Néanmoins, il reste mal perçu par les élites, qui jugent médiocre sa qualité littéraire et qui craignent qu’il débauche les masses laborieuses. Ou qu’il soit le vecteur d’idées nouvelles. Raison pour laquelle lesdites élites tentent d’en décourager la publication via des taxes. Sans grand succès.

 

2. Essor et Déclin

Les premières décennies de la Troisième République sont une période faste pour le roman populaire. C’est l’apogée du genre dit de « la victime », destiné à faire pleurer dans les chaumières : veuve et orphelins, crimes et décès, coups du sort et destin impitoyable. Puis, peu à peu, les genres se différencient et se séparent ; l’anticipation et le merveilleux scientifique de Jules Vernes et J.H. Rosny Aîné font ainsi leur apparition, de même que le roman policier, à l’origine une déclinaison du roman judiciaire.

Au tournant du XXe siècle, apparait une grande quantité d’éditeurs, tous spécialisés dans le roman populaire. Après les victimes, les héros, détectives ou criminels, font leur retour ; ils ont pour nom Rouletabille, Fantômas, Arsène Lupin…

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Parallèlement à l’expansion du roman populaire, les « dime novels » débarquent en Europe. Originaires des USA, il s’agit d’aventures indépendantes, centrées sur un héros récurrent, et publiés en fascicules. Le western et le policier sont les genres qui prédominent. Citons les aventures (romancées) de Buffalo Bill ou celles de Nick Carter. Traduits (de fort mauvaise manière) en Allemagne, ces fascicules sont diffusés ensuite dans les pays francophones. Aux USA, ces « dime novels » donneront naissance, dans la première décennie du XXe siècle, aux fameux pulps.

Le développement des autres médias (radio, cinéma) se fait au détriment du roman populaire, qui connaît un relatif déclin dans l’entre-deux-guerres.

 

3. Retour en force

L’apparition du livre de poche en Europe permet au roman populaire d’effectuer un retour réussi. La science-fiction et le roman policier prospèrent, tout comme la littérature sentimentale. Quant à la littérature jeunesse, elle explose dans l’après-guerre avec les collections de Hachette, la Bibliothèque rose (créée en 1855) et la Bibliothèque verte (1923). Et, bien sûr, Marabout Junior…

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Henri Vernes et l’Aventure éditoriale

 

1. Henri Vernes

bm-hv1.jpgQuand est né Henri Vernes ? Si Bob Morane est venu (fictivement) au monde au milieu des années 1920 (un 16 octobre 1925 ou 1926, cela n’est jamais complètement clair), sa première apparition littéraire remonte au 16 décembre 1953 et la publication du premier roman le mettant en scène, La Vallée infernale. Quant à Henri Vernes, pseudonyme de son créateur Charles-Henri Dewisme, il est né deux mois plus tôt avec le premier ouvrage publié sous ce nom-là, Les Conquérants de l’Everest.

En revanche, C.-H.Dewisme lui-même est né le 16 octobre 1918, à Tournai, en Belgique.

Dans son enfance, il lit assidument des « dime novels » comme Buffalo Bill, Nick Carter et surtout Harry Dickson. Ses années de jeunesse font ainsi la part belle à l’aventure. Ainsi, âgé de dix-huit ans, pour les beaux yeux d’une Chinoise, il fugue durant quelques mois à Canton. En 1940, il se marie, pour mieux divorcer l’année suivante. Alors que la Belgique est occupée, il collabore avec la Résistance en œuvrant dans la collecte de renseignement. Lors de cette période, il lit et écrit beaucoup : si son premier roman, Strangulation, un polar, ne trouve pas éditeur, le suivant, La porte ouverte, paraît fin 1944. C’est en 1943 qu’il rencontre Jean Ray, l’auteur de Malpertuis et d’Harry Dickson. Une amitié qui durera jusqu’à la mort de ce dernier en 1964.

bm-dewisme_la-porte-ouverte.jpgEn 1946, devenu journaliste, Dewisme emménage à Paris, où il collabore pour différents quotidiens. Une bonne école, qui lui apprend fort opportunément à éviter l’angoisse de la page blanche. Il publie d’ailleurs quelques livres, sous son nom ou sous pseudonyme(s).

Dewisme retourne à Bruxelles au début des années 50. Là-bas, il se lie d’amitié avec Bernard Heuvelmans, le père de la cryptozoologie. Justement, celui-ci a été contacté par les éditions Marabout pour une offre bien spécifique mais qui ne l’intéresse guère : un certain personnage d’aventurier récurrent…

Trois décennies plus tard, Bob Morane reste indissociable de la maison d’édition, Marabout, qui l’a vu naître et évoluer. Une collaboration longue de près d’un quart de siècle. Il convient donc de s’intéresser à cet oiseau…

 

2. Marabout

bm-logo-marabout.jpgLes éditions Marabout sont nées en 1949 à Verviers, en Belgique, en lien étroit avec l’imprimerie Gérard & co. Fondée en 1939, cette imprimerie est dirigée à partir de 1948 par André Gérard, qui décide de poursuivre ce qu’il avait commencé auparavant de son côté : éditer des publications dédiées au scoutisme. Ayant découvert à la Libération ces livres américains tenant dans une poche, il décide de proposer au public belge des ouvrages au format similaire.

bm-logo-penguinbantam.jpgAinsi, c’est en janvier 1949 qu’il fonde les éditions Marabout. Le logo – l’échassier africain – est un clin d’œil à Penguin et Bantam, éditeurs dont les logos sont respectivement… un pingouin et un coq. Le premier Marabout, La Vallée n’en voulait pas de Jane Abbott, paraît en mars de la même année, et la production se stabilise bientôt à deux titres par mois. André Gérard est bientôt secondé par Jean-Jacques Schellens, directeur littéraire.

Marabout rencontre vite un succès certain, qui, dans un premier temps, peine cependant à dépasser les frontières de la Belgique, la faute à une mauvaise diffusion en France. La recette de cette réussite est due à un marketing innovant, qui s’appuie sur une forte communication auprès des lecteurs et un lobbying important auprès des libraires, un prix de vente très attractif, des choix éditoriaux judicieux (comme ressortir des classiques ou publier des romans adaptés en films peu avant la sortie de ces derniers), et le lancement continu de nouvelles collections (une par an environ)

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3. 1953, naissance d’un héros

En rien pourtant, la naissance de Bob Morane n’est un heureux hasard. En février 1953, Hachette lance, à l’initiative d’Henri Filipacchi, la collection du Livre de Poche, qui vient concurrencer directement Marabout sur son propre terrain. (Les collections de poche se développeront au fil du temps : J’ai lu en 1958, Pocket et 10/18 en 1962, et Folio seulement en 1971.)

Marabout contre-attaque et, à la suggestion de Schellens, lance au mois de mai de cette même année 1953, une collection, dédiée spécialement aux adolescents : Marabout Junior. Au programme, des romans d’aventure, vécue ou fictive, des thématiques en adéquation avec les centres d’intérêt des jeunes, des couvertures attractives et un prix qui ne l’est pas moins (15 francs belges).

Afin de dynamiser la collection, Jean-Jacques Schellens propose donc à son ami Bernard Heuvelmans de créer un héros récurrent et d’en écrire les aventures. Heuvelmans refuse, ne voulant pas associer son nom à des publications estampillées jeunesse afin de protéger sa crédibilité scientifique. Il suggère cependant à Schellens le nom d’un ami : Charles-Henri Dewisme.

bm-conquerants-everest.jpg.jpgEn guise de test, Dewisme rédige en quelques semaines un roman sur l’ascension de l’Everest par Edmund Hillary et Tensing Norgay – le sommet himalayen ayant été conquis le 29 mai 1953. Jusque-là, Dewisme n’a jamais pratiqué alpinisme, ce qui n’empêche nullement le résultat d’être concluant. Les Conquérants de l’Everest d’Henri Vernes (le pseudonyme choisi était originellement Vernès, mais la non-accentuation des capitales a transformé le « È » en « e ») sort mi-septembre 1953 – et donne le feu vert pour Bob Morane. Trois mois plus tard, le 16 décembre, sort donc La Vallée infernale. Le succès est immédiat et ne va jamais se démentir pendant les vingt-cinq années à venir.

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4. Henri Vernes & Marabout

Un seul Bob Morane en 1953, mais cinq dès l’année suivante. Henri Vernes adopte très vite un rythme de croisière qui force l’admiration. Jusqu’en 1976, notre auteur va tenir un rythme d’en moyenne cinq Bob Morane par an. Certes, les livres sont courts, et ils se coulent tous dans un même moule de peu ou prou 150 pages. En guise de supplément, les premières éditions contiennent un petit dossier scientifique en fin de volume : « Marabout Chercheur ». La plupart des articles proviennent d’ailleurs d’A la recherche du monde perdu, ouvrage de Ray Stevens alias C.-H. Dewisme.

bm-cicm.jpgEn 1955 est créé le CICM : le Club International des Chercheurs Marabout. Une autre innovation made in Marabout, afin de fédérer une véritable communauté autour de la collection. Destiné aux jeunes lecteurs, ce club est là pour « rassembler leur amitié, consacrer leur fidélité, éprouver leur savoir ; afin de montrer combien les jeunes d’aujourd’hui sont à la page et se tiennent au courant des techniques, sciences et recherches modernes » (extrait de l’annonce publiée en fin du Marabout Junior n° 53 Héros dans l’ombre de Donald Stokes).

Quant à Henri Vernes, il est régulièrement mis à contribution, lors de nombreuses séances de dédicace. Quitte à faire un peu de mise en scène : l’une de ces séances, annoncée à la fin d’un Bob Morane, sera précédée d’un jeu de piste, façon « suivez les traces d’Henri Vernes à Bruxelles ».

Le succès initial rencontré par La Vallée infernale se poursuit avec les volumes ultérieurs. En 1959, Bob Morane commence à être traduit à l’étranger tandis que sort la première bande dessinée : Bob Morane et l’oiseau de feu. L’année suivante, le héros tente l’aventure du cinéma avec l’adaptation de L’Espion aux cent visages. Après des réactions enthousiastes aux projections des épisodes pilotes, une série télévisée est lancée en 1962 et sera diffusée à partir de 1964

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Profitant de sa popularité, Vernes réhabilite l’œuvre de son ami Jean Ray. Ainsi, il édite en 1961 chez Marabout Les 25 meilleures histoires fantastiques de Jean Ray, fait rééditer le roman-culte Malpertuis en 1962 et lance l’intégrale d’Harry Dickson à partir de 1966.

Rien ne semble pouvoir entacher cette success story. Rien, hormis peut-être la concurrence, qui se fait de plus en plus rude, notamment du côté du Livre de Poche. Le 82e Bob Morane, Le Samouraï aux mille soleils a l’insigne honneur de clôturer la collection Marabout Junior en 1968. L’année suivante est lancée la nouvelle collection Pocket Marabout.

bm-docsavage1.jpgBob Morane y rejoint les « Compagnons de l’aventure ». Ces « Compagnons», ce sont des séries à destination de la jeunesse et dont les héros répondent aux noms de Kim Carnot, Jo Gaillard, Gil Terrail, Nick Jordan ou Dylan Stark (d’un certain Pierre Pelot). Notons également la présence de Doc Savage dans la bande. Six « Compagnons » qui connaissent un bonheur inégal : seuls Bob Morane et Doc Savage franchissent le cap de l’année 1970 chez Pocket Marabout.

Entretemps, Marabout commence à connaître de sérieuses difficultés. En 1969, année de ses vingt ans, la maison d’édition n’a, pour la première fois depuis ses débuts, aucune nouvelle collection à présenter. Les choses ronronnent, et ce n’est pas la division de Pocket Marabout en treize sous-collections, consacrées chacune à un genre fictionnel en particulier, qui change grandement la donne.

BM100.jpgEn 1970 (année du centième Bob Morane, Commando Épouvante), Jean-Jacques Schellens suggère à André Gérard de réformer Marabout, et propose en ce sens plusieurs solutions. La plupart restent lettres mortes et la détérioration des relations entre Gérard et Schellens qui en résulte au départ de ce dernier en 1971. Il est aussitôt remplacé par Jean-Baptiste Baronian, qui choisit de renforcer les collections de SF et de fantastique. Lesdites sous-collections prennent néanmoins fin en 1972.

Si Bob Morane sauve souvent le monde de méchants vilains, il est impuissant à empêcher le lent naufrage de son éditeur. En 1973, la situation financière de Marabout devient critique. Le changement de statut, sous forme de société anonyme, ne résout pas tous les problèmes. En cause, une mauvaise diffusion en France, une imprimerie en crise et une mauvaise gestion. Le groupe Hachette prend en 1976 la moitié des parts de Marabout, prélude au rachat complet qui aura lieu en 1983.

En 1977, la fiction n’a désormais plus sa place chez Marabout. Exit Bob Morane. Mais Marabout survit (et perdure encore aujourd’hui).

 

5. Henri Vernes après Marabout

Au tournant des années 80, Bob Morane passe chez plusieurs éditeurs. C’est d’abord la Librairie des Champs Élysées à partir de 1977, qui poursuit pendant trois ans l’édition des aventures du héros dans la collection « Le Masque ».

Chassé originellement de chez Marabout par le groupe Hachette, Morane débarque cependant en 1980 dans la Bibliothèque verte (publiée par… Hachette). Néanmoins, 1981 est la première année où ne paraît aucune aventure inédite du héros. Ce passage à la Bibliothèque verte ne dure que le temps de deux titres inédits et de quelques rééditions qui ne satisfont guère Henri Vernes.

Pour ce dernier, mieux vaut passer à autre chose. La décennie 80 a été dure… Henri Vernes se consacre alors à un autre héros récurrent, Don. (On reviendra à son sujet.)

bm-indochine.jpgCoïncidence amusante : c’est au moment où Vernes délaisse Bob Morane qu’un petit groupe pas très connu lui rend hommage au travers d’une chanson… « L’Aventurier » d’Indochine sera suivi, un an plus tard, de « Miss Paramount », faisant cette fois référence à Sophia Paramount (même si les paroles de la chanson sont loin d’être le festival de références qu’est « L’Aventurier »).

Bob Morane effectue son véritable retour en 1988, nulle part ailleurs qu’au Fleuve Noir. Inédits et rééditions se succèdent, mais Henri Vernes n’est toujours pas satisfait, et transfère au bout de trois ans son héros chez Claude Lefrancq Éditeurs, spécialisé dans la littérature populaire (rééditions d’Edgar Rice Burroughs, Stefan Wul ou Jean Ray).

Au tournant du nouveau millénaire, alors que Claude Lefrancq a quitté la maison d’édition qui porte son nom, il co-fonde avec Henri Vernes les éditions Ananké – du nom d’un ensemble d’aventures emblématiques du héros.

Et, depuis 2003, Ananké publie seule les Bob Morane, poursuivant le travail entrepris chez Claude Lefrancq Éditeurs, alternant nouveautés, rééditions et intégrales. Cela, dans une relative discrétion, la faute à une diffusion digne de ce nom. Depuis le printemps 2013, les Bob Morane sont également disponibles en ebooks ou en print-on-demand chez Ananké Digital.

 

6. L’héritage Marabout et la relève

Vingt-cinq chez Marabout, cela laisse des traces. Encore aujourd’hui, les éditions Ananké continuent d’entretenir la fibre Marabout : la maquette des livres reprend celle des « types 11 », avec l’emploi du même logo (les couvertures, en revanche, sont à la peine). Et la numérotation des livres reprend là où Pocket Marabout s’était arrêté : les Bob Morane dans cette collection étant numérotés à partir du nombre 1000, Ananké édite et réédite les aventures dans des séries numérotées 2000, 3000 et 4000.

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BM-NA00.jpgAprès presque soixante années consacrées quasi-exclusivement à son personnage, Henri Vernes a pris sa retraite en 2012. Pas question pour autant de laisser mourir le « vrai héros de tous les temps ». Côté romans, la relève est assurée par Christophe Corthouts et Gilles Devindilis. Le premier a collaboré avec Vernes sur bon nombre des derniers romans, le second a été adoubé par Vernes comme successeur. Côté bande dessinée, un reboot a été annoncé en 2012, pour une parution en 2015.

À première vue, l’avenir de Bob Morane semble assuré…

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