Journal d'un homme des bois, 10 mars 2016

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Il y a quelques jours décédait George Martin, le légendaire producteur des Beatles. L'occasion pour Francis Valéry pour revenir sur sa carrière, ainsi que sur deux membres du Jefferson Airplane qui nous ont quittés en janvier.

Dans le courant du mois de janvier, j’ai posté un billet qui témoignait de mon effarement face à la succession de décès au sein du monde de la culture. Je n’en ai pas reparlé – ne ressentant pas la nécessité de continuer de plomber l’ambiance. Mais il ne faut pas croire, pour autant, que la grande faucheuse ait, tout soudain, décidé de prendre des vacances.

Hier, j’apprenais le décès de George Martin, bien connu pour avoir été le génial producteur des Beatles – et de nombre d’artistes de nos jours quelque peu oubliés mais qui, en leur temps, furent de sérieux rivaux du quatuor de Liverpool, tels les redoutables Gerry and The Pacemakers, autre quatuor également originaire de Liverpool et, tout comme les Fab Four, managé par le tout aussi légendaire Brian Epstein.

On trouve aisément sur Amazon de nombreux enregistrements musicaux de Gerry and The Pacemakers – mais pas le film Ferry Cross The Mersey, sorti en janvier 1965, réalisé par Jeremy Summers et produit par Brian Epstein et Michael Holden. Ce long métrage emprunte son titre à une chanson de Gerry and The Pacemakers, et ceux-ci en sont les principales vedettes. Le film n’a jamais fait l’objet d’une commercialisation officielle en cassette vidéo ou en DVD, mais comme il a été plusieurs fois diffusé à la télévision britannique, on arrive – en cherchant bien ou en fréquentant le réseau des boutiques spécialisées dans ce genre de raretés illégales – à trouver des DVD pirates. Hélas, il s’agit le plus souvent de simples transferts d’après des enregistrements sur bande, d’une qualité pas toujours très évidente…

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Il y a quelques années, un de mes correspondants en Écosse m’en a trouvé une copie correcte, chez un disquaire de Glasgow. Je ne regrette pas les dix livres que m’a coûté cette rareté ni le temps passé à la visionner – traquer et archiver, c’est un bon début, visionner pour en parler en connaissance de cause, c’est mieux ! Mon verdict est sans appel : il s’agit rien moins que d’un petit chef d’œuvre d’humour, bien dans l’esprit des films des Beatles de la même époque, même si réalisé avec sans doute moins de moyens. Si vous avez l’opportunité de le visionner, allez-y !

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Pourquoi suis-je en train de parler de Gerry and The Pacemakers, déjà ? Ah oui, parce que George Martin vient de mourir. Ce qui me fait tout soudain penser à d’autres disparitions récentes. En particulier celles, ce même 28 janvier dernier, de Paul Kantner et de Signe Anderson, tous deux nés en 1941 et tous deux membres fondateurs du Jefferson Airplane. Paul Kantner était le guitariste rythmique du groupe et un de ses chanteurs, il aurait eu 75 ans le 17 mars prochain. Signe Anderson était la première chanteuse de l’Airplane. On l’entend sur le premier LP du groupe, Takes Off, sorti en septembre 1966. Souhaitant se consacrer à sa fille, née quelques mois plus tôt, elle quitte le groupe alors que le succès se profile à l’horizon. Signe Anderson donne son dernier concert au sein du Jefferson Airplane le 15 octobre 1966, au Fillmore Auditorium de San Francisco. Elle aurait eu soixante-quinze ans le 15 septembre prochain.

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Le groupe se produit le lendemain, 16 octobre 1966, dans la même salle mais Signe Anderson est remplacée par Grace Slick, transfuge de The Great Society. Elle apporte avec elle une de ses compositions personnelles, déjà rodée avec Great Society, et qui deviendra emblématique de l’Airplane : White Rabbit. Le groupe reprendra également un autre titre chanté par Slick dans The Great Society : Somebody to Love, composé par son beau-frère Darby Slick, et qui sera un immense succès dans la nouvelle version.

Bon…

Ça secoue toujours autant. J’ai du mal à faire avec la disparition de personnes qui ont accompagné mon adolescence de jeune musicien passionné, dont l’écoute aussi assidue qu’analytique m’a littéralement formé, aussi bien à l’apprentissage de la guitare qu’à la manière de composer des chansons, de les harmoniser, de les arranger. À soixante ans, il n’est pas vraiment anormal de devoir faire face à la disparition de mes héros, qui étaient de jeunes adultes alors que j’étais encore un gamin.

Si ce billet vous donne envie d’aller plus loin, sachez que les cinq premiers albums de Jefferson Airplane ont fait en 2008 l’objet d’une édition en coffret économique – je crois me souvenir l’avoir payé moins de vingt euros, il y a cinq ou six ans ; l’immense intérêt vient de la présence de nombreux bonus : versions non censurées, mixages différents, versions live, démos acoustiques, etc. Autre bonne nouvelle : des dizaines de concerts de l’Airplane existent en CD, plus ou moins officiels (disons que les ayant droits laissent faire) dans des enregistrements le plus souvent de très bonne qualité, pris à l’époque en sortie de table de mixage sur des magnétophones professionnels. Ainsi les concerts auxquels je fais allusion sont disponibles sous les titres :Live at The Fillmore Auditorium 10.15.66 Late Show « Signe’s Farewell » et Live at The Fillmore Auditorium 10.16.66 Early and Late Show « Grace’s Debut ». On les trouve sur Amazon pour une douzaine d’euros chacun. Il s’agit d’éditions limitées, sorties en 2014. Il vaudrait mieux ne pas trop tarder…

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