« N’oubliez JAMAIS Wayne Barrow » (sagesse tamoule)
Nos lecteurs fidèles le savent, chaque numéro du début d’année de Bifrost est l’occasion d’une
cérémonie païenne (mais quasi satanique) fleurant bon le darwinisme éditorial : les Razzies, le prix du pire, une activité
salutaire, voire jouissive. Cette année, le repas a eu lieu au restaurant Old Kashmir, à Paris, rue Grégoire de Tours. Étaient
présent Org, PhilB, Professeur X et Cid Vicious.
Petit rappel, à toutes fins utiles : les Razzies se veulent subjectifs, bêtes, d’une mauvaise foi plus qu’occasionnelle et
volontiers méchants. Faire sourire est leur seule ambition (en tout cas avouée). Les nominations aux Razzies ne sont pas seulement
motivées par la qualité intrinsèque des œuvres en compétition (sans quoi, on se contenterait de lire la production
d’Argemmios et Galaxies NS), mais aussi par le contexte de leur publication.
Pour la quatrième année, nos lecteurs ont voté.
Pour le Prix de la pire nouvelle francophone, se bousculaient au rang des nominés :
• L’incontournable Michel Jeury pour « Ceux d’après » (Galaxies NS n°9), qui aurait mieux fait de perdre 2h30
à aller voir Avatar plutôt que deux jours à écrire un tel condensé de niaiseries; un texte qui nous rend pour le moins
nostalgique d’une S-F colonialiste disparue trop tôt. Du napalm pour les ETs, des bombes atomiques, du Baygon, des sextoys piégés
et du Round Up! Et si ça ne suffit pas, l’arme de destruction massive française : Frédéric Lefebvre.
• Danel pour « Trajectoires » et Bernard Camus pour « Les Événements sont potentiellement inscrits et non modifiables »,
les deux perles (dans le sens flatulence) de l’anthologie Ceux qui nous veulent du bien (La Volte).
• Fabien Clavel pour « Le Printemps des murailles » (Galaxies NS n°7), une fable morale d’une lucidité et d’une
acuité comme on n’en rencontre guère que dans les éditoriaux de Biba.
• En bloc, l’ensemble du recueil Il était 7 fois (Argemmios). Les auteurs ont dû lire quelque part qu’un enfant mange
parfois ses excréments : d’accord, mais il ne voudra pas de vos merdes.
• Au sein du concours de branlettes que constitue l’anthologie Le Jardin schizologique (La Volte, qui nous gâte), on pourrait puiser
sans mal une demi-douzaine de candidats au titre de pire nouvelle francophone. Mais « Connect I Cut », un conte de fées clinique de
Sébastien Wojewodka, et « False Reversion », de Thomas Becker, sont à ce point prétentieux et inintelligibles qu’ils
réussissent l’exploit d’être pires que le reste.
Nos lauréats sont donc, sans trop de chicane, Sébastien Wojewodka et Thomas Becker. À leur lecture, Daylon, notre lauréat de l’an
dernier, se serait exclamé : « Putain ! Trop génial ! Même moi j’ai rien compris ! »
Étaient nominés dans la catégorie Pire nouvelle étrangère :
• « L’Art du dragon » de Sean McMullen (Solaris n°176) ; une looooongue blague au contenu politique douteux.
• « Au cœur de la nuit » d’Anil Menon, (Galaxies NS spécial Mundane). Le texte distille un douloureux ennui,
renforcé par une traduction exécrable et une mise en page d’autiste dyslexique.
• Scott Christian Carr : « Un Casque plein de cheveux » (Galaxies NS n°8), a.k.a. un texte plein de rien.
Le vainqueur est sans aucune concurrence véritable Anil Menon, mais dans cette catégorie l’année était médiocre, on le
reconnaît sans peine.
Se trouvaient nominés dans la catégorie Prix Bernard Werber du pire roman francophone :
• Katharsis (éditions (?) Interkeltia) de Gilles Prou(t) et Okasna(l), pour le tort fait à la langue française (enfin, Oksana !) et
celui fait à l’écologie. C’est ce qu’on appelle un drame de la reconversion qui perdure.
• Canisse de Olivier Bleys chez Folio « SF », une manière d’anti-Neal Asher, de Jack Vance du pauvre (en dépit
d’une quatrième de couverture qui compare ledit Bleys à l’auteur de La Planète Géante !).
• Lancelot ou le chevalier glauque d’Estelle Valls de Gomis, aux éditions Terre de Brume. Qui a dit que l’ampoulé est une
espèce en voie d’extinction ? Si vous voulez adopter une portée d’adverbes, contactez l’auteur.
• Les Gentlemen de l’étrange de la même (éditions (?) Le Calepin Jaune), sorte de Scoubidou en version victorienne. Le cadeau
idéal si vous avez un neveu de huit ans un peu niais.
Gilles Prou(t) et Oksana(l) ayant été décrétés trop mauvais, même pour les Razzies, notre grand vainqueur du Prix Bernard
Werber du pire roman francophone 2011 est Canisse d’Olivier Bleys, un livre aux personnages plus fins qu’une feuille OCB, ou quand
l’Aquablue d’Olivier Vatine rencontre Martine va à la plage. Au secours !
Pour la catégorie Pire roman étranger,
on commencera par rendre un hommage sincère à Lev Grossman, le Mathieu Kassovitz des
littératures de l’Imaginaire, l’homme qui a presque tout compris et qui, après avoir tenté de surfer sur le succès du
Da Vinci Code avec Codex, le manuscrit oublié (Calmann-Lévy), tente ce coup-ci de surfer sur le succès d’Harry Potter avec Les
Magiciens (L’Atalante), certes moins mauvais que le Codex à oublier d’urgence, mais d’un manque de sincérité digne
d’un producteur hollywo-odien analphabète. En toute logique, le prochain Lev Grossman devrait être un roman érotique avec des
suceuses… de sang, inspiré de True Blood et de l’œuvre de Laurell K. Hamilton.
Étaient aussi nominés :
• La Fille de papier de Guillaume Musso (XO Editions). L’occasion de découvrir un pan peu connu de l’imaginaire mondial : le
fantastique mongolien. (Arrivé à ce point, Cid Vicious s’étrangle avec son nan fromage et manque s’étouffer. On craint
qu’il ne faille le remplacer dans le jury. Les possesseurs d’œsophage débouché sortent leur carnet d’adresses. Le nom
de Sébastien Guillot s’impose. Finalement, non ; à coups de Sancerre rouge, le nan fromage descend. Garçon ! Une autre bouteille
!).
• (Anonyme) : Le Livre sans nom (Sonatine), catapulté « sommet de coolitude » par une critique dont la culture en matière de
cinéma bis se limite à deux Rodriguez et trois Tarantino. En fait, si l’auteur de ce machin a préféré conserver
l’anonymat, ce n’est pas pour créer un quelconque buzz, c’est juste qu’il a honte.
• Église électrique de Jeff Somers (Bragelonne), une de ces bouses bourrines sans aucune espèce d’intérêt dont
l’éditeur a le secret.
Sans surprise, notre grand vainqueur du Prix du pire roman étranger 2011 est Lev Grossman et son Les Magiciens, parce qu’ils le valent bien
!
Étaient nominés pour le Prix de la pire traduction :
• Cédric Perdereau (un habitué) pour la traduction consternante de Rien que l’acier de Richard Morgan (Bragelonne), qui atteint
des sommets dans les dialogues (pourtant excellents en VO) et lors des descriptions érotiques (qui sont d’ailleurs davantage
homo-pornographiques, vous voilà prévenus).
• Boneshaker de Cherie Priest (Eclipse), où comment Agnès Bousteau nous rappelle combien une traduction peut réaliser
l’exploit de faire d’un bon bouquin une purge… heureusement farcie ici et là de moments de bravoure hilarants. Merci Agnès
!
• La Sagesse des morts de Rodolfo Martinez (Mnémos), traduit par Jacques Fuentealba. S’attaquant à un roman honnête
d’un authentique spécialiste de Sherlock Holmes, le traducteur n’a même pas pris la peine de retrouver les équivalents
français des références aux histoires. Pire, il se trompe, faisant des nouvelles d’Arthur Conan Doyle des romans. Une traduction
alimentaire, mon cher Watson ?
• Galaxies NS pour son travail d’ensemble, et récemment pour son n°10, avec Laurent Whale et son
vomi
rendu de l’entretien accordé par Paul McAuley, ou Fabrice Lemainque et les contresens sur l’article « Mars » du même
auteur. Le traducteur automatique Google fait preuve de plus de finesse littéraire.
En dépit d’une concurrence en très grande forme, notre gagnante est Agnès Bousteau, qui célèbre en fanfare
l’arrivée d’Eclipse dans nos rayons préférés.
D’une manière générale, les razzies pausent (sic !) la question de ce qu’est ou n’est pas un éditeur, de qui
est, ou pas, éditeur. Faut-il considérer les éditions Eons, Argemmios, voy’[el] (si, ça existe !), Lokomodo et consorts,
comme des éditeurs ? Des maisons à la présence en librairies plus qu’aléatoire, qui ne rémunèrent pas ou peu leurs
collaborateurs, qui pratiquent l’autoédition à tout va (Nathalie Dau pour Argemmios, Corinne Guitteaud pour voy’[el]…) et
l’impression numérique comme règle ou peu s’en faut… Si la réponse est oui, là, évidemment, le nombre de
couvertures pouvant prétendre figurer au Prix Jackie Paternoster en particulier, voire à plus ou moins toutes les catégories des
Razzies en général, risque d’exploser. Aussi, tant par souci d’équité que par goût de la difficulté, Org
a-t-il décidé de mettre de côté toutes ces structures fandomiques pour ne se consacrer qu’aux éditeurs qui payent leurs
illustrateurs… ce qui est tout de même plus amusant. Un choix qui nous ramène aux incontournables éditions l’Atalante,
reines du mauvais goût depuis déjà quelques temps. Cette année, le favori est un certain Genkis, qui, en couverture du Coup du
cavalier de Walter Jon Williams, nous livre un lapin malade sur fond d’échiquier stellaire du plus bel effet. Une chose est sûre : chez
l’Atalante, faut vraiment qu’ils arrêtent le LSD breton, ça va finir par leur ruiner la santé.
Étaient aussi nominés pour le Prix de la pire couverture :
• Gilles Francescano pour la couverture d’Après-demain les chiens de Paul Carta, étonnante collision d’une couverture pour
Jimmy Guieu et d’un poster du « Club des Cinq ».
• Zariel pour Blaguàparts de Don Lorenjy (Griffe d’encre). Mais l’auteur est content puisqu’il invoque dans son style
modeste et sobre Caza, Druillet et Bilal sur son propre blog.
• Utopiales 2010 (Philippe Druillet - ActuSF). Affiche du festival et couverture de son anthologie, entièrement barbouillée au
Glenfiddich douze ans d’âge, de l’urètre à la nappe, en quinze minutes montre en main dans un coin visqueux du café
« Chez Jojo ».
Avec trois citations pour quatre jurés, le grand vainqueur du Prix Jackie Paternoster 2011 de la pire couverture est Genkis, pour sa version
peluche cosmique du lapin de Donnie Darko.
D’abord, on notera que pour
le Prix de la pire non-fiction,
un certain juré (Cid Vicious, pour ne pas le nommer) a excédé son
quota de citations (limité à trois), mais il faut dire que l’année a été particulièrement riche. Étaient
nominés :
• Dany Jeury pour « La Jeune fille, son père et le temps » (in Galaxies NS n°9), embarrassante enfilade de niaiseries
familiales terminées par une envolée gouleyante sur l’astrologie.
• Jean-Claude Dunyach pour « L’Art du changement d’état », postface au recueil Stratégie du réenchantement de
Jeanne A.
deux balles
Debats (Griffe d’encre) ; JCD n’avait visiblement pas ses lunettes le jour où il a lu les nouvelles dudit recueil, les confondant
volontiers avec les textes originaux dont JA2B s’est lourdement inspirée.
• Dominique Guibert pour la préface de Ceux qui nous veulent du bien (La Volte), dix pages pour vous donner envie d’être Big
Brother tant les défenseurs des Droits de l’Homme semblent être des créatures rose pâle conçues par Haribo.
• Pierre Jouan (surnommé « Jouan l’incruste » dans les couloirs de Bifrost), chroniqueur sans culture de l’imaginaire,
guidé par l’air du temps, lèche-botte attitré de la collection « Lunes d’Encre » chez Denoël et adorateur du
dieu Lehman. Si Gilles Dumay ou Serge Lehman serrent les fesses, Jouan perd la langue…
• Fabien Lyraud pour sa préface à l’anthologie Arcanes (voy’[el]). Ramassis d’âneries censées nous expliquer
pourquoi la fantasy a supplanté la S-F dans le cœur des lecteurs, et pourquoi son anthologie de science-fantasy va sauver le monde et
réconcilier les genres.
• Hugo Van Gaert et son « Au-delà de la guerre et des thrillers » (in Galaxies NS n°10). Pour être franc, et ça le
disqualifie d’office, Van Gaert n’a quasiment rien écrit, puisqu’il se contente de citer en grande partie une préface de
Michael Swanwick (ce qui ne vient pas de Swanwick viendrait de Paul Kincaid), avant de copier-coller les quatrièmes de couverture des bouquins de
McAuley parus en France. Du grand art.
• Et évidemment Justine Niogret pour « La S-F c’est le mal » (sur le site cafardcosmique.com), qui prouve qu’on peut
être une nana sympa qui a écrit un premier roman sympa, et con comme une bite (on se met au niveau… si si) dès qu’il est
question de genres et d’étiquettes. Comme quoi la connerie beauf ne se trouve pas que chez le mâle, même si elle y est plus
répandue.
Le gagnant est une gagnante, Justine Niogret. Son papier est au plus insignifiant post de Catherine Dufour ce que Vincent Lagaf est à Charlie
Chaplin.
Après l’avalanche de nominations pour le Prix de la pire non-fiction, on pouvait craindre un déferlement similaire dans la
catégorie Incompétence éditoriale… eh bien non !
Étaient nominés (du lourd, du moche, du naze !) :
• Gilles Dumay, les éditions Denoël et Gallimard Jeunesse pour avoir publié en grande pompe, en dépensant un pognon
dément (c’était pile-poil le bon moment), Encore une chose... de Eoin Colfer, séquelle sans intérêt du Guide du voyageur
galactique (H2G2) de Douglas Adams. Une publication bien putassière qui mérite en soi sa présence en nos pages, mais dont
l’échec commercial retentissant a qui plus est bien failli mettre fin à la collection « Lunes d’encre ».
• Métier : éditeur, un monument de cuistrerie et d’autosatisfaction qui rappelle
involontairement la Ligue Deu (à ceux qui l’auraient oublié, c’est-à-dire tout le monde).
• Pierre Gévart/Hugo Van Gaert : dossier Paul J. McAuley (Galaxies NS n°10).
Sans surprise, l’incompétent de l’année est Gilles Dumay, éditeur qui nous avait habitué à mieux (sauf si on
remonte jusqu’à Resident Evil, évidemment).
Les jurés commençant à être bien chauds (comme on dit à Barcelone), les délibérations du
Prix Putassier
ont
été l’occasion d’une jolie cacophonie. Étaient nominés :
• ActuSF, qui, durant toute l’année 2010, à la moindre manifestation dédiée, n’a pas manqué de gratifier
l’assemblée d’une « soirée/cocktail/fête/dédicace/lecture/vente » pour célébrer ses dix ans
d’existence. ActuSF, où quand la microédition fait de la maxipromo : allumez la lumière, dressez trois tables sur des
tréteaux, placez-y une poignée de bouquins et ne désespérez pas, les petites mains bénévoles d’ActuSF rappliqueront
illico pour fêter leur anniversaire au Champomy. On ose à peine imaginer le nombre d’événements anniversaires qu’ils
feront si d’aventure ils fêtent un jour leurs vingt piges… Gageons qu’ils y réfléchissent déjà !
• Mnémos, pour sa promo de Terra ! de Stefano Benni (« Terra ! s’inscrit sans peine dans la droite lignée des meilleurs
textes d’un Kurt Vonnegut ou d’un Jonathan Swift. »). Surtout le «s ans peine », auquel le lecteur ne croira pas. Alors, tant
de suffisance de la part de l’éditeur rend-elle service à l’auteur ?
• Bifrost et Les Moutons Électriques pour leur déferlante automnale et bien à-propos de non-morts à dents longues : Bifrost avec
son n°60, Les Moutons avec Bit-Lit, l’amour des vampires de Sophie Dabat et Vampires, une histoire sanglante d’Elisabeth Campos et
Richard D Nolane dans « La Bibliothèque des miroirs ».
• L’Atalante pour la publication des Magiciens de Lev Grossman.
• Les lecteurs de Bifrost votant aux Razzies, qui continuent de plébisciter Bragelonne alors que les programmes de publication d’Orbit
ou d’Eclipse sont largement aussi nuls.
• Paul Carta pour avoir osé appeler son dernier livre Après-demain les chiens, un chef-d’œuvre pour petits et grands dont
voici le résumé en quatrième de couverture : « Un enfant raconte les aventures vécues avec son papa dont le métier est :
éleveur de chiots, pour les faire adopter par de gentilles familles. ‘‘Mais qu’est-ce qu’on doit faire quand c’est
des extraterrestres qui veulent nous en acheter ? Vous imaginez ? Ils veulent peut-être les manger, ou les transformer génétiquement en
horribles monstres ! C’est pour ça que mon papa et moi — moi, c’est Cassiopée, je ne l’ai pas dit ? —, on nous
a demandé d’entrer en contact avec ces extraterrestres et comprendre ce qu’ils veulent vraiment. Et voilà comment on s’est
embarqué, papa, moi, et une vingtaine de chiens dans un vaisseau spatial à destination d’une planète inconnue, pour rencontrer des
êtres bizarres…’’ ». L’alcool aidant, une mauvaise langue susurre que Paul Carta serait un pseudonyme de Philippe
Curval. « Impossible ! tranche Vicious, la notice bio de l’auteur ne fait que quelques lignes. »
Le vainqueur de cette foire d’empoigne est le seul ayant été cité deux fois : Vampires, une histoire sanglante d’Elisabeth
Campos et Richard D. Nolane. Un ouvrage putassier comme il se doit, dicté par l’opportunisme, mais qui plus est sans plan ni la moindre
analyse, et aux lacunes aussi profondes que le grand canyon. Putasserie et médiocrité dans le même bouquin : le tout-en-un façon
éditions Moutons Électriques.
Et maintenant la catégorie reine, le salon où il fait bon être, une coupe de Banga éventé à la main :
le Grand Master
Award.
Étaient nominés :
• Serge Lehman et Roland C. Wagner, pour leur guerre
éternelle
virtuelle autour de la science-fiction (Moi je dis M !), conflit d’égos d’autant plus estomaquant qu’aucun des deux
belligérants n’a publié la moindre ligne de science-fiction inédite depuis des années.
• Le Grand Prix de l’Imaginaire, pour avoir quitté les Utopiales de Nantes, sans doute la plus grosse manifestation d’Europe
dédiée aux littératures de genre, au profit des Etonnants voyageurs de Saint-Malo, festival concerné par le GPI comme Christine
Lagarde par Eric Cantona. Résultat des courses : une remise du Grand Prix de l’Imaginaire 2010 orchestrée devant vingt personnes dans
une ambiance mortifère au fin fond d’un couloir.
• Le site cafardcosmique.com, naguère le plus intéressant site consacré aux littératures de l'Imaginaire, doublé d'un
forum vivant, aujourd'hui un bateau à la dérive, rouillé, noyauté par un trio de blasés qui n'ont encore rien prouvé,
sauf d'avoir pris trop au sérieux la formule « connard élitiste ».
• Olivier Noël, dont le travail d’anthologiste a au moins le mérite de revaloriser a posteriori l’expérience Limite et
toute l’école néo-formaliste de l’époque. On a échappé au pire, il aurait pu s’autopublier.
• Les éditions Eclipse, anciennement Bibliothèque Interdite, qui, non contentes de pomper outrageusement la ligne graphique du label
Orbit, et ce jusque dans l’habillage de leur site Internet (qui évoque furieusement la plaquette de lancement de l’éditeur du
groupe Hachette), débarquent en pleine période de surproduction grotesque avec un programme de publication, aussi léger qu’une
coulée de bronze, tirant tout azimut pour au final nous livrer des textes farcis de coquilles dans des traductions honteuses. Autant dire
qu’on en manquait ! Après l’ogre Bragelonne, voici donc le gobelin Eclipse : c’est pas les mêmes monstres, mais ça
traine dans les mêmes donjons nauséabonds, ceux où le lecteur est avant tout un consommateur… Y a bon !
• Le petit guide à trimballer de la littérature vampirique, dirigé par Charlotte Volper aux éditions ActuSF, qui ne compte que
deux Français parmi les auteurs majeurs du genre : Théophile Gautier parce qu’il le faut bien, et… Eric Holstein parce que
d’une part il travaille chez ActuSF, et que d’autre part son roman de vampires chez Mnémos (Petits arrangements avec
l’éternité, 358 ventes d’après GfK) est publié par… Charlotte Volper. Un subtil mélange de putasserie,
d’opportunisme et d’incompétence qui laisse pantois.
• Jean-Pierre Andrevon, qui, jamais avare d’une cuistrerie, a planté sans réelle raison les organisateurs de la dernière
Convention Nationale de Science-Fiction une semaine avant l’ouverture de cette dernière, alors qu’il en était l’invité
d’honneur et que la manifestation se déroulait dans sa propre ville, soit à cinq minutes de son domicile. Bref, toute la classe
andrevonienne, le respect de l’autre, la simplicité… Magnifique.
Si Charlotte Volper a eu chaud aux miches (on reste au niveau (de langue) de sa « pinko » Justine Niogret, désolé), à
l’instar d’ailleurs du cafardcosmique.com et de Jean-Pierre Andrevon, tous trois ayant manqué le Grand Master Award d’un pet de
mouche, impossible de passer à côté du coup de génie orchestré par les membres du Grand Prix de l’Imaginaire, jury ayant
réussi l’exploit de transformer une remise de prix considérée jusqu’alors comme le climax d’un festival international,
en une cérémonie fantôme où les absents sont rois… à commencer par les membres du GPI eux-mêmes ! Un coup de
maître que nous saluons ici, notre manière à nous de dire merci à cet aréopage éminent pour la mise en avant et le
soutien à nos genres préférés. Chapeau bas !
Prix des lecteurs de Bifrost :
Un peu moins de 200 votants pour cette édition, ce qui est (un peu) plus que l’année passée, mais représente à peine 10
% des lecteurs de Bifrost.
Petit rappel de la règle : votait qui voulait, mais chaque votant devait se limiter à trois nominations maximum, chaque nomination étant
dotée de manière dégressive de trois à un point. Pour les lecteurs ayant nominé trop de candidats, seuls les trois premiers
étaient retenus.
Les résultats se sont révélés très serrés (sauf pour le lauréat, comme il se doit), et on notera que les votants
n’ont pas manqué d’imagination : en effet, près d’une centaine de candidats potentiels ont été cités :
• Arrivé troisième, devançant de peu le site du Cafard Cosmique, Bernard Werber et le Bifrost n°60 spécial vampire : le
site Internet ActuSF, qui récolte 68 points (sur 37 nominations) pour des raisons riches et variées : depuis la stupidité des chroniques
de l’espace critique du site en passant par la répétition des festivités liées à l’anniversaire des dix ans de la
structure (cf. plus haut), voire à l’orthographe approximatif de l’ensemble, ou encore pour ne pas «avoir viré Roland C.
Wagner de leur forum (malgré ses dérapages à répétition) parce que celui-ci est à leur catalogue », nous écrit
l’un des votants. Bref, une belle collection d’approximations.
• Deuxième, avec seulement 29 nominations (soit moins que pour ActuSF, mais plus de points au total car presque toujours placé en
premier choix — 74 points récoltés tout de même) : l’écrivain Ayerdhal, pour, résume Patrice dans son vote :
« (…) son coup de gueule crétin contre eBelial’ » et le positionnement général de l’éditeur sur le
livre numérique, ou comment « mordre la main tendue et tirer à boulets rouge sur la première structure à vouloir faire avancer
les choses en respectant le droit des auteurs », précise un autre votant…
• Premier, et donc grand gagnant du Prix des lecteurs de Bifrost édition 2011, et ce pour la troisième année consécutive, avec
une marge confortable de 103 nominations (soit trois fois plus qu’Ayerdhal, pourtant arrivé second), l’entité pieuvre
Bragelonne/Milady/Castelmore, décidément le chouchou des lecteurs de Bifrost, et ce à plus d’un titre, mais avant tout pour la
surproduction massive et la qualité médiocre, « voire nullissime » des textes proposés, quand ces derniers ne «
relèvent pas de la putasserie pure et simple ». Bref, en digne leader du marché, Bragelonne et affiliés récoltent les lauriers
de leurs succès, une rançon de la gloire manifestement partie pour durer…
Voilà, c’est tout pour cette année.
Vive les Razzies, vive nous, vive Wayne Barrow, vive Jack Barron !
Et rendez-vous début 2012 pour de nouvelles aventures du médiocre et du minable.