Asimovies, part 2

Cinéma et séries |

asimovies-part2-une.jpgAu programme de ce deuxième épisode des Asimovies, série d'articles consacrés aux adaptations cinématographiques ou télévisuelles des œuvres du Bon Docteur, l'on redécouvre le court-métrage Teach 109 et sa version longue téléfilmique, The Android Affair. Le fallait-il ? Quand Asimov rencontre Philip K. Dick pour le meilleur et surtout pour le pire…

À l’origine, Teach 109 est un scénario original d’Isaac Asimov, écrit dans les années 80 pour une anthologie télé de science-fiction qui ne verra jamais le jour. Dans un futur proche, les étudiants en médecine utilisent des androïdes comme cobayes pour peaufiner leurs talents de chirurgien. Karen Garrett est l’une des étudiantes les plus douées de sa promotion, mais c’est une jeune femme froide, qui semble n’éprouver aucune compassion pour ses patients. Pour son ultime examen, elle se voit confier un androïde d’un type particulier, Teach 109, avec lequel elle doit passer quelques jours avant de l’opérer. A sa grande surprise, elle découvre que ce robot est capable d’éprouver des sentiments, se passionne pour la musique et fait preuve à bien des égards d’une plus grande humanité qu’elle. Petit à petit, Karen s’attache à Teach 109, qui devient pour elle bien plus qu’un simple cobaye. Une relation qui s’achève tragiquement lorsque Teach 109 meurt au cours de l’intervention chirurgicale pratiquée par Karen. Le Dr. Winston, son mentor, lui révèle alors que l’androïde était programmé pour lui permettre de développer ses propres qualités humaines envers ses patients, qualités indispensables pour faire d’elle un bon médecin.

asimovies-part2-teach109-01.jpg

De ce scénario, le réalisateur Richard Kletter tire en 1990 un court-métrage de 25 minutes qui réunit quelques acteurs assez renommés à l’époque : Jason Patric, découvert en vampire new-wave au côté de Kiefer Sutherland dans Génération Perdue, Elizabeth Perkins, qui tenait la vedette dans Big en compagnie de Tom Hanks, sans oublier James Earl Jones dans le rôle du Dr. Winston.

Richard Kletter se contente de mettre en scène assez platement le scénario d’Asimov, sans toujours parvenir à éviter le ridicule. En particulier, la scène dans laquelle Jason Patric entame au piano et d’une voix de fausset une chanson de sa propre composition peut faire ricaner, là où elle devrait mettre en exergue les émotions humaines qu’éprouve l’androïde.

asimovies-part2-teach109-02.jpg

L’androïde qu’interprète Patric n’a pas grand rapport avec les robots traditionnels d’Asimov. On est davantage ici dans une problématique dickienne, plus proche de Blade Runner que des Robots. On perçoit davantage la patte de l’auteur dans les questions éthiques que soulève le personnage de Karen Bennett, et dans la morale par laquelle se conclut ce court-métrage. L’évolution que connait la jeune femme est d’ailleurs assez proche de celle de la nurse dans Ugly Little Boy.

asimovies-part2-android-affair-01.jpgL’histoire, aussi anecdotique soit-elle, aurait pu s’arrêter là. Mais, cinq ans plus tard, Richard Kletter développe le scénario original pour en faire un long métrage : The Android Affair. Le récit débute de manière identique, mais part dans une toute autre direction lorsque Karen Bennett et l’androïde, baptisé cette fois 905, fuient la clinique où ils se trouvaient et tombent amoureux l’un de l’autre. Plus dickien que jamais, 905 veut désormais vivre une vie normale plutôt que de se faire vivisectionner par d’apprentis chirurgiens.

905 est interprété par Griffin Dunne, acteur dont on se souvient surtout pour sa prestation dans After Hours de Martin Scorsese. Son jeu d’acteur et son physique donnent à l’androïde un aspect comique, aux antipodes de l’interprétation qu’en faisait Jason Patric dans Teach 109. Son interprétation est probablement le meilleur point (ou le moins pire) de ce téléfilm. A ses côtés, Harley Jane Kozak est tout à fait quelconque dans le rôle de Karen Bennett. Quant à Ossie Davis, qui succède à James Earl Jones dans le rôle du Dr. Winston, on préfèrera se souvenir de lui pour son interprétation mémorable de JFK dans le délirant Bubba Ho-Tep de Don Coscarelli. Notons enfin la présence dans un rôle secondaire de Saul Rubinek, coiffé comme un chanteur de glam-rock, c’est dire l’ampleur du désastre capillaire…

asimovies-part2-android-affair-02.jpg

Médiocre réalisateur, Richard Kletter est encore moins doué comme scénariste. Plus il tente de rallonger la sauce et plus son histoire prend l’eau de toute part. La romance entre 905 et Kate est risible de bout en bout, les deux acteurs enchainent des scènes de dialogues aussi interminables qu’inutiles, rencontrent un autre androïde qui s’est lui aussi évadé, s’amusent à la fête foraine, passent une soirée en discothèque… Pour pimenter le tout, Kletter lance à leurs trousses un couple de tueurs, ce qui donne lieu à quelques scènes d’action amorphes. Au cours de l’une d’entre elles, on découvre d’ailleurs que 109 résiste aux balles. Etonnant pour un androïde supposé servir de cobaye à des médecins… Après avoir totalement dévié de son sujet, Kleter tente de se rattraper aux branches comme il peut dans les dernières scènes : l’opération que devait pratiquer Kate sur 109 devait permettre indirectement de soigner le Dr. Winston, qui souffre d’un mal identique. Sauf que celui-ci est mort depuis des années et a été remplacé par un androïde… atteint de la même pathologie ! The Android Affair s’achève dans un concert de huées auquel se sont joints tous les spectateurs ayant subi une heure trente durant ce navrant spectacle.

asimovies-part2-android-affair-03.jpg

Haut de page