Journal d'un homme des bois, 5-6 mai 2013

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valery-jhb-une.jpgIl y a deux ans, j’ai fait refaire la toiture au-dessus de la partie construite par mon grand-père, au début des années septante, côté ouest, et qui accueille désormais ma cuisine, la salle de bains et les toilettes. A l’automne dernier, Antonio est venu pour la partie de la toiture orientée à l’est, au-dessus du bâtiment d’origine, où ont été aménagées trois pièces en enfilade. Cette fois, je fais refaire le reste de toiture orienté à l’ouest, qui couvre une petite partie du bâtiment d’origine – le versant ouest de la toiture, plus étroit – ainsi que deux petites écuries très basses de plafond et actuellement quasiment inutilisées...

Dimanche 5 mai 2013

Comme tous les premiers dimanches du mois, le centre ville de Bordeaux est réservé aux piétons et le Grand Théâtre propose un concert, à 11h. Nous sommes devant la porte avec une heure d’avance – pas chers, ces concerts sont assez courus et il n’est pas rare qu’ils se tiennent à guichets fermés. Ce matin, nous n’avons pas envie que le concert nous passe sous le nez – comme la dernière fois ! Il s’agit d’un récital de musique baroque, avec un quatuor d’excellents musiciens : viole de gambe, violoncelle, violon et clavecin. De fait, nous ne sommes pas déçus.

Lundi 6 mai 2013

Comme prévu, Antonio et son fils Mickaël arrivent à 9h et grimpent sans tarder sur le toit, à l’arrière de la petite maison, pour une troisième tranche de travaux. Il y a deux ans, j’ai fait refaire la toiture au-dessus de la partie construite par mon grand-père, au début des années septante, côté ouest, et qui accueille désormais ma cuisine, la salle de bains et les toilettes. A l’automne dernier, Antonio est venu pour la partie de la toiture orientée à l’est, au-dessus du bâtiment d’origine, où ont été aménagées trois pièces en enfilade. Cette fois, je fais refaire le reste de toiture orienté à l’ouest, qui couvre une petite partie du bâtiment d’origine – le versant ouest de la toiture, plus étroit – ainsi que deux petites écuries très basses de plafond et actuellement quasiment inutilisées ; je compte y aménager un atelier et une remise pour les outils. Il restera ensuite à refaire la partie située la plus au sud, moins haute, au-dessus de l’ancienne serre aménagée par mon père – et où se trouvaient, il y a longtemps, une porcherie. Pas facile à suivre mes explications, je suppose ! C’est vrai que c’est un peu compliqué. Je me souviens vaguement de ce qu’était à l’origine cet ensemble de bâtiments : il y avait une buanderie, un four à pain, deux écuries, une porcherie… A la fin des années soixante, mon grand-père paternel et son fils (mon père !) ont construit une petite maison à partir de ces bâtiments de hauteur variable, aux murs plus ou moins droits (plutôt moins que plus), orientés un peu n’importe comment… et en les rallongeant sur l’arrière. C’est cet ensemble que j’appelle « la petite maison ». Mes grands-parents paternels y ont vécu. Il y avait tout autour une véritable ferme, avec un magnifique jardin, un immense potager, des arbres fruitiers, un élevage de lapins, un poulailler, un pigeonnier, une mare avec des canards et des oies. Tout est retourné à l’abandon, il y a une trentaine d’années, après le décès de mes grands-parents paternels. Je suis bien conscient que ma volonté de m’installer ici, de refaire la maison après avoir construit un chalet, de redessiner un grand potager… tout cela est une manière inconsciente de faire renaître quelque chose de mon enfance. Mais mes grands-parents étaient en couple et à la retraite ! Moi, je suis seul et je dois travailler pour gagner ma vie (même si je n’ai pas de gros besoins…). Mais surtout, mes grands-parents disposaient d’un savoir qui ne m’a pas été transmis et que je dois "retrouver" comme je peux ! Peut-être suis-je un peu fou de m’être embarqué dans cette aventure !? Parfois, je me dis, au contraire, qu’il y a une vraie "grandeur" dans ma volonté de rester en vie sur ce monde dévasté, en adoptant une attitude conforme à une certaine éthique respectueuse de la vie, en harmonie avec ce qui m’entoure, en m’efforçant d’oublier le reste pour me concentrer sur ce minuscule espace resté – comme par miracle – indemne de la folie générale. Comme s’il m’avait été confié par une instance supérieure, avec la mission de RÉSISTER, coûte que coûte… A part ça, je récolte aujourd’hui rien moins que huit radis. Chic planète !

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