Razzies 2011 : le dernier prix du pire !

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Les Razzies, c'est donc fini, après dix ans de subjectivité crasse, de mauvaise foi plus qu'occasionnelle et de méchanceté très volontiers assumée. Que l'on continue cependant de s'amuser et de rigoler (ou pas du tout) avec un dernier petit baroud sur le blog, pour retrouver l'édition 2011 des ultimes Razzies, parue dans le numéro 65 de Bifrost...razzies-2011-une.jpg

On n’a que des pistolets à eau, mais on a les plus gros !

Cette année les Razzies fêtent leurs dix ans. Afin de célébrer dignement l’événement, le prix des lecteurs a comme qui dirait disparu (on n’est pas là pour appliquer la démocratie, juste pour défendre le droit à la satire). Néanmoins, voici les résultats :

Premier : Bragelonne & Milady (comme d’hab’).

Deuxième : ActuSF pour la forte concentration de cas sociaux qui hantent son forum, l’absence de modération dudit forum et l’insondable nullité des critiques du site-mère.

Troisième : les Razzies 2011, parce qu’ils étaient évidemment moins drôles que les Razzies 2010, qui étaient moins drôles que les Razzies 2009 qui… vous voyez le tableau.

Mais revenons aux Razzies 2012, les vrais, le prix du pire. Cette année, la fiesta a eu lieu en deux temps. D’abord au Pub Saint-Germain, en présence d’Org, PhilB, Professeur X et Vicious. Puis au Old Kashmir, restaurant de la rue Grégoire de Tours, Paris VIe, sans le Professeur X, parti dès 11h59 affronter le Mal, partout où il se cache.

Petit rappel, à toutes fins utiles : les Razzies se veulent subjectifs, bêtes, d’une mauvaise foi plus qu’occasionnelle et volontiers méchants. Faire sourire est leur seule ambition (en tout cas avouée). Les nominations aux Razzies ne sont pas seulement motivées par la qualité intrinsèque des œuvres en compétition, mais aussi par le contexte de leur publication.

Let’s Rock’n’roll !

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Sont nominées, dans la catégorie Pire nouvelle francophone :

Les « Micronouvelles » de Vincent Bastin parues dans le Galaxies hors-série 2011. Toute la délicatesse et la suavité d’une ablation des hémorroïdes à un verrat, sans anesthésie.

« Ta sœur à quatre pattes, moi juste derrière », de Nathalie Dau & Corinne Guitteaud…

« T’as lu ça où, Vicious ? demande Org en levant un sourcil.

– Ah merde, j’ai mélangé ma liste de boulards à télécharger avec celle des Razzies de l’an prochain… »

« Le Blues du vampire le soir au-dessus des paraboles », de Jeanne A Deux Balles (Fiction n°12).

« L’Enfant sans nom »,de Sara Doke (Fiction n°12), où l’interminable et douloureux périple d’un enfant devient surtout celui du lecteur.

« Dahut », de Hélène Marchetto (Angle Mort n°4), ou comment pourrir une super revue avec un truc super naze.

« L’IA qui écrivait des histoires d’amour », d’Olivier Paquet (Angle Mort n°5), texte aussi mauvais que téléphoné, qui part d’emblée sur un malentendu : la présence du verbe « écrire » dans le titre…

Belle sélection cette année (chaque juré n’avait le droit qu’à deux nominations), mais sans trop de chicane, c’est Sara Doke et son « Enfant sans nom » qui remportent le morceau, un récit de 25 pages qui semble en faire 250.

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razzies-2011-bif63.jpgDans la catégorie Pire nouvelle étrangère sont nominées :

« Lune de miel à la Porte du Paradis », de Tom Barlow (Galaxies n°14). Quand on pense au nombre de bons textes anglo-saxons paraissant chaque année qui demeurent inédits en France, comment peut-on sélectionner un machin aussi médiocre ? (Vicious tousse un peu, il a dû attraper froid.)

« Pas de drapeau pour Pluto », de Robert J. Sawyer (Galaxies n° 13), un truc qui n’est probablement pas de la merde, mais qui a strictement la même odeur.

« Mort d’une ville », de Frank Herbert (Bifrost n° 63), nouvelle sans intérêt aucun n’était celui d’être inédit, ce qu’on comprend aisément à la lecture dudit texte…

« La Chute de l’ange », d’E.C. Tubb (Galaxies n° 12). Une nomination un tantinet abusive, le texte en lui-même se contentant d’infuser un mol ennui, mais à ce point grevé de fautes de syntaxe dans la présente édition qu’il en devient illisible.

• « La Cithare sans corde », de Yoon Ha Lee (Fiction n°12) ; c’est un peu l’histoire du fils caché de Marilyn Monroe et Albert Einstein : s’il a l’intelligence du père et la beauté de la mère, ça va, mais si c’est l’inverse, bonjour la cata. Les ingrédients sont très sexy, le potentiel sense of wonder est juste énorme, mais le mélange ne prend pas et reste pour le moins sur l’estomac.

Avec trois votes pour quatre jurés (à ce moment précis, on notera qu’Org s’étouffe dans son Talisker, ce qui n’a rien à voir avec la qualité supérieure du whisky susnommé), le vainqueur est « Mort d’une ville » de Frank Herbert, paru dans le Bifrost n°63, dont la publication méritait sans doute en sus une petite nomination, en tout bien tout honneur, dans la catégorie Prix Putassier.

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razzies-2011-zoneest.jpgPour le prix Bernard Celui-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom du Pire roman francophone, le professeur X ne propose aucune nomination mais prévient qu’il a une phrase. Personne ne relève. Les autres jurés lisent à tour de rôle leurs nominés :

Narcogénèse d’Anne Fakhouri (l’Atalante). Vu comment l’auteure est pénible sur le forum d’ActuSF, ça ne peut être qu’un truc ultrachiant.

« J’ai bien aimé », réagit Professeur X, à moitié dissimulé par le nuage de fumée de sa pipe.

Rêves de gloire de Roland C. Wagner (l’Atalante), chef-d’œuvre autoproclamé à peine moins prétentieux que La Horde du contrevent d’Alain Damasio, mais qui, dieu merci, ne bénéficiera pas des mêmes ventes. L’auteur se consolera avec le GPI 2012, attribué avant parution ou presque, et qui s’ajoutera donc à la demi-douzaine de prix déjà récoltés (PhilB ne réagit pas, sans doute sous le coup d’un mini-A.V.C.).

• Est aussi nominé Marin Ledun (Fleuve Noir), par ailleurs estimable auteur de polar, qui, avec Zone Est, ressuscite le pire du cyberpunk frenchie des années 90, mâtiné de post-nuke spaghetti de la décennie précédente.

Pas de débat houleux, impossible de le donner à Rêve de Gloire, ça lui ferait un prix de plus, de la pub gratuite ; Professeur X a pris la défense de Narcogénèse (avec quatre mots seulement, mais qui ont eu la force de dissuasion d’une fusée Titan chargée de soixante têtes nucléaires) ; il ne reste donc que Zone Est, un lauréat sans grand panache, dans lequel on doit pouvoir trouver une ou deux phrases passables.Rendez-nous les années dorées, les bains de boue putride, le règne des Oksana(l) & Gilles Prou(t) et du duo infernal FNAC Maxime-Alexis Chattam-Aubenque !

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razzies-2011-sagan.jpgPour le Pire roman étranger, le professeur X ne propose aucune nomination mais prévient qu’il a une phrase. L’assistance, lassée, lui demande de la dire, ce qu’il fait. Consternation générale ; le professeur X précise : « Je n’ai jamais dit qu’elle serait drôle. »

Au final, sont nominés :

Idlewild de Nick Sagan (J’ai Lu, coll. « Nouveaux Millénaires »), et surtout sa suite, Edenborn, bien pire encore.

Alien : no exit de Brian Evenson (Le Cherche-Midi)

« C’est tout ? s’étonne Vicious.

– Ben, j’ai presque lu que des trucs bien, se défend PhilB, même ce que j’ai lu chez Eclispe, c’était bien…

– J’ai pas eu le courage d’ouvrir le dernier Sawyer, de prendre un Bragelonne ou un Orbit au hasard… », se défend Org. Il se racle la gorge, puis baisse d’un ton : « En ce moment, je me relis tout Trolls de Troy, je me prépare mentalement pour la suite de Bankgreen. »

Bon… Nous nous garderons bien de dire qu’Idlewild/Edenborn, de Nick Sagan, est une bouse semi-liquide. Néanmoins, on notera qu’il a été élu livre de l’année par le Cercle Littéraire de l’Amicale des Coprophages et Scatophiles Réunis. Un lauréat 2012 tout désigné, en somme (et dire qu’il y a un troisième tome à venir…).

« Vous pensez vraiment qu’il se publie moins de mauvais livres ?

– T’es fou !… C’est juste qu’on les lit moins…

– Bordel. On vieillit, les mecs… »

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Étaient nominés dans la catégorie Pire traduction :

• William Olivier Desmond pour sa traduction (?) de Dôme (Albin Michel) de Stephen King, monsieur Desmond, qui, déjà, dans Duma Key,traduisait River Phoenix par « la rivière Phoenix ». Alors que l’écrivain américain recouvre une seconde jeunesse, son traducteur semble avoir vécu en stase ces vingt dernières années, jusqu’à ignorer l’existence de World of Warcraft. Encore une chance qu’il n’ait pas traduit Internet par Minitel…

Galaxies, encore et toujours, qui n’a visiblement aucune intention de s’améliorer dans le domaine.

• Emmanuel Pailler pour le massacre de Wicked de Gregory Maguire (Bragelonne). Pour une fois qu’ils publient un bon bouquin, c’est ballot.

• David Camus et Dominique Haas, au demeurant de très bons professionnels, mais qui devraient quand même penser à faire relire par des gens compétents les passages scientifiques de leurs traductions ; on pense évidemment ici au Rêve de Galilée de Kim Stanley Robinson (Presses de la Cité).

En matière de Razzies, Galaxies, c’est un peu comme Bragelonne avec les littératures de genre : ils épuisent le marché. Mais comparé au massacre de Stephen King, c’est vraiment anecdotique. Notre lauréat est donc, et de très loin, William Olivier Desmond. Kathy Bates a pris sa retraite ? Dommage, il y a un traducteur qui aurait besoin qu’on lui scie les mains au plus vite…

« En même temps, il traduit avec les pieds », fait justement remarquer Professeur X, décidément aussi drolatique que X. Dupont de Ligonnès.

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razzies-2011-vestale.jpgÉtaient nominés pour le Prix Jackie Paternoster de la Pire couverture :

• Les éditons Critic, au goût très sûr, dont le dernier fait d’armes est la couverture du Sang des immortels de Laurent Genefort. On pourrait presque dire que c’est beau comme du Francescano.

• Julien Delval pour l’anthologie Victimes et bourreaux (Mnémos). L’illustrateur nous offre une plongée angoissante dans les pulsions de mort d’un Teletubby.

• Franck Achard, pour la couverture de Rubedo, la conspiration des lumières de Franck Plasse (Mnémos, encore). C’est déjà assez difficile comme ça de vendre un premier roman francophone, mais l’affubler d’une pareille couverture relève du suicide commercial.

Rêve de Gloire par le maître Gilles Francescano (l’Atalante). Parce qu’aucun roman ne mérite ça.

• Genkis pour Mon petit poney La Vestale de Calix (l’Atalante). Parce qu’aucun (premier) roman ne mérite ça.

Confrontés à la supériorité indéniable de l’Atalante sur ses concurrents (Folio « SF » a fait des efforts considérables en 2011, même si le travail de Damien Venzi sur Brasyl arrache les yeux), supériorité qui dure depuis des années maintenant, les jurés des Razzies s’inclinent, décernent le prix à Genkis et décident en outre de changer l’intitulé dudit prix à partir de l’année prochaine. Le Prix Jackie Paternoster de la Pire couverture meurt ce jour. Vive le Prix l’Atalante de la Pire couverture (le jury s’interdisant de récompenser les efforts de l’Atalante à l’avenir)!

Vicious fait remarquer au passage que dans le même ordre idées, le « Prix Européen Utopiales des pays de la Loire » pourrait être rebaptisé « Prix Utopiales des éditions l’Atalante de Nantes », voire « Prix Atalante des Utopiales de Nantes », puisque les éditions en question trustent ledit prix avec une belle régularité depuis sa création, trois fois lauréats en cinq éditions, tout de même…

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razzies-2011-popparano.jpgJusqu’ici, tout s’était à peu près passé normalement (Org ne s’était étouffé qu’une fois dans son whisky, Vicious n’avait fait que sept blagues de cul, dont une presque drôle…), mais le Prix de la Pire non-fiction a mis une belle ambiance, car étaient nominés (excusez du peu) :

Pierre Stolze pour son article « L’Imposteur et les ignares » paru dans Bifrost n°61. Un ton pontifiant et dogmatique de petit professeur assénant sa leçon, pour reprocher notamment à Houellebecq d’écrire après Lautréamont et Herman Hesse.

Le blog impertinent de Fabien Lyraud. On a eu beau chercher dans tous les dictionnaires de synonymes, jamais impertinence n’est donnée comme synonyme d’idiotie. Dommage, parce que le Blog idiot de Fabien Lyraud, ça rime. Une rime pauvre, mais une rime. Heureusement qu’avec un tel cerveau, Fabien Lyraud est du côté du Bien.

Pop Parano de David Brun-Lambert (éditions de l’Œuvre), essai consacré aux cinémas et littératures de genre et signé d’un zozo qui n’y connaît strictement rien. Côté science-fiction, on y apprend entre autres perles que La Patrouille du temps de Poul Anderson a pour sujet « la résistance face au totalitarisme », que Matrix a emprunté à Asimov le thème des humains exploités par les machines, ou encore que Total Recall a été réalisé par Steven Spielberg. Qu’on se rassure, lorsqu’il aborde d’autres genres, l’auteur est largement aussi nul.

• Régulièrement, dans l’année, Stéphane Marsan, directeur éditorial des éditions Bragelonne, nous sert sa soupe laudative dans l’espoir que le lecteur-client le gave à son tour. La dernière livraison, qu’on retrouve en extrait sur la quatrième de couverture d’une énième trouvaille bragelonnienne (Les Chants de la terre, d’Elspeth Cooper), mais aussi en intégralité ici, est d’une telle putasserie suave qu’on ne résiste pas à l’envie de la nommer au registre de la pire non fiction de l’année. Morceau choisi : « Il suffit de quelques pages pour nous rendre instantanément cette émotion unique, si belle et si simple qu’on l’oublie trop facilement, de renouer avec l’essence poétique des choses, avec des archétypes et des symboles, des objets, des êtres et des lieux profondément ancrés dans notre imaginaire. Les arbres, les lacs, les rochers, l’acier semblent vrais et sensibles. Les cités, les blasons, les grimoires surgissent d’une histoire oubliée. Les héros, dans leurs forces et leurs faiblesses, sont naturels et touchants. » Miam ! Lisez l’ensemble sur le blog de Bragelonne, commentaires inclus, ça vaut le détour mais ça colle aux dents…

• Sinon, par pure équité, un autre document a été produit, avec nettement plus de prudence : « J’ai la conviction que le Bélial’ a publié le meilleur livre de fantasy francophone cette année avec Bankgreen de Di Rollo en février dernier. J’ai ici la certitude que nous publions avec Le Dragon Griaule le meilleur livre de fantasy anglo-saxon. Une telle assertion manque sans doute d’humilité, mais c’est ce que je pense. » Belle clairvoyance ! Manque d’humilité ? Allons, si peu… Si Stéphane Marsan nous sert la soupe, Olivier Girard, boss du Bélial’, nous fait la totale : entrée, plat, fromage qui pue et dessert (interview publié sur le site ActuSF). Et les portes, il peut encore les passer ?

Une fois que les jurés ont eu fini de débarrasser leurs vêtements des fragments de cacahuètes et d’olives aromatisés au Talisker crachés par un Org sous douze bars de pression, il a été courageusement décidé que David Brun-Lambert (autrefois publié chez Denoël) remportait le pompon avec son Pop Parano. Vicious a alors salué cette sage décision en commandant un tensiomètre, deux suppos pour la fistule anale et une autre assiette d’olives noires.

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Concourraient dans la catégorie Incompétence éditoriale :

• (A tout seigneur, tout honneur :-) Pierre Gévart, rédacteur en chef de l’inénarrable revue Galaxies (les esprits chagrin vont encore dire qu’on s’acharne… mais c’est même pas vrai) qui nous gratifie dans chacun des numéros de ladite revue de quelques perles absolument croustillantes. La dernière en date ? Dans le récent numéro 13 (outre « Trafalmadore » de Vonnegut devenant « Trafalmagore », outre les coquilles plus ou moins partout, et ce dès le sommaire), la soi-disant photo de Greg Egan illustrant l’article de Laurent Queyssi (article qui n’en demandait pas tant), auteur australien dont il n’existe PAS de photo, comme le rappelle lui-même l’intéressé sur son site en quatre langues, excédé qu’il est de voir fleurir ça et là, et jusque dans Galaxies, donc, des photos d’un homonyme qui n’a rien demandé non plus. Et la légende de la fameuse photo de préciser combien nous nous trouvons en présence d’une rareté… Prochaine exclu : un cliché d’Alexandre le Grand. Et on rajoutera à la barque, déjà bien chargée, le grotesque numéro spécial Belgique dont on ne sauvera que l’article de Dominique Warfa. Un tel concentré d’incompétence, ça confine au génie.

• Mnémos, pour la putasserie itérative de ses quatrièmes de couverture en général, et avec un accessit tout particulier à celle de D’or et d’émeraude d’Eric Holstein, un rien neuneu dans son résumé farci de répétitions et qui fait de l’Amérique du Sud un « continent tout de contrastes et de paradoxes », comme une séance diapo de Connaissance du Monde.

Géante rouge, parce que c’est Galaxies NS en pire. Mais bon, personne le lit, même Vicious n’y parvient pas…

Sans surprise, notre grand gagnant est le très sympathique Pierre Gévart, qui, et il l’ignore sans doute, peut maintenant, fort de son expérience en presse, redresser France Soir et Paru Vendu en les mixant en un seul support diffusé sur Terre, vers l’infini et au-delà. On lui murmure le titre : Planète à vendre. Faut faire comme Ed Wood, Pierrot, faut « penser grand ».

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razzies-2011-dracula.jpgMaintenant, nous arrivons au célèbre Prix Putassier, et, côté putasseries, on en a vu cette année de bien belles. Gageons d’ailleurs qu’au regard de l’état du marché éditorial, les choses devraient se poursuivre sur une voie prometteuse…

Au rang de nos saloperies préférées, on soulignera :

• Le bel effort des éditions Hachette et leur collection « Black moon », qui, non contents de nous fournir une énième réédition du Dracula de Bram Stoker, vampirophilie oblige, nous ont cette fois resservi le texte dans une version tronquée, qui plus est affublée de cette accroche merveilleuse en première de couverture : « Le roman mythique qui a inspiré le spectacle de Kamel Ouali. » Voilà bien un hommage mérité à un grand artiste de notre temps…

Brian Evenson et les éditions du Cherche Midi, qui, à eux deux, nous ont offert ce formidable roman qu’est Alien : no exit. Que l’auteur d’Inversion ou de La Confrérie des mutilés soit contraint de publier un roman franchisé pour crouter a au moins le mérite de nous rassurer sur une chose : c’est autant la merde dans l’éditons US qu’hexagonale !

• Les éditions Pocket, qui n’ont pu s’empêcher de préciser en couverture de la réédition en deux tomes du Grand Livre de Mars de Leigh Brackett, histoire d’appâter trois gogo-geeks : « par la scénariste de L’Empire contre-attaque ».

Notre grand vainqueur de l’année sont les éditions Hachette pour leur publication tronquée et kameloualisée de Dracula, car là, franchement, c’est à se la couper et à se la mordre (histoire d’avoir un zizi avec des dents au bout). Tendez l’oreille… Vous entendez ? Ça, c’est Bram Stoker qui fait un triple salto dans sa tombe…

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affiche_40*60.inddEt maintenant est venu le temps de tirer le rideau sur les Razzies 2012 avec le Grand Master Award. Sont nominés :

• Le ministère de la Culture d’une part, et Riton La Platine Henri Loevenbruck d’autre part. Le premier pour avoir nommé ledit Riton au titre de Chevalier des arts et des lettres, l’autre pour avoir « eu la surprise et la joie ». Enorme ! Aussi justifié qu’élever Ben Laden au rang de grand maître dans l’ordre du Tastevin. L’année prochaine ? Riton à l’Eurovision et Bachar al-Assad prix Nobel de la paix.

La direction artistique des Utopiales, avec ses formidables auteurs invités : tout le cheptel Atalante ou presque (mais pas de pouliche Orbit ou d’étalon Fleuve Noir), des auteurs qui ont vendu environ cinquante-neuf exemplaires sur l’ensemble de leur carrière, d’incontournables acteurs de l’Imaginaire, comme Danielle Martinigol (dont l’actualité cette année se résumait à avoir sélectionné quelques extraits de romans de Jules Verne pour une antho jeunesse — faut pas croire, c’est du boulot, et puis les jeunes ne vont quand même pas lire le père Jules in extenso, hein), Danièle Martinigol, donc, occupée à raconter devant un parterre atterré d’ados surveillés de près par leurs profs de lénifiantes anecdotes sur les déboires de l’écologie ; des tables rondes où sont invités des auteurs qui ne connaissent rien au sujet ; des invités qui participent à leurs frais de déplacement… Vraiment, l’année 2011 a été un cru artistiquement pourri, sauvé par sa programmation cinéma, son cosplay et ses expositions.

Tim Powers, invité aux Utopiales (encore), et qui se présente à la douane américaine avec un passeport si dégueulasse qu’il se fait renvoyer à la maison… Dommage, lui qui avait tellement envie de venir.

Et notre grand vainqueur est la direction artistique du festival Utopiales 2011 ! On nous annonce un changement de direction à la tête du festival (au demeurant incontournable)… Il était temps.

Pour finir ces Razzies en beauté : un proverbe kenyan tiré du Galaxies NS Hors-série spécial Kenya (à paraître) : « Quand la hyène pète, les gazelles suffoquent ; quand les gazelles pètent, la hyène se marre. »

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