Norman Spinrad : Être ou ne pas être un disney

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Lorsque paraissait cet article dans Bifrost en février 2002, le roman Il est parmi nous de Norman Spinrad, paru cette année chez Fayard, n'était qu'un manuscrit à la recherche d'un éditeur, inédit en France comme en langue anglaise. Mais cela n'empêchât pas Sylvie Denis, à l'époque, de se livrer à une longue étude du roman, le rapprochant de Bleue comme une orange du même auteur qui, lui, venait de paraître chez Flammarion. Puisque l'un des objectifs du blog Bifrost est de déterrer les vieux articles de la revue, autant le faire avec à-propos : on pourra donc relire avec grand intérêt cet article à présent que Il est parmi nous est disponible dans toutes les bonnes crèmeries.

(parution initiale in Bifrost n°25 - février 2002)

Quelques réflexions sur le rôle de la simulation dans Il est parmi nous et Bleue comme une orange de Norman Spinrad

Et si on essayait de sauver le monde ?

Pour des raisons qu'il serait bien trop long de rapporter ici, Il est parmi nous, roman écrit par Norman Spinrad avant Bleue comme une orange, est demeuré inédit en françaisNote de Clément :
Depuis la parution de cet article dans Bifrost en 2002, une version élaguée et traduite en français par Sylvie Denis et Roland C. Wagner est parue chez Fayard.
comme en anglaisNote de Clément :
C'est cette version élaguée qui paraîtra en version originale chez l'éditeur américain Tor en mars 2010.
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Dommage.

Il est parmi nous n'est peut-être pas un livre de science-fiction au sens strict et absolu du terme. Il est très certainement quelque chose d'autre, peut-être même quelque chose de plus, en tout cas, une œuvre qui mérite autant d'être lue que quantité de pavés à épisodes qu'on nous sert ici et là à n'en plus finir...

L'histoire y est secondaire, au sens où elle ne repose pas sur une idée de S-F éminemment nouvelle : un certain Ralf, acteur comique de son état, raconte à qui veut l'entendre qu'il vient du futur. Lequel est tout sauf radieux, la preuve : on ne sait plus quoi faire pour empêcher l'humanité d'achever sa course dans le dépotoir qu'est devenue la planète. Alors, pourquoi pas envoyer un comique dans le passé et utiliser la télévision pour véhiculer le message ? Ralf lui-même demeure un mystère, aussi bien pour le lecteur que pour les autres personnages du roman : Texas Jimmy Balaban, son agent, spécialiste en comiques de seconde zone, Amanda Robin, son « coach » New Age, et enfin Dexter Lampkin, l'auteur de science-fiction qui écrit des textes pour son émission.

Ce qui donne à ce roman son énergie, ce n'est pas tant le suspense — Ralph est-il cinglé ou non ? Est-il ou pas un envoyé du futur ? Foxy Loxy, ex-serveuse devenue droguée et SDF, est-elle vraiment possédée par une entité venue d'un futur où l'humanité n'a plus la moindre place, et qui est bien décidée à éliminer son sauveur ? Et d'ailleurs, peut-on vraiment sauver le monde grâce à une émission de télé ou à une convention de science-fiction ?

Cinq minutes de réflexion sur le titre alliées à la lecture de certaines pages du Tao Te King, sans oublier quelques souvenirs des Pionniers du chaos, suffisent pour conclure que le Centre — et donc Ralf — est Vide, mais que c'est pourtant lui qui fait tourner la Grande Roue.

En d'autres termes, ce qui importe avant tout à l'auteur c'est de mener une réflexion sur la science-fiction, sa place et son rôle en tant que littérature, son identité et celle de la culture de ceux pour qui elle est plus qu'un genre littéraire — les auteurs, mais aussi et surtout leurs fans et leurs étranges coutumes, à cause de qui, toujours selon l'auteur, en dépit de leurs meilleures intentions, la S-F demeure une sorte de mystère exotique pour le reste du monde littéraire, quand ce n'est pas pour le reste du monde tout court.

Dexter Lampkin est un écrivain de science-fiction qui a relativement bien réussi. Certes,  il  travaille  pour Hollywood afin d’arrondir les fins de mois, mais dans l'ensemble, il n'a pas trop à se plaindre de sa carrière. Son seul grand échec s'intitule The Transformation, un roman de S-F dans lequel des savants inventent un personnage d'extraterrestre pour expliquer à l'humanité ce qu'elle doit faire pour ne pas se détruire au moment même où elle découvre les moyens de créer une merveilleuse civilisation multitechnoculturelle digne de rejoindre la Fédération Galactique. Hélas, The Transformation, loin d'avoir été l'œuvre marquante qu'il espérait, a été pour Dexter Lampkin un échec retentissant et une amère déception. En fait, la raison pour laquelle il saute sur l'occasion lorsqu'on lui propose d'écrire des textes pour le soi-disant comique du futur, c'est qu'il y voit une deuxième chance de faire passer le message qui n'a pas été reçu avec son roman.

Et c'est là que les choses deviennent à la fois amusantes et intéressantes.

Car si Dexter Lampkin, auteur de The Transformation, se réunit tous les mois avec un petit cercle d'amis et de fans de son livre, Norman Spinrad, lui, a écrit un article intitulé The Transformation CrisisNote de l'auteur :
Merci à Dominique Martel, à qui j’emprunte cette traduction.
, article dans lequel il est dit :

«En fin de compte, la prochaine étape de notre évolution, celle par laquelle nous devons passer pour traverser la Crise de Croissance qui est la conséquence de tout ce qui s'est passé auparavant, n'est ni biologique, ni scientifique, ni technologique, ni même politique.

Nous devons atteindre le niveau de conscience morale et politique nécessaire pour que notre espèce soit viable à long terme. Et ce n'est pas un vœu pieux : c'est un fait inévitable, une conséquence logique de notre évolution. Car si nous n'y arrivons pas en tant qu'espèce, nous nous autodétruirons, ainsi que notre biosphère. Ceux qui y arriverons seront des survivants. Et il n'y en aura pas d'autres.

Et s'il est possible que nous développions dans le futur la technologie nécessaire à la création d'une civilisation Transformationelle stable et durable, le pouvoir de détruire notre espèce existe bel et bien, ici et maintenant.

Aussi ne pouvons-nous pas rejeter la responsabilité qui nous incombe, celle d'accomplir cette transformation morale et spirituelle, sur nos descendants.

C'est nous qui sommes la génération de la Crise de Croissance.

Soit on fait notre boulot, et on le fait bien — soit nous serons tous au chômage. »

La farce et le zeitgeist

Qui dira, après cela, que la science-fiction est une littérature de joyeux plaisantins uniquement préoccupés de « shooter » de l'alien dans l'espace ?

Ce que montre Norman Spinrad avec le malheureux Dexter Lampkin et ses grandioses ambitions littéraires, messianiques et spirituelles, c'est que, contrairement à ce qu'on nous dit parfois, apprécier la S-F ne signifie pas qu'on « suspende son incrédulité », mais bien au contraire, que l'on croie — naïvement, bêtement peut-être — à un certain pouvoir de la technoscience de transformer nos existences, à un avenir radicalement différent et, ma foi, aussi couillon que cela puisse paraître, meilleur.

Il va sans dire, en tout cas lorsqu'on se souvient, sinon d'articles déjà fort anciens dans lesquels il parlait du fandom en termes moins que flatteurs, du moins de l'inévitable Jack Barron et l'éternité, des textes du recueil Other Americas, ou du Printemps Russe, que le portrait que donne Norman Spinrad de son alter-ego sauveur-de-l'humanité-par-la-S-F est gravé à l'acide. La satire est cruelle, la farce cosmique est souvent grinçante, surtout pour les fans de S-F, lesquels n'en méritent d'ailleurs peut-être pas autant (après tout, être gros et moche n'est tout de même pas un crime...) mais quiconque a mis les pieds dans une convention étatsunienne reconnaîtra qu'elle touche juste.

Autrement dit, que ces gens déguisés en montres de l'espace et qui passent leur temps à produire des fanzines, à batailler sur internet des vertus de tel ou tel ouvrage et à se biturer régulièrement dans des hôtels tout en prétendant être l'élite intellectuelle secrète de la planète ne sont rien moins que pathétiques... et pourtant... quiconque a vu exploser Tchernobyl, fondre les calottes glaciaires, brûler les forêts tropicales et se développer ordinateurs, biotechnologies et manipulations génétiques, se dit qu'après tout, ils ont peut-être bien compris quelque chose à la marche du monde...

Rien que pour cela — l'autodérision poussée à l'extrême — les aventures sexuelles de Dexter Lampkin dans une convention de S-F valent leur pesant d'or — la farce aussi tendre que mordante, le portrait sans pitié du genre et de ceux qui le font, il me semble qu'il aurait été logique et juste que Il est parmi nous soit traduit dans notre beau pays où, depuis Proust il n'est plus, paraît-il, de Vraie Littérature qui ne réfléchisse sur elle-même et sur les conditions de son existence et plus de Véritable Auteur qui ne trempe sa plume dans l'encrier sans fond de son nombril — en oubliant qu'une œuvre n'est pas le résultat de la rencontre d'un auteur avec lui-même, ou avec l'idée qu'il se fait de la Littérature, mais plutôt celle d'un écrivain avec le zeitgeist, l'esprit du temps, l’âme de l'époque — et on dira ce qu'on voudra, l’âme de notre époque, ce ne sont pas les états d’âmes d'Untel ou d'Unetelle, c'est la vache folle, internet, les génocides à répétition, les OGM et le clonage.

On objectera que les lecteurs — et c'est bien normal — aiment qu'on leur raconte ce qui se passe en coulisse, que ce soit celles du showbiz, de la télé ou de l'édition. Je ne dis pas le contraire. Mais ils ne peuvent être que reconnaissants lorsque, ce faisant, l'auteur ne prend pas la pose requise pour l'attribution de tel ou tel prix, mais a au contraire le courage non seulement de se moquer de lui-même, de ses fantasmes, de ses écrits, de sa vie même, mais aussi d'exposer pourquoi il fait ce qu'il fait, et continue à le faire, malgré tout...

Mais je m'égare, et je sens par dessus mon épaule le regard du Rédac'Chef qui se rappelle tout à coup que je lui avait promis un article sur Bleue comme une orange, qui parait ce mois-ci, et pas sur Il est parmi nous, qui n'a pas été publié...

J'y viens. Ou plutôt, j'y suis.

Bleue comme une orange ou la simulation à tous les étages

Bleue comme une orange, c'est pour ainsi dire le futur catastrophique prédit par Ralph le comique catastrophe de Il est parmi nous.

En effet, Ralph et son émission évoluent au cours du roman, lequel se transforme par là même en démonstration de ce qu'est la science-fiction et de la façon dont on l'écrit.

Ainsi que je l'ai déjà expliqué (mais je me permets de répéter pour ceux d'entre vous qui étaient occupés ailleurs), la S-F est une machine à fabriquer des simulations d'univers. Or, que fait l'énigmatique Ralph au cours de son émission ?

D'abord, il prédit la catastrophe totale, la biosphère détruite, et aucun espoir de revenir en arrière. L'émission lasse. Ralph passe alors à une vision plus lointaine, celle d'un futur radieux, où l'humanité, ayant traversé sa crise de croissance, a enfin rejoint la civilisation transgalactique dont rêve tout bon amateur de science-fiction. Il en vient même à discuter de mécanique quantique et d'avenirs virtuels avec un futur prix Nobel, mais c'est une autre histoire : l'important est que pour le lecteur, le roman constitue une sorte de démonstration par l'exemple de ce que fait la science-fiction : jongler avec des idées, envisager des possibles, imaginer des modèles plus ou moins probables de futurs et ce dans le but de distraire, certes, mais aussi — et peut-être surtout, du moins en ce qui concerne Dexter Lampkin — dans celui de mettre en garde et d'inspirer.

Dans Bleue comme une orange, le réchauffement climatique est tel que certains endroits du globe sont devenus des enfers surchauffés. Des villes côtières, comme la Nouvelle Orléans ou Venise, ont disparu, mais d'autres parties du monde, la Sibérie par exemple, sont devenus de nouveaux paradis. Quant à Paris, elle bénéficie d'un climat tel qu'il y pousse des palmiers et que des crocodiles pullulent dans la Seine... Politiquement, la situation est aussi partagée. D'un côté, les états n'ont pour ainsi dire plus aucune importance, remplacé qu'ils sont par la Grande Bleue, autrement dit, la grande nébuleuse des transnationales capitalistes pures et dures. De l'autre, on peut être citoyen et actionnaire de syndics qui, eux, ne sont pas des entreprises capitalistes...

Autrement dit, ce n'est pas le Grandiose Avenir, mais ce n'est pas non plus la Grande Catastrophe.

D'autant plus que les scientifiques s'occupent de la question du climat : la Grande Bleue produit des technologies qui permettent de palier plus ou moins les effets du réchauffement. Une fois par an, les Nations Unies se réunissent pour que soient présentés des programmes de modélisation destinés à prévoir les futures modification du climat. Certains prédisent d'ailleurs que l'effet de serre pourrait échapper à tout contrôle et conduire la planète à la Condition Vénus — c'est à dire un sauna surchauffé et inhabitable.

Mais pour une fois, la conférence ne va pas se dérouler dans un de ces malheureux pays grillés par le soleil où aucun journaliste n'a envie de se rendre pour parler de la possible fin du monde, mais à Paris, la belle tropicale. Encore mieux : ses sponsors de la Grande Bleue ont décidé de louer les services d'une entreprise de relations publiques. C'est donc pour Bread and Circuses qu'une jeune employée, Monique Calhoun, doit louer la Reine de la Seine, un super-bateau mouche « relooké » en bateau à aubes tels qu'on en vit autrefois sur le Mississippi. La Reine de la Seine est en apparence sous la direction du bel Eric Esterhazy, mais le jeune homme n'est là que comme couverture et employé des vrais propriétaires du bateau, les Mauvais Garçons, sortes de descendants anarcho-syndicalistes des mafias de notre époque — et à mon avis beaucoup trop gentils et romantiques pour être vrais... Le palace flottant est truffé de caméras et de micros, et sur ordre de leurs syndics respectifs, Monique et Eric s'engagent dans une danse de séduction/négociation typique des jeux de pouvoirs dans lesquels Norman Spinrad aime plonger ses personnages, jusqu'au moment où ils se rendent compte que la Grande Bleue est

littéralement prête à tout pour continuer à vendre de la technologie — le jeu de poker entre les parties en présence devenant encore plus compliqué — et encore plus amusant — lorsque arrivent les Marenkos, couple de Sibériens cousus d'or et qui ne reculent devant aucune excentricité...

Comme tout bon roman, Bleue comme une orange est plusieurs choses à la fois : une comédie, une farce politique et philosophique et même un roman d'apprentissage pour les deux protagonistes principaux, puisqu'ils doivent à la fin s'engager moralement et politiquement.

C'est déjà pas mal — surtout si on songe qu'il vaut mieux ne pas le lire dans le bus ou le métro, sauf si on se moque d'être vu en train de glousser de rire — mais c'est encore autre chose.

La question du disney

Bien qu'il soit central, le vrai sujet de Bleue comme une orange n'est pas le réchauffement climatique. Ce sont les moyens utilisés pour le comprendre et le contrôler, autrement dit, les modélisations.

En effet, tout le suspense est bâti sur le fait de savoir si on peut ou non écrire un programme qui modélisera le climat de façon fiable. Si les modèles qui prédisent la Condition Vénus ont raison, alors il faut faire en sorte de stopper l'effet de serre et peut-être, pour certains, comme les Sibériens, abandonner les bénéfices du réchauffement du climat. Autrement dit, de la même façon que, dans Il est parmi nous, Ralf finit par jongler avec les futurs possibles, les protagonistes de Bleue comme une orange réfléchissent et agissent par rapport à des projections, des simulations de futurs climatologiques plus ou moins probables. Autrement dit, ils se comportent comme des auteurs de science-fiction, dont le métier est d'extrapoler des simulations d'univers à partir des données qu'ils possèdent sur le présent. Bleue comme une orange est, comme Il est parmi nous, un vrai roman de S-F, bâti non pas sur de vieux clichés de vieille S-F, mais sur une observation caustique du monde d'aujourd'hui, une démonstration sur la façon dont ladite S-F fonctionne, et un univers qui exprime, mieux que tout ce que j'ai pu lire depuis longtemps, l'esprit de l'époque, l'âme du temps, bref, notre zeitgeist.

En fait, ce que fait Bleue comme une orange, c'est montrer à quel point notre société est devenue un univers de S-F. Pas parce que nous sommes allées sur la Lune, ou parce que nous avons internet et des fours à micro-ondes, mais parce que les simulations font partie de notre quotidien. Norman Spinrad appelle ce type de constructions des « disneys » (et si ça n'est pas une création linguistique qui frôle le génie, je me demande ce qu'il vous faut...).

Un « disney », c'est un faux, un environnement reconstitué, comme la Reine de la Seine est un faux bateau à aubes sur un faux Grand Canal (Venise étant engloutie, les gondoliers ont émigré...), ou comme le studio d'Eric Esterhazy est un faux paradis tropical, recréé à l'image d'atolls engloutis par les eaux...

Une esthétique est une philosophie ou une idéologie exprimée sur le mode plastique.

Nul n'a aussi bien compris cela que l'auteur de Rêve de Fer. Dans Bleue comme une orange, aucun décor n'est gratuit. Aucun objet, vêtement, meuble, menu de restaurant qui ne soit choisi avec minutie et avec un sens esthétique qui traduit bien mieux l'identité des forces en présence que de longs discours, et pour cause : tout comme Neuromancien, Bleue comme

une orange utilise le fait que la S-F soit une littérature dans laquelle les éléments constitutifs de l'univers décrit sont des signes pour décrypter le fonctionnement politico-esthétique du nôtre.

Sans dévoiler la fin du livre, on peut dire que la conclusion est que la réalité ne peut pas être enfermée dans des modèles — pas plus que notre environnement ne devrait être contrôlé par des transnationales productrices de disneys.

A moins que... les modélisations climatiques décrites dans Bleue comme une orange sont inutiles, mais le roman, lui, ne l'est pas.

L'homme du vingt et unième siècle sait désormais qu'il n'y a pas de modèle ultime, mais qu'il doit tout de même créer des paradigmes, des modèles, des simulations, des œuvres, car ce sont elles qui lui permettent de donner sens et forme à un univers qui, sans lui, n'est que Chaos.

Voilà, ou je me trompe fort, une réponse à ceux qui pourraient penser que les temps sont trop compliqués pour qu'on les observe et qu'on en tire une quelconque projection dans un quelconque futur. Les temps sont ce qu'ils sont : bourrés à craquer de nouveautés technoscientifiques dont on ne sait quelles conséquences précises elles vont avoir sur notre vie, et en apparence enfermés dans un cadre étroit qui ne laisse imaginer aucun changement profond et véritable. L'époque est une époque de transition, raison pour laquelle certains préfèrent y voir une fin — parce qu'ils sont incapables de voir les signes de quelconques débuts.

C'est exactement ce que dit Norman Spinrad dans Bleue comme une orange, et on ne saurait trouver meilleure lecture pour quiconque aime la vraie S-F : celle qui combine l'énergie d'une inventivité et d'un humour sans limites et l'intelligence et la sensibilité de la vraie littérature.

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