Notre ami Francis Valéry, avant d'être l'Homme des bois, a vécu deux vies : la deuxième comme l’auteur de science-fiction que l’on connaît, et une première comme musicien. Choses qu’il nous explique dans ses généreuses réponses à ce septième et dernier questionnaire musical.
Rock'n'write : Francis Valéry
À lire ton blog, on te devine grand amateur de musique. Peux-tu nous parler de tes goûts musicaux ? Les groupes/musiciens que tu aimes, ceux que tu aimes détester, et ce qui n’accroche pas du tout à ton oreille.
Tout vient de l’enfance. C’est pour tout le monde pareil. Moi, mon enfance, je l’ai passée dans une « ambiance » culturelle. Et je n’en suis jamais sorti. Mon père est un lecteur de SF et de BD de la première heure, ma mère est férue de littérature. Chez moi, il y avait de la musique tout le temps. Mon père écoutait de la musique sud-américaine et de la musique des îles. Du « typique », comme on disait. Ma mère était membre du fan club américain d’Otis Redding — certainement la seule en France ! — et elle était abonnée à des fanzines comme Shake. Mes parents m’emmenaient aux concerts. J’ai vu Johnny Hallyday quand j’avais 7 ou 8 ans ! J’ai vu la fameuse émission de télé où l’on voyait pour la première fois Jimi Hendrix, à l’Olympia, en première partie de Johnny, le 18 octobre 1966. Je me souviens comme si c’était hier du solo de guitare, une Stratocaster blanche, de Hey Joe, joué avec les dents. J’avais dix ans. Ce jour-là, j’ai su que je serais musicien. Et que j’aurais la même guitare. Aujourd’hui, j’ai quatre Stratocaster dans mes racks de guitares, en studio. Dont deux blanches ! Hendrix reste pour moi la référence absolue. Ensuite il y a eu Neil Young : tout Neil Young. Quoi que ce type fasse, c’est grand. Par la suite, j’ai été fan du Grateful Dead et membre de leur fan club US pendant des années. Au fur et à mesure que je grandissais, j’abordais toutes les musiques. J’adore les harmonies vocales à la Poco — j’ai longtemps été un acharné de folk-rock californien. Plus tard, je suis devenu fan de Chet Baker, la plus belle voix masculine du jazz. Je suis aussi très impressionné par Edgar Varèse, le compositeur le plus novateur de son temps… Il y a deux manières essentielles de se positionner par rapport à la « tradition » : la suivre ou en prendre le contre-pied. Varèse fait partie de ces rares créateurs qui explorent une troisième : l’ignorer. L’Art, ça sert à dire le monde. A proposer du sens – par le biais d’un point de vue (celui de l’artiste). Les œuvres qui m’intéressent sont celles qui suscitent en moi de l’émotion. Ce sont même les seules qui m’intéressent. C’est pour cela qu’en général je n’apprécie que très rarement les virtuoses, les gens qui font plein de notes. Ils m’emmerdent. Ce sont des instrumentistes, pas des musiciens. Les musiciens jouent avec le silence, avec les respirations. Pour revenir à ta question, je ne déteste personne. Je suis ouvert à tout. J’écoute, si je n’accroche pas je fais l’effort de réécouter. Si ça ne plaît vraiment pas, je me dis juste que je n’ai pas trouvé la porte d’entrée — mais je suppose que d’autres la trouveront. Chacun vibre selon certaines harmonies. Ce n’est pas un concours. Il y a la place pour toutes les musiques, dès lors que les musiciens sont honnêtes, qu’ils ne trichent pas.
Tu as vécu une première vie comme professionnel de la musique : peux-tu nous en dire plus ? De quel (ou de quels) instrument(s) joues-tu ?
J’ai longtemps été un musicien (pro) qui écrivait (en amateur). Puis je suis devenu un écrivain (pro) qui avait laissé tomber la musique – quelqu’un d’autre, avec les mêmes problèmes de santé, se serait sûrement dit « je peux continuer la musique, mais au ralenti, en faisant attention à ne pas forcer » mais moi non, si je ne faisais pas les choses « trop », ça ne m’intéressait pas de les faire. Je ne suis plus comme ça… Et puis il y a une douzaine d’années, je me suis donc mis à faire les deux à la fois, professionnellement. Aujourd’hui, c’est par périodes. Selon les opportunités, les rencontres, les propositions.
En fait, j’ai commencé avec la guitare. Acoustique puis électrique. Premier groupe à treize ans, premières scènes dans la foulée – j’étais de loin le plus jeune du groupe. Je suis venu à Bordeaux à l’âge de dix-huit ans, pour mes études – sauf que je passais mon temps à écrire de la poésie, à lire de la SF et à jouer de la guitare (surtout dans la rue, du Neil Young, que j’arrivais à très bien imiter). Je n’ai pas trouvé de travail comme guitariste, trop de bons musiciens déjà en place dans les studios, alors je suis passé à la basse. Comme j’avais une bonne technique à la six cordes et que j’avais toujours été intéressé aussi par l’aspect rythmique de la musique, je peux dire, sans forfanterie, que je me suis fait très vite une solide réputation comme bassiste, à la fois très présent sur scène (j’ai beaucoup joué en trio + chanteur), et très mélodique. J’ai joué avec des groupes de jazz dont le quartet du pianiste Joseph Ganter, une assez grosse pointure, des formations de folk-rock, des groupes de rock plus ou moins musclés. En fait, je pouvais très bien passer mon vendredi après-midi à jouer du folk à la guitare acoustique (à l’époque une 12 cordes Epiphone) dans la rue, prendre le soir ma basse (à l’époque une Fender Precision) pour un cachet dans une boîte de jazz, rue des Argentiers, puis partir en week-end rejoindre un groupe de baloche (j’ai joué dans pas mal de groupes de bal, c’est assez rigolo en fait, et ça payait bien), avant de partir pour la semaine en mini-tournée avec mon trio de rock ou m’enfermer en studio. J’ai adoré cette vie-là. Par la suite, je me suis intéressé à divers instruments à cordes anciens ou ethniques. Après un passage au printemps de Bourges vers 1988 ou 1989, j’ai eu un gros problème de santé — des vertèbres fissurées et des disques écrasés. J’ai arrêté la musique pendant dix ans, incapable physiquement de supporter ce que ça impliquait comme mode de vie, pour me concentrer sur l’écriture (j’avais toujours fait les deux). Au tout début du nouveau millénaire, j’ai repris, cette fois comme compositeur de musiques de spectacles, et musicien, sur scène, de ma compagne d’alors qui était conteuse. Un petit ampli (en général un Fender Bronco) et une guitare (à l’époque, presque toujours une Ibanez PF 200, magnifique guitare très polyvalente). C’est plus cool que de trimbaler des Marshall 3 corps et une demi-douzaine de flight-cases ! Une fois, on a tout de même fait un spectacle pour lequel j’avais sept guitares, avec des accordages différents (sur 6, 7 et 12 cordes) avec autant de petits amplis de studio, avec des sons très différents. C’était dans le cadre du Festival Eperluettes, événement majeur dans le monde du conte musical. J’ai aussi composé des bandes sons pour des expositions. Dans le domaine de la SF, j’ai composé tout un spectacle pour l’inauguration de l’Espace Jules Verne, à la Maison d’Ailleurs, il y a quatre ans. J’étais sur scène devant deux tables de synthés, magnétos, trucs à sons divers, avec une guitare et une basse, pour tout jouer en direct, en quadriphonie. C’était acrobatique ! En fait, j’adore monter des scènes avec des empilements de claviers devant moi et un alignement de guitares derrière moi. Avec table de mixage et quadri-amplification : j’ai mon son parfait sur scène, et les gens de la sono se démerdent pour reprendre comme ils peuvent ! C’est mon côté « trop » ! Et puis, moins on me voit et mieux je me porte. Simplement il faut une journée pour installer et tout régler ! Ces dernières années, j’ai surtout utilisé des claviers en studio. Depuis quelques années je compose essentiellement au piano, avant je composais à la guitare. C’est très différent, on ne croirait pas. Je viens de casser ma tirelire pour m’acheter un Yamaha S 70 XS, une machine monstrueuse !
Lorsque tu écris, est-en silence ou avec de la musique comme bande-son ?
Pendant toutes les années où j’ai vécu à Bordeaux et à Lausanne, j’écrivais dans les bars. J’avais besoin de sentir de la vie autour de moi et le bruit m’obligeait à me concentrer davantage. Et puis certainement que je me donnais aussi un peu en spectacle ! A l’époque, je disais tout le temps que je voulais faire de ma vie même une œuvre d’art, qu’il n’y avait aucune distinction/différence entre l’homme public et l’homme privé. Je disais que j’étais strictement égal à mon œuvre, rien de plus, rien de moins. C’est pour cela que j’ai écrit des livres très auto-fictionnels comme Le talent assassiné. Mais ça m’a conduit dans une impasse. J’ai mis dix ans à trouver la marche arrière – ça ne t’aura pas échappé que ça fait presque dix ans que je n’écris plus de fiction, mais seulement des textes théoriques. En sus de mes blogs, bien sûr… Je vis aujourd’hui dans mon « chalet », un grand mot pour qualifier un banal abri de jardin de 20 mètres carrés, même pas isolé, avec un matelas posé par terre dans un coin, des étagères partout qui ploient sous les bouquins, les dossiers, les boites archives, les CD… J’ai une chaîne (un vieux machin avec des enceintes monstrueuses… bien que j’écoute tout doucement !), un ordinateur, un piano, une guitare, une radio, des planches sur deux tréteaux. Je vis, travaille et dors dans cet endroit. Seul. Plus loin, j’ai aménagé dans une partie en ruines d’une vieille maison, une salle de bains et une cuisine. Mon studio est installé à l’étage d’une autre maison, un peu plus loin, qui appartient à mes parents et où ils vivent. Je vis en fait la plupart du temps dans le silence – plus exactement je n’ai que les chants des oiseaux, le frémissement des feuilles, le bruit de la pluie, etc. Au choix de chacun on pourra dire que je vis comme un clochard… ou comme un sage. La vérité est sans doute entre les deux. Donc je n’écoute pas de musique en travaillant. J’écoute de la musique parfois, le soir, pour elle-même et pour les émotions qu’elle suscite en moi, certainement pas en fond sonore ! Les choses que j’écoute valent mieux que des fonds sonores. On n’est pas dans un supermarché !
Inversement, conseillerais-tu des musiques comme bande-son de tes textes ?
Non. Bien que la musique soit très présente dans nombre de mes nouvelles. John Lennon dans Bleu. Tangerine Dream et Magma dans Un rêve mandarine. Buddy Hollie dans La nuit où l’avion de Buddy s’est écrasé. Manset dans Rêve de Chine. Ou encore les personnages de BumpieTM. Ou ceux de Cécile…
Enfin, quels albums figurent au sommet de ton panthéon personnel ?
J’ai énormément écouté (et sans doute été influencé par) A Good Feelin’ to Know de Poco, Four Way Street de Crosby, Stills, Nash & Young, Harvest de Neil Young, le Led Zeppelin sans titre où il y a Stairway to Heaven (je crois que c’est le 4), Tommy des Who (dans la première version, bien sûr), American Beauty de Grateful Dead, Future Blues de Canned Heat, ce double album de John Mayall dont j’ai oublié le titre où jouent les meilleurs musiciens du monde... ah oui, c’est Back to the Roots. Et puis Rock ‘n’ Roll Gypsies de Vinegar Joe. Battle Hymn de Wild Turkey (un groupe légendaire formé par un ancien bassiste de Jethro Tull). Tiens, justement : Aqualung de Jethro Tull, ça sussi c’est du très lourd. L’album de Carly Simon où il y a You’re so Vain. Tapestry, de Carole King. À une époque j’écoutais en boucle les disques de Marshall Tucker Band (celui avec You Said You Love Me) et de Lynyrd Skynyrd (celui avec Sweet Home Alabama) (j’ai eu une brève période rock sudiste !). J’ai aussi adoré Midnight Oil, des australiens musclés. Et puis les balades de Scorpions. Comme disait mon grand-père : « Y a pas à tortiller du cul pour chier droit ». Appliqué à mon cas, ça signifie que j’ai beau apprécier Edgar Varèse et Chet Baker, la musique baroque et la musique indienne, autant que Jimi Hendrix et Neil Young, ma culture d’origine c’est malgré tout, je dirais, le « blues musclé », aussi bien anglais (Cream, Led Zep, Mayall, Taste, etc.) qu’américain (Canned Heat, les sudistes, Hendrix évidemment, Neil Young quand il joue et chante faux mais FORT et avec un son tout pourri ! Putain, ce mec n’est jamais aussi bon que quand il chante faux, et que sa guitare est désaccordée !). Donc, j’aime quand il y a une section rythmique en béton armée (basse/batterie) et deux guitaristes flamboyants, avec un gros son, un chanteur qui chante haut, et des tas d’harmonies vocales.
Côté français ?
J’ai pris une claque avec Alan Stivell, au tout début, en particulier son second disque enregistré à l’Olympia vers 1970, avec un morceau magnifique de force et d’évidence, Brezoneg Rock, composé par Dan ar Braz. J’aime beaucoup Cabrel, Goldman, Souchon, Berger… en particulier leurs enregistrements live puisqu’ils savent s’entourer des meilleurs musiciens de studio et de scène. Beaucoup sont des gens que j’ai croisés, en studio, en tournée. Et puis Manset, parce que c’est un génie caractériel. Et puis Yves Simon que j’ai connu quand il était écrivain, avant de faire son premier disque. Il y aussi des gens dont j’aime la personnalité, le charisme, le jusqu’auboutisme, comme Little Bob dont j’ai fait les premières parties, il y a plus de trente ans ! Idem avec Jacques Higelin. Eux, ce sont mes grands frères ! Ou Catherine Ribeiro, ma grande sœur !
Curieusement tu ne cites rien comme musique électronique alors que tu en composes…
C’est vrai. En fait, je n’en écoute pas (ou plus : j’ai été un gros fan de Kitaro et des premiers Tangerine Dream). En fait, ce que font les autres dans ce domaine ne m’intéresse pas. Le peu que j’entends, je trouve que les machines jouent davantage que les musiciens. L’électronique n’a d’intérêt que si elle permet de concrétiser les sons qu’on a dans la tête et qu’on n’arrive pas à produire avec des instruments traditionnels. Alors que nombre de musiciens se contentent d’explorer les banques de sons de leurs machines et font du remplissage à partir des sons d’usine et des patterns rythmiques.
Même Boards of Canada ? Leur musique (selon moi) n’a rien d’un remplissage, est même plutôt pleine d’émotions. Ou encore Amon Tobin et Venetian Snares, qui mélangent des rythmiques folles au jazz pour l’un et au classique (par moments) pour l’autre ?
Désolé, je ne connais pas ces artistes. J’ai une très grande culture musicale… mais elle est globalement très datée ! Je peux te parler de groupes psychédéliques obscurs des années 60 mais pas de ce qui se fait aujourd’hui ! Dans mes années d’adolescence, j’écoutais beaucoup de musique. Puis dans les années 1975/1990, j’ai beaucoup tourné donc je connaissais surtout les artistes que je croisais dans les mêmes festivals où je jouais. J’ai vécu la dernière décennie du précédent millénaire à écrire, écrire, écrire… tous les jours, tout le temps, sans rien faire d’autre, sans m’intéresser à rien d’autre qu’à la construction de mon œuvre littéraire. La première décennie du nouveau millénaire a à nouveau été une décennie musicale où je découvrais les gens que je croisais sur la route ou en studio. Là, depuis quelques années, je ne tourne plus, je reste chez moi et j’ouvre un peu mes oreilles… mais pas assez !
Le Bifrost n°69 sera donc consacré au rock et à la SF. Écoutes-tu aussi du rock psychédélique, du krautrock ou de la « kosmische musik » ?
Ah oui ! En 1981/82, je suis allé passer l’hiver à San Francisco. Dans des petites boîtes j’ai vu, pour la première fois, jouer des gens comme John Cippolina, un des fondateurs du Quick Silver Messenger Service – pour utiliser l’orthographe d’origine, cf. leurs premières affiches. Ca m’a tout de même fait un choc de voir jouer un dieu vivant ! J’ai aussi vu Jorma Kaukonen, Phil Lesh… mais hélas pas Jerry Garcia. Je reste très intéressé par les texans du 13th Floor Elevator, les groupes de la Bay Area comme Great Society, Moby Grape ou le Jefferson Airplane du début. Pour citer les plus connus. Ainsi que les groupes anglais comme le Pink Floyd de Syd Barrett. D’ailleurs je travaille depuis un an sur un très gros ouvrage dont le titre de travail est « Un Agenda culturel des années soixante », consacré pour l’essentiel à ce qui s’est vraiment passé à San Francisco, New York et Londres… Du coup, je me replonge dans mes archives sonores et littéraires. J’ai récemment relu Acid Test de Tom Wolfe, je ressors mes vieux Rock and Folk (ma mère y était aussi abonnée, du coup j’ai une collection quasi complète des 120 premiers numéros) ! En ce qui concerne la musique allemande, j’ai eu la chance, vivant à Bordeaux à la bonne période, que la ville soit une étape incontournable avec des salles mythique comme l’Alhambra (aujourd’hui détruite). A cette époque j’allais à tous les concerts, j’étais connu des organisateurs et des videurs, donc je rentrais sans payer. J’allais aussi dans les festivals. J’ai vu Tangerine Dream, Klaus Schulze, Can, Ash Ra Temple, Amon Düül, Henry Cow, Kraftwerk… et aussi des allumés comme Stockhausen. J’ai des centaines d’heures d’enregistrements pirates… mais je ne sais pas ce qu’il reste sur les vieilles cassettes (jamais réécoutées) ! Sans doute pas grand-chose ! Ayant mes petites entrées, il m’est souvent arrivé de manger et de boire des coups avec les musiciens, après les concerts. Je me suis fait aussi plusieurs fois engager comme roadie pour monter/démonter le matériel. Regarder Christian Vander monter sa batterie, ce n’est pas rien ! Ou aider les trois de Tangerine Dream à placer leurs synthés modulaires, genre central téléphonique… ça laisse des souvenirs !
Enfin, quels sont tes projets actuels ?
J’avance lentement dans l’enregistrement d’un nouveau CD avec 12 titres que j’ai composés au cours de ces trois dernières années. A la fois ce qu’on pourrait appeler des chansons électro-rock (en général avec guitares, piano, percussions, avec parfois des interventions d’autres instruments acoustiques) et des pièces électroniques (là, par contre, que des synthés). Je fais tout moi-même, de l’écriture au mastering, en passant par tous les instruments. C’est long. Je n’utilise pas d’ordinateur, je travaille avec des vrais instruments, des vraies tables de mixage, des vrais enregistreurs, des vraies pédales d’effet, etc. Je sculpte mes sons et compose des pièces assez ‘sages’ sur le plan formel, en conviant des instruments classiques (violoncelle), traditionnels (flûte irlandaise, dulcimer) ou exotiques (le koto japonais). Je viens aussi d’acheter une vielle à roue acoustique. Un copain luthier, Philippe Mousnier, une des stars dans le domaine de la vielle à roue, va m’en fabriquer une sur mesure l’an prochain (j’espère pour le printemps), en version solid body, soit entièrement électronique. Elle utilisera une roue débrayable, fonctionnera couplée à un harmoniseur, sera équipée d’un second clavier tapping accordé en quartes ascendantes (donc idéale pour des power chords), aura pas mal d’électronique embarquée et sortira sur six voies, directement sur les entrées ligne d’une table de mixage, avec mes racks d’effets dont un générateur de boucles et un séquenceur classique. Ca veut dire que je pourrai me produire sur scène tout seul, avec cet unique instrument, et donner l’illusion d’être un groupe de hard rock celtique accompagné par un orchestre symphonique sous acide. Ça va déchirer grave ! Mon amoureuse joue du piano et de la vielle à roue, ce n’est sans doute pas étranger au fait que je me sois pris de passion pour ces instruments ! Mon achat suivant sera un sitar indien – je suis en contact avec un luthier à Pondichéry qui ne travaille que pour des musiciens indiens réputés mais est d’accord pour m’en construire un. Je crois avoir trouvé les bons arguments ! Donc voilà, je travaille désormais dans cette voix : une fusion de l’électronique (synthés analogiques et numériques), du blues (guitare), du trad’ (vielle, violoncelle, koto…). Ne cherchez pas mes musiques sur internet, elles n’y sont pas. Et de toutes façons, j’utilise un pseudonyme qui n’a rien à voir avec mes signatures dans le monde de l’édition ! Mes deux vies sont très cloisonnées…