Demain les livres - 1

Landernau |

Sommaire

1. Le point de vue personnel des éditeurs, en tant que lecteur, au sujet du livre électronique.

2. Le point de vue professionnel des éditeurs sur la place du livre électronique dans le marché du livre.

3. La question de la réévaluation des droits d'auteur dans le cadre du livre numérique.

4. Le livre électronique : bilan des premières expériences et projets pour l'avenir.

Le point de vue personnel des éditeurs, en tant que lecteur, au sujet du livre électronique.

Ont-ils déjà eu une liseuse électronique moderne entre les mains ? Si oui, quel a été leur sentiment ? Peut-être en possèdent-ils une ? Et dans ce cas, quel usage en font-ils ? Dans le cas contraire, envisage-t-il d'en acheter une ?

En bref

Lorsqu'on parle du livre électronique autour de soi, on s'entend souvent répondre : « Jamais je ne pourrai lire un livre sur écran, ça fait mal aux yeux. » La plupart des gens ignorent que les liseuses modernes utilisent une interface en papier électronique qui offre un confort de lecture très proche de celui du véritable papier. La première question, plutôt personnelle, visait donc à sonder nos éditeurs pour évaluer leurs connaissances sur le sujet. Il s'avère que la plupart savent de quoi ils parlent et qu'ils ont presque eu tous eu une liseuse entre les mains.

Sur les dix-huit éditeurs interrogés, seuls trois possèdent aujourd'hui une liseuse électronique dont ils font un usage strictement professionnel. Trois de plus envisagent d'en faire l'achat prochainement, mettant en avant les avantages de l'appareil dans le cadre de leur activité, encore une fois, professionnelle. La plupart des autres sont curieux de l'objet et se tiennent au courant de l'évolution de la technologie, mais attendent soit une baisse de prix des machines, soit un élargissement de l'offre de livres au format numérique, soit de nouvelles fonctionnalités. Si la plupart sont partagés entre l'aspect pratique du livre numérique et leur amour pour le papier ou l'objet livre, rares sont ceux qui se déclarent totalement opposés au principe.

Gérard KleinDirecteur des collections Ailleurs & Demain (Robert Laffont) et Livre de Poche SF.

J'ai eu au moins deux liseuses dans les mains, de deux modèles différents. Ça ne m'a pas enthousiasmé. Mais je n'en possède pas et je n'en envisage pas l'achat. L'exigence minimale serait une mutualisation absolue, donc une seule technologie valable pour tous les textes et images. Je n'ai pas envie de me promener avec trois ebouques. Je signale en passant que je suis plutôt technophile : j'ai plusieurs ordinateurs, un Palm, une panoplie complète de matériels haute-fidélité et vidéo...

Magali DuezEditrice chez Griffe d'Encre

Je suis assez ambivalente sur le sujet. La parisienne qui manque de place trouve que c'est génial de pouvoir condenser tant d'ouvrages dans si peu d'espace. La bibliophile frémit. Je n'ai plus le temps de lire donc je n'ai pas acheté de liseuse, mais si ma vie était différente j'en aurais surement pris une pour "tester" des ouvrages ou des auteurs, quitte à acheter ensuite la version papier pour avoir dans ma bibliothèque les livres que j'aime vraiment. Après, je ne suis pas certaine que je m'en serais servie sur le long terme, si la texture du papier, le simple fait de tourner les pages, ne m'aurait pas manqué.

Jean-Luc BlaryDes éditions Eons et de la revue Lunatique

Hélas, je n'ai jamais eu de liseuse entre les mains. Mais j'ai eu pas mal d'échos positifs de personnes s'étant laissé tenter. Je n'en envisage pas l'achat à court terme. 

André-François RuaudGérant des éditions Les Moutons Électriques

Je n'ai pas encore vu de liseuse de dernière génération, mais j'en ai vu plusieurs d'autres générations et avais déjà été impressionné par la qualité d'affichage, si pas par la maniabilité du lecteur. Je n'envisage pas de faire un tel achat prochainement mais m'efforce de me tenir au courant de l'actualité de ces supports.

Jacques SévalPour les éditions Interkeltia

Le progrès technologique a permis l'arrivée de liseuses agréables et fonctionnelles. Le point noir reste la batterie à recharger, le poids de la batterie. Et la lecture en plein soleil ? Je n'ai pas testé. Les futurs progrès vont rendre possible l'arrivée d'une liseuse suffisamment fonctionnelle pour être acquise par tous, offrant beaucoup de possibilités : abonnements, journaux, liaisons internet, multimédia, etc... Et l'arrivée d'écrans souples va révolutionner le genre. 

Philippe WardDes éditions Rivière Blanche

Non, je n'ai pas tenu entre les mains une liseuse dernière généraiton, j'ai eu en test une liseuse sony mais d'ancienne génération. Personnellement, même si j'ai un attachement au livre papier je pense que j'utiliserais personnellement une liseuse pour lire au lit, en vacances. Un des avantages que j'ai vu, c'est que je pouvais lire sans lunettes en augmentant la taille des caractères. Oui, j'envisage l'achat mais je vais attendre un peu de voir les possibilités. Il est encore trop tôt pour moi pour acheter une liseuse.

Julien VignialResponsable commercial aux éditions du Diable Vauvert

J’ai eu quelques liseuses entre les mains, j’ai été séduit par les possibilités de changement de maquette, par le confort des écrans non lumineux, mais n’envisage pas à court terme d’en acheter une. 

Gilles DumayDirecteur de la collection Lunes d'Encre (Denoël)

J'ai eu plusieurs liseuses entre les mains. Je suis assez convaincu par les derniers modèles, notamment la Sony PRS-600 (qui est encore trop chère, à mon humble avis) et l'Opus vendu avec 75 bouquins. En fait, je ne suis pas pressé d'acheter, car je voudrais voir ce que va proposer Apple avant de prendre une décision. Je me demande aussi à quoi vont ressembler les modèles couleurs qu'on nous annonce pour bientôt, notamment ceux à synthèse soustractive ― la voie semble-t-il choisie par iRex. Et puis il faut que ce soit tactile comme l'iphone.

MenollyEditrice chez Griffe d'Encre

J'ai déjà eu une liseuse à papier électronique entre les mains. J'ai été bluffée par le confort de lecture par rapport à un écran d'ordinateur. Je n'en ai pas mais j'envisage d'en acheter une à relativement court terme pour Griffe d'Encre, pour remplacer le portable dans la lecture et le retravail des manuscrits. Je le fais actuellement directement sur mon portable, sans imprimer, et sur une liseuse, ça serait beaucoup plus confortable et pratique. 

Bénédicte LombardoDirectrice des collections Rendez-vous Ailleurs (Fleuve Noir) et Pocket SF

Je n'ai jamais eu de lecteur électronique moi-même. J'ai testé celui d'un ami qui s'en sert beaucoup depuis un moment et celui que possèdent les directeurs éditoriaux d'Univers Poche. A vrai dire, j'avais un a priori négatif car je n'aime pas lire sur écran même pas un article de journal, par exemple... Lire des pages entières sur Internet m'est impossible, j'imprime toujours. L'idée d'un lecteur électronique ne m'attire donc pas du tout pour mes lectures personnelles, pour mes lectures plaisir, disons. En revanche, étant donné que je reçois aujourd'hui environ 80 % des romans qu'on m'envoie pour publication par mail, je dois dire que je me laisserais volontiers séduire par l'outil pour les lire plutôt que de les imprimer pour parfois n'en lire que 10 pages... (généralement quand je n'imprime que 10 pages parce ça me tue de gaspiller bêtement du papier, c'est là que j'ai envie de lire la suite...) Donc, je crois que je me laisserai peut-être tenter. Comme je n'y connais rien, on m'a conseillé d'attendre celui qu'Apple devrait sortir bientôt. Maintenant, s'il coûte une fortune, on verra.

Thibaud EliroffEditeur chez Pygmalion et directeur de la collection J'ai Lu SF

Je n'ai pas de liseuse, mais j'en ai déjà eu une entre les mains, et j'ai été plutôt séduit. Le confort de lecture est bon (quoique mon utilisation n'ait pas excédé 5 minutes, donc sur plusieurs heures, je ne sais pas). L'objet reste assez austère dans son design et dans son utilisation, mais je ne doute pas que les progrès technologiques sauront le rendre plus attractif (couleur, éclairage, interactivité...). J'envisage d'en acheter une, mais j'attendrai les prochaines générations qui offriront des possibilités techniques plus avancées.

Jérôme VincentPour les éditions ActuSF

En ce qui me concerne je n'ai pas eu de liseuse entre les mains depuis les premières présentées en 2000 (si si, il y en avait). Mais je lis pas mal d'articles. La technologie progresse à grand pas, notamment avec l'IPad. Je suis un gros lecteur, je trimballe des kilos de livres, je manque de place pour les stocker, donc a priori oui, ça m'intéresse, même si le rapport au papier est pour moi très important. En clair, je n'ai pas vraiment envie d'une liseuse par "plaisir" mais son aspect pratique m'interpelle. Pour l'heure, l'achat n'est pas à l'ordre du jour pour moi. Je vais patienter encore un peu, notamment parce que les prix me semblent prohibitifs pour l'instant, surtout que de nouveaux modèles apparaissent régulièrement. 

Pascal GodbillonDirecteur de la collection Folio SF

Je n'ai pas de liseuse, mais si je n'étais pas éditeur poche (ayant donc accès à un certain nombre d'ouvrages pour mon travail), si la liseuse était à moins de 100 euros (on ne devrait pas trop tarder à y arriver) et si j'avais la possibilité d'acheter n'importe quel livre au format numérique, je me lancerais dans la minute. Le confort de lecture des derniers appareils est impressionnant et le gain en volume occupé dans la maison est... incomparable.

Olivier GirardPour les éditions du Bélial', qui édite notamment la revue Bifrost et le présent blog

Je ne possède pas encore de liseuse, mais j’ai eu l’occasion d’en manipuler plusieurs, même si aucune n’était de toute dernière génération. Pour être honnête, je n’y ai pas vraiment retrouvé l’ergonomie parfaite d’un livre papier. Je ne suis pas certain que la majorité des gens liront un jour de la même façon un livre électronique qu’un livre papier. En revanche, qualité confort des yeux, c’était nickel. En ce qui me concerne, j’envisage d’en acheter une pour avant tout lire les manuscrits et, de fait, éviter de les imprimer. Pour les services de presse, aussi, et bien sûr pour télécharger des nouveautés VO (surtout des nouvelles), afin d’avoir une information fraîche quant à l’actualité étrangère.

Charles RécourséEditeur aux éditions du Diable Vauvert

Personne, au Diable Vauvert, n’a de liseuse. J’ai prévu d’en acheter une à court ou moyen terme, principalement pour la lecture de manuscrits ou d’épreuves, surtout pour la possibilité d’annotation. Ca me permettrait de partir en déplacement avec des manuscrits sur moi sans avoir à trimballer deux kilos de papier, d’annoter les manuscrits d’auteurs, etc. J’ai eu plusieurs modèles entre les mains, celui de Sony principalement, jamais le Kindle malheureusement. Je l’avais trouvé assez agréable mais assez lent au niveau du chargement entre les pages. En revanche, j’avais pu manipuler un modèle néerlandais, je crois, avec un écran souple, qui se rentrait dans le corps du lecteur, ce qui donnait un module un peu moins grand qu’un paquet de cigarette, très facile à transporter. 

Frédéric Weildirecteur du développement chez Mnémos

J'ai déjà utilisé des liseuses. Le niveau technologique de ces appareils est maintenant suffisant pour offrir un confort de lecture certain et des interfaces pas trop mal fichues pour circuler dans les livres. Je pense que ces objets vont continuer à progresser très fortement. Les progrès sont quotidiens, les États aident les entreprises innovantes du domaine et le marché du livre électronique s'accroit. Il faut s'attendre à voir des petits bijoux de technologie, en attendant la tablette d'Apple ! Maintenant, il ne suffit pas d'un bel outil technologique, il faut que le public se l'approprie et crée ses propres usages (exemple du SMS pour le mobile). Je compte me procurer le Kindle dans le mois.

Mathias EchenayPour les éditions La Volte

Oui j'ai une liseuse, c'est pratique pour lire des manuscrits et pour le voyage, mais a besoin d'être amélioré. Je préfère le papier largement pour l'instant. 

Jean PettigrewDirecteur des éditions Alire et de la revue Solaris

J'ai un iPod touch depuis plus de deux ans, et je lis pas mal de trucs là-dessus depuis lors, mais essentiellement en anglais. Parce que c'est surtout ce qui est dispo pour le moment, mais aussi parce que j'ai déjà suffisamment de livres chez nous pour que je ne veuille plus m'encombrer "en plus" avec des livres anglais. J'ai aussi depuis cet été un Sony Reader (PRS-600) ; l'interface du bidule est plutôt primitive, mais c'est le début de l'utilisation du papier électronique, et c'est déjà ça de pris. Je me suis farci cet été toutes les nominations au prix Hugo sur le Reader, et quoi dire sinon que le jour où on aura une interface qui a de l'allure, une surface de lecture mieux dimensionnée, ce sera bien comme outil.

Audrey PetitEditrice chez Orbit et directrice de la collection Livre de Poche Fantasy

J'ai acheté lors du dernier Salon du Livre un reader Sony, qui ne me quitte globalement pas. J'en fais pour le moment une utilisation strictement professionnelle : il me permet de transporter et donc de lire partout et facilement les manuscrits que les agents/auteurs me soumettent par fichier. Et j'économise ainsi du papier, de l'encre, du temps, de l'énergie. Il est par exemple beaucoup plus simple de lire dans le métro un reader qu'un paquet de feuilles A4… Jusqu'à présent, ça me semble un formidable outil. Ce n'est pas vilain, ça tient peu de place, c'est extrêmement simple d'utilisation et c'est donc économique. En revanche, je ne l'utilise aujourd'hui pas pour des lectures autres que pro. Je n'ai jamais acheté de classiques ou même de parutions récentes sous format électronique. J'en reste aux livres papier, mais je ne suis pas du tout contre l'idée un jour de lire des romans publiés sous cette forme, notamment pour partir en vacances. Deux bémols : ça reste cher (300 euros environ pour le Sony Reader) et on ne peut rien modifier à l'écran, ni écrire dessus ni annoter le fichier.

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