Razzies 2006 : Le prix du pire !

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Sentez-vous cette crispation, ce courant d'air froid, ce je-ne-sais-quoi de malsain qui traverse le fandom ? Aucun doute : c'est la période des Razzies ! Remis dans le Bifrost n°57, les Razzies 2009 ont, comme chaque année, rempli leur office : personnalités humilées, carrières ruinées, amitiés irrémédiablement brisées, cris, larmes, rires, injures, jubilation, menaces, indifférence. De la petite remarque mesquine aux photographies scatologiques déversées sur les forums, chacun réagit différemment à l'annonce des Razzies, mais une chose est sûre : tout le monde les attend. Parce que les Razzies font surtout rire ceux qui n'en ont jamais eu, on pourrait croire que, la population des lauréats augmentant année après année, il y ait de moins en moins de gens pour les suivre. Et pourtant, la rubrique Razzies est toujours la plus consultée du blog... Peut-être parce qu'au fond, l'imaginaire, c'est une grande famille où tout le monde s'aime ? Au moins jusqu'aux prochains Razzies...

(publication initiale in Bifrost 41 - janvier 2006)

Bienvenue chez les éditeurs qui prennent
les lecteurs pour des cons

Nos lecteurs fidèles (ceux qui ne nous écrivent jamais : « Veuillez trouver ci-joint mon chèque de réabonnement ») le savent : chaque numéro du début d’année de Bifrost est l’occasion d’une cérémonie païenne (mais néanmoins quasi satanique) fleurant bon le darwinisme éditorial : les Razzies, le prix du pire, une activité salutaire, voire jouissive. Cette année, comme l’an passé, la fiesta — interdite au public — a eu lieu à Paris, au restaurant Kashmir de la rue Grégoire de Tours (à un jet de crucifix du Magasin des Artisans de Bethléem)… Etaient présents : Org, le boss, Vicious, fêtant ses 34 ans, et Pat, particulièrement éprouvé par ses traductions de Star Wars dont le rendu est, d’après certaines mauvaises langues, plus proche de l’argot crotobaltislavon que du français dit « littéraire ».

Petit rappel, à toutes fins utiles : les Razzies se veulent subjectifs, bêtes, d’une mauvaise foi plus qu’occasionnelle et volontiers méchants. Faire sourire est leur seule ambition (en tout cas avouée). Les nominations aux Razzies ne sont pas seulement motivées par la qualité intrinsèque des œuvres en compétition, mais aussi par le contexte de leur publication. OK ? C’est parti… 

• Pour ce qui est de la plus mauvaise nouvelle francophone, il y avait abondance de candidats cette année. Org a proposé « Les Aigrettes de Kersa’ch » de Jean Le Clerc de la Herverie (in Moissons Futures, La découverte), « Les Iles de la tentation » de Jean-Michel Calvez (in Moissons Futures), « Nausicaa forever » de Serge Quadruppani (« Novella SF », éditions du Rocher) et la non-nouvelle non-inédite « Aucun souvenir assez solide », d’Alain Damasio, publiée dans Galaxies n°38. Vicious, quant à lui, ayant déjà sur sa liste les textes de Calvez, Damasio et Quadruppani, a ajouté « Huguette sent la chatte » de Bernard Blanc (in Moissons Futures, décidément une véritable mine à pépites pourries), texte tout aussi élégant que son titre le laisse entendre, « L’Affaire des néo-physiocrates, un exemple de syllogisme agricole » d’Ugo Bellagamba (une sorte de synopsis inabouti écrit à la sulfateuse, et publié dans… Moissons Futures !), « Cité de la mort lente » de Daniel Walther, texte rescapé du pire des années soixante-dix à la faveur d’une faille spatio-temporelle localisée dans la collection « Novella SF » des éditions du Rocher, et, enfin, « Lola Carlo » de Sébastien Hostaléry, petite crotte insignifiante publiée dans Bifrost n°37. Evidemment, cette dernière nomination a provoqué les protestations officielles de Org : « Va mourir charogne, pour une fois que je donne sa chance à p’tit jeune ; c’est une première publication, on peut pas donner le Razzy à une première publication ! Et je t’emmerde !! ». Pat, avachi sur la table afin d’esquiver les postillons de nan fromage dispersés à tout va par le boss, s’est contenté de citer le Quadruppani, mettant ainsi fin au débat. Notre lauréat 2006, catégorie Pire nouvelle francophone, est donc le grotesque et même pas marrant « Nausicaa Forever » de Serge Quadruppani

• Pour ce qui est de la Pire nouvelle étrangère, Pat et Org se sont lâchement défaussés sur Vicious, qui a dû reconnaître qu’il n’avait rien trouvé de scandaleux cette année chez BifrostFiction ou Galaxies… à part, à bien y réfléchir, la nouvelle de Paul Di Filippo, « Les Binocles de Lennon », illustrant le dossier Di Filippo du n°36 de cette dernière revue, un texte creux, médiocrement traduit, qui ne permet en rien de mesurer le talent d’un auteur qui est, sans conteste, un des meilleurs nouvellistes américains du moment, comme le prouve sa novella inédite (et qu’aurait dû publier Galaxies« A Year in the Linear City ». Le Razzy 2006 de la Pire Nouvelle étrangère est donc remporté sans fanfare par « Les Binocles de Lennon » de Paul Di Filippo

• Pour ce qui est du Pire roman francophone, notons l’effort exemplaire des éditions Nestivqnen et Bragelonne qui, sans doute conscientes de la qualité de leur travail sur les auteurs de langue française, se refusent à envoyer à Bifrost leurs services de presse, probablement de peur de les voir critiqués. C’est donc chez des éditeurs moins couards que le jury a trouvé ses candidats les plus sérieux. Org a proposé : chez J’ai Lu, le chef-d’œuvre de Jacques Sadoul Shaggartha (titre qui veut dire « ça sent la chatte », en elfique du Morve d’or) et, aux Moutons Electriques, Sunk de David Calvo et Fabrice Colin. Coutumier des nominations à contre-courant, Vicious a ajouté à cette liste fort goûteuse, Noir d’Olivier Pauvert chez Denoël, et, inventant pour ce faire la catégorie « boursoufflure autosatisfaite en phase terminale », La Horde du contrevent d’Alain Damasio, le récent lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire 2006, un lauréat que Pat s’est empressé de défendre en expliquant que « Le Souffle des dieux de Bernard Werber… ça… c’est de la merde », et que « le Razzy doit revenir à une merde et aucunement à un roman ambitieux, qu’on aime ou pas ». Pat a ensuite cité les deux entrées de sa liste, à savoir La Cité des crânes de Thomas Day, devant le regard pour le moins consterné d’Org, puis, après un libérateur mais relativement peu sincère : « Non, je déconne », il a proposé Ludovic Albar chez Mnémos, pour son œuvre passée, future et à venir. Après quelque atermoiement dû à l’arrivée d’un rab’ de nan fromage, c’est Sunk de David Calvo et Fabrice Colin qui a été logiquement célébré comme l’étron de l’année. Quand on torche un bouquin en quinze jours, il ne faut pas s’étonner qu’il vous pète à la gueule, même quand on a du talent. 

• La catégorie Pire roman étranger a cette année été plutôt moins disputée que les années précédentes. Org n’a proposé que trois titres : le premier roman de Wes Craven, Fountain Society (J’ai Lu), dont tout le monde souhaite que ce soit le dernier, Le Langage des pierres de Robert Carter (Le Pré aux clercs), et L’Enfant de la prophétie de J. V. Jones (Calmann-Lévy). Vicious avait sur sa liste le Robert Carter et le J. V. Jones (pire que Recluce, si on l’en croit) et n’a trouvé à rajouter que La Naissance d’ambre de John Gregory Betancourt (Folio « SF »). Pat a proposé l’avant-Dune de l’année chez Robert Laffont, Catherine Asaro (chez Mnémos),Harry Potter et l’ordre du Phénix (Gallimard), c’est-à-dire « comment faire 700 pages avec rien », et Le Bois de Merlin de Robert Holdstock (toujours chez Mnémos, décidément très en forme en 2005). Le grand gagnant de l’année, catégorie Pire Roman Etranger, est donc L’Enfant de la prophétie de J. V. Jones, livre sans intérêt, choix incompréhensible pour le lancement d’une nouvelle collection, si ce n’est d’afficher une ambition commerciale de bas étage, certes à la mode, mais néanmoins puante. 

• Pour ce qui est de la Pire traduction, la liste d’Org était pour le moins chargée. Citons : dans le désordre : Antoine Martin pour la traduction de Mondes et démons de Juan Miguel Aguilera (Au Diable Vauvert), Jean-Pierre Pugi pour L’Ecorcheur de Neil Asher (Fleuve Noir), Marianne Thirioux pour Les Tisserands de Saramyr de Chris Wooding (Fleuve Noir), Laurent Queyssi pour Les Romans de Philip K. Dick de Kim Stanley Robinson (Les Moutons électriques), Thibaud Eliroff pour Visages volés de Michael Bishop (Folio « SF »), Fabrice Lamidey pour L’Anneau-Monde de Larry Niven (Mnémos). Vicious a répondu à une telle avalanche par une longue défense très argumentée de la traduction de Jean-Pierre Pugi, dont nous reproduisons ci-devant l’intégralité : « C’est quand même pas la faute du traducteur si le bouquin est écrit à chier en anglais », puis il a sorti sa liste sur laquelle figuraient aussi Laurent Queyssi, Antoine Martin, Marianne Thiroux ainsi que Martine Loncan pour le massacre des nouvelles d’Ursula K. Le Guin dans Fiction n°1. Pat, lui, n’a proposé que deux traducteurs : Jean-Pierre Pugi pour L’Ecorcheur et Patrick Imbert pour Guérisseuse Jedi (Fleuve Noir). Sentant que le Vicious était près à en venir aux mains si Jean-Pierre Pugi avait le prix, un consensus a vite été trouvé autour d’Antoine Martin pour son massacre de Mondes et démons de Juan Miguel Aguilera, notre lauréat 2006 pour le Prix de la pire traduction

• Et voilà qu’arrive la plus grosse de toutes les catégories en terme de longueur : le Prix de la pire couverture. Inutile de dire qu’il y avait du monde au balcon, et une certaine cacophonie dans le restaurant Kashmir (pub gratuite !) de la rue Grégoire de Tours. Pour Org, étaient nominés : Marc Moreno pour Cœur d’argent de Michael Moorcock et Storm Constantine (Fleuve Noir) ; Gilles Francescano pour La Haute transcendance de John C. Wright (l’Atalante) ; Steve Crisp pour ses illustrations du cycle des « Monarchies Divines » de Paul Kearney (éditions du Rocher) ; le magnifique travail graphique des éditions Eons (« même leurs code-barres sont hideux ! ») ; Corrado Parrini pour la couverture de l’inénarrable Shaggartha de Jacques Sadoul (J’ai Lu) ; Jackie Paternoster pour l’ensemble de son travail annuel chez « Ailleurs & demain » avec une mention spéciale pour Les Diables Blancs de Paul J. McAuley ; Jean-Luc Sala pour L’Anneau-Monde de Larry Niven (Mnémos) ; les couvertures de la collection « Novella-SF » aux Editions du Rocher, avec, summum du bon goût, celle de « Führer prime time » de Johan Heliot ; Gil Formosa pour la couverture de Ventus de Karl Schroeder (Folio « SF »). En ce qui concerne Vicious, beaucoup de recoupements, évidemment, et quelques autres pistes ; notamment Eric Scala pour sa couverture de Radix (Terres de brume), Alain Brion pour sa couverture de Faëries Hackers (Folio « SF »), Marc Mosnier pour la couverture du Bois de Merlin de Robert Holdstock chez Mnémos, sans oublier Jean-Sébastien Rossbach qui : 1/ ne sait pas dessiner une meuf un tantinet bandante, 2/ a un penchant très particulier pour les couleurs radioactives (il suffit de contempler sa couverture du Bifrost n°37, hideuse, cela va sans dire, pour s’en convaincre). Evidemment, face à une telle attaque, Org s’est à moitié étouffé dans son digestif, ne sachant pas s’il devait défendre Rossbach, frapper Vicious et/ou censurer le compte-rendu des razzies 2006. Alors que le boss fumait de rage, Pat s’en est pris à Nicolas Fructus pour ses couvertures de Monstres sur orbite de Jack Vance et Aztechs de Lucius Shepard (tous deux au Bélial’). Devant une telle rébellion, Org ne pouvait rien moins que montrer qui est le patron et balancer le razzy de la Pire couverture aux éditions Eons, un candidat qui, de toute façon, faisait l’unanimité, Pat allant jusqu’à traiter ces ouvrages de « livres maquettés à la Thierry Paulin », c’est dire… 

• En préambule du Prix putassier 2006, le préféré des éditeurs, notons que cette année, nous avons bien failli en changer l’intitulé, hésitant pour une formule plus seyante, à savoir « le prix Mnémos 2006 de la putasserie itérative », car il faut bien relever que cet éditeur a un sérieux passif de suiveur sur des auteurs tels que Robert Holdstock, Megan Lindholm/Robin Hobb et George R.R. Martin, et qu’il fait vraiment n’importe quoi quand il réédite L’Anneau-Monde à vingt euros dans une traduction pourrie, sous une couv’ hideuse, alors que le même livre est disponible chez J’ai Lu pour 6,40 euros, dans une meilleure traduction et avec une illustration de couverture tout à fait convenable signée Philippe Caza. Bref, du grand art éditorial… Etaient aussi en lice, pour ce prix, la revue Galaxies pour la publication du récit de deux pages d’Alain Damasio, « Aucun souvenir assez solide », réédition sans grand intérêt mais collant bien évidemment au succès de l’auteur chez La Volte. Pour Pat, outre le travail remarquable des éditions Mnémos, la réédition bâclée de Narnia chez Gallimard avait de quoi ulcérer, d’autant que l’édition précédente n’a jamais vraiment été défendue par l’éditeur, aujourd’hui trop heureux de surfer sur l’arrivée du film pour sortir un gros livre adipeux avec un lion à la con en couv’ et Walt Disney en toile de fond. Il a aussi tenu à noter la publication chez Bragelonne de Barry Trotter et la suite inutile de Michael Gerber et de La Der des étoiles d’Adam Roberts. Restons d’ailleurs chez Bragelonne, avec la publication assez peu remarquée de la revue Fantasy (qui vient d’avoir une petite sœur en janvier 2006, Science-Fiction), outils promotionnels fielleux et autosatisfaits (c’est marrant, on dirait la définition exacte de Bifrost— dixit Vicious. (Org rallume alors une quatorzième cigarette en soupirant, essayez, c’est difficile à faire)). Peu de surprises au vote final, car c’est le favori qui a remporté le pompon, à savoir les éditions Mnémos —Prix Putassier 2006 — pour leur politique de publie-crottes à l’avant et de ramasse-pognon à l’arrière. 

• Cette année, le Prix de la non-fiction a valu aux jurés des discussions extrêmement animées et assez peu intellectuelles (sans doute l’effet conjugué de l’apéro, de la bouteille de vin et des digestifs). Org a ouvert le feu avec le site internet de Science-fiction magazine, ce à quoi Vicious s’est étonné : « Ah bon, ils ont un site ?

– Ouais, et un magazine revenu d’entre les morts, a précisé Org, un truc qui mérite tout autant le prix de la non-fiction, un tissu d’enthousiasmes pré-pubères, buboniques et globalement peu hygiéniques…

– C’est marrant, on dirait de nouveau la définition exacte de Bifrost. »

Pendant que Org cassait son verre à force de le serrer, Vicious a tenu à montrer du doigt le travail critique d’une certaine Lucie Chenu qui, entre copinage et stupidité abyssale, signe des notules idiotes sur noosfere.com (évidemment, si on va par là, il y aussi des critiques d’une rare débilité sur actusf.com, et pire sur lefantastique.net). Par la suite, Org et Vicious ont longuement évoqué les éditos puants — tout en sous-entendus méchants — de la revue Galaxies, en particulier celui du n°36. Et enfin Pat a régalé le jury en citant des passages de l’interview des frères Bogdanov (interview disponible gratuitement et pour le plaisir, sur salle101.org), compères génétiquement modifiés qui, vous l’ignoriez sans doute, ont inspiré la trilogie Matrix. Etait aussi en lice Francis Valéry pour ses « carnets rouges » in Fiction 1 & 2, une rubrique qui plombe grandement la revue et pourrait être rebaptisée sans mal « le nombril de l’immonde ».

Après de courts délibérés, notre vainqueur est une femme (comme l’année dernière, tiens), Stéphanie Nicot pour son édito du n°36 de la revue Galaxies, un modèle de forfaiture et de couardise, Razzy 2006 de la non-fiction

• Pour ce qui est du Prix de l’incompétence éditoriale, récompensé ici pour la seconde année consécutive, il y avait foule : Au Diable Vauvert pour ses publications bâclées de Mondes et Démons de Juan Miguel Aguilera et Kuru de Thomas Gunzig. La collection « Lunes d’encre » de Denoël pour avoir juste oublié les quinze dernières pages de la novella « Un Fils de Prométhée » de René Reouven dans l’omnibus Crimes apocryphes tome 1 (ça c’est tout de même la grande classe !). Les Moutons électriques et leur équipe de correcteurs fantômes pour l’ensemble de leur œuvre avec, en tête de peloton, l’illisible Acide Organique de David Calvo, qui contient autant de coquilles qu’un poulailler industriel roumain. Terres de Brume pour la réédition de Radix, bâclée au-delà de l’imaginable, sans doute maquettée, relue et corrigée par un stagiaire groenlandais ayant refusé — durant tout le processus — de retirer ses moufles en peau de phoque. Notons aussi la réédition en Folio « SF » de Futur intérieur de Christopher Priest, toujours disponible chez Calmann-Lévy, par ailleurs propriétaire (énervé, cela va sans dire) des droits… Mais bon, soyons clairs, tous ces candidats sont des nains de jardin à petit sexe comparés à l’éditeur de Mnémos (et oui, une fois n’est pas coutume, c’est un homme, ou ce qui y ressemble le plus) qui a eu l’idée fantastique de massacrer L’Anneau-Monde (traduction, illustration de couverture) avant de le remettre en vente à un prix prohibitif. Décidément, 2005 aura été l’année Mnémos, notre lauréat du Prix de l’incompétence éditoriale 2006

• Avant de remettre le Grand Master Award, une petite devinette : « Quelle différence y a-t-il entre l’équipe critique de Science-fiction magazine et les zombies de La Nuit des morts-vivants ? Réponse : une grande, ils sont certes tous en quête de cerveaux, mais chez Science-Fiction magazine ils ont oublié pourquoi… ». Maintenant, revenons au Grand Master Award… Evidemment, nous aurions pu le décerner à Mnémos sans trop nous fatiguer (ils ne l’auraient pas volé), ou à Eons (dont la qualité du travail laisse pantois), ou même à Nestiveqnen, dont la production fleure encore, année après année, l’enthousiasme autodestructeur et l’incompétence pathologique (pourquoi changer une équipe qui gagne ?). Mais ce serait oublier que dans le domaine qui nous est cher (celui de la science-fiction, de la fantasy et du fantastique, rappelons-le), il y a des géants, ou plutôt des Sauron des bacs à sable qui, parce qu’ils vendent beaucoup des livres, s’imaginent qu’ils ont tous les droits… Ainsi donc Stéphane Marsan, trésorier de Bragelonne, qui, lors d’une petite sauterie pour célébrer les cinq ans dudit éditeur, à l’occasion du festival des Imaginales 2005, a conclu son speech auto satisfait, devant un parterre réunissant une bonne part de la S-F hexagonale, par un tonitruant : « Gilles Dumay, on t’emmerde ! », le tout, bien sûr, en l’absence dudit éditeur de Denoël. Une telle classe, marquée au sceau d’un tel courage, méritait haut la main le Grand Master Award des Razzies 2006. Merci, monsieur Stéphane… 

Voilà, c’est tout pour cette année, qui fut un excellent cru, même si on ne doute pas que la prochaine sera meilleure encore…

Et comme le disait ce bon vieux Jack Barron : « Et on s’amuse, et on rigole ! ».

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