Changement d’heure. La journée sera consacrée à traquer les plus beaux immeubles Art Nouveau des communes sud-est du Grand Bruxelles – pour l’essentiel Ixelles
Journal d'un homme des bois, 25 mars 2012
Changement d’heure. La journée sera consacrée à traquer les plus beaux immeubles Art Nouveau des communes sud-est du Grand Bruxelles – pour l’essentiel Ixelles.
Anita a compilé les circuits proposés par plusieurs guides et nous avons concocté un itinéraire pédestre dont je préfère ne pas estimer la longueur en kilomètres… A ce sujet et tant que j’y suis, le Guide du Routard n’est vraiment plus ce qu’il était il y a encore une quinzaine d’années – je me souviens de l’époque où on rentabilisait son acquisition simplement en y dénichant une adresse d’hôtel de qualité à petit prix. Celui consacré à la Belgique est proprement indigent, truffé d’informations inexactes ou pour le moins très parcellaires, sur fond d’humour crétin lorsqu’il n’est pas carrément insultant. Il est bien dommage que la simplicité, la gentillesse, la bonhommie des francophones de Belgique continuent d’alimenter un humour franchouillard éculé et teinté de xénophobie malodorante.
Et voilà des considérations qui me ramènent à mon billet d’avant-hier concernant ce que j’ai appelé "l’islamisation rampante" de Bruxelles et qui, je n’en espérais pas moins, a suscité quelques commentaires. Je suis né et j’ai passé les premières années de ma vie dans une cité ouvrière, à la frontière du Luxembourg et de la France, à deux pas de la Belgique et guère plus loin de l’Allemagne. Dans ma rue, il n’y avait que des "étrangers" venus d’une dizaine de pays différents – bonjour les bonnes senteurs à l’heure des repas ! Dans ma famille, c’était la même chose : j’ai souvent raconté que mes huit arrière-grands-parents étaient de sept nationalités différentes, que du fait que mes parents travaillaient tous les deux je passais la semaine chez mes grands-parents maternels, elle luxembourgeoise et lui espagnol.
Pour moi, la normalité c’est la différence – ou plutôt c’est la cohabitation paisible des différences avec pour point commun le respect des valeurs de la République, le fameux "liberté / égalité / fraternité" (et cette dernière valeur n’était pas un vain mot pour le prolétariat des mines et des hauts-fourneaux), sur fond de laïcité de la sphère publique, valeur essentielle permettant et garantissant la pratique de la spiritualité de son choix dans le cadre de la sphère privée. Et la cohabitation des différences conduit immanquablement à l’évolution d’une société paisible et en bonne santé vers le métissage (ethnique, culturel, culinaire !).
L’Autre ne m’a jamais fait peur, bien au contraire : il m’a toujours inspiré tout en m’aidant à comprendre en profondeur celui que j’étais. Ce qui me fait peur, au minimum me met profondément mal à l’aise, c’est la ghettoïsation, c’est-à-dire le rassemblement des semblables, l’auto-enfermement des gens identiques, arc-boutés sur des valeurs (en soi sans doute respectables) mais au nom desquelles la différence est exclue, et à terme fait toujours l’objet d’une décision d’éradication. La constitution à Bruxelles de quartiers-ghettos islamisés, comme je le constate de plus en plus, c’est le contraire du métissage, c’est le contraire de l’ouverture vers l’autre, c’est le contraire du respect des différences, c’est le contraire des valeurs de la République – même si la Belgique est une monarchie parlementaire fédérale !
Pour en revenir à notre exploration des merveilles architecturales d’Ixelles, elle nous conduit bientôt jusqu’à la rue de la Vallée, véritable vitrine de l’Art Nouveau avec son alignement d’immeubles, et aux deux lacs qui s’étirent paisiblement entre l’avenue du Général de Gaulle et celle des Éperons d’or. Entre les deux lacs, au sommet d’une colonne au milieu du minuscule Square du Souvenir, trône une effigie africaine à la gloire des colons du Congo Belge. Dans plusieurs grands arbres avoisinants, des perruches retournées à la vie sauvage ont bâti d’immenses nids – il y aurait ainsi sur la ville plus de mille couples de perruches naturalisées, descendantes de quelques individus échappés lors d’une foire exposition, il y a bien longtemps. Étonnant contraste.
En milieu d’après-midi, nous repartons vers notre appartement – nous résidons Square Larousse, au centre d’un triangle délimité par les avenues Albert, Brugman et de la Jonction, pile sur la démarcation entre les communes de Forest et de Saint-Gilles. Nous empruntons d’autres rues, au petit bonheur la chance, qui nous fournissent nombre d’occasions de repérer de nouvelles façades Art Nouveau : il y en a vraiment partout et les plus belles ne sont pas forcément celles recensées dans les guides touristiques ! Nous arrivons ainsi à la maison de Victor Horta, juste à temps pour la visiter avant l’heure de la fermeture. Rude journée mais que de belles émotions.
Anita a compilé les circuits proposés par plusieurs guides et nous avons concocté un itinéraire pédestre dont je préfère ne pas estimer la longueur en kilomètres… A ce sujet et tant que j’y suis, le Guide du Routard n’est vraiment plus ce qu’il était il y a encore une quinzaine d’années – je me souviens de l’époque où on rentabilisait son acquisition simplement en y dénichant une adresse d’hôtel de qualité à petit prix. Celui consacré à la Belgique est proprement indigent, truffé d’informations inexactes ou pour le moins très parcellaires, sur fond d’humour crétin lorsqu’il n’est pas carrément insultant. Il est bien dommage que la simplicité, la gentillesse, la bonhommie des francophones de Belgique continuent d’alimenter un humour franchouillard éculé et teinté de xénophobie malodorante.
Et voilà des considérations qui me ramènent à mon billet d’avant-hier concernant ce que j’ai appelé "l’islamisation rampante" de Bruxelles et qui, je n’en espérais pas moins, a suscité quelques commentaires. Je suis né et j’ai passé les premières années de ma vie dans une cité ouvrière, à la frontière du Luxembourg et de la France, à deux pas de la Belgique et guère plus loin de l’Allemagne. Dans ma rue, il n’y avait que des "étrangers" venus d’une dizaine de pays différents – bonjour les bonnes senteurs à l’heure des repas ! Dans ma famille, c’était la même chose : j’ai souvent raconté que mes huit arrière-grands-parents étaient de sept nationalités différentes, que du fait que mes parents travaillaient tous les deux je passais la semaine chez mes grands-parents maternels, elle luxembourgeoise et lui espagnol.
Pour moi, la normalité c’est la différence – ou plutôt c’est la cohabitation paisible des différences avec pour point commun le respect des valeurs de la République, le fameux "liberté / égalité / fraternité" (et cette dernière valeur n’était pas un vain mot pour le prolétariat des mines et des hauts-fourneaux), sur fond de laïcité de la sphère publique, valeur essentielle permettant et garantissant la pratique de la spiritualité de son choix dans le cadre de la sphère privée. Et la cohabitation des différences conduit immanquablement à l’évolution d’une société paisible et en bonne santé vers le métissage (ethnique, culturel, culinaire !).
L’Autre ne m’a jamais fait peur, bien au contraire : il m’a toujours inspiré tout en m’aidant à comprendre en profondeur celui que j’étais. Ce qui me fait peur, au minimum me met profondément mal à l’aise, c’est la ghettoïsation, c’est-à-dire le rassemblement des semblables, l’auto-enfermement des gens identiques, arc-boutés sur des valeurs (en soi sans doute respectables) mais au nom desquelles la différence est exclue, et à terme fait toujours l’objet d’une décision d’éradication. La constitution à Bruxelles de quartiers-ghettos islamisés, comme je le constate de plus en plus, c’est le contraire du métissage, c’est le contraire de l’ouverture vers l’autre, c’est le contraire du respect des différences, c’est le contraire des valeurs de la République – même si la Belgique est une monarchie parlementaire fédérale !
Pour en revenir à notre exploration des merveilles architecturales d’Ixelles, elle nous conduit bientôt jusqu’à la rue de la Vallée, véritable vitrine de l’Art Nouveau avec son alignement d’immeubles, et aux deux lacs qui s’étirent paisiblement entre l’avenue du Général de Gaulle et celle des Éperons d’or. Entre les deux lacs, au sommet d’une colonne au milieu du minuscule Square du Souvenir, trône une effigie africaine à la gloire des colons du Congo Belge. Dans plusieurs grands arbres avoisinants, des perruches retournées à la vie sauvage ont bâti d’immenses nids – il y aurait ainsi sur la ville plus de mille couples de perruches naturalisées, descendantes de quelques individus échappés lors d’une foire exposition, il y a bien longtemps. Étonnant contraste.
En milieu d’après-midi, nous repartons vers notre appartement – nous résidons Square Larousse, au centre d’un triangle délimité par les avenues Albert, Brugman et de la Jonction, pile sur la démarcation entre les communes de Forest et de Saint-Gilles. Nous empruntons d’autres rues, au petit bonheur la chance, qui nous fournissent nombre d’occasions de repérer de nouvelles façades Art Nouveau : il y en a vraiment partout et les plus belles ne sont pas forcément celles recensées dans les guides touristiques ! Nous arrivons ainsi à la maison de Victor Horta, juste à temps pour la visiter avant l’heure de la fermeture. Rude journée mais que de belles émotions.