Au moment où la série Star Trek: The Next Generation quitte le petit écran après sept saisons, elle investit le grand. L’occasion de solder les comptes de l’équipage de la série originelle, et d’amener le spectateur à (re)faire connaissance avec le capitaine Jean-Luc Picard et son équipage. Reste la question : la règle, certes empirique, pair/impair = bon film/mauvais film a-t-elle toujours cours ?
Au moment où la série Star Trek: The Next Generation quitte le petit écran après sept saisons, elle investit le grand. L’occasion de solder les comptes de l’équipage de la série originelle, et d’amener le spectateur à (re)faire connaissance avec le capitaine Jean-Luc Picard et son équipage. Reste la question : la règle, certes empirique, pair/impair = bon film/mauvais film a-t-elle toujours cours ?
Deuxième époque : une nouvelle génération
Star Trek Generations
David Carson, 1994
Les héros vieillissent, les six films tirés de la série originelle nous l’ont montré au fil des treize années sur lesquelles se sont réparties leurs sorties. Mais les héros meurent aussi… Ce qui constitue comme un prologue à ce septième long-métrage voit Kirk, alors à la retraite, disparaître lors de l’inauguration de l’Enterprise NCC-1701-B : un vaisseau en détresse appelle à l’aide et l’Enterprise est le seul bâtiment à même d’intervenir. Mais une sorte de mystérieux ruban énergétique, le Nexus, rend la manœuvre difficile et cause la perte de Kirk. Parmi les rescapés, Tolian Soran, un scientifique.
Soixante-dix ans plus tard, Jean-Luc Picard, capitaine de l’Enterprise NCC-1701-D, se retrouve confronté à ce même Tolian Soran. Soran qui veut à tout prix retourner dans le Nexus et les dimensiosn idylliques qu’il permettrait d’atteindre, quitte à sacrifier un système stellaire ou deux dans l’affaire… Magie du Nexus, Picard va recevoir un coup de main d’un allié inattendu : James T. Kirk himself.
Cette aventure se place sous le signe du temps qui passe. Et on le sent, le temps qui passe, à la vision de ce film, pas exempt de longueurs – disons qu’on s’y ennuie parfois poliment. Le long-métrage possède cependant quelques bons moments, comme la rencontre entre Picard et Kirk – notamment lorsque le second prépare une omelette au premier. La scène est touchante, et le passage de flambeau entre les deux générations se fait à merveille. En guest stars, on notera les présences de Malcolm « Orange mécanique » McDowell et Whoopi Goldberg.
Verdict : impair et on garde
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Star Trek : Premier Contact
Jonathan Frakes, 1996
Nouvel ennemi : après les Klingons, désormais membres de la Fédération, et les Romuliens, ce sont les Borgs, créatures biomécaniques ayant une fâcheuse tendance à vouloir assimiler toute forme de vie présente sur leur chemin. « Toute résistance serait futile. » Un ennemi que le capitaine Picard connaît bien, pour avoir été leur prisonnier quelques années plus tôt (situation racontée dans le double épisode Le Meilleur des deux mondes (S03E26/S04E01)). L’ Enterprise sauve la Terre d’une attaque borg, mais une capsule de survie s’échappe et fuit dans le passé, précisément le 4 avril 2063, veille de l’invention du moteur Warp et du premier contact de l’humanité avec une autre civilisation extraterrestre. Et les Borgs ont bien l’intention de saborder ce premier contact. Bref, Picard et son équipage ont du pain sur la planche pour que l’Histoire se déroule comme elle est censée se dérouler.
À plusieurs égard, on peut rapprocher ce Star Trek: Generations de Star Trek IV Retour sur Terre. Dans les deux cas, le film est réalisé par l’un des acteurs de la série – ici, c’est Jonathan Frakes, alias le second Riker, déjà réalisateur d’une douzaine d’épisodes (de The Next Generation, Deep Space Nine et Voyager) qui s’en sort avec tous les honneurs pour ce premier long-métrage. Enfin, les deux aventures sont situées dans le passé – le passé de l’univers mis en place, pas le nôtre, en ce qui concerne ce Premier Contact.
Bref, ce huitième se épisode se regarde avec grand plaisir : meilleure gestion des personnages, méchants plutôt convaincants, meilleurs effets spéciaux, et surtout une fin qui pourra arracher une petite larme au fan (ou à celui qui se sera regardé toute la série filmique d’affilée), lorsque se fait la jonction avec un moment-clé de l’univers de la saga. Sans être un chef d’œuvre, cet épisode de la franchise s’avère une agréable réussite.
Verdict : pair et on garde
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Star Trek : Insurrection
Jonathan Frakes, 1998
« Can anyone remember when we used to be explorers ? »
Dès le début champêtre, pastoral, bucolique, on sent qu'on va s'ennuyer. Même lorsqu'on se rend compte que les habitants sont surveillés et qu'il rôde dans les environs un Data en mode Bad Guy.
Pendant que le commandant Riker se la coule douce auprès de la conseillère Deanna Troi, le capitaine Picard conte fleurette à Anij, une jolie humaine d’âge mûr vivant, avec les siens, sur une planète excitant la convoitise de certains. Et pour cause : ses anneaux émettent un champ (des « radiations métaphysiques ») assurant aux habitants de ce paradis une jeunesse éternelle. Une race quelque peu décrépite (ils sont obligés de subir des liftings à longueur de temps) veut prendre possession de cette planète, avec la bénédiction de la Fédération. Mais les choses ne se passeront pas comme prévu.
Autant Premier Contact était une réussite, autant Insurrection ressemble fort à un épisode de série télé artificiellement étiré. Bien que le plus court de tous les Star Trek avec 103 minutes au compteur, celui-ci paraît en durer le double.
L’on retrouve ici des thématiques similaires à Star Trek : Generations au sujet du temps, de la jeunesse, de l’éternité, etc. Et le temps qui passe… passe… lentement. L’histoire traîne en longueur, à peine saupoudrée de quelques batailles spatiales. On se croirait dans La Petite Maison dans la prairie dans l’espace. Bref, un épisode tout aussi mauvais, pour des raisons différentes (à part la présence d'un gamin aussi blondinet qu'exaspérant), que La Menace fantôme, qui sortira l’année suivante. Comme quoi, quand on veut, Star Trek peut être aussi raté que Star Wars.
D’autant que le film pâtit d’une photographie assez terne, de scènes d’action sans souffle, d’effets spéciaux ayant pris un coup de vieux, quand ils ne sont pas inachevés. De fait, les fonds bleus lors de la séquence finale à bord du collecteur semblent avoir été oubliés… De fait, le film dans son entièreté semble assez cheap et a davantage vielli que les autres. Et ce n’est pas Picard dansant (brièvement) le mambo qui sauve Insurrection du naufrage.
Verdict : impair et on passe
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Star Trek : Némésis
Stuart Baird, 2002
Alors que le sénat romulien débat de la nécessité d’accepter une alliance avec Shinzon, le leader rebelle de Remus, planète jumelle de Romulus, une arme dézingue la plupart des « colombes ». Ailleurs, le capitaine Picard trouve sur la planète Kolarus III des morceaux d’androïdes : assemblés, cela donne un proto-Data. Picard l’ignore encore, mais il s’agit là d’un appât. Bientôt, le voilà confronté à Shinzon… qui s’avère être son clone, créé par les Romuliens pour de sombres objectifs aujourd’hui abandonnés. Et Shinzon veut détruire toute vie sur Terre. Picard va devoir réfléchir sur lui-même pour contrer les sombres desseins de sa némésis…
Pour le dixième épisode de la saga, Jonathan Frakes cède son poste de réalisateur à Stuart Braid, dont il s’agira du troisième et dernier film. Braid est plus réputé pour son travail d’éditeur (notamment sur les derniers James Bonds), et, de son propre aveu, ne connaissait pas grand-chose à Star Trek quand on l’a propulsé réalisateur de Nemesis.
Le résultat est bancal : la photographie un peu moins terne qu'à l'accoutumée lors des scènes sur Kolarus III ; le budget consacré aux effets spéciaux a lui aussi augmenté, notamment lors de scènes de batailles spatiales. Et le jeune Tom Hardy, en clone maléfique de Picard, s’en sort pas mal du tout, quand bien même il a tendance à trop se couler dans la facilité du moule « Oh, regardez comme je suis méchamment méchant ». Mais cet épisode provoque l’ennui à peine moins souvent qu’Insurrection, et – spoiler en approche – ce n’est pas le sacrifice final de Data qui sauve la chose. Si le résultat demeure un brin meilleur que le précédent volet, Nemesis donne toutefois l’impression d’une franchise à bout de souffle. La fin du film est à la fois conclusive (mort de Data, Riker quittant l’Enterprise pour devenir le capitaine de son propre vaisseau) et ouverte (B4 comme remplaçant de Data).
Verdict : impair et on passe
Qu’en retenir ? De cette série de quatre films La Nouvelle Génération, il est ardu de tirer quelque régle numérique pair/impair. Abandonnant la numérotation, Générations, septième film donc de la saga, est sympathique ; le neuvième, Insurrection, est mauvais. L’unique film a vraiment valoir le coup d’œil est le huitième de la saga, Premier Contact ; tandis que le dixième, Némésis, se contente d’être platement oubliable. Un bilan assez maigre. Reste à voir ce qu’il en est avec le récent reboot…