Chroniques de l'ère xénozoïque

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La sortie toute récente de Jurassic World nous offre sur un plateau l'occasion de replonger dans les archives de Bifrost et d'en ressortir l'article que Philippe Paygnard avait consacré dans le numéro 17 de la revue à Chroniques de l'ère xénozoïque, série de comics créée par Mark Schultz, dont le pitch fait rêver : un monde post-apocalyptique futur, des dinosaures et des cadillacs !

Les dinosaures ont disparu depuis longtemps. C'est ce que l'on apprend à l'école. Pourtant, en deux films, Steven Spielberg a réussi à nous convaincre qu'ils pouvaient toujours être parmi nous et qu'ils étaient capables de menacer l'hégémonie de la race humaine. Quant à Mark Schultz, quelques comics de plus lui suffirent pour nous entraîner dans un monde où les dinosaures font la loi : le monde mythique des Xenozoic Tales.

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Xenozoic Tales, le nouveau monde des dinosaures

slh-xeno-issue1-4-13.jpgLa vie s'écoule, paisible et calme, dans cette grande ville près de l'océan connue sous le nom de Cité dans la mer (The City in the Sea). Tout va pour le mieux. La pêche est fructueuse et les chasseurs ne rentrent jamais bredouilles. Mais un jour, une voile inconnue apparaît à l'horizon. C'est une felouque Wassoon. Vient-elle en amie ou en ennemie ?

C'est ce que Jack Tenrec va devoir découvrir, tout en déjouant le complot de quelques têtes brûlées prêtes à tout pour empêcher le contact entre deux des dernières communautés humaines de l'ère Xénozoïque. Pourtant, dans un monde où les dinosaures ont repris du poil de la bête, il semble naturel que les hommes se serrent les coudes, même si tout le monde ne semble pas être du même avis. Avec l'aide de quelques amis, Jack parvient ainsi à sauver la vie de l'ambassadeur Wassoon. Il ne se doute pas que ce coup d'éclat va le transformer, bon gré mal gré et sur les ordres express du gouverneur, en garde du corps de l'ambassadeur Hannah Dundee. Et même si le corps en question est charmant, Jack a bien d'autres choses à faire. En digne héritier des vieux-sangs, il lui faut s'occuper des ultimes vestiges d'un monde passé : une dizaine de Cadillacs qu'il bichonne et répare avec amour. Il lui faut aussi empêcher les braconniers de décimer certaines espèces de dinosaures qui participent à l'équilibre écologique de ce nouveau monde. Il lui faut enfin garder le secret sur ses relations avec le peuple des Griths, d'étranges reptiles humanoïdes dotés d'une intelligence très spéciale. Autant de tâches qui lui laissent bien peu de temps pour chaperonner un quelconque ambassadeur, fut il en mission diplomatique.

D'ailleurs, le caractère têtu et impulsif de Jack va rapidement se heurter à celui d'Hannah. Fort heureusement, les frictions du début laissent vite place à une réelle amitié lorsqu'ils se découvrent des motivations communes. Tous deux ont en effet compris que le retour vers une civilisation humaine et technologique n'est plus possible. Désormais, l'être humain doit s'adapter à l'environnement. Et sans le détruire, car la réaction de Mère Nature pourrait être terrifiante. Hélas, ils ne sont qu'une poignée à penser ainsi, une minorité confrontée à l'incompréhension des pouvoirs en place. Aussi, lorsque le gouverneur Wilhelmina Scharnhorst prend la direction à la Cité dans la mer, il ne reste plus qu'une solution à Jack et Hannah : la fuite. Car Scharnhorst prône le retour aux valeurs anciennes, celles de la technologie triomphante et de la conquête des territoires.

Abandonnant toute illusion sur certains de ses anciens amis, Jack Tenrec quitte donc la Cité dans la mer pour rejoindre les terres wassoons. Accompagné d’Hannah, il va hélas découvrir que l'homme de l'ère Xénozoïque est le même partout et que les complots wassoon valent bien les trahisons de sa patrie d’origine.

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Mark Schultz, l'homme derrière la Cadillac

Issu du monde de la publicité, Mark Schultz fait ses débuts de dessinateur de bandes dessinées grâce à l'éditeur indépendant Denis Kitchen. Celui-ci, impressionné par une courte histoire que lui a envoyé Schultz, la publie dans le huitième numéro de son anthologie Death Rattle. La première aventure de Jack Tenrec dans le monde du Xénozoïque paraît ainsi à l'automne 1986 et il ne faut pas attendre longtemps pour qu'il obtienne son propre titre : Xenozoic Tales, en février 1987. Annoncé comme bimestriel, le comics de Mark Schultz se fait rapidement plus rare que prévu.

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Et ce principalement du fait même de la qualité du trait de Mark Schultz. Car si on retrouve en effet dans son dessin soigné l'influence des grands artistes de l'époque des EC Comics (Frank Frazetta, Al Williamson, Wallace Wood), la recherche de cette qualité graphique prend du temps, énormément de temps. Ceci explique la faible productivité de Schultz et le nombre restreint (une douzaine) d’épisodes de Xenozoic Tales… Et justifie également le fait que les lecteurs aient, parfois, dû attendre jusqu’à deux longues années entre certains épisodes de la série !

Car, à l'inverse de beaucoup d'autres dessinateurs américains, Mark Schultz se charge en principe de tout : scénario, dessin et encrage. Il prend le temps de parfaire chacune de ses histoires, au grand dam de ses éditeurs. Un perfectionnisme qui lui permettra néanmoins d'obtenir, au fil des ans, plusieurs récompenses délivrées tant par ses pairs que par la critique : quatre Harvey Awards et deux Eisner Awards.

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Un seul autre artiste collabore régulièrement à Xenozoic Tales. Il s'agit de Steve Stiles, qui se charge de l'encrage de certaines aventures de Jack et Hannah et illustre parfois d'autres histoires de l'ère Xénozoïque (comme cette intéressante « Vie de chien » en back-up feature du cinquième numéro).

Xenozoic Tales est également un titre rare par le sujet abordé. Nous sommes ici très loin des classiques aventures de super-héros costumés, des space opera dont raffolent certains jeunes lecteurs, ou bien même d’ailleurs d'une simple rencontre entre humains et dinosaures. Car Xenozoic Tales est avant tout une œuvre de réflexion poussée, une approche réfléchie sur les liens ambigus liants Homme et Nature.

Les fans des aventures de Jack et Hannah, initialement publiées en noir et blanc, ont pu redécouvrir leurs héros préférés en couleurs dès 1990, dans une série de rééditions orchestrée par un grand éditeur. En effet, le succès de Xenozoic Tales ne laisse pas indifférent Marvel Comics, qui s'empare bientôt de la série. La compagnie de Stan Lee offre donc à Mark Schultz l’opportunité d’une réédition en couleurs, sous le label Epic Comics et sous le titre Cadillacs and Dinosaurs. Schultz participe personnellement à la réédition en livrant de superbes couvertures inédites.

slh-xeno-cadillacs.jpgCe n’est un secret pour personne : les dinosaures passent très bien à l'écran, que ce dernier soit grand ou petit. Ainsi les cadillacs et les dinosaures de Mark Schultz se retrouvent tout naturellement à la télévision par la grâce de Nelvana. C'est en effet sous forme d'une série d'animation de grande qualité que Cadillacs and Dinosaurs touche un nouveau public, celui des jeunes téléspectateurs du samedi matin. Ce dessin animé bénéficie d'une animation de grande qualité et de scénarios de même niveau signés Steven E. DeSouza (Piège de cristal le film), Herbert J. Wright ( Rick Hunter la série TV), Martin Pasko (Batman le dessin animé), Marv Wolfman (La Guerre des planètes le dessin animé) ou Harlan Ellison (Babylon 5 la série TV). Toutefois, il est bien évident que le dessin animé ne peut qu'imparfaitement reproduire les splendides dessins de Schultz. De plus, la bande dessinée d’origine est plutôt destinée à un public adulte et contient quelques scènes violentes qui sont forcément absentes de la série animée naturellement destinée à un jeune public. C’est pourquoi, à choisir, on s'intéressera plus volontiers à la bande dessinée initiale, et ce même si le dessin animé reste une bonne introduction au monde du Xénozoïque.

Profitant du succès de la série d’origine et du dessin animé, un autre éditeur se lance dans l'aventure Cadillacs and Dinosaurs avec, cette fois, une participation limitée de Mark Schultz, mais en réunissant quelques artistes talentueux : Dick Giordano (The Power of Shazam), Esteban Maroto (Cinq pour l'infini), Sam Kieth (Maxx), Moebius (Le Garage hermétique) et même Steve Stiles. Déclinant le monde du Xénozoïque sous forme de mini-séries, Topps Comics propose des histoires variées, écrites avec talent par Roy Thomas (Conan the Barbarian), mais qui perdent bien vite le ton percutant qu’insuffle Mark Schultz à ses propres histoires.

On notera enfin qu’à l'occasion de son passage chez Topps, Schultz livre également quelques illustrations, toujours remarquables, pour Universal Monsters, une série de cartes à collectionner inspirées de célèbres films d'horreur.

De Kitchen Sink jusqu'à Dark Horse, et au-delà

Auréolé du succès de Xenozoic Tales, Mark Schultz ne tarde pas à démontrer qu'il possède bien d'autres cordes à son arc. Dessinateur talentueux mais d'une exaspérante lenteur, tant pour ses fans que pour ses “Editors”, Schultz est également un scénariste inventif. C'est à ce titre, et comme auteur de sublimes illustrations de couverture, qu'il rejoint l'équipe de Dark Horse Comics.

Après les monstres de l'ère Xénozoïque, Mark Schultz s'intéresse alors aux créatures qui viennent sur Terre à la recherche de trophées : les Prédateurs. Il signe ainsi, en 1997, les scénarios des trois épisodes de Predator: Hell & Hot Water, mis en images par le vétéran Gene Colan ( Tomb of Dracula), le tout sous des couvertures superbes de Schultz himself.

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Après les Prédateurs, ce sont les Aliens qui deviennent la cible de la prose de Mark Schultz, avec les deux épisodes d'Aliens: Havoc. Pas moins de quarante dessinateurs participent à l'illustration de cette histoire de station spatiale infestée par les tueurs d’outre-espace. Parmi ceux-ci, on citera pour mémoire : Art Adams (Monkeyman & O'Brien), Geof Darrow (The Big Guy and Rusty the Boy Robot), Gary Gianni (MonsterMen), Kelley Jones (Aliens Hives), Igor Kordey (Star Wars: The Protocol Offensive), John K. Snyder (The Prowler) et John Totleben ( Swamp Thing).

Toujours en 1997, Schultz trouve le temps de signer les couvertures d'Edgar Rice Burroughs's Tarzan n°15 et 16, deux numéros illustrés par des artistes français, les duettistes Stan & Vince (Tess Wood & Campbell).

L'année suivante, Schultz revient à la création avec les quatre épisodes de SubHuman (co-écrits par Michael Ryan et illustrés par Roger Petersen), qui nous entraînent dans ces mondes mystérieux cachés au fond des océans.

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1999 semble être l'année de la consécration professionnelle pour Mark Schultz, puisqu'il rejoint l'équipe de DC Comics en tant que scénariste de Man of Steel. Déjà, l'année précédente, Schultz avait bien failli intégrer les rangs de cette maison avec une mini-série de S-F illustrée par Tom Grindberg (Silver Surfer). Hélas, ce projet ne voit pas le jour. Ce qui n’empêche pas Eddie Berganza, “Editor” des titres Superman pour DC Comics, de voir en Mark Schultz l'un des membres de l'équipe de choc qu'il est en train de réunir pour faire passer l'an 2000 au personnage créé par Jerry Siegel et Joe Shuster en 1938. Schultz succède ainsi à Louise Simonson (X-Factor) en tant que chroniqueur des exploits de Superman : The Man of Steel, illustrés par Doug Mahnke (Major Bummer) et Dennis Janke (Phantom Stranger).

Dans le même temps, il signe les scénarios et les couvertures des quatre chapitres d'Aliens: Apocalypse - The Destroying Angels, mis en images par Doug Wheatley (Blade the Vampire-Hunter). Il collabore également à la vague Star Wars de Dark Horse en écrivant le texte deYoung Queen (illustré par Galen Showman & P. Craig Russell), l'un des nombreux one-shots célébrant la sortie de Star Wars Episode 1 : The Phantom Menace. Il trouve aussi le temps de signer l'une des illustrations de Robert E. Howard: Myth Maker, un ouvrage concocté par Cross Plains Comics, éditeur qui se propose de publier l'adaptation en bandes dessinées de l'intégralité de l'œuvre de Robert E. Howard (sauf Conan, dont les droits restent détenus par Marvel).

D'autres dinosaures

Mark Schultz n'est ni le premier, ni le dernier à avoir utilisé des dinosaures dans ses bandes dessinées. Ces monstrueuses créatures, qu'elles soient décongelées, reconstituées grâce au génie génétique ou encore mécaniquement créées, jouent ainsi régulièrement les méchants dans les productions de nos amis éditeurs de comics. À commencer par Godzilla, aperçu aussi bien chez Dark Horse que chez Marvel, qui s’impose comme le symbole d’une méchanceté animale et froidement reptilienne armée par Mère Nature pour punir les hommes, pollueurs et destructeurs.

slh-xeno-devildino.jpgCertains dinosaures sont néanmoins plus sympathiques. Ainsi, bien des années avant Schultz, Jack “The King” Kirby avait fait d'un Tyrannosaur Rex le compagnon de jeu d'un petit garçon des cavernes. Proposé par Marvel Comics, en 1978, ce Devil Dinosaur n'a connu que neuf aventures. Ce qui n’empêche pas ce personnage de faire, de temps à autre, de curieuses apparitions dans l'univers Marvel, croisant parfois les dinosaures de la vallée préservée de Ka-Zar. Ce monde perdu n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui imaginé par le romancier Sir Arthur Conan Doyle, créateur du célèbre détective Sherlock Holmes mais aussi du Professeur Challenger, héros du livre The Lost World. Ecrit en 1912, ce roman précède de quelques décennies celui, homonyme, de Michael Crichton, que Steven Spielberg a porté à l'écran sous le titre The Lost World : Jurassic Park. Il anticipe également de quelques années celui d'Henri Vernes qui entraîne ses héros, Bob Morane et Bill Ballantine, dans Le Temple des dinosaures, avant d'en faire des Chasseurs de dinosaures. Des aventures qui, bien évidemment, ont été adaptées en bandes dessinées par William Vance (XIII) aux Editions du Lombard. De quoi constater, une fois encore, que rien ne se perd, rien ne se crée tout à fait… et tout se recycle !slh-xeno-temple.jpg

D'ailleurs, dans la droite ligne du phénomène Teenage Mutant Ninja Turtles de Kevin Eastman et Peter Laird, l'éditeur Eternity Comics a « inventé » le concept des Dinosaurs for Hire. Écrite par Tom Mason (The Ex-Mutants) et illustrée par pas mal de monde, cette série se voulait forcément parodique et ne fut pas nécessairement inoubliable. Chuck Wojtkiewicz (Imperial Guard), Terry Pallot (Star Trek : Deep Space Nine), Mitch Byrd (Guy Gardner), Bruce McCorkindale (Rune vs. Venom), Ben Dunn ( Ninja High School), Doug Hazlewood (Superboy), Craig Taillefer (Dracula's Guest), Dale McKeown (Pïtt) et même Paul Gulacy (Star Wars: Crimson Empire) ont, le temps d'une couverture, participé à l'aventure graphique des Dinosaurs for Hire.

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slh-xeno-jurassic.jpgProfitant du succès cinématographique du premier Jurassic Park, Topps Comics en a fort logiquement proposé, en 1993, une adaptation en bandes dessinées. Réalisée par Walter Simonson (Weapon Zero), Gil Kane (Isaac Asimov's I•Bots) et George Pérez (The Avengers), cette mini-série précède de peu une suite orchestrée par d'autres auteurs et un étrange numéro spécial, Jurassic Jam, réunissant une pléiade de vedettes de la BD US, ainsi qu'une série régulière illustrée par Kane, sur un scénario de Steve Englehart (NightMan).

slh-xeno-feud.jpgVoguant sur la vague Jurassic Park, mais pour une fois sans la copier, Mike Baron (Nexus) et Mark A. Nelson ( Tales from the Clonezone), ont créé en 1993, pour Epic Comics, le surprenant monde reptilien de Feud, avec des néo-dinos et bien peu d'êtres humains. Epic Comics a également proposé, en 1992, d'autres dino-aventures, notamment celles des Dinosaurs de Steve White, Dan Abnett et John McCrea.

Quelle que soit la profusion du thème des dinosaures dans le monde des comics — un thème à ce point usé qu’il en devient irritant —, aucune de ces productions n’approche véritablement l’élégance et l'innovation des Xenozoic Tales de Mark Schultz. De fait, après avoir passé en revue la plupart de ces travaux, le doute n’est plus permis : les Xenozoic Tales sont à faire figurer en bonne place au panthéon des œuvres majeures de la bande dessinée américaine.

Xenozoic Tales en V. F.

Plusieurs des aventures de Jack Tenrec et Hannah Dundee ont été publiées dans USA Magazine, entre le numéro 32 de février 1988 et le numéro 66 de janvier 1993 — on notera au passage que Jack et Hannah ont eu les honneurs de la couverture du trente-deuxième numéro d'USA Magazine, une couverture qui, hélas, n'est pas signée par Mark Schultz mais par Tanino Liberatore, illustrateur certes talentueux mais plus connu pour ses androïdes ( Ranxerox) que pour ses dinosaures.

L'intégrale de Xenozoïque a été éditée, en six volumes, de 1989 à 1993, par les Editions Comics USA/Glénat sous le titre générique des Chroniques de l'Ere Xénozoïque. Cette édition française a pu voir le jour grâce à Fershid Bharucha (rédacteur en chef d' USA Magazine et directeur de la collection « Comics USA »), Janine Bharucha (traductrice), Martine Segard (responsable du lettrage) et Christine Couturier (coloriste). Qu’ils en soient ici remerciés.

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Bibliographie

Albums parus aux Editions Comics USA :

1 - Jack Cadillac (1988)
2 - Hannah Dundee (1989)
3 – Xénozoïque (1990)
4 - Cadillacs & dinosaures (1990)
5 - Destination Wassoon ! (1991)
6 - Tenrec est mort ! (1993)

Albums réédités chez Akileos en 2006 :

1 - Après la fin (2006)
2 - Le nouveau monde (2006)
Intégrale (2013)

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