Soit, d’une part, la science-fiction des années 30, publiée dans des <i>pulps</i> aux couvertures d’un délicieux mauvais goût, telle celle du premier numéro d’<i>Astounding Stories</i> (daté janvier 1930) sur laquelle un vaillant astronavigateur fait le coup de poing avec un extraterrestre insectoïde – et sans doute libidineux puisqu’il menace une frêle jeune femme aux pieds nus, vêtue d’une simple peau de bête. Trop bien.
Soit, d’une part, la science-fiction des années 30, publiée dans des pulps aux couvertures d’un délicieux mauvais goût, telle celle du premier numéro d’Astounding Stories (daté janvier 1930) sur laquelle un vaillant astronavigateur fait le coup de poing avec un extraterrestre insectoïde – et sans doute libidineux puisqu’il menace une frêle jeune femme aux pieds nus, vêtue d’une simple peau de bête. Trop bien. Soit, d’autre part, la littérature de vulgarisation entomologique, genre La vie des fourmis de Maurice Maeterlinck, essai également publié en 1930 et qui fit longtemps référence. Et je pose alors la question : quid de la différence entre les deux ? Réponse : une simple inversion du point de vue (la SF est coutumière du fait) ; car dans les deux cas, le thème traité reste celui de l’altérité, et le motif celui de l’éventuel contact – ou pour le moins des interactions entre l’homme et l’autre. Bon. A partir de ce constat, l’idée est d’inventorier les possibles attitudes de l’Homme (avec le grand H symbole de sa position autoproclamée au sommet de la hiérarchie) face à la fourmilière – puis, par le biais d’une simple translation sur l’échelle hiérarchique, les attitudes possibles de l’Alien face à la fourmi humaine. Le A majuscule pour signifier que, cette fois, ce sont eux qui ont largement de quoi nous botter le cul jusqu’à ce que mort s’ensuive, si vous voyez ce que je veux dire. En somme, on est toujours la fourmi de quelqu’un. L’une des possibilités, à l’évidence la plus agaçante pour notre ego, est l’ignorance superbe et absolue : ils sont venus, ils ont fait trois petits tours pour se dégourdir les jambes (ou tout autre organe locomoteur) et ils sont repartis… non sans laisser traîner derrière eux un lot de machins incompréhensibles (papiers gras et boîtes de sardines huileuses, boulons fendus et ampoules grillées…). Bref, ils sont restés là juste le temps d’un « pique-nique au bord du chemin » (comme diraient les frères Strougatski) ou d’une rapide réparation, au chewing-gum bien mâchouillé suivi de plusieurs tours de sparadrap, de cette putain de fente à la valve du système d’inversion de l’exo-régulation paratorique bi-synchrone de leur vaisseau (en espérant que ça tienne au moins le temps d’atteindre la station-service relais sur Zébula IV). Même pas jeté un œil aux fourmis. Si ça se trouve, même pas vu la fourmilière. Et finalement, c’est peut-être pas plus mal pour cette dernière : il y a des gens qui trouvent marrant de piétiner les fourmilières, pourquoi les extra-terrestres seraient pas aussi débiles que nous ? J’oubliais : après leur départ, les fourmis s’enhardissent et vont jeter un œil, avant de décréter la Zone interdite (c’est qu’il s’y passe de drôle de choses… et que c’est pas sans risque…). Voilà, en très gros, de quoi va parler l’article que je commence aujourd’hui à écrire, à partir des petites notes prises au fil des jours, depuis mars dernier. J’en ai bien pour la semaine à ne faire que cela. Vu le temps qu’il fait, c’est pas trop un crève-cœur !