À la mémoire
d'Archie Goodwin (1937-1998)
Janvier 1998,
grâce aux Éditions Semic, Vampirella revient en France. La plus charmante des
vampires de BD (avec Dracurella de Julio Ribera) va tenter de conquérir le
coeur et l'âme des aficionados d'image et compagnie. Toujours jeune et belle,
Vampirella a pourtant fait sa toute première apparition dans le monde des
comics il y a bientôt trente ans. Une jolie carrière qui mérite qu'on s'y
attarde.

La fille de
Drakulon
Le personnage de
Vampirella apparaît pour la première fois en 1969, dans l'un des magazines
d'horreur en noir et blanc publiés par James Warren (1). Née d'un véritable
brainstorming, cette charmante vampire est l'ouvre de Warren qui en a eu l'idée
(après avoir vu le film Barbarella de Roger Vadim, dit-on), Trina Robbins
(Wimmen’s Comix) qui a créé son costume, Forrest J. Ackerman (Famous Monsters)
qui a écrit ses premières aventures, Frank Frazetta (Death Dealer) qui en a développé
le design et Tom Sutton (Black Flame) qui a dessiné ses exploits originels.
Exploit n'est
sans doute pas le terme le plus adéquat pour décrire la toute première
apparition de la belle vampire. Ces quelques planches sont en fait l'occasion
idéale pour découvrir tous les charmes de Vampirella, à peine voilés par un
bain moussant. En fait, il faut attendre le huitième numéro de Vampirella, pour
que Forest J. Ackerman et Tom Sutton entament un cycle d'histoires sur un mode bien
moins humoristique, tout en conservant certains des éléments de sa toute
première aventure.
Ainsi, originaire
de la planète Drakulon, Vampirella a échoué sur notre bonne vieille Terre.
Fuyant un monde dévasté dont les fleuves de sang nourriciers se sont définitivement
taris, elle cherche une autre source de ravitaillement, l'hémoglobine humaine.
Véritable machine à tuer qui peut hypnotiser ses proies et se transformer en
chauve-souris, la drakulonienne n'est pas un simple prédateur, elle est aussi
une femme qui comprend et partage les sentiments humains.
Capable d'amitié
comme d'amour, Vampirella rencontre ainsi, aux cours de ses pérégrinations, le
Grand Pendragon, magicien raté, Conrad et Adam Van Helsing, chasseurs de
mystères de père en fils. À leurs côtés, elle vit des aventures où la magie et
l'étrange sont omniprésents. Désormais, elle trouve sa nourriture en suçant le
sang de criminels ou d'êtres sans morale, évitant de tuer le moindre innocent.
Malgré son charme
et ses atouts, le personnage de Vampirella faillit ne pas avoir d'avenir. En
effet, à l'instar du Cousin Eerie et de l'Oncle Creepy, elle fut un temps cantonnée
au rôle d'hôtesse, son physique avantageux ne servant alors qu'à introduire les
histoires d'horreur paraissant dans un magazine qui pourtant portait son nom.
Fort heureusement, l'arrivée d'un nouveau scénariste donne à Vampirella l'occasion
de déployer encore une fois ses ailes de chauve-souris. Avec Archie Goodwin aux
commandes et Tom Sutton comme dessinateur, la belle vampire vit ainsi des aventures
merveilleuses, sombres ou démoniaques, affrontant le sorcier Ethan Shroud et
les nombreux adeptes du Culte du Chaos.
Cependant, il
manque encore un petit quelque chose pour que Vampirella puisse conquérir un
public plus vaste encore. Cet atout supplémentaire prend la forme d’un dessinateur
espagnol : José Gonzalez. Ce dernier apporte une certaine homogénéité à la
succession d'histoires courtes (huit à dix planches) consacrées au personnage.
Il impose rapidement son style réaliste à la série et fait sienne la belle
suceuse de sang. Aussi efficace en couleurs qu'en noir et blanc, le dessin de
Gonzalez donne au personnage l'occasion d'explorer les tréfonds de l'horreur
sans rien perdre de sa grâce ou de sa féminité. Le dessinateur fait également
la preuve de son art lorsqu'il signe certaines illustrations pleine page
rivalisant sans peine avec les couvertures de certains maîtres du genre (Ken
Kelly, Sanjulian ou Enrich).
Fidèle à la fille
de Drakulon, José Gonzalez voit se succéder les scénaristes. En effet, Archie
Goodwin, quittant Warren et ses magazines d'horreur pour les comics plus
classiques de DC et Marvel, cède le scénario de Vampirella à une succession
d'auteurs divers : Steve Englehart (récent créateur de Night Man), Bill
DuBay (créateur de The Rook), Len Wein (créateur de Swamp Thing(3)), T. Casey
Brennan (scénariste régulier (les magazines Warren) ou le mystérieux Flaxman
Loew.
Chacun d'eux a
une approche fort différente du personnage, lui offrant ainsi l'occasion
d'affronter des adversaires étranges, terrifiants ou merveilleux. Ainsi, T.
Casey Brennan permet-il à notre héroïne de visiter l'Angleterre du XIXe siècle.
Un tel voyage temporel donne à la belle vampire l'occasion de rencontrer, dans
son élément, le maître de la nuit par excellence, Dracula.
Pour sa part,
Bill DuBay invite la belle suceuse de sang à croiser la route d'une autre jolie
fille qui se transforme à volonté en panthère noire, Pantha. Les deux
chasseresses vivent ainsi quelques aventures communes les entraînant jusque
dans la jungle des studios de cinéma hollywoodiens.
Hélas, à
l'exception de quelques trop rares morceaux de bravoure, les aventure de
Vampirella partent en tous sens, sans logique ni ligne directrice. Trop de
scénaristes (Gerry Boudreau, Budd Lewis, Roger McKenzie, Rich Margopoulos, Will
Richardson, Bob Toomey…), venus d'horizons trop divers, interviennent sur la série.
Qui plus est, Gonzalez, appelé sous d'autres cieux, abandonne le dessin de la
redoutable vampire à une ribambelle d'illustrateurs espagnols, philippins et
parfois américains : Escolano, Leopold Sanchez, Gonzalo Mayo, Zesar, José
Ortiz, Esteban Maroto, Ramon Torrents, Rudy Nebres, Pablo Marcos, Mike Royer,
Jim Janes, John & Val Lakey…
En 1988, après un
cent-treizième et ultime numéro composé des meilleurs récits de la fille de
Drakulon, Vampirella tire sa révérence.
La renaissance de
la fille vampire
Disparu des
kiosques depuis deux ans à peine, le personnage de Vampirella refait surface
dès 1990, sous la houlette des publications Harris. Ces dernières, ayant
racheté les droits de la belle vampire, de son Oncle Creepy et du Cousin Eerie,
leur offrent l'occasion de terroriser les foules à nouveau.
Cela commence par
quelques rééditions des meilleures histoires de ces trois compères. Mais, très
vite, un personnage sort du lot : Vampirella. L'engouement est tel
qu'Harris décide de donner de nouvelles aventures à la charmante suceuse de
sang. On ne parle pas encore d'un titre mensuel en couleurs, mais les premières
planches noir et blanc sont publiées au format Deluxe quarante-huit pages (3).
Vampirella: Morning in America parait ainsi en 1992. Écrit par le talentueux
Kurt Busiek (Thunderbolts), cette aventure permet de retrouver, autour de la
belle vampire, toute la galerie de personnages secondaires et indispensables à
sa saga : Mordecai P. Pendragon, Conrad Van Helsing et Adam Van Helsing.
C'est un certain Louis Lachance (Elvira Mistress of the Dark) qui met en images
cette première aventure avec la participation de quelques grands anciens tels
que José Gonzalez pour les back covers ou Trina Robbins le temps d'une planche.
Toujours guidée
par Busiek et joliment dessinée par Louis Small, Jr., Vampirella franchit enfin
le pas vers le monde des Four Color Comics. En effet, le premier numéro d'une
nouvelle série tout simplement intitulée Vampirella paraît en novembre 1992,
sous une couverture signée Adam Hughes (Ghost). Et c'est tout naturellement que
le retour de la belle suceuse de sang permet à Dracula d'opérer une de ces
résurrections dont il a le secret. Fidèle à sa réputation de grand méchant, le
prince de la nuit apparaît ici comme le maître occulte d'une Europe en guerre.
Il est donc un adversaire tout désigné pour Vampirella qui désormais traque le
Mal sous toutes ses formes, même les plus insidieuses. On peut noter au passage
que, paradoxalement, les deux vampires se retrouvent alliés pour affronter les dernières
réminiscences du Culte du Chaos dans Chains of Chaos. Écrite par Tom Sniego et
dessinée par John Stinsm (Avengelyne), Kirk Van Wormer (The Rook) et Caesar
(Shi: Rekishi), cette minisérie de trois épisodes, publiée en 1994-95, permet
également de retrouver The Rook, un autre personnage Warren, et de découvrir
Dervish, un membre de la Dance Macabre, mais c'est une autre histoire.
Les quatre
chapitres de The Dracula War marquent aussi l'arrivée dans l'équique Harris
Comics du scénariste de Vampirella par excellence : Tom Sniegoski (4).
C'est lui qui, dans les années quatre-vingt-dix, a écrit le plus d'histoires de
la fille de Drakulon. Auteur de récits d'horreur, ce talentueux jeune homme a
été remarqué par Steve Bissette (Swamp Thing) qui lui a donné l'opportunité
d'écrire quelques scénarios pour son anthologie fantastique, Taboo. Prenant le
train, ou plutôt la guerre en marche, Sniegoski suit la trame scénaristique
initiée par Busiek et mène à bien The Dracula War. Cette réapparition remarquée
de la fille de Drakulon a eu beaucoup de mal à se concrétiser. Peu habitué au
monde des comics, Harris a beaucoup de difficultés à respecter les délais
d'impression et de publication. Les cinq premiers numéros de ce Vampirella
mensuel paraissent ainsi en novembre 1992, février 1993, mars 1993, juillet
1993 et novembre 1993. Un rythme qui a de quoi surprendre et faire fuir les
fans les plus acharnés. Qui plus est, au fil des numéros, Vampirella perd ses illustrateurs.
Ainsi, Jim Balent s'en va-t-il dessiner Catwoman chez DC Comics, alors que
Louis Small, Jr. refuse de poursuivre l'aventure après avoir vu ses crayonnés
massacrés par un encreur lourdaud. Le cinquième épisode de Vampirella voit
ainsi le jour sans Small, ni Sniegoski, faisant s'égayer au loin les derniers
lecteurs.
Lorsqu'Harris
lance, en 1994, un nouveau comic book mensuel consacré à la belle vampire,
c'est à Tom Sniegoski que revient, tout naturellement, l'honneur de l'écrire.
Titré Vengeance of Vampirella, pour éviter un Xième Vampirella numéro un, ce
nouveau comic book nous permet de suivre les aventures de Vampirella et de
l'amour de sa vie, Adam Van Helsing. Tous deux traquent les créatures de la
nuit, trolls, spectres, loups-garous et autres monstres, qui hantent encore le
monde.
Daté du mois d'avril
1994, ce premier numéro de Vengeance of Vampirella bénéficie d'un atout non
négligeable, une couverture signée Joe Quesada & Jimmy Palmiotti (Ash).
Quant au petit nouveau qui dessine cette aventure de Vampirella il n'est pas
manchot non plus et s'appelle Buzz.
Marche
mystérieuse pour la fille de Lilith
Tom Sniegoski et
Buzz, voici donc le duo qui mène les destinées de la fille de Drakulon pour ses
nouvelles aventures ou, pour être plus précis, pour ses deux premières
aventures. Car, la jeune maison d'édition de comics qu'est Harris semble
accumuler les problèmes et les contretemps. Tout d'abord, on ne peut que
constater un manque flagrant de régularité dans la sortie du titre, pourtant
annoncé comme mensuel. Ensuite, comme chez Warren à la mauvaise époque, c'est
une succession ininterrompue de dessinateurs (5) qui vient illustrer les
aventures de Vampirella. Cumulés, ces deux éléments viennent mettre en danger
l'avenir de Vengeance of Vampirella. Fort heureusement, faisant fi de ces
contraintes bassement matérielles, Sniegoski a une idée en tête et tient ferme
la barre du scénario.
Tout en
conservant certains personnages du passé (Adam Van Helsing et Pendragon),
Sniegoski intègre de nouveaux concepts à l'univers de Vampirella. Sa lutte contre
les monstres de tous poils permet ainsi à la fille de Drakulon d'entrer en
relation avec Dance Macabre, une organisation secrète qui a pour but d'étudier
et contenir les manifestations paranormales. Pour ce faire, Dance Macabre
utilise les services d'opérateurs plus que doués tels que le téléporteur Danser
Porter ou le très efficace Damer Dervish.
Dès le premier
épisode de Vengeance of Vampirella, Sniegoski fait apparaître le méchant par
excellence, celui que l'on aime détester. Il s'appelle Hemorrage, il possède le
pouvoir de sculpter le sang et peut l'animer à sa convenance.
D'autres
personnages apparaissent également au fil des épisodes Walker, Samuel Bishop
the Jackass, Passion, Adam, Hunter. Chacun d'eux a un rôle à jouer dans la
grande saga que Sniegoski est en train de concocter.
Balayant le
passé, Sniegoski fait disparaître certains visages connus. Ainsi, Chelsea, la
fillette vampire, est-elle éliminée de manière définitive dès le sixième numéro
de Vengeance of Vampirella (illustré par Hearn Cho). Quant à Adam Van Helsing,
son personnage subit une transformation radicale lorsqu'il absorbe une drogue
nommée Hyde 25 et devient Bad Jack dans le neuvième épisode des nouvelles
aventures de Vampirella (dessiné par Buzz et Kevin Sharpe).
Mais le but final
de Sniegoski reste bel et bien Vampirella et surtout le mystère de ses
origines. En six épisodes, plus un prologue et un épilogue, le scénariste va
nous démontrer que Drakulon n'est qu'un rêve et que Vampirella n'est autre que
la fille de Lilith, la première femme d'Adam, avant Ève.
Née de la volonté
de Lilith de racheter ses fautes et celles de l'humanité toute entière,
Vampirella a été créée pour combattre le Mal, à commencer par ses jumeaux
Magdelene et Madek. Investie d'une telle mission, Vampirella et ses amis vont lutter
pour sauver ce qui reste de l'Eden perdu. Aidés par Luth, ils réussissent à
empêcher que les ténèbres ne prennent le pas sur la lumière. Kevin Sharpe,
David Perrin et Caesar sont les illustrateurs de cette quête mystique intitulée
« The Mystery Walk ».
Désormais fière
de ses origines retrouvées, Vampirella va devoir affronter le pire des
adversaires : Nyx, fille du Chaos. Alliée à Hemorrage, cette dernière va
s'attaquer aux amis de Vampirella, tuant sans aucun remords Dervish et Bad
jack, avant d'approcher la belle vampire. L'affrontement semble inévitable
lorsque Vengeance of Vampirella s'arrête à son numéro vingt-cinq, en mars 1996.
Contraint
d'attendre trois mois pour connaître le dénouement de ce duel annoncé, le
lecteur n'est, fort heureusement, pas déçu lors de la parution des trois
épisodes de Vampirella: Death & Destruction. Associé à Christopher Golden
(Daredevil/Shi), Sniegoski écrit cette sombre histoire illustrée par le duo
Amanda Corner (Soulsearchers and Company) et Jimmy Palmiotti (6). Si cette
mini-série semble se conclure par la mort de Vampirella, ce n'est pourtant pas
la fin des aventures de la belle suceuse de sang.
Poursuivant
par-delà la mort sa lutte contre Nyx, Vampirella renaît de ses cendres dans
Vampirella Lives. Cette nouvelle série limitée est écrite par Warren Ellis
(StormWatch), et dessinée par Amanda Conner et Jimmy Palmiotti, avec de
splendides couvertures signées Joe Quesada & Palmiotti, Adam Hughes et J.
Scott Campbell (Gen13). On y croise encore une fois Hemorrage qui devient le
personnage central d'une troisième mini-série : Vampirella vs. Hernorrage.
Ces trois nouveaux épisodes sont mis en images par Michael Bair (Hellstorm
Prince of Lies) et scénarisé par Ian Edginton (Blade the Vampire Hunter).
En 1997,
profitant du 100e anniversaire de Dracula, Harris organise une
nouvelle rencontre entre le héros de Bram Stoker et la plus belle des filles de
la nuit, Vampirella/Dracula: The Centennial permet donc de retrouver les deux
vampires dans des aventures écrites par James Robinson (Firearm), Alan Moore
(Voodoo) et Warren Ellis, dessinées par David Mack (Kabuki), Gary Frank (The
Incredible Hulk) et Mark Beachum (Flare), sous un couverture de John Bolto
(Marada) et avec quelque illustrations supplémentaires de Mike Mignola (Hellboy).
Aujourd'hui, après bien des tentatives avortées, Vampirella a enfin sa série
mensuelle. Le duo de scénaristes Mark Millar et Grant Morris qui fit la preuve
de son efficacité sur Swamp Thing, il y a quelques années, se charge d'écrire
les exploits de la belle. Amanda Conner et Jimmy Palmiotti, qui ont eu l'occasion
de dessiner plus d'une aventure de notre vampire depuis 1996, s'occupent
d'illustrer ce Vampirella que l'on espère vraiment mensuel.
Vampirella prend
corps
Dès les années
soixante-dix, la belle plastique de Vampirella incite les producteurs de cinéma
à s'intéresser à son cas. C'est la vénérable Hammer Films, connue pour ses versions
cinématographiques de Dracula et de Frankenstein qui franchit le pas et tente
de concrétiser un projet de film mélangeant horreur et charme. Un premier
casting offre ainsi le rôle de Pendragon au comédien Peter Cushing (The Hound
of the Baskervilles) et celui belle vampire à l'actrice Barbara Leigh (Terminal
Island). Malheureusement, malgré un important travail de pré-production le
projet n'aboutit pas.
Il faut attendre
une vingtaine d'années pour que quelqu'un s'intéresse de nouveau à la carrière
cinématographique de la fille de Drakulon, lorsque l'un des poulains les plus
prometteurs de l'écurie de Roger Corman, Jim Wynorski, se met en tête de
transformer les aventures de la belle en un film à sa façon. C'est le succès de
longs-métrages tels que Superman ou Batman qui ont conduit Wynorski à
s'intéresser de près à Vampirella. D'ailleurs, il possède déjà une certaine
expérience en matière d'adaptation de comics au cinéma. En effet, n'est-il pas
le réalisateur de Return of the Swamp Thing (1989 — La Créature du lagon),
suite amusante d'un bien indigeste Swamp Thing (1982 — La Créature du marais)
pourtant dirigé par Wes Craven (Scream) ?
Associé à Gary
Gerani, l'un des scénaristes de Pumpkinhead (le premier film d'horreur réalisé
par le maître des effets spéciaux Stan Winston), Jim Wynorski revient aux
sources même du personnage pour mieux s'en détacher. Ils conçoivent donc un
scénario qui mêle charme, horreur et science-fiction autour duquel s'assemblent
les éléments d'un puzzle où l'on retrouve, fort heureusement, le personnage
d'Adam Van Helsing, interprété par Richard Joseph Paul, et aussi un certain Vlad
(Dracula ?), joué par Roger Daltrey. Quant au rôle-titre, il est confié à
Talisa Soto, ex-James Bond girl dans Licence to Kill (de John Glen, 1989 —
Permis de tuer).
Programmé sur la
chaîne câblée Showtime, en septembre 1996, ce premier Vampirella n'a rien de
mémorable, il est d'autant moins inoubliable que, pour des raisons de
commodité, le costume de Vampirella a subi des modifications telles qu'il
ressemble plus à un banal maillot de bain qu'au subtil assemblage conçu par Trina
Robbins, Frank Frazetta et Tom Sutton. Pire encore, comparée à la Vampirella
officielle d'Harris Comics, Talisa Soto fait bien pâle figure. Car l'éditeur
sait jouer au mieux du charme de sa belle vampire. À chaque convention de BD,
des centaines de fans se précipitent jusqu'au stand Harris pour y découvrir les
dernières nouveautés et tenter d'apercevoir Vampirella en chair et en os.
En effet, à
l'image de Spider-Man ou des Schtroumpfs qui hantent les salons de bandes
dessinées, une comédienne prête son corps à ce personnage de papier. C'est tout
d'abord Cathy Christian qui joue les belles vampires dans les conventions, sur
les couvertures de quelques magazines, sur les posters ou sur les trading
cards. Appelée vers d'autres BD (Avengelyne chez Rob Liefeld), Cathy abandonne
le rôle à la pulpeuse Sascha Knopf. Cette dernière ne fait qu'un bref, mais
remarquable, passage dans l'univers Harris pour céder la place à une autre
beauté fatale encore anonyme.
D'autres
créatures aux charmes avantageux ornent les couvertures de comics prêts à tout
pour attirer le public versatile des jeunes adultes. C'est, notamment, le cas
des publications London Night qui utilisent à plein les attraits de Heather
Elizabeth Pankhurst (Tommi Gunn) ou de Gloria Gilbert (Poizon).
Pourtant, malgré
tous leurs avantages, les vivantes incarnations successives de la fille de
Drakulon ont bien du mal à rivaliser avec la seule et unique Vampirella
dessinée par José Gonzalez.
Les rencontres
improbables de Vampirella
Vampirella aime
faire des rencontres. En effet, depuis son retour sur le devant de la scène, la
plus sexy des vampires de toute la bande dessinée internationale n'arrête pas
de croiser la route de super-héros aussi divers que variés.
Déjà, en 1995,
elle a l'occasion de rencontrer Madman, ce bref intermède prenant la forme
d'une trading card illustrée par le créateur de Madman lui-même, Michael Allred.
Seconde
rencontre, celle orchestrée par Image Comics et Harris Comics, permet à
Vampirella la suceuse de sang de faire alliance avec Shadowhawk, l'un des
premiers super-héros séropositifs du monde des comics. Scribe par excellence
des aventures de Vampirella, Tom Sniegoski signe les deux chapitres de cette
saga nocturne fort justement intitulée Creatures of the Night. Le père de
Shadowhawk, Valentino, participe également à l'écriture de cette histoire
illustrée par Art Nichols (Star Seed) et Kirk Van Wormer.
Mais c'est en
1997 que la belle vampire se lance dans une exploration presque systématique du
Comics Universe, en commençant par quelques super-héroïnes aussi charmantes et
violentes qu'elle.
Une petite visite
à Gotham City s'impose naturellement. Face à un Penguin triomphant, trois
véritables furies font alliance pour gagner le combat. Vampirella, Catwoman et
Pantha composent ce trio de choc et de charmes dans une aventure écrite par
Chuck Dixon (Detective Comics), dessinée par Jim Baient (Catwoman) et fort
sobrement intitulée Catwoman/Vampirella: The Furies.
Signalons au
passage que deux des furies précitées ont de nouveau l'occasion de rencontrer
pour un duel où, cette fois, crocs et griffes ne sont pas mouchetés. Mark Millar
(Swamp Thing) et Mark Texeira (Union) organisent ce match Vampirella vs. Pantha à 100% Harris Comics. Et, lorsque Vampirella tente d'empêcher Pantha de mener à bien
une juste vengeance, le sang coule à flot.
Dans
Vampirella/Wetworks, la drakulonienne vient en aide à Jackson Dane et à ses
acolytes dorés victimes d'une horde de vampires. Jeff Mariotte (Hazard) a écrit
cette sombre aventure illustrée par Anthony Winn (Wolverine) et Richard Benne
(Deathblow and Wolverine), sous une couverture du vénérable Gil Kane (Edge).
Pour le futur
proche, Harris Comics a envisagé toutes les rencontres possibles et inimaginables
dans un Vampirella Crossover Gallery. Les meilleurs artistes du monde ont ainsi
illustré les face-à-face en Vampirella et, par ordre alphabétique, Body Bags
(de Jason Pearson), Cyberfrog (d'Ethan Van Sciver), Hellshock (de Jae Lee), Kabuki
(de David Mack), Madman (de Michael Allred), Monkeyman and O'Brien (d'ArtAdams),
Painkiller Jane (de Joe Quesada & Jimmy Palmiotti), Pantha (de Harris Comics
— illustration de Mark Beachum), Rascals Paradise (de Jim Silke), The Savage
Drag (d'Erik Larsen — illustration de Rick Mays) Shi (de William Tucci —
illustration de Louis Small, Jr. & Gary Martin).
Déjà, notre jolie
suceuse de sang a pu affronter la plus belle des "sohei", celle que William
Tucci a imaginé pour Crusade Comics. Ce duel sans merci, orchestré par le
scénariste Warren Ellis, est décliné en deux manches. La première, Vampirella/Shi
est mise en image par Louis Small, Jr. pour Harris Comics, alors que la seconde,
Shi/Vampirella, est illustrée par Kevin Lau (Cyberforce #23) pour Crusade
Comics.
D'ores et déjà,
une autre rencontre est prévue entre Vampirella et Painkiller Jane. Les équipes
d'Harris Comics et d’Event Comics ont ainsi produit un preview ashcan en noir
et blanc. Responsables des aventures régulières de Painkiller Jane, Mark Wind
(KaZar), Brian Augustyn (X-O Manowar), Rick Leonardi (Doom 2099) et Jimmy
Palmiotti pourraient s'occuper de ce cross-over programmé pour le mois de mai
1998.
D'autres
aventures de Vampirella
Profitant au
maximum du véritable filon que représente Vampirella, Harris n'hésite pas à
décliner le personnage sous forme de lithographies ou de posters. Les
rééditions des anciennes aventures de la belle vampire ne sont pas oubliées
avec des titres tels que Vampirella Classic, Vampirella of Drakulon ou
Vampirella Silver Anniversary Collection, qui permettent de retrouver les
superbes dessins de José Gonzalez.
En association
avec Topps, Harris lance, dès 1995, une première collection de trading cards
rapidement suivie par une seconde, puis une troisième. Outre les dessinateurs
habituels d'Harris Comics, on peut apprécier sur ces petits formats les talents
de Bo Hampton, Trina Robbins, Gray Morrow, Brian Steelfreeze, Dan Brereton,
George Pérez, Mark Schultz, Boris Vallejo, Michael Allred, Dave Gibbons, Sam
Kieth, Michael Ploog, Ty Templeton, Mike Deodato et beaucoup d'autres.
Avec Vampirella
Strikes, Harris propose en 1995 et 1996 quelques aventures différentes de la
belle vampire, un peu à la manière de Legends of the Dark Knight. Tom
Sniegoski, David Quinn (Doctor Strange, Sorcerer Supreme), Mark Millar, Ian
Edginton et Jamie Delano (Shadowman) écrivent ainsi d'autres histoires de
Vampirella illustrées par quelques habitués du personnage tels que Rudy D.
Nebres (Vampirella version Warren) ou Louis Small, Jr., et quelques autres à
l'image du duo Ed McGuinness et Nathan Massengill (par ailleurs responsables du
dessin de Vengeance of Vampirella n°21, 23 et 24). Ces quelques aventures
permettent ainsi à Vampirella de travailler en duo avec Passion et de
rencontrer l’Eudaemon de Nelson (Robocop 3).
Vampirella,
version Warren et version française, a été publié en France dès les années 70 par
Publicness. Ce magazine bimestriel était des plus fidèles à la version
originale et pouvait également s'enorgueillir d'un excellent cahier consacré au
cinéma fantastique. Après vingt-cinq livraisons et cinq années d'existence, la
version française de Vampirella s'éclipse pour ne réapparaître qu'en 1978 sous
la houlette de Fershid Bharucha et des Éditions du Triton. Plus éphémère
encore, cette adaptation, pourtant placée sous le signe de la qualité,
constitue l'ultime apparition française de la fille de Drakulon jusqu'à ce que
les Éditions Semic s'intéressent à son cas, en janvier 1998.
Notes:
(1) Parmi les
autres titres publiés par James Warren, on peut citer Famous Monsters, The
Rook, 1994, Comix International et ces anthologies d'horreur directement inspirées
des E.C. Comics (Tales from the Crypt and co.) : Creepy et Eerie. Cet ensemble
de magazines de bandes dessinées, en noir et blanc, réunissait alors les
meilleurs graphistes du moment : Neal Adams, Alfredo P. Alcala, Richard
Corben, Reed Crandall, Victor de la Fuente, Steve Ditko, Paul Neary Alex Nino,
John Severin, Frank Thorne, Alex Toth et bien d'autres.
(2) Tom Sutton a
eu l'occasion d'illustrer les exploits d'un autre vampire : Andrew Bennett le
héros de « I… Vampire », lead feature écrite par Dan Mishkin et Gary Cohn
pour l'anthologie House of Mystery chez DC Comics en 1983.
(3) Ces premiers
titres sont publiés en collaboration avec Dark Horse Comics, qui joue le rôle
de distributeur, et sous la direction éditoriale de Richard Howell. Ce dernier
a d'ailleurs repris le thème du vampire à son compte avec la série Deadbeats
pour Claypool Comics.
(4) Parmi les
autres travaux du scénariste Tom Sniegoski, on peut citer The Others (Image
Comics, 1995), Avengelyne (Maximum Press, 1996), Razor Uncut (London Night
Studios, 1997) et Daredevil/Shi (Crusade Comics/Marvel Comics, 1997).
(5) Citons, pour
mémoire, Buzz, Caesar, Steve Crespo (Anima), Kirk Van Wormer, Hearn Cho, John
Stinsman, Kevin Sharpe, David Perm (Domino), Ed McGuiness (Deadpool), Chris
Batista (Steel). Et il se s'agit là que des dessinateurs, on compte autant
d'encreurs et d'illustrateurs de couvertures.
(7) Ensemble,
Conner et Palmiotti ont dessiné le vingt-cinquième et dernier numéro de Vengeance
of Vampirella. Ils ont également illustre le one-shot violent et plein d'humour
Painkiller Jane vs. Darkness n°1 en 1995, sur un scénario de Garth Ennis
(Preacher).

VAMPIRELLA, LE FILM
(fiche technique et artistique)
Film de
télévision écrit par Gary Gerani et réalisé par Jim Wynorski.
Avec Talisa Soto
(Vampirella), Roger Daltrey (VIad/Jamie Blood), Richard Joseph Paul (Adam Van
Helsing), Brian Bloom (Demos), Corinna Harney (Sallah), Rusty Meyers (Quinn),
Lee de Broux (le lieutenant Walsh), Tom Deters (Traxx), Jack Zavorak (le
capitaine Stryker), Lenny Juliano (Carlos) et Angus Scrimm (le Grand Ancien).
Musique de Joel
Goldsmith. Photographie d'Andrea V. Rossotto. Montage de Richard Gentner et Jud
Pratt. Costume de Vampirella par Roxanne Miller. Produit par Jim Wynorski, Paul
Hertzberg, Angela Baynes (Producers), Forrest J. Ackerman, Mark Patrick
Carducci (Associate Producers), Roger Corman (Executive Producer).
Première
télédiffusion le 14 septembre 1996 sur Showtime.