« Visite à Milonga, grande surface dédiée aux instruments de musique, en banlieue. Amoncellement d’amplis et de batteries entre des murs de guitares. A l’étage, quelques claviers et du matériel de sono. Au rayon "soldes" une Precision et une Jazz Bass Fender en version wornroad – instruments vieillis artificiellement en ponçant les rebords de la caisse, afin de donner un look vintage à deux balles. Faut quand même être un peu débile, non ? »
Visite à Milonga, grande surface dédiée aux instruments de musique, en banlieue. Amoncellement d’amplis et de batteries entre des murs de guitares. A l’étage, quelques claviers et du matériel de sono. Au rayon "soldes" une Precision et une Jazz Bass Fender en version wornroad – instruments vieillis artificiellement en ponçant les rebords de la caisse, afin de donner un look vintage à deux balles. Faut quand même être un peu débile, non ? Une guitare abîmée tout exprès et achetée au prix fort : ça a à peu près autant d’intérêt que mettre des chaussettes trouées par un designer. Egalement soldée, une Gibson SG – mais j’en ai déjà une qui sonne certainement mieux que celle-ci, fabriquée en Chine ou je ne sais où. En tout cas, les vendeurs, jeunes pour la plupart, sont gentils et ont ce qu’il faut de présence – sans plus. C’est agréable. On est très loin de l’arrogance de la plupart des gens qui travaillent dans les magasins de musique – et qui, s’ils possèdent souvent une maîtrise instrumentale convenable, sont en réalité des musiciens ratés et imbus d’eux-mêmes. Il n’y a rien de pire que ces has been qui n’ont jamais eu d’autre importance sur la scène artistique que celle qu’ils se sont eux-mêmes localement accordée ! D’une part, peu de gens comprennent que "artiste" c’est avant tout un choix de vie, et que cela n’a strictement rien à voir avec la reconnaissance médiatique – mais alors strictement rien de rien. D’autre part, la plupart des gens qui évoluent dans le milieu musical confondent "instrumentiste" et "musicien" : il y a des musiciens formidables qui sont des instrumentistes très moyens, et on s’en fout !, comme il y a des chanteurs transmettant un semi-remorque d’émotions chaque fois qu’ils montent sur scène… alors qu’ils chantent souvent pas très juste, comme Dylan ou Neil Young, et là encore, on s’en fout ! Les instrumentistes qui enfilent des notes à deux cents à l’heure à l’esbroufe m’emmerdent. Nous repartons de Milonga après quelques petites emplettes : Anita a acheté une sourdine pour violoncelle et moi une flûte irlandaise en ré – j’en envie de refaire un peu de musique acoustique d’inspiration celtique. Je pourrais évidemment utiliser un de mes synthés pour des parties de flute, mais je préfère les jouer avec un vrai flutiau des familles et tant pis si c’est un poil faux. Ces derniers mois, j’ai noté pas mal de bricoles et il me tarde le retour des beaux jours pour retourner en studio.