Souvenez vous de l'année 2003 : la fin du concorde, la guerre en Irak, la désintégration de la navette Columbia... mais pire encore que tout cela, l'année 2003 fut aussi l'année de la publication des premiers romans d'Alexis Aubenque, dont les ouvrages - depuis devenus cultes pour leur stupéfiante médiocrité - ornaient déjà par les tables de la FNAC des Halles à Paris, autant qu'ils hantaient les colonnes de Bifrost. Il va falloir vous y faire... désormais, le blog Bifrost ressortira chaque mois le palmarès des Razzies remis quelques années plutôt, et ce jusqu'à épuisement des stocks. Histoire de bien retourner le couteau dans la plaie.
(parution initiale in Bifrost n°29 - janvier 2003)
Tout le monde va en prendre plein la gueule !
Souvenez-vous l’an dernier, nous tapions allégrement sur (liste non exhaustive) un roman
(?) de Jacques Sadoul, les organisateurs (?) des Utopiales, les
couvertures (?) d’Imaginaires Sans frontières, Daniel Conrad (?),
Bragelonne & co… Cette année, nous remettons le couvert avec joie.
Petit rappel : les Razzies sont un anti-prix.
L’entreprise se veut subjective, bête et méchante et n’a qu’un seul but
avoué, celui de vous faire sourire (pour ce qui est de la liste des
buts inavoués car inavouables, elle est disponible au siège de la
rédaction et pourra être remise en mains propres contre un chèque de 60
000 euros). Dernière précision : nos choix prennent et prendront
toujours en compte l’aspect événementiel qui entoure le lauréat. En
d’autres termes, les Razzies ne sont pas uniquement motivés par la
qualité intrinsèque des textes et œuvres en compétition, mais aussi par
le contexte de leur publication.
Et on s’amuse, et on rigole !
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Le Prix de la pire nouvelle francophone est décerné à Léa Silhol pour « Xolotl », probablement le texte le plus vain et le plus prétentieux de l’année (in Etoiles Vives
n°9 - le Bélial’). Dans la même catégorie, nous accordons par ailleurs une mention spéciale à « Arbitrage » de Laurent Genefort (Galaxies n°26), publié en grande pompe et qui nous a grandement pompé.
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Imaginaires Sans frontières a décidé de publier la tétralogie de Kathleen Ann Goonan sur les
nanotechnologies, a priori une publication des plus respectables, ladite tétralogie étant précédée par une flatteuse
réputation. Corollaire, Galaxies n°26 fait un dossier sur cette autrice avec, comme pierre angulaire, sa novella « Les Tournesols », lauréat amplement mérité du Prix de la pire nouvelle étrangère,
un texte qui nous aura permis de vérifier qu’en fin de compte, Kathleen
Ann Goonan c’est un mélange de Greg Egan (les idées vertigineuses en
moins) et de Paul J. McAuley (la pyrotechnie stylistique en moins). On
notera aussi que cette œuvre d’un ennui impérissable est traduite (?) à
la concasseuse par Lionel Davoust, un jeune homme probablement très
sympathique mais en guerre contre les subtilités de la langue française
(à l’année prochaine dans les Razzies, Lionel ?).
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Pour ce qui est du pire roman francophone, il est clair que cette année les éditeurs se sont mis en quatre (voire
plus) pour nous servir. Avec Eridan de Jenny Dornie (Mnémos), la série de Didier Quesne sur les sangliers mutants (Nestiveqnen), le
diptyque de Mickaël Karle (Mnémos), La Chute des mondes d’Alexis Aubenque (Florent Massot) ou encore L’Empreinte des dieux de Rachel Tanner (ISF), il y avait de quoi remplir un quart de la BNF. Après moult concertations, nous tenons
donc à saluer le travail visionnaire de l’éditeur Alexis Aubenque, qui publie La Chute des mondes… d’ Alexis Aubenque, une initiative qui aurait aussi bien pu mériter le Prix Putassier. Sur le quatrième de couverture de ce
chef-d’oeuvre éternel de la littérature mondiale, il est écrit qu’Alexis Aubenque « n’a qu’un souhait : faire exploser la barrière qui limite la S-F à une communauté de spécialistes ». Pari
gagné : son roman (?) s’arrache chez les nains de jardins !
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Prix du pire Roman étranger : Dernière chance pour l’humanité de Robert J. Sawyer, un
must du n’importe quoi, bâclé et grotesque (critique in Bifrost n°27). On se permettra par ailleurs de citer
l’(in)existence de La Maison Corrino (avant-Dune n°3) chez « Ailleurs & Demain ».
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• Pour la pire traduction, impossible, en dépit d’une rude concurrence, de passer à côté du travail de Iawa Tate, notamment sur La Danse des six lunes de Sheri S. Tepper (J’ai Lu « Millénaires »),
tout simplement illisible en français (critique in Bifrost n°26).
- Pour ce qui est des pires couvertures (catégorie qui déchaîne les passions chaque année) étaient
nominés (entre autres) : François Bertrand pour la couverture de L’Empreinte des dieux de Rachel Tanner chez ISF, ??? ??? pour
les couvertures de Mickaël Karle chez Mnémos (on a oublié le nom de l'illustrateurNote de Clément
Après vérification, il s'agit d'un certain Erwann SURCOUF, qui n'a d'ailleurs plus rien illustré par la suite.… mais pas ses couvertures !), Sofiane
Tilikete pour l’ensemble de la série L’Assassin royal
chez J’ai Lu, Jean-Michel Ponzio pour Le cycle de « Ller » T. 1 de
Delia Marshall Turner, toujours chez J’ai Lu (qui a fait très fort
cette année), Philippe Jozelon pour sa couverture du
Mike Resnick chez ISF, Laurent Astier pour ses couvertures de Colin
Marchika chez Mnémos. L’heureux gagnant est François Bertrand pour L’Empreinte des dieux
chez ISF, qui réussit la gageure de produire une couverture plus
calamiteuse (même si moins niaise) que le texte qu’elle illustre.
Etonnant ! (Signalons la belle performance de l’éditeur, dont les
produits sont les supports des lauréats de ce prix sur deux années de
suite !)
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Le Prix Putassier est remporté haut la main par Thomas Day et son Resident Evil, un
livre (?) torché en trois semaines qui a permis à son auteur de payer ses factures de vidéos pornos en souffrance. Comble de
l’ironie, Thomas Day devient par la même occasion meilleure vente de la collection « Lunes d’Encre » chez Denoël avec
plus de 8000 exemplaires vendusNote de Clément
Heureusement dépassé depuis par Spin de Robert Charles Wilson et ses bientôt 20.000 ventes. L'honneur est sauf ! Ou pas... — une collection dont il se pourrait bien qu’elle soit dirigée par l’auteur lui-même sous
un autre nom ; on n’est jamais mieux servi que par soi-même et on sait sur qui Alexis Aubenque a copié… Comme quoi,
l’ambition n’est JAMAIS récompensée…
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Dans la catégorie Prix du pire article, Jean Millemann remporte aisément le pompon pour
l’ensemble du paratexte de la catastrophique, voire éminemment grotesque, anthologie Pouvoirs critiques (Nestiveqnen).
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Cela fait un moment que l’on entend parler de Claire et Robert Belmas (principalement aux alentours de la
principauté de Nancy, soyons clairs). Sincèrement, en lisant leurs nouvelles (Chroniques des terres mortes) et leur roman (Mars Heretica), on ne peut que s’étonner des prix récoltés par nos duettistes, dont le talent approche péniblement
celui d’un Richard F. Bessières en petite forme. Après avoir été « au sommaire de toutes les anthologies qui comptent » (sic), les Belmas sont donc récompensés par tous les prix qui comptent
(Alain Dorémieux, Grand Prix de l’Imaginaire) et en particulier le Grand Master Award des Razzies 2003 pour
l’ensemble de leurs œuvres passées, présentes et (sans doute, malheureusement) à venir. Louanges et joie !