Razzies 98

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razzies-oldCette année, les Razzies de Bifrost ont dix ans ! En effet, c’est en février 2002, dans les colonnes du numéro 25 de la revue que le prix du Pire a fait son apparition. Ou plutôt : sa réapparition. Le saviez-vous ? Les Razzies sont nés dans les pages du numéros 5 de l’anthologie périodique Étoiles Vives. Pour fêter dignement cet anniversaire et en attendant la liste des lauréats 2012, à découvrir le 19 janvier dans le Bifrost n°65, le blog vous convie ainsi à l’exhumation des Razzies 98 !

Pas assez d'ennemis ! Jamais à court d'une idée à la con, je proposerai à chaque fin d'année les Razzies de la SF en France. Je rappelle le principe : aux USA existent des anti-oscars — les Razzies — qui ont récompensé entre autres Showgirls, Demi Moore pour G.I. Jane et The Postman, ce dernier ayant reçu une avalanche de distinctions. Donc voici les Razzies 98, purement méchants, subjectifs, mais toujours accompagnés d'une certaine dose de tendresse (Il est hors de question que je mette un prix, même un anti-prix à quelqu'un que je déteste vraiment, d'ailleurs je ne déteste personne) 

À noter que ces razzies ne sont pas uniquement motivés par la qualité intrinsèque des textes et œuvres en compétition, mais aussi par le contexte de leur publication. Here we go! 

Pour l'année 98 : 

1998-pagel-oragesPrix de la plus immonde couverture de SF : Max pour l'ouvrage de Michel Pagel, Orages en terre de France. Très bon livre d'ailleurs. Le Fleuve Noir affirme qu'il ne s'agit pas de l'œuvre lauréate du concours de dessins Maternelles en fêtes.

  

 

1998-macno-dosePrix du pire roman francophone : Dose létale à Lutéceland de Riton V. (Macno, éditions Baleine) 

 

 

 

1998-egan-universPrix du pire roman anglosaxon : L'Énigme de l'univers de Greg Egan (quelques nouvelles et articles mélangés artificiellement en une soupe d'abstractions fumeuses ne font pas un roman. Publication incompréhensible quand on sait que Quarantine reste inédit.) (1)

 

 

1998-canal-escalesPrix de la pire nouvelle francophone (qui récompense le texte d'un auteur connu, publié dans un support de qualité et présentant le moins d'intérêt possible) : Dernier Embarquement pour Cythère de Richard Canal, in Escales sur l'horizon.

 

 

1998-nordley-cometePrix de la pire nouvelle anglosaxonne (qui récompense le texte publié dans un support de qualité et dont la traduction s'avérait plus qu'inutile) : Les Compagnons de la comète de G. David Nordley, in Étoiles Vives n°4 — corollaire de ce prix, ne demandez jamais à un auteur quel est son texte préféré dans le but de le faire découvrir au public français, et si vous agissez de la sorte, imposez lui de choisir un texte COURT !

 

1998-nevbruck-fantasyPrix du pire article publié dans l'année : Patrick Marcel pour son article "Pratchettographie" in Dossier Fantasy (Yellow Submarine/Manticora) a longtemps été mon favori, mais son article n'est pas le pire, il est juste le plus agaçant. Ensuite je me suis intéressé à certains articles publiés sur le site internet de 42 (articles grossiers dont il est hors de question que je fasse la publicité). Un bon candidat, certes, mais le prix revient haut-la-main à Henri Loevenbruck et Alain Névant pour leur postface consternante : « Les Enfants de Rabelais » in Fantasy, Fleuve Noir. Un foutoir de trente pages (pas moins) où se côtoient — sans plan — le meilleur comme le pire, où l'on allume la culture à boulets rouges sans être le moins du monde capable de faire un historique suivi de la fantasy en langue française, ou une comparaison sérieuse des thématiques fantasy anglo-saxonne/fantasy francophone. On s'étonnera surtout de leurs remarques sur le réalisme magique et le film de John Boorman Excalibur ; car si on accorde à la fantasy moderne un rôle de remise aux goûts du jour des mythes ancestraux, alors le film Excalibur est un exemple parfait de fantasy moderne et non un « vas-y que je t'embrouille et que j'en fais ma sauce ». La fantasy moderne trouve sa force dans le regard nouveau qu'elle porte aux mythes éternels, ainsi quand Neil Gaiman raconte l'histoire de Blanche-Neige du point de vue de la reine (Snow, Glass, Apples), il ouvre un nouvel horizon. En faire sa sauce, c'est faire vivre la fantasy et non la piétiner... Nécessité très bien perçue par Ellen Datlow et Terri Windling (qui ont lancé une série d'anthologies anglo-saxonnes (Ruby Slippers, Golden Tears ; Snow White, Blood Red ; Black Thom, White rose ; Black Swan, White Raven) où les auteurs modernes (souvent des auteurs de SF) réinventent les contes de fées les plus célèbres. Accordons toutefois aux Blues Brothers de Sci-Fi Mag une certaine part de finesse, même si le comique troupier l'emporte au final, car probablement conscients de leur incompétence, ils détournent habilement l'attention du lecteur en citant les guignols de l'info, en allumant Philippe Curval, et en reprenant la pub Canada Dry : « À la différence de Canada Dry, la fantasy (2) ne ressemble pas à notre monde, n'a ni la couleur et le goût de notre monde et pourtant c'est bien de lui dont elle nous parle... » Et la fantasy urbaine, les gars, qui ressemble tellement à notre monde, à l'exception de quelques subtilités qui en font son intérêt ? Ah oui, j'oubliais, c'est proche du réalisme magique, donc de la littérature pour snobinards. L'homme sage connaît ses limites, il est étonnant que deux fans de fantasy ne connaissent pas cet adage. 

1998-barnes-necessairePrix Putassier 98 (mon préféré il récompense la publication d'un texte sans intérêt d'un auteur connu, histoire de coller à l'actualité) : Le strict nécessaire de John Barnes, in Galaxies 07. 

 

 

 

1998-jailu-fantasyPrix spécial du Jury : les éditions J'ai Lu pour les maquettes de couverture de leur nouvelle collection fantasy. (3)

 

 

 

Notes :

1. En 1998.

2. Faites l’expérience et remplacez le mot fantasy par science-fiction…

3. Plus de couvertures à voir sur nooSFère par ici.

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