Rock'n'write : Thomas Day

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rocknwrite-day-une.jpgSympathies for the devil, c’est lui. This is not america aussi. Women in chains aussi. Ce n’est ni Mick Jagger ni David Bowie et encore moins Roland Orzabal de Tear For Fears, mais notre Thomas Day national, qui s’est lui aussi prêté au questionnaire musical en prévision du Bifrost 69 "culture rock et science-fiction"…

Peux-tu nous parler de tes goûts musicaux ? Les groupes/musiciens que tu aimes, ceux que tu aimes détester, et ce qui n’accroche pas du tout à ton oreille.

Je ne suis pas très éclectique (là par exemple, juste avant de commencer de répondre à tes questions, j'écoutais Neil Young qui est l'archétype de ce que j'aime ou presque, un chanteur, de la guitare électrique). Beaucoup de rock au sens (très) large : Pink Floyd, Beatles, Stones, Bowie, Led Zep, Deep Purple, Doors, Jimi Hendrix, Bob Dylan. Impossible de tout citer. J'aime les voix et les mélodies, les longs morceaux : Child in time, Stairways to heaven, The end. Je collectionne les versions live de Confortably numb qui font plus de 6 minutes.

rocknwrite-day-thriller.jpgMon premier 45tours c'était Thriller de Michael Jackson et mon premier 33tours Live after Death d'Iron Maiden (ma mère avait acheté The Wall pour elle, donc je connaissais et j'adorais déjà à 8, 9 ans). Je dois beaucoup de mes goûts à ma mère (elle était un petit peu à droite de l'UMP, mais elle avait une très bonne oreille ; elle adorait le cinéma, je lui dois aussi ça) ; elle écoutait Bowie, Pink Floyd, Woodstock, Hendrix, les Beatles qu'elle avait vu en concert, etc. C'était des 33 tours et ça remplaçait souvent la télé qui était dans la chambre parentale, contrairement à la chaîne hi-fi.

J'aime très peu de trucs contemporains...

Mais Eminem beaucoup, en plus il me fait marrer. Marilyn Manson quand il est bon : Antichrist superstar par exemple, ses covers comme Tainted Love.

Je n'écoute pas de « chanteurs à textes » français.

Je suis un inconditionnel de Selah Sue et Tracy Chapman.

La musique classique me donne la nausée (j'exagère à peine) et me gâche les films dans lesquels elle est omniprésente, comme 2001, Black Swan, Melancholia. Chacun ses goûts, jamais je ne dirais que c'est de la merde, c'est juste que ça ne me plaît VRAIMENT pas, un peu comme les aubergines et le gratin de chou-fleur. Je déteste la techno, la house, les rythmes électroniques. Ca va de pair avec ma détestation des boîtes de nuit.

Pour moi, le rock des années 60-70 c'est une côte de bœuf saignante servie avec des frites au couteau. Que du plaisir.

Est-ce pour cela que, sous ta casquette d’éditeur, tu as publié des livres comme Fugues de Lewis Shiner ou Armageddon Rag de George R.R. Martin ?

Bien sûr. J'essaye d'avoir au catalogue tout ce qui est bon dans ce genre. J'ai récemment relu Rock Machine de Norman Spinrad dans cette optique, mais je me suis ennuyé.

Lorsque tu écris, est-ce en silence ou avec de la musique comme bande-son ? Si oui, quel genre ?

Avant j'écoutais beaucoup de musiques de film pour écrire, mais c'est fini : je n'écoute plus de musique en écrivant. Je considère à tort ou à raison que c'est une des raisons pour lesquelles mon style s'est amélioré depuis quelques ouvrages.

Joues-tu d’un instrument de musique ? Si oui, lequel ?

J'ai une guitare électrique, mais je n'en joue pas, je souffre d'arthrose précoce depuis vingt ans maintenant, et j'en ai plein les mains. Il n’y a pas très longtemps, j'ai branché la guitare sur mon vieux Marshall, et je l'ai faite un peu couiner pour mes enfants. J'ai gratté quelques trucs saturés, mais mes doigts sont trop douloureux, déformés.

J'ai pas mal d'harmonicas, mais les gamins me les ont fauchés ; en même temps, je n'en joue pas très bien et je n'y avais pas touché depuis des années. J'ai montré un ou deux trucs à Judicaël, mon aîné, mais c'est Akira, le petit, qui est le plus fasciné des deux par la musique.

D'ailleurs, il a déjà décidé qu'il allait récupérer la guitare.

Il y a aussi un piano à la maison ; quand je n'ai pas trop mal aux mains, il m'arrive de chercher des bouts de mélodie dessus, des sons.

Des mélodies originales ? Je veux dire : par toi composées ? Si oui, pourra-t-on entendre un Thomas Day musicien ?

Non. je cherche juste des sons, des fragments, des accords. Ça me calme (et Dieu sait que j'en ai parfois besoin).

rocknwrite-day-sympathies.jpgStairways to hell, Women in chains, Sympathies for the devil… Il y a-t-il une raison aux titres très musicaux de tes recueils ?

J'aime bien tout ce que ça évoque. J'aime bien les titres en anglais, cette langue qui va à l'essentiel et a une musicalité plus rock que le français. J'adorerais être capable d'écrire en anglais, mais là on s'éloigne beaucoup du sujet.

Quel pourrait être le titre du prochain recueil ?

J'ai cherché un truc dans le ton, un brin écolo, Diesel&Dust, quelque chose comme ça. Mais bon, je vieillis, le titre que j'ai me semble meilleur : Sept secondes pour devenir un aigle. Youssou N'Dour et Nenneh Cherry sont certes en partie coupable, mais si peu.

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As-tu déjà envisagé de consacrer un texte à un musicien ou à un groupe en particulier, comme l’a fait Jean-Marc Ligny avec Dead Can Dance ou Fabrice Colin avec Radiohead ?

rocknwrite-day-queensoldier.jpgIl y a très longtemps, j'avais écrit toute une série de nouvelles inspirées des titres des chansons des Pogues : The Turkish song of the damned, Fairytale of New York, Thousands are sailing... J'ai écrit une nouvelle directement inspirée de The queen and the soldier de Suzanne Vega (impubliable sans son accord, ça raconte strictement la même chose par un autre biais). Il y a évidemment plein de chanteurs/chanteuses que j'aimerais mettre en scène, mais la novella rock que j'avais écrite pour Fiction a été refusée, puis par Bifrost, j'en ai conclu que c'était nul et l'ai jetée (par contre, son écriture m'a paradoxalement apporté beaucoup de choses, m'a appris beaucoup de choses sur moi). J'aime bien son idée centrale, et peut-être un jour je repartirai "from the scratch". Je ne me sens pas au niveau pour prendre ce sujet — le rock — à bras le corps. Il me faudrait un angle inhabituel. Comme je le disais plus tôt : je n'écoute plus de musique en écrivant, c'est moins central aujourd'hui dans mon travail d'écrivain/scénariste.

Quel album figure au sommet de ton panthéon personnel ?

Aucun, c'est trop dur de choisir. Je peux peut-être, sous la torture, faire une liste de 100 pour l'hypothèse bien connue de l'île déserte.

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