« Semaine pour l’essentiel cymbalienne, tomtomesque, agnelesque et fraisienne. Ce n’était pas arrivé depuis bien longtemps et nous en sommes tout patachonnés du rétibule ! »
« Semaine pour l’essentiel cymbalienne, tomtomesque, agnelesque et fraisienne. Ce n’était pas arrivé depuis bien longtemps et nous en sommes tout patachonnés du rétibule ! »
Matinée consacrée à finir de tapisser l’une des chambres du premier étage. Il y a toujours trois agneaux dans le parc. Plusieurs autres mémères brebis ont l’air bien grosses : on attend semble-t-il d’autres naissances.
Dès que je sors pour aller faire du bois, un rouge-gorge vient se poser tout près et m’observe. Il a vite repéré l’endroit où nous déposons les miettes de pain.
J’ai trouvé l’énergie de nettoyer le bac à plantation, devant la fenêtre de L’Atelier. C’est bien, je t’en félicite, mon bon Francis ! Par contre, je n’ai pas encore sorti les éléments de batterie de leurs housses.
Journée repos – ou peu s’en faut. Nettoyage des fûts de la batterie, qui avaient été emballés dans leurs housses de transports en mars dernier, en prévision d’un déménagement qui, mois après mois, n’a cessé d’être repoussé. Mais aujourd’hui, nous y sommes. J’avais rapidement empaqueté fûts, cymbales et accessoires (pieds, supports, etc.) et prend donc seulement maintenant le temps de tout remettre en état – il y a toujours des machins à resserrer, des trucs à lubrifier, des choses à nettoyer… c’est comme ça.
Mon set de base – grosse caisse, caisse claire, deux toms sur la grosse caisse et un tom basse sur pieds, avec une pédale charley et trois cymbales sur pieds – consiste en un matériel antédiluvien, ne portant, en ce qui concerne les fûts, aucune marque de fabrique. Curieusement, la grosse caisse et les toms ne sont pas équipés de peaux de résonance – elles n’ont pas été démontées, car il n’y a aucune marque d’anciennes coquilles sur les fûts, simplement il n’y en a jamais eu. Du coup, faute du cercle extérieur qui fait également office de renfort, la grosse caisse a pas mal travaillé et n’est plus tout à fait circulaire. Ça fait son petit effet !
Cette très vieille batterie m’a été donnée il y sept ou huit ans par un ami d’enfance, membre du premier groupe que nous avions monté ensemble, avec son frère et un voisin. L’ami a eu au cours de sa vie de musicien plusieurs batteries dont du haut de gamme, et ce vieux set, récupéré personne ne sait plus où, traînait dans un coin de son garage, inutilisé de longue date. Les fûts ont été équipés de peaux Remo – sans doute ce qu’il y a de mieux ; la caisse claire a une Coated Ambassador blanche en peau de frappe, les autres fûts sont montés avec des Pinstripe transparentes avec un cercle noir près du cercle. Dire que ça sonne est peu dire ! Tout est soigneusement réglé et accordé : la caisse claire en D# (156 Hz), les toms en G (98 Hz) et B (123 Hz). Je crois me souvenir que le tom basse était également en D# mais je l’ai réaccordé en le baissant en C à 65Hz, afin de le caler sur le bourdon de la vielle à roue de ma compagne, à l’occasion d’un duo vielle/percussions que nous avons expérimenté l’an dernier. En fait, il est trop bas, la peau n’est plus assez tendue et le son a tendance à flotter.
En réalité, les caractéristiques physiques de chaque fût (largeur, profondeur, nombre de plis, épaisseur et densité du bois) et de chaque peau (épaisseur, nombre de plis, densité) déterminent une bande de fréquences relativement étroite, dans laquelle « Ça sonne ». Plus haut, le son est sec et fermé ; plus bas, il est mou et sans dynamique, flou et trop résonnant. C’est ce qui explique que l’immense majorité des batteurs n’accordent pas leur batterie selon des notes précises – qui plus est, on a affaire plutôt à des émissions spectrales que purement tonales, avec des tas d’harmoniques plus ou moins parasites, et il y a par ailleurs deux peaux à accorder, celle de frappe et celle de résonance, et dès que l’on touche à l’une on influence le rendu de l’autre ; globalement, accorder une batterie est assez fastidieux et réellement difficile, et ce pour un rendu sonore pas toujours évident. De fait, tout le monde ou presque se moque donc qu’une batterie soit accordée ou pas – du moment qu’elle sonne.
Incidemment, ce constat nous encourage dans notre opinion que la plupart des batteurs sont davantage des bourrins que des musiciens ! Et cela nous renvoie à l’anecdote bien connue du chanteur expliquant que, dans son groupe, il y avait trois musiciens et un batteur…
Dans la mesure où je ne joue jamais de la batterie sur scène – ou alors vraiment très occasionnellement, il y a bien longtemps, et ce n’était pas sur la mienne – je n’ai pas besoin de posséder un instrument puissant qui sonne comme une batterie de canons, avec un gros son portant haut et fort, bien musclé en harmoniques et qui vous triture les boyaux. Je ne me sers d’une batterie que dans le cadre de mes enregistrements en home-studio. Je souhaite donc un son aussi précis que possible, sans réverbération ni résonnance, susceptible d’être facilement capté avec un bon micro – puis travaillé à ma convenance, via un rack d’effets. Et si je souhaite une rythmique un peu complexe – et techniquement au-delà de mes compétences instrumentales – je l’enregistre piste à piste et passe le temps qu’il faut pour reconstituer l’ensemble au mixage.
Un jour que je parlais avec un batteur professionnel de ces histoires d’accordage – qu’il jugeait sans intérêt ni réel bien-fondé – il me fit remarquer qu’il ne pouvait tout de même pas changer l’accordage de ses fûts au milieu d’un concert, en fonction de la tonalité des morceaux ! En concert, non, bien sûr. Mais en studio, qu’est-ce qui l’empêche ?
Une modification d’accordage restant, malgré tout, une opération longue et délicate, la parade – en studio mais pourquoi pas également sur scène ? – est de posséder/déployer une armada de toms sur pieds et de toms basses, judicieusement positionnés/espacés sur deux octaves, avec accords à la tierce, à la quarte, à la quinte… et de composer le set dont on a besoin pour chaque morceau. Et comme nous le verrons dans un prochain article, ce n’est en rien un problème financier insurmontable – si on n’est pas trop snob bien sûr…
Hier je vous ai parlé de mon set de batterie de base, aujourd’hui je vous parlerai du set de cymbales qui m’a été donné en même temps que le reste de la batterie. Il s’agit, pour l’essentiel, d’une série Kashian Pro datant sans doute des années soixante-dix. Le fabricant est UFIP – pour Unione Fabbricanti Italiani Piatti, une société coopérative établie à Pistoia, en Toscane, dans le nord de l’Italie, fondée en 1931 par quatre fabricants de cymbales dans le but de mettre un terme à la concurrence qui régnait entre eux. Dans les années soixante, UFIP invente un procédé de fabrication révolutionnaire : le rotocasting. Du bronze liquide est injecté dans un moule circulaire qui tourne à un millier de tours par minute. Les cymbales sont ainsi moulées par effet centrifuge, la technique limitant considérablement les micros poches d’air qui risque de se former au cœur du métal, ce qui assure un rendu sonore beaucoup plus précis. UFIP fabrique des sets de cymbales sous diverses désignations, chacune étant dédiée à une ou plusieurs marques de batteries : la gamme Zinjian est ainsi commissionnée par Pearl, Ludwig et Premier, Pasha est utilisée par Rogers et Ajaha par Gretsch, enfin Kashian est destinée aux sets de batteries de la marque Slingerland. Les noms à consonance turque sont là pour rappeler que la Turquie est, historiquement parlant, la patrie d’origine des cymbales – ainsi c’est au dix-septième siècle qu’a été établie Zildjian, l’une des marques principales parmi les plus connues, toujours en existence.
Slingerland, puisque nous en parlons, a été créée en 1912, à Kalamazoo, Michigan. Pour la petite histoire, Slingerland est le fabricant de la toute première guitare électrique à caisse plate, déclinée en deux modèles, « hawaïen » et « espagnol », à la fin des années 1930. A la même époque, la société se lance dans la fabrication de sets de batterie, ce pour quoi elle est essentiellement connue – et très réputée aux Etats-Unis, dans le milieu des batteurs de jazz. Slingerland finira par être rachetée par Gretsch dans les années 1990 et se retrouvera intégrée au groupe Gibson en 2003.
Mon set de Kashian Pro est orné d’un gros logo rouge, ce qui témoigne de son ancienneté – le logo rouge n’ayant été utilisé qu’au début de la fabrication. Les Hi-Hat (paire de cymbales de la pédale Charleston ou Charley) sont des 13", il y a une splash de 12" et une crash de 16".
Pour tout dire, les Kashian Pro – bien qu’elles aient fait le bonheur de nombre de batteurs et non des moindres – ont plutôt mauvaise réputation sur les forums genre Audiofanzine. Cela n’a en soi aucune importance, les avis publiés sur les forums « de musiciens » étant largement rédigés par des gens peu fiables. Je suppose que décerner à l’envi des mauvais points doit avoir un petit côté valorisant : on montre ainsi qu’on sait de quoi on parle, qu’on a de l’oreille et de l’expérience – alors que cela montre juste qu’on est snob ou incompétent. Le premier qualificatif s’applique aux personnes qui ne jurent que par les « marques » et descendent par posture le matériel d’entrée et de moyenne gamme. Le second concerne les gens qui n’ont toujours pas compris que c’est pour l’essentiel le musicien qui fait le son, pas l’instrument ! Un instrument de moyenne facture, très bien réglé, confié à musicien doté d’une grande sensibilité et d’un excellent touché, sonnera de manière très satisfaisante voire très étonnante – alors qu’un instrument de marque confié à un goret sonnera hélas comme une casserole.
Ce set UFIP Kashian est complété par une ride de 18" de marque Zyn. C’est en 1950 que le fabricant de batteries britannique Premier établit cette marque de cymbales pour compléter ses sets. Elles sont d’abord fabriquées dans un alliage de nickel et d’argent, puis assez rapidement dans un alliage de bronze B20. La marque disparaît en 1984. Elle réapparaîtra à l’occasion, plus ou moins récemment. Cette ride Zyn date des années cinquante. Elle est assez lourde et produit un son très stable et bien progressif selon la frappe. C’est du vieux matos, comme on dit, mais ça en a encore dans le ventre !
Matinée passée à La Contrée pour mettre sous enveloppes matelassées les quelques livres vendus sur ebay au cours du week-end, uniquement des petites choses proposées à deux ou trois euros. Cela contribue à faire un peu de place dans mes étagères – l’objectif étant de vendre de mon vivant l’ensemble de ma bibliothèque et de mes archives de travail. Ces derniers mois j’ai commencé à mettre en vente ma collection – presque complète – d’ouvrages de chez Marabout. Dans les années 1990, je m’étais pris de passion pour cet éditeur belge, pionnier du livre au format de poche et du « niche marketing » dans le monde de l’édition, au tout début des années cinquante, et à force de visiter les innombrables bouquinistes bruxellois, j’avais fini par réunir une immense documentation – dont au moins 90% de tous les titres édités par la maison. J’avais d’ailleurs relancé le légendaire CICM et créé le fanzine Marabout Chercheur, avant de laisser tomber tout cela, en grande partie suite à ma déception quant à l’attitude d’Henri Vernes à mon égard, lorsque j’avais écrit un essai sur Bob Morane , et à celle de certain « gardien du temple » convaincu que Marabout était une chasse gardée… Il est des belges qui ne méritent pas de l’être tant leur état d’esprit est semblable à celui des hexagonaux. Au début des années 2000, j’ai toutefois publié – à tirage très limité – un inventaire détaillé de cette production, mais sans susciter le moindre intérêt ! Parfois, de manière plus générale, je me désole d’avoir passé tout ce temps – des dizaines d’années – à amasser des connaissances sur les sujets les plus divers, sans qu’en définitive cela n’intéresse quiconque. Ce « savoir » disparaîtra avec moi – tant pis ; et mes immenses collections, parfois si difficilement réunies, finiront par être dispersées – tant pis aussi ! Et puis, pour tout dire, ces ventes de mes collections, aussi limitées et modestes soient-elles, sont devenues simplement vitales pour ma simple survie au jour le jour.
En un mot comme en cent : sibérien ! Je passe la journée calfeutré à L’Atelier, à régler ma batterie et mes toms additionnels que j’accorde en prévision du réenregistrement de « La fille aux allures de garçon », en sol bémol. C’est une tonalité que j’utilise peu. En réalité, j’ai composé le morceau en sol, à la guitare. Mais j’ai revu la structure couplets/refrain/chorus du morceau pour le rendre plus compact et j’ai enregistré un nouveau témoin voix/guitare/métronome sur une guitare accordée un demi-ton plus bas, pour des raisons de réglage de l’action du manche, et de recherche d’un bon compromis dynamique/souplesse en ce qui concerne les cordes, du coup légèrement détendues. J’aurais pu enregistrer le témoin sur une autre guitare mais je dois avouer qu’avec l’âge, j’apprécie de pouvoir prendre les parties vocales un peu plus bas – la période où j’assurais les parties vocales sur des reprises de Led Zeppelin ou Deep Purple est bien lointaine. En fait, je m’aperçois qu’en vieillissant on garde à peu près le même timbre de voix, le même phrasé, les mêmes intentions vocales. Ce qu’on perd, c’est une partie de la tessiture. On chante moins haut – et parfois beaucoup moins haut. Je suppose que c’est du à une perte de souplesse des cordes vocales ? J’espère trouver l’énergie de passer demain à La Contrée et de continuer d’avancer dans mon déménagement.
Ce matin, je me suis levé de fort bonne humeur, très en forme et animé par l’envie de faire de belles choses. Il y a dans l’air quelque chose relevant d’un Karma positif – et je sens que je vais cueillir deux ou trois jolis fruits sur l’Arbre de la Destinée. Une visite au site de nos voisins de chez Thomann s’impose d’elle-même – et comme ces temps-ci je vous ai entretenu de mon petit matériel de batterie, je commence par aller voir ce qu’il y a de neuf au niveau des toms, porté comme je le suis par l’intention, puisque désormais je dispose de la place nécessaire, de compléter mon set. Et tout de bon, j’aperçois immédiatement un tom de la série MX200 de Chez Millenium en solde, car retourné par un client. Thomann a des pratiques commerciales très intéressantes. Outre une garantie d’assez longue durée sur tout ce qu’ils proposent, ils offrent également la possibilité d’un retour – à leurs frais ! – de tout matériel qui, une fois déballé et testé, ne répondrait pas aux attentes de l’acheteur. Il suffit de les prévenir et ils envoient un transporteur reprendre le colis – l’offre est valable également à l’international. De retour chez eux, le matériel est vérifié et reconditionné, puis vendu en « B-stock » avec une remise significative. Ce n’est pas tout à fait sans raison que Thomann est, de très loin, la plus importante société de vente de matériel de musique en Europe.
Ce tom est un 10 x 9, ce qui signifie qu’il fait 10 pouces de diamètre pour une profondeur de 9 pouces. Sa zone d’accordage optimale doit donc s’étendre du Sol (196 Hz) avec un son sec et relativement fermé, jusqu’au Ré (147 Hz) avec un son très plein mais avec peu de dynamique ; un changement de peau pour une Remo plus épaisse devrait permettre de le descendre jusqu’au Si (123 Hz). Le tom alto de ma batterie est également un 10", accordé en Si (123 Hz), et je dispose déjà de deux toms 8" de la gamme Millénium, sur pied, accordés ces temps-ci en La (221 Hz) et Sol (196 Hz). Ce nouveau tom pourrait s’insérer entre mes toms sur pied et l’alto de la batterie, quelque part entre Fa (175 Hz) et Do (131 Hz) – je pourrais même très facilement en utiliser deux ou trois de cette taille, dans cette bande de fréquences.
Le prix catalogue de ce tom est de 29€ ; en B-stock il est proposé à seulement 23,90€, soit avec une remise de près de 18% et avec une pleine garantie. C’est le moins cher du marché. Les premiers modèles de marques plus réputées – comme Pearl, Tama ou Yamaha – dépassent tous les 100€. Et un tom de 10" de très haute gamme, comme un Sonor 10x8 ou 10x7, coûte, prix catalogue, 639€. Le plus cher des 10 pouces proposé chez Thomann est un DW Drums, vendu 831€. Vous avez bien lu : 831€, soit environ trente-cinq fois plus cher que le Millenium en B-stock.
Ces écarts de prix laissent tout de même un peu rêveur… et franchement dubitatif ! Car s’il fait peu de doute que le son du DW soit très supérieur à celui du Millénium, en termes de puissance, de projection ou de richesse des harmoniques, autant de qualités essentielles pour jouer en live, on peut par contre penser que le rendu en studio – compte tenu de ce qu’il est possible de faire en termes de traitement du son – n’est pas… trente-cinq fois meilleur !
Arrivé à La Contrée, je trouve dans le courrier de la veille une lettre d’un copain m’informant de sa volonté de m’acheter une douzaine de titres dans la collection du Rayon Fantastique. Tout bien ! Un chèque est joint. Par un étrange phénomène de synchronicité, ce chèque couvre exactement le prix du tom, d’une peau de frappe Remo, et d’un pied prévu pour deux toms, que je sais par expérience robuste et doté de réglages d’une très grande précision. Chic planète !
Du coup, j’achète le tom avec son pied – et je fais le paquet avec les Rayon Fantastique, que je dépose à la Poste en rentrant à L’Atelier, ma petite Twingo bien chargée d’une cargaison de cartons contenant mes collections et archives de presse musicale. Lorsque j’étais adolescent, je dépensais mon argent de poche en disques et en revues de musique :Rock & Folk, Best, Extra, Shake, Pop Music, SuperHebdo, Pop 2000, etc. Mes moyens étaient très insuffisants pour suivre tout cela de manière régulière, aussi ai-je eu longtemps d’énormes trous dans ces collections. Plus tard, j’ai retrouvé chez des bouquinistes certains des numéros que je n’avais jamais eus/lus et je me suis aperçu que, vingt ans plus tard, je les lisais avec autant de plaisir qu’à leur époque. Puis il y a eu l’internet et des sites comme ebay qui permettent de retrouver à peu près n’importe quoi, pour autant qu’on puisse se le payer. Aujourd’hui je continue de lire la presse musicale. J’achète assez régulièrement KR home-studio qui est un magazine plus technique que d’information musicale et je suis abonné au mensuel britannique Wire, le top dans le domaine des musiques électroniques. Il m’arrive encore d’acheter Rock & Folk.
Ce soir, après avoir rangé tout cela, il n’est pas exclu que je feuillette une fois encore quelques bons vieux Rock & Folk !
Il y a des journées moins agréables…
Ce matin, à huit heures, la température extérieure était de -6 degrés. Mais ce midi, au Super U du coin, j’ai aperçu des plateaux de fraises en provenance d’Espagne. Enormes, parfaitement calibrées, sans le moindre défaut cosmétique, en un mot magnifiques. Si ce n’est qu’il fait peu de doutes qu’elles soient, par ailleurs, totalement insipides. Car franchement, des fraises en hiver, ça peut avoir goût de quoi ? Vu ce que la culture forcée de fraises sous des serres chauffées jour et nuit, puis leur transport jusqu’à nos supermarchés dans de jolis camions encombrant nos belles routes nationales, demandent d’énergie, en particulier par ce temps à ne pas pointer son nez (j’allais dire sa fraise) dehors, si on n’est pas dans un monde organisé par des salopards pour le contentement des cons, alors je ne sais pas où on est. Manger des fraises en janvier ! Mais que peut-il y avoir de plus imbécile ? Des cerises à Noël, peut-être ? Chose également observée dans ce même magasin, le mois dernier. Devant ce spectacle, j’ai simplement envie de déployer la machine à botter les culs et à calotter les margoulettes. Mais il ne faut pas. En bon écolos-bouddhistes que nous sommes, à Terre Profonde, nous devons nous efforcer d’éprouver tout de même et quoi qu’il nous en coûte de la compassion pour ces gens (les salopards comme les cons), en se disant qu’ils sont eux-mêmes les victimes d’un système qui les dépasse et qui les manipule en leur faisant éprouver des désirs aussi vains qu’artificiels. Bon. Un peu de méditation nous aide à ne pas céder au bon vieux réflexe de faire un scandale dans le magasin – d’autant que le personnel au rayon fruits et légumes n’y est pas pour grand-chose. Que faire, alors ? Bien sûr, à notre petit niveau individuel, il faut continuer d’essayer de vivre conformément à une certaine éthique que l’on estime juste, espérer non pas convaincre mais au moins donner à réfléchir par l’exemple, à deux ou trois personnes qui prendront peut-être le relais. Et surtout, continuer de croire qu’on finira par s’en sortir tous ensemble, et non pas chacun dans son petit camp retranché – ce que je fais, pour l’essentiel, et je n’en suis pas spécialement fier. Mais il y a des jours où c’est plus difficile qu’à d’autres.
Ainsi s’achève cette septième semaine de notre grand feuilleton De La Contrée à L’Atelier qui, rappelons-le, est disponible quotidiennement (ou peu s’en faut) sur notre blog terreprofonde.over-blog.com, la mise en ligne de chaque nouveau billet étant annoncée sur notre page facebook à https://www.facebook.com/bodh.gaia.5 , avec piqûre de rappel sous la forme d’une version hebdomadaire dans le cadre du Journal d’un Homme des Bois sur le site https://www.belial.fr ; c’est dire s’il est simple de nous lire. Allez, on y retourne !