Asimov's, la SF et le reste - Rencontre avec Gardner Dozois

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Anthologiste, rédacteur-en-chef pendant vingt du magazine Asimov's mais aussi auteur : Gardner Dozois est décédé ce 27 mai à l'âge de 70 ans. Manière d'hommage à celui qui fut sans aucun doute l'un des grands passeurs de la SF anglo-saxonne, le Bélial' vous propose de (re)lire l'entretien que cet écrivain trop rare nous avait accordé en 2000 dans les pages du Bifrost 21. L'occasion de découvrir un homme humble et lucide.

Gardner, pourriez-vous commencer par vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis né en 1947 à Salem dans le Massachusetts. Mon grand-père paternel était venu du Québec pour travailler dans les minoteries de Manchester (New Hampshire). Mon père était lui aussi ouvrier, et il s’est toujours montré déçu que je ne le devienne pas moi-même. Au lieu de cela, j’ai laissé la SF « gâcher » ma vie !

Vous portez donc un nom français.

Dozois est un nom français, effectivement nous sommes d’origine franco-écossaise, du Québec, bien que j’aie des ancêtres irlandais et néerlandais du côté de ma mère. Dozois, un nom très peu répandu aux Etats-Unis, est plus courant au Québec. Il y a pas mal de Franco-canadiens dans le coin de Nouvelle Angleterre où j’ai grandi, nous y représentions le niveau le plus bas de l’échelle sociale. On y voyait peu de Noirs, et les Franco-canadiens étaient en quelque sorte les nègres de la Nouvelle­ Angleterre on les méprisait, on les surnommait les « Frogs » (grenouilles), ils récupéraient tous les boulots merdiques dont personne ne voulait, etc.

Mon grand-père paternel parlait le français mais aussi l’anglais, quoique avec un accent extrêmement prononcé qui s’est beaucoup atténué avec la génération suivante. Mon père n’a pas appris le français et, armé d’un magnétophone, il s’est acharné à éliminer les traces d’accent français qu’il lui restait de sa jeunesse : il avait de l’ambition, et cet accent, à cet endroit et à cette époque, aurait handicapé son ascension sociale. Non pas qu’elle ait été bien importante, mais il est quand même parvenu à quitter l’usine pour décrocher finalement un travail plus respectable de gérant de nuit dans un hôtel. Il n’y serait sans doute pas arrivé en gardant son accent français.

Plus tard, à l’Armée, j’ai moi-même fait de gros efforts pour me débarrasser de mon accent de la Nouvelle-Angleterre. Une tactique de survie, sans doute, vu que j’ai ensuite été affecté dans une unité où presque tout le monde venait du Middle West.

Être identifié comme originaire de la Nouvelle-Angleterre aurait pu poser problème ?

En fait, toute différence est un inconvénient à l’Armée. Étant déjà assez différent des autres comme ça, je n’avais pas besoin, en plus, d’un fort accent bizarre ! C’est le syndrome du singe vert : tirez un singe de sa cage et peignez-le en vert, les autres singes le tailleront en pièces à son retour dans la cage. J’avais donc, au sortir de l’Armée, gommé la quasi-totalité de mon accent de Nouvelle-Angleterre, bien qu’il ressurgisse parfois quand je suis très fatigué ou que j’ai passé quelques jours chez moi.

Ce qu’il faut retenir de tout ça, j’imagine, c’est que je suis originaire du milieu populaire et pauvre d’une sinistre petite ville industrielle de Nouvelle-Angleterre, ce qui est assez inhabituel pour un écrivain de S-F : la plupart de ceux que j’ai rencontrés sont au minimum issus des classes moyennes, et certains sont de familles relativement riches.

Je ne vois guère d’exceptions, à part moi-même, Howard Waldrop, George Martin et quelques autres.

Puisqu’elle provient du bas de l’échelle, ma façon de voir les choses est donc sans doute un peu différente. Je suis issu d’un milieu populaire, j’ai grandi dans une relative pauvreté, j’ai été passablement pauvre pendant la plus grande partie de ma vie d’adulte. J’imagine que cela donne une façon de voir les choses différente de celui ou celle qui vient du haut de l’échelle.

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Philip K. Dick racontait ainsi sa découverte de la S-F : « J’étais allé acheter Popular Science au drugstore. Il n’y en avait plus, mais j’ai vu un magazine appelé Stirring Science Fiction. Je me suis dit : eh merde, c’est presque le même titre. En tout cas, ça s’en rapproche d’avantage que Nurse Romance Stories. Alors je l’ai ramené à la maison pour le lire. » Et vous, comment l’avez-vous découverte ?

En fait, dans mon cas, le processus a pris plus de temps. Un de mes premiers livres de chevet a été Le Livre de la jungle de Kipling, ce qui m’a amené à lire d’autres livres animaliers pour enfants. Parallèlement, je lisais les collections « boy’s adventure » de l’époque, même si les je ne les trouvais déjà pas terribles (ce qui ne m’empêchait pas de les lire !). Avec ce genre de livres, j’essayais d’assouvir un appétit, mais peu à peu j’ai cessé d’en lire pour me tourner vers la SF qui semblait mieux convenir à ce besoin.

Avec le recul, je pense que je recherchais avant tout le point de vue de quelqu’un d’autre (ou de quelque chose d’autre), de quelqu’un dont la vie était tout à fait différente de la mienne, plutôt morne et misérable. Je cherchais à me mettre dans la peau d’un autre. La couleur locale, l’exotisme étaient donc très importants et, en fait, aujourd’hui encore je réagis plutôt bien à la SF ou à la fantasy qui fait la part belle à la « couleur locale » ou à l’exotisme. Par certains côtés, je suis sensible aux mêmes éléments en fiction historique qu’en SF, ce qui explique sans doute pourquoi on me vend facilement une histoire riche en détails historiques ou en cultures exotiques, ou située dans un référentiel spatio-temporel différent.

Il me semble que les premiers bouquins de SF que j’ai lus, du moins ceux dont je me souviens, qui m’ont fait plus forte impression que les précédents sur lesquels j’ai pu tomber, étaient les soi-disant « romans juvéniles » d’André Norton, à la bibliothèque de l’école. Je suis quand même rapidement passé aux « juvéniles » d’Heinlein, qui m’ont laissé une impression encore plus forte. Ce sont probablement eux qui m’ont rendu accro.

Un peu plus tard, alors que j’étais en train de lire ces juvéniles d’Heinlein, j’ai découvert les magazines de science-fiction, et là je suis vraiment devenu accro. Mon premier magazine a été Fantastic, dirigé à l’époque par Cele Goldsmith. Elle venait de convaincre Fritz Leiber de sortir de sa semi-retraite, et le magazine publiait toutes ses histoires du cycle des Epées, qui m’ont accroché aussi sec. À peu près au même moment, je suis tombé sur des anthologies comme Unknown par Don Benson et Sword and Sorcery par L. Sprague de Camp, qui proposaient le même genre d’histoires, dont d’ailleurs certaines appartenant au cycle des Epées. À l’exception d’Heinlein, j’ai donc commencé par être fan de fantasy, avant de devenir fan de SF.

Je pense que ce sont les histoires d’auteurs comme Zelazny – en plus d’Heinlein, bien sûr – qui m’ont petit à petit détourné de l’ heroic fantasy pour m’amener à la SF. À partir de là, j’ai commencé à lire tout ce que je trouvais.

Je me souviens avoir été très tôt impressionné par Alfred Bester, en particulier Terminus les étoiles, qui est aujourd’hui encore un des chefs-d’œuvre de la SF. Et aussi par Jack Vance et Fritz Leiber. J’ai été un peu plus tard un des premiers fans de Delany, et j’avais lu tous ses romans avant qu’on ait entendu parler de lui ou qu’on lui reconnaisse une quelconque importance. Même chose avec Ursula Le Guin.

Qu’est-ce qui vous a amené à l’écriture ? Ce désir de voir par les yeux d’un autre ?

Oui, probablement. J’ai toujours gribouillé des « histoires » dans des carnets. Au début des années 60, quand Ace s’est mis à rééditer tous les vieux romans d’Edgar Rice Burroughs, y compris les martiens, je suis devenu pendant un temps un inconditionnel de Burroughs et j’ai commencé à écrire, dans une série de bloc-notes bon marché, une interminable épopée qui ressemblait de façon fort suspecte aux Conquérants de Mars . Plus tard, j’ai fait pareil avec une histoire qui ressemblait de façon encore plus suspecte aux histoires du cycle des Epées de Fritz Leiber.

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Mais ce qui m’a amené à me consacrer plus sérieusement à cette activité a été la lecture intensive des magazines de science-fiction. Une ligne au bas de leurs placards administratifs précisait qu’ils n’étaient pas responsables des manuscrits non sollicités. Ce qui, quand on y pense, implique qu’ils acceptaient qu’on leur envoie des manuscrits non sollicités Jusqu’à cette révélation, il ne m’était jamais venu à l’esprit que je pourrais, moi, envoyer un manuscrit à un magazine, et qu’il y avait même une chance qu’il l’achète et le publie. (Ne me demandez pas d’où je croyais que provenaient les histoires – sans doute du verger d’une ferme à histoires.) Mais ensuite j’ai véritablement essayé d’écrire des histoires vendables aux magazines, ce qui signifiait qu’il fallait que je laisse tomber ces interminables épopées que j’étalais dans mes carnets pour consacrer mes efforts à une production suffisamment concise pour être soumise à un magazine.

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Vous débutez en 1966, dans If. Comment vend-on sa première nouvelle ?

En fait, j’avais déjà soumis plusieurs nouvelles aux magazines de Cele Goldsmith, mais sans jamais obtenir d’autre réponse que la lettre-type de refus. C’était en, voyons, 1963 ou 1964, par là. J’ai dû commencer à envoyer des trucs aux revues quand j’étais encore au lycée. J’ai fini par tenter ma chance auprès d’autres magazines, sans plus de succès d’ailleurs, mais peut-être à force d’essayer mes pitoyables tentatives sont-elles devenues un peu plus subtiles. En 1965, enfin, juste avant de quitter la maison pour partir à l’Armée, j’ai expédié une histoire à Fred Pohl à Worlds of if, et il m’a répondu par une lettre personnelle, dans laquelle il m’expliquait comment je pourrais améliorer mon texte et précisait qu’il serait disposé à le reconsidérer si je la retravaillais. Inutile de vous dire combien j’étais excité. J’ai réécrit l’histoire, je l’ai réexpédiée, et je suis parti peu après faire mes classes. Et c’est en fait pendant ces classes que ma mère m’a appelé pour m’informer qu’elle avait reçu une lettre disant que ma nouvelle avait été acceptée. J’ai donc eu deux minutes pour me réjouir d’avoir enfin vendu une de mes œuvres avant qu’un sergent instructeur ne vienne me botter le cul et me hurler des obscénités.

Quel était votre travail dans l’Armée ? Journaliste militaire, je crois  ?

J’étais effectivement journaliste militaire, même si ces deux mots, comme « justice militaire », constituent presque un oxymoron. J’ai fini responsable de rubrique du journal d’une division basée en Allemagne. On pourrait le comparer à un bulletin interne ou à un journal d’entreprise publi-informations, relations publiques, profil de « personnalités »… certainement pas du vrai journalisme.

Ce travail a-t-il influencé votre façon d’écrire, quand vous avez renoué avec l’écriture après l’Armée ?

Me trouver sous les drapeaux ne m’a pas empêché d’écrire, même si mon rythme en a été ralenti, comme on peut l’imaginer. J’ai quand même réussi à terminer plusieurs nouvelles et un roman, ce qui n’est pas mal. Mais j’ai eu beau insister auprès de Pohl pendant toute la durée de mon service, en lui soumettant quatre ou cinq textes, je ne lui ai jamais rien vendu d’autre. Je me suis rendu compte plus tard qu’il s’était mis au pied du mur à Worlds of if en se fixant comme politique d’accepter chaque mois une première œuvre d’un auteur jamais publié. Quand il n’avait rien de bon à se mettre sous la dent, il se contentait d’extraire de la pile des manuscrits non sollicités le moins atroce des textes qu’il pouvait y trouver. La pile devait être particulièrement mauvaise ce mois-là puisqu’il n’a pas réussi à y dénicher un texte moins atroce que ma nouvelle à moi. En tout cas, une fois réalisée cette « première vente » du mois, il n’a plus jamais touché à un de mes écrits.

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À votre retour d’Allemagne, vous apparaissez dans les anthologies originales de l’époque, avec des nouvelles comme «A Special Kind of Morning » et « Chains of the Sea » [1] Vous… fuyiez les magazines ?

En fait, à un moment de mon affectation en Allemagne, la sophistication de mes textes a connu un saut quantique. J’ai peut-être mûri un tout petit peu. En tout cas mes textes ont commencé à gagner en maturité et j’ai laissé tomber les espions interstellaires aux pouvoirs surhumains. Vous me demandiez si l’Armée a eu une influence sur mon écriture : eh bien oui, mais travailler dans un journal (même si cela a été une bonne formation pour sortir un numéro dans les temps) a moins joué que ma vie à l’Armée elle-même.

Il y a eu un moment, vers l 968, où je suis devenu bien plus radical que je ne l’étais jusqu’alors, et je me suis mis à vraiment détester l’Armée. En fait, plusieurs de mes premières nouvelles publiées, comme «  A Dream at noonday », sont écrites d’un point de vue très anti-militariste. C’est à mon avis là que se situe l’influence de mon service militaire sur mon écriture.

Vous me demandez pourquoi j’ai évité les revues pour leur préférer des anthologies périodiques, mais ça ne s’est pas passé comme ça. En réalité, pendant toute cette période, il m’a été impossible de vendre la moindre histoire aux magazines. Ils refusaient toutes les nouvelles que je leur soumettais. Ils les trouvaient trop bizarres, trop radicales, trop décalées, trop pessimistes, trop déprimantes, etc. Seules les séries d’anthologies comme les Orbit de Damon Knight ou les New Dimensions de Robert Silverberg acceptaient de toucher à ce genre d’histoires si je vendais aux anthologies, c’est parce qu’elles étaient les seules à acheter ma production. Je n’ai réussi à vendre aux magazines que dans les années 80, quand le marché s’est montré moins strict sur le type de matériau qu’il acceptait, surtout du fait de l’arrivée de rédacteurs en chef comme Shawna McCarthy ou Ellen Datlow. Mais avant, à une exception près – une vente à Ted White pour Amazing –, je n’ai pas eu la chance d’être publié en revue.

Après avoir publié un certain nombre de nouvelles et vos deux romans durant les années 70, vous êtes devenu un anthologiste prolifique, et vous dirigez avec beaucoup de succès la revue Asimov’s depuis une quinzaine d’années. S’agit-il d’un choix de carrière ?

J’ai petit à petit glissé vers l’édition parce que je ne gagnais pas ma vie avec l’écriture. Je n’ai jamais été très prolifique, et il est difficile de joindre les deux bouts en n’écrivant qu’une nouvelle de temps en temps. À l’époque où j’étais un jeune écrivain qui mourait de faim à New York, vers la fin 1969 et en 1970, quelques uns des contacts que J’avais noués en vendant des nouvelles m’ont permis d’obtenir un boulot à temps partiel — lecteur des manuscrits non sollicités pour le compte de divers éditeurs — que j’ai assuré de façon irrégulière pendant un certain nombre d’années pour compléter mes revenus. Cela m’a très vite amené à collaborer à Asimov’s, ce qui est sans doute l’origine de toute ma carrière éditoriale. Étant au bon endroit au bon moment, connaissant quelques-unes des personnes qu’il fallait, et ayant une réputation (certes passagère) de « Jeune Auteur À Suivre », j’ai pu placer mon premier livre en 1970, une anthologie de reprises appelée A Day in the life . C’est quasiment du jamais vu, qu’une anthologie soit le premier bouquin d’un écrivain inconnu, mais c’était une époque expérimentale pour la SF : personne ne savait vraiment ce qui se faisait et ce qui ne se faisait pas. Cela m’a finalement permis, quelques années plus tard, de vendre d’autres anthologies.

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Les anthologies originales étaient un véritable espace de liberté, à l’époque.

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Effectivement, les anthologies étaient bien plus ouvertes aux œuvres« expérimentales » que les magazines. Je crois que la plupart de mes œuvres des années 1970 n’auraient jamais été publiées sans des anthologies comme Orbit ou New Dimensions. Les revues se montraient bien plus conservatrices, attitude qui a duré jusqu’au début des années 1980. J’ai écrit, en collaboration avec Michael Swanwick, « Snow job » [2], une petite farce au ton léger à propos de dealers de cocaïne qui voyagent dans le temps. Rien de très sérieux ni de vraiment radical. Mais le simple fait de mettre en scène des dealers de coke a suffi à la rendre intouchable pour les magazines, qui l’ont tous refusée comme « dangereuse », même si bien entendu elle n’était pas dangereuse du tout. Nous avons bien été obligés, finalement, de la placer dans le magazine High Times [3] , où elle est parue dans un numéro comportant un encart dépliant – du style de celui des revues érotiques – qui renfermait un plant de marijuana. Personne d’autre n’en avait voulu. La situation aurait été différente quelques années plus tard, après l’arrivée de jeunes éditeurs comme Ellen Datlow et Shawna McCarthy qui, contrairement à leurs prédécesseurs, n’avaient pas peur de ces trucs « tabous ». Quand les magazines se sont un peu ouverts, Shawna McCarthy a republié cette nouvelle dans Asimov’s. Et puis bien sûr, je suis moi-même devenu ensuite rédacteur en chef d’un magazine, et, en vétéran marqué par les combats de la New Wave, j’ai contribué à accentuer l’ouverture.

Le premier des deux romans que vous avez publié a été écrit en collaboration avec un jeune écrivain de votre « génération », George Alec Effinger.

En fait, la première version de Nightmare blue – qui s’appelait alors Danegeld —a été écrite pendant mon service militaire en Allemagne, dans le courant de l’année 1968. C’était un roman complet à l’état de brouillon, mais, même si je ne savais pas faire mieux à l’époque (je m’étais appliqué), il n’était pas terrible, comme je m’en suis aperçu par la suite. Puis, quelques années plus tard, durant ma période de vaches maigres à New York, j’ai fait la connaissance de George Alec Effinger, qui était dans la même situation que moi. Nous avions tous deux rencontré David Hartwell, un jeune éditeur ambitieux qui tentait de mettre en place une collection chez Berkley/Putnam. Nous savions qu’il cherchait à publier des « Jeunes Auteurs À Suivre » et il nous avait plus ou moins laissé entendre, à chacun, qu’il serait intéressé par quelque chose de nous. Nous étions alors très pauvres et il nous fallait de l’argent, aussi étions-nous bien décidés à lui vendre quelque chose. Par hasard, j’ai dit à George que j’avais déjà un manuscrit de roman complet, mais qu’il n’était vraiment pas assez bon pour être publié. Il m’a offert d’y jeter un œil, a décidé qu’il pouvait le réécrire et le perfectionner, et a alors lui-même produit un premier jet. Nous l’avons envoyé à Hartwell, qui l’a aimé tout en demandant des retouches assez substantielles, que j’ai effectuées moi-même au cours d’une semaine pendant laquelle David m’a permis de loger dans une des chambres de la résidence universitaire de New York qu’il gérait alors comme « job de jour ». Voilà comment Nightmare blue a pu être publié. La partie SF/détective privé y existait depuis le début, puisque c’est moi qui l’y avais introduite, mais tout le matériel pré-post­moderne à la Raymond Chandler a été ajouté par George dans son premier jet perfectionné. Quasiment tous les extraterrestres sont de moi. George a rajouté ensuite les séquences avec la machine à rêves, « Dark Lightning » Il y a aussi développé ce côté hommage, commentaire ironique à Chandler.

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Nightmare blue se passe dans une Allemagne en partie occupée par des aliens venus vendre une drogue mortelle. Vous étiez vous-même en Allemagne, dans l’Armée. Peut-on voir des éléments autobiographiques dans ce roman ?

Eh bien, je n’ai jamais beaucoup touché aux drogues. Quand je veux absorber une substance psychotrope, mon choix se porte depuis toujours sur l’alcool. Mais j’ai connu là-bas des accros à l’héroïne, pour la plupart des civils et des « artistes ». C’est donc peut-être l’origine de l’élément « drogue  ». Une grande partie du roman peut être considérée comme autobiographique en ce sens que la plupart des lieux que j’y décris faisaient partie de mon environnement au moment du premier jet du roman, ils m’étaient familiers.

Aurais-je alors habité dans un autre pays que j’y aurais sans doute situé le roman. Mais de fait je me suis basé sur la région d’Allemagne où je vivais.

L’analogie entre les Aensalords et l’Armée était probablement déjà là, en arrière-plan, mais je n’en étais pas tout à fait conscient. Oui, je m’en étais rendu compte, mais ce n’était pas vraiment ce qui m’intéressait dans ce livre.

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Le personnage principal de L’Étrangère réside dans une enclave sur une autre planète et se trouve confronté à une culture qu’il ne comprend pas, même s’il croit le contraire.

Oui, c’est un élément fort et délibérément prévu dans L’Étrangère, et probablement une réutilisation pas très subtile de ma propre expérience de la vie dans une enclave américaine au sein d’un pays étranger. Je me suis certainement inspiré de mon séjour derrière les portes d’une base militaire, où c’était l’Amérique d’un côté et un monde complètement étranger de l’autre, avec très peu de contact ou de compréhension mutuels, que ce soit d’un côté ou de l’autre des portes.

Mais quand j’ai démarré L’Étrangère, j’étais déjà meilleur écrivain, et j’ai donc traité les éléments « autobiographiques » avec un peu plus de subtilité et d’astuce que dans Nightmare blue, où je m’étais surtout contenté d’utiliser ma propre expérience pour introduire une « couleur locale » intéressante, sans me soucier vraiment du contenu de cette expérience.

L’Étrangère a vu le jour en tant que novella écrite pour le New Dimensions IV de Robert Silverberg, et a été sous cette forme finaliste du Nebula et du Hugo. Une fois cette novella terminée et vendue, je me suis aperçu en la relisant qu’il suffisait, pour en faire un roman, de passer un peu plus de temps sur certaines parties de l’intrigue que j’avais survolées dans la version novella. Ce n’est donc pas une novella que j’ai étendue en roman, mais plutôt un roman que j’avais au départ condensé en novella, et il suffisait de décompresser les parties qu’il avait fallu compresser dans la version courte, de leur donner un peu plus d’espace pour respirer.

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Vous continuez d’écrire de rares nouvelles, mais peut-on espérer un nouveau roman ?

Au fil des années, je suis arrivé à la conclusion que je n’étais probablement pas un romancier par nature. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde : mon ami Jack Dann, par exemple, pense facilement et sans se forcer en termes de romans et de projets à grande échelle. Moi, non. J’ai plutôt un tempérament de nouvelliste, ce qui me dessert sur la longueur d’un roman. Déjà, j’aime tout comprimer pour obtenir une texture très dense  ; je suis bien plus du style à comprimer un roman de 400 pages en 20 qu’à étendre une nouvelle de 20 pages en un roman de 400. Ensuite, j’utilise en général dans mes fictions un style descriptif très serré, très proche de l’action, très détaillé : « Il ouvrit le robinet, laissa couler l’eau jusqu’à ce qu’elle fût bien froide, remplit son verre. Un cafard courut sur le robinet », etc. Et cela ne marche pas sur la longueur d’un roman, où il faut varier le ton et le rythme et parfois passer rapidement sur de longues périodes de temps. De plus, je fonde la plupart de mes effets sur des fausses pistes et des ellipses, et ça non plus, ça ne fonctionne pas bien sur tout un roman.

Je ne suis même pas sûr de comprendre la forme romanesque. Plusieurs critiques ont attaqué L’Étrangère, en lui reprochant l’absence d’intrigues secondaires. J’étais abasourdi. Qu’est-ce que c’était que cette histoire d’intrigues secondaires ? Du coup j’ai relu le texte du début à la fin sans m’arrêter, mais je n’étais pas plus avancé  : je ne voyais vraiment pas comment j’aurais pu y introduire une intrigue secondaire, ni même pourquoi j’en aurais voulu une.

Vous parliez de Jack Dann à l’instant, ce qui me permet de mentionner l’importance de votre œuvre en collaboration : avec lui, avec Michael Swanwick, Jack Haldeman, Susan Casper, et j’en oublie. Vous retirez une satisfaction particulière de ce type de travail ?

Eh bien, il m’a toujours semblé que ce genre de collaborations n’a d’intérêt que si elles débouchent sur une histoire qu’aucun des deux n’aurait écrite ou n’aurait même été capable d’écrire seul. Je crois que la plupart de mes collaborations sont dans ce cas. Sans la présence du collaborateur qui apporte ses compétences particulières dans le cocktail, vous n’auriez pas pu écrire l’histoire. Dans un monde idéal, vous joignez vos forces pour produire une œuvre qui aurait été hors de portée des deux auteurs travaillant isolément. (Bien sûr, dans le monde réel, certains collaborateurs unissent leurs faiblesses plutôt que leurs forces, mais bon, c’est comme ça !).

Dans mon propre cas, les collaborations sont en général soit des nouvelles que j’avais commencées, mais où j’allais probablement (si ce n’était déjà fait) me retrouver coincé parce qu’il fallait, pour finir l’histoire, des compétences ou un savoir-faire que je n’avais pas ; soit des histoires que d’autres avaient commencé et qu’ils ne parvenaient pas à terminer seuls par manque d’un savoir-faire ou de compétences que je pouvais apporter.

Il peut arriver aussi, comme pour « Snow job », qu’un des deux voie où l’histoire pourrait aboutir alors que cela échappe à l’autre. Je ne crois pas que Michael aurait eu l’idée d’utiliser une police temporelle comme cadre global, mais, par contre, j’aurais été incapable d’écrire une aussi bonne scène d’arnaque au deal de coke, ou d’imaginer bâtir une histoire là-dessus. Conclusion, l’un de nous avait le cœur de l’histoire, l’autre ce qu’il fallait pour lui faire prendre chair et la compléter, et tout a bien fonctionné une fois réuni.

Vous avez aussi écrit un certain nombre de préfaces, d’articles, d’études…

J’ai écrit à l’occasion plusieurs textes critiques de ce genre, oui, en général sur commande spécifique. David Hartwell souhaitait une rétrospective critique de l’œuvre de Tiptree pour la réédition de Ten thousand light-years from home. Il m’a demandé de m’en charger, alors je me suis exécuté. Auparavant, j’avais écrit une rétrospective critique sur Damon Knight,

également sur demande. Sortant d’un milieu populaire et n’ayant ni formation particulière, ni bagage universitaire, j’ai toujours l’impression qu’on pourrait trouver plus approprié que moi pour ça, mais comme personne n’en écrit, c’est sur moi que ça retombe. Je ne crois pas qu’il y ait eu à ce jour d’autre rétrospective critique de l’œuvre de Knight, et Tiptree ne s’en est vue consacrer que trois ou quatre. En général, les études universitaires fondamentales sur la science-fiction, les trucs dont vous vous dites « Quelqu’un a sûrement déjà écrit sur ce sujet », n’ont tout simplement pas été effectuées. Voilà pourquoi il faut bien que je m’y mette, vu qu’il n’y a rien de mieux.

Ces universitaires devraient se bouger un peu le cul et se mettre au boulot  ! Cela permettrait au genre d’éviter de se contenter de mes analyses ! Vous voyez ce que je veux dire : avons-nous vraiment besoin d’une énième analyse de Stanislas Lem alors qu’aucune étude critique un tant soit peu sérieuse n’a jamais été publiée sur James Tiptree, Damon Knight, Alfred Bester ou Fritz Leiber ?

Vous venez de publier plusieurs anthologies rétrospectives, notamment de SF d’aventures. Vous y adoptez des positions très militantes. La SF est-elle en train de se couper de son passé, comme vous le déplorez ?

À mon avis, oui, jusqu’à un certain point. Il y a en SF une mémoire historique très limitée, en ce moment. Quand j’étais écrivain débutant, je connaissais l’histoire du genre, et la plupart des œuvres majeures des principaux écrivains des deux générations précédentes m’étaient relativement familières, voire plus. Mais c’est une situation qui se fait rare de nos jours : il m’arrive de rencontrer des jeunes écrivains ou aspirants-écrivains, des gens qui se considèrent comme des lecteurs de SF assidus, des fans de SF, qui n’ont jamais entendu parler de Cordwainer Smith, de Clifford Simak, de Fritz Leiber ou d’Alfred Bester ! Voire même beaucoup qui n’ont jamais entendu parler d’écrivains encore disponibles en librairie, comme Jack Vance ou Poul Anderson. Et qui ne connaissent absolument rien du passé du genre en tant que tel. La plupart des jeunes lecteurs actuels n’ont jamais entendu parler de la bataille « New Wave » de la fin des années 60, ils n’ont même pas conscience qu’un tel événement a eu lieu. Beaucoup d’entre eux n’ont pas entendu parler de la « révolution cyberpunk », même si c’est un chapitre bien plus récent de l’histoire du genre. En gros, si dans les cinq ou six dernières années vous n’avez pas été fortement présent sur le marché de masse des livres de poche dans les grandes chaînes de librairies comme Barnes & Noble ou B. Dalton, personne ne vous connaît.

Dans une certaine mesure, j’en attribue la responsabilité aux cours de SF enseignés dans de nombreuses facultés, même si les chaînes de librairies sont également un facteur important. On dirait que ces cours disposent presque tous d’une liste d’ « Écrivains agréés », des auteurs qu’on peut enseigner, comme Philip K. Dick, Stanislas Lem, H.G Wells, Ursula Le Guin, etc ; mais qu’ils ne couvrent que très peu d’auteurs ne figurant pas sur cette liste. J’ai même discuté avec un professeur qui enseignait la SF mais n’avait lui-même jamais entendu parler de Jack Vance, de Poul Anderson ou de Fritz Leiber. Il n’avait pas la moindre idée de qui ils étaient ! Certains font du bon travail et connaissent l’histoire du genre, comme John Kessel, par exemple, mais j’ai bien peur que la plupart ne connaissent pas vraiment le sujet qu’ils enseignent. Espérons que ce n’est pas le cas dans d’autres domaines que la SF ; sinon il y a de quoi se sentir nerveux chaque fois qu’on emprunte un pont neuf.

Une autre des raisons pour lesquelles je me suis mis à publier ce genre d’anthologies rétrospectives, et c’est peut-être l’origine de leur point de vue, est que j’ai passé au cours des dernières années pas mal de temps en diverses discussions en ligne, et les jeunes lecteurs s’y plaignent tout le temps qu’il n’y a plus d’aventures ou de sense of wonder dans la SF, qu’il faut pour retrouver cela se tourner vers des livres liés à la SF en images, genre Star Trek ou Star Wars, que la science-fiction elle-même est ennuyeuse, guindée, prétentieuse, qu’elle manque d’action. J’ai donc voulu leur montrer qu’il existait toujours une science-fiction à même de leur donner le frisson de l’aventure et du sense of wonder sur grand écran, qu’il était inutile de se rabattre sur les romans Star Trek pour trouver de la SF palpitante et agréable.

Pouvez-nous parler de la situation des revues de SF aux États-Unis ? Les disparitions se succèdent, les ventes baissent régulièrement…

Le marché des magazines est un peu instable en ce moment. On dit souvent que cela vient de la place centrale qu’occupe désormais le roman dans le genre, et de la désaffection pour la forme courte, ou même du fait que les gens ont complètement perdu l’habitude de lire des fictions courtes. Je crois que c’est effectivement un des facteurs. Mais d’un autre côté, les principales raisons des problèmes des revues se situent pour beaucoup en coulisses, là où le grand public peut difficilement en prendre conscience. Ces dernières années, le réseau de distribution interne des États-Unis, chargé de la diffusion de quasiment tous les périodiques, a été pris dans une tourmente : des gros diffuseurs ont absorbé de plus petits, ce qui fait que là où vous aviez, disons, cinquante diffuseurs pour les revues, il ne vous en reste désormais plus que quatre ou cinq. Ce qui a nui à tous les magazines, quels qu’ils soient. Ceux de fiction, bénéficiant au départ d’une marge de manœuvre inférieure, en ont sans doute encore plus souffert. Se retrouver dans les kiosques est bien plus difficile de nos jours qu’il y a cinq ans, sans parler de dix. Et sans présence en kiosques, comment séduire de nouveaux abonnés, les gens qui y découvrent votre revue et qui se disent : « Hé, ça a l’air bien, ça » ?

Il faut garder aussi à l’esprit que ces magazines sont publiés de façon quasi confidentielle. La plupart des revues de S-F (voire même des revues de fiction en général) n’ont aucun budget de publicité ou de promotion. Aucun. Vous en voyez beaucoup sur le marché, des produits qui se vendent uniquement par le bouche-à-oreille, sans publicité d’aucune sorte ? C’en est même à se demander comment ces revues ne se vendent pas moins.

Le fait est que la plupart des gens n’ont pas la moindre idée que ces magazines existent, et ils sont encore moins nombreux à en avoir vu un en vente un jour. Idem pour la plupart des lecteurs de SF. Ça paraît étonnant, mais c’est même le cas d’un grand nombre des fans de SF qui se rendent aux conventions. Quand les gens me demandent ce que je fais dans la vie et que je réponds que je dirige Asimov’s, il n’y en a qu’un sur mille qui a entendu parler du magazine, et celui-là n’en a jamais vu un exemplaire disponible à la vente.

Voilà donc un des principaux problèmes auquel doivent actuellement faire face les magazines : comment contourner cet anonymat et se rendre plus visible pour le consommateur, malgré cette difficulté croissante à se retrouver de manière durable sur les présentoirs et faute de moyens à investir en promotion ? Je crois que si davantage de gens avaient conscience de notre existence, un certain pourcentage nous donnerait une chance de leur plaire, et nous plairions à une bonne proportion de ce pourcentage. Mais c’est difficile de faire passer cette idée alors même que la majorité des fans de S-F n’a que vaguement conscience qu’il existe des magazines. Une des rares solutions que j’entrevois est l’utilisation du média électronique, Internet, les ordinateurs de poche et ainsi de suite, pour tenter d’atteindre un nouveau public, qui n’aurait jamais entendu parler de nous sans ça. Il est trop tôt pour savoir si ça va marcher. Mais c’est sans doute la seule chance de survie des revues.

Je reviens à la situation des lecteurs américains, coupés du passé du genre. C’est difficile à concevoir pour un lecteur français, qui n’aura guère de mal à trouver toute la production, ou presque, d’écrivains comme Simak, Vance, Bradbury, Leiber ou Clarke.

Bon, bien sûr, il y a eu ici un concours de circonstances complètement différent, surtout durant ces dernières années. Depuis les années 1980, presque tout s’est retrouvé épuisé, et n’a pas été réédité.

Voilà ce que donne la politique de rendement immédiat des groupes d’édition et de la montée en puissance des chaînes de librairies. À l’époque, quand un livre vous avait plu, vous pouviez aller à la librairie acheter tous les autres livres de cet auteur, et si vous ne les trouviez pas en librairie, vous aviez toujours la possibilité de les commander par correspondance grâce au catalogue au dos de votre exemplaire. Mais, bien entendu, la vente par correspondance a elle aussi disparu dans les années 80.

Donc, impossible de nos jours de trouver dans les librairies la moindre autre œuvre de cet auteur dont vous avez aimé le livre. Cela va peut-être changer, avec l’avènement des systèmes d’impressions à la demande et de vente sur Internet de livres électroniques. Si ces systèmes se mettent en place pour de bon, plus rien ne sera jamais vraiment épuisé. Dans l’idéal, si le livre est disponible dans ce système, vous allez à la librairie commander un exemplaire de ce titre précis, et on vous l’imprime sur place en quelques minutes. Ce qui permet de n’imprimer que ce que vous vendez vraiment. Et qui met définitivement fin à la notion de tirage.

De grands changements se profilent sans aucun doute à l’horizon dans l’industrie de l’édition. Je crois que tout ça va complètement changer en l’espace de dix ans, pour le meilleur ou pour le pire. Et bien sûr, si on combine les nouvelles et les bouquins disponibles via Internet sous forme électronique avec les systèmes d’impression à la demande… on finira par pouvoir télécharger dans son ordinateur familial des romans depuis Internet et se fabriquer l’objet sur place avec l’appareil adéquat.

Cette technologie pourrait donc changer l’industrie du livre comme les MP3 et les graveurs de CD sont en train de le faire pour l’industrie du disque…

Exactement. Pour voir ce qui va se passer dans l’édition, jetez un œil sur ce qui se passe en ce moment avec le MP3. Voilà le futur.

Nightmare Blue sera publié en France l’an prochain [4]. Un dernier mot à l’intention de ses futurs lecteurs ?

Eh bien, je suis ravi qu’on offre à mes romans la possibilité de toucher un nouveau public. Je ne parviens pas à les faire rééditer en anglais depuis plus de vingt ans – ce projet n’a soulevé aucun intérêt –, ça me fait donc plaisir de les voir trouver de nouveaux lecteurs à un endroit ou à un autre. J’espère qu’ils leur plairont.

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Propos recueillis, au gré de deux conversations électroniques les 28 mars et 23 juillet 2000 et mis en forme par Pierre-Paul Durastanti.
Traduction : Gilles Goullet.
Interview parue dans le numéro 21 de Bifrost.

 


 

 

 

[1] À paraître au Bélial’ sous le titre Le Fini des mers (NdE).

[2] En français « Temps de neige », paru in Bifrost n° 19 (NdT).

[3] Magazine « contre-culturel » américain consacré aux drogues douces (NdT).

[4] Roman paru en 2003 chez Denoël « Lunes d’encre » sous le titre Poison bleu (NdE).

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