Razzies 2007 : Le prix du pire !

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« C’est ainsi que, lors d’un récent après-midi, j’ai découvert en feuilletant ledit Bifrost dans une librairie parisienne que Sunk avait remporté le prix du plus mauvais roman de l’année. Sourcils froncés, j’ai soigneusement parcouru l’article, espérant y dénicher quelque révélation sanglante, quelque pique personnelle susceptible de déchaîner ma hargne vengeresse. Las ! Rapidement, ma curiosité s’est muée en ennui. Tout ça suintait décidément trop la frustration ordinaire, les petits poings serrés, et puis il y avait un John Berger sur une table d’à côté, et une vendeuse me souriait, bref, la vie était ailleurs, et c’est non sans une certaine tristesse que j’ai réalisé à quel point j’avais vieilli, à quel point je n’en avais rien à foutre des Razzies et de Bifrost (comme 63 603 551 habitants minimum au dernier recensement) et à quel point il était 18h30. » (Fabrice Colin, 2006)

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Bienvenue chez les éditeurs qui prennent les lecteurs pour des cons !

(on va encore se faire des amis)

Nos lecteurs fidèles (ceux qui ne nous écrivent jamais pour savoir où on peut trouver notre « mythique » numéro 1 et n'achèvent pas systématiquement leur courrier par « longue vie à Bifrost ») le savent : notre premier numéro de chaque nouvelle année est l'occasion d'une cérémonie païenne (mais quasi satanique) fleurant bon le darwinisme éditorial : les Razzies, le prix du pire, une activité salutaire, voire jouissive. Cette année, tout comme les deux années précédentes, la fiesta - interdite au public - a eu lieu à Paris, au Restaurant Kashmir de la rue Grégoire de Tours (à un jet de crucifix de nos amis du Magasin des Artisans de Bethléem)… Etaient présents : Org, Pat et Vicious, un Vicious qui fêtait d'ailleurs ses 35 ans et se préparait mentalement - aidé par de copieuses rasades alcoolisées - à passer sur le billard dès le lendemain (la hernie discale, ça fait mal !).

Petit rappel, à toutes fins utiles et comme toujours : les Razzies se veulent subjectifs, bêtes, d'une mauvaise foi plus qu'occasionnelle et volontiers méchants. Faire sourire est leur seule ambition (en tout cas avouée). Les nominations aux Razzies ne sont pas seulement motivées par la qualité intrinsèque des œuvres en compétition, mais aussi par le contexte de leur publication.

Nouvelle francophone

Commençons en douceur et, fidèles à notre habitude, avec le Razzy de la pire nouvelle francophone. Contrairement à l'essaimage des années précédentes, les rares textes nominés pour 2007 ont, dans l'ensemble, bénéficié de deux votes. Ainsi en était-il pour « Un Fabuleux projet » de Nathalie Le Gendre (Galaxies n°39), les nouvelles de Julien « Daylon » Bouvet apparues ça et là, notamment dans  Fiction n°3, et la nouvelle (?) de René Beaulieu dans l'anthologie/revue Les Anges électriques.

Quant au seul texte nominé une fois, il s'agissait du très pénible « EspylaCopa » de Jérôme Camut & Nathalie Hug, in Fantasy 2006 (Bragelonne).

Très tenté de récompenser le débutant Julien Bouvet pour ses inoubliables contributions, preuves que même les meilleurs peuvent parfois s'oublier dans une bouteille de champagne, le jury lui a cependant préféré un vieux de la vieille, un routard du domaine somme toute bien sympathique, à savoir René Beaulieu, dont l'interminable  « Cendres » est la purge sommitale de la très coûteuse et assez peu goûteuse anthologie Les Anges électriques (les Moutons électriques éditeur). Un Razzy de la pire nouvelle francophone bien mérité.

Nouvelle étrangère

Pour ce qui est du Razzy de la pire nouvelle étrangère, les éditions Bragelonne sont passées tout près du pompon avec pas moins de quatre nominations : « Chants d'adieu » de Peter Crowther, dans Science-Fiction 2006 ; « Invincible » de Terry Brooks,  « Sous une autre lune » de Dave Duncan, et « Le Feu de garde » de Raymond E. Feist et Janny Wurts en collaboration, tous trois parus dans Fantasy 2006 (une mine !). Avec deux votes, l'invincible Terry Brooks aurait dû l'emporter, mais c'était sans compter sur Fiction et son formidable hommage à Robert Sheckley, publiant à l'occasion une nouvelle du maître sans le moindre intérêt,  « Magie, marronniers et Maryanne », le tout sans oublier d'en confier la traduction à une experte en massacre textuel, Sophie Janod. Voici sans doute ce qu'on appelle une « oraison funèbre à la lyonnaise », pour un  Robert Sheckley qui méritait bien mieux. Robert nous aura donc quitté sur un Razzy de la pire nouvelle étrangère : gageons que là où il est, il en rit encore…

Roman francophone

Ceux qui s'imaginent une guerre ouverte au moment du décernement du Razzy du pire roman francophone vont en être pour leurs frais : cette année, il n'y avait que quatre candidats, et le suspense n'a duré pas plus d'une demi seconde (la présence de notre collaborateur Jean-Pierre Lion aurait sans doute quelque peu animé le débat, mais bon, il n'était pas là). Notre premier nominé, à l'initiative d'un Vicious assez remonté, n'était autre que David Calvo pour  Minuscules flocons de neige depuis dix minutes, une bouillie de bonnes idées (voire de très bonnes) tellement mal écrite (sans parler de l'orthographe et de la grammaire) qu'on regrette que les Moutons électriques n'aient pas investi dans une traduction française, ce qui aurait probablement donné la mention suivante : « livre traduit du bas-calvo, du moyen-calvo et du calvo usuel par Julien Bouvet et André-François Ruaud, avec l'aide de Fabrice Colin et de quelques tubes d'anxiolytiques ».

Etait aussi nominé Sur Terre… Ou Ailleurs ? de l'inconnu Didier Zelphati aux éditions non moins inconnues Velours. Où comment écrire en 2006 un roman qui ressemble à la traduction pourrie d'un mauvais Asimov de 1952. Personne ne connaît, à coup sûr, et c'est mieux comme ça.

Avec deux votes, venait ensuite Le Papillon des étoiles de Bernard Werber, une merde inepte, débile et dénuée de la moindre idée neuve (pour ce qui est du style, ça fait longtemps qu'on n'attend plus rien de Werber), et qui enfile les évidences comme d'autres des perles. Même l'éditeur (Albin Michel), pourtant grand professionnel, a peiné à trouver une phrase pertinente au sein de l'ouvrage, puisqu'il nous sert en quatrième de couverture : « Cette planète est notre berceau, mais nous l'avons saccagée. Nous ne pourrons plus jamais la soigner ni la retrouver comme avant. » Un argument commercial et pré-électoral d'une telle mièvrerie que même Nicolas Hulot a dû en verdir son slip.

Calvo, Zelphati, Werber : trois candidats fort honorables, surtout le dernier, mais qui ne sont que de viles musaraignes à dents courtes comparés au Porteur du Roman Unique, au kwisatz haderach de la S-F francophone, au Watchman des Fnac de France et de Navarre : Alexis Aubenque, qui a publié non pas un, mais quatre romans en 2006, à savoir les quatre premiers volumes de sa série « L'Empire des étoiles ». Lire Aubenque, pour le héros héroïque que nous rêvons tous d'être, c'est découvrir les joies d'une fellation prodiguée en apnée par une extraterrestre experte mais néanmoins docile. En attendant la prescription scolaire et le Prix Femina, voici donc Alexis Aubenque lauréat pour la troisième fois du Razzy du pire roman francophone. On applaudit de tous nos appendices. « Guieu est mort, vive Aubenque !!! »

Roman étranger

Assez peu de nominés, somme toute, dans la catégorie Pire roman étranger. On notera juste en passant le vote de Pat pour Alexis Aubenque (mais bon, vu le style du kwisatz haderach de la S-F francophone, c'est vrai que ses romans passent facilement pour de mauvaises traductions).

Etaient donc étrangers et nominés :

Le Voyageur de John Twelve Hawks, dit Grippe Aviaire (chez Lattès), une bouse new-age dénuée de la moindre once d'invention et fleurant le coup éditorial foireux à plein nez, ce qui ne surprendra personne de la part de l'éditeur de Dan Brown.

L'Algébriste de Iain M. Banks… Certes, il y a sans doute pire. Mais peut-on raisonnablement pardonner à Shakespeare de faire du Bernard Werber ?

Lurulu de Jack Vance, roman sans intérêt aucun et épitaphe probable d'un des plus grands auteurs de la S-F dont on se serait bien passé (son dernier bouquin, pas l'auteur !).

On a marché sur Mars de Robert Zubrin aux Presses de la cité, roman américano-centriste grotesque, lecture suspecte dégoulinante de bons sentiments et de condescendance. Beurk !

De bons candidats, certes, mais ce serait oublier Michael Crichton et la mauvaise foi de son Etat d'urgence, où le réchauffement climatique est une contrevérité fourguée aux médias par de machiavéliques terroristes écologiques. Ah ah ah, et mes floraisons de dé-cembre, cher Michael, c'est le fion des anges, un cadeau de la veuve Noël ? On salue bien bas l'artiste Michael Crichton, suppôt bien connu de George Bush Jr et lauréat du Razzy 2007 du pire roman étranger !

Traduction

Pour ce qui est du Razzy de la pire traduction, les nominés étaient relativement nombreux :

- Nenad Savic pour L'Algébriste, un grand moment de langue française sans doute relu entre deux retards de l'A380 par Jean-Claude Dunyach (à moins que les traductions ne soient pas relues chez Bragelonne, ce qui ne surprendrait personne).

- Antoine Martin, pour la traduction de Le Sommeil de la raison de Juan-Miguel Aguilera, Au Diable Vauvert, déjà lauréat l'année dernière, mais qui ne s'est guère amélioré depuis.

- Antoine Martin, toujours, chez le même éditeur, pour L'Ombre de l'oiseau-Lyre d'Andrès Ibañez, summum de pénibilité stylistique. La France manque de serveurs, d'infirmiers et de maçons. Antoine, as-tu pensé au reclassement ?

- Luc Baranger, très en forme avec Le Dernier secret des baleines de Christopher Moore (Gallimard), où il s'autorise une note de bas de page pour expliquer qui est Pollock, où il traduit systématiquement « it » par « cela » et « holy shit » par « sainte merde », etc. On se croirait revenu à l'époque glorieuse où Jean Bonnefoy faisait n'importe quoi aux éditions Denoël.

- Sophie Dabat, pour l'ensemble de son travail aux Moutons électriques. Il faut bien que les débutants débutent, certes, mais pour ça, il y a « Star Wars » et « Lancedragon ».

- Elisabeth Vonarburg, pour Le Dernier rayon du soleil de Guy Gavriel Kay (le Pré aux clercs), ou comment transformer un chef-d'œuvre de la littérature en fantasy bas-de-plafond.

D'excellents candidats, sans doute, cependant coiffés au poteau par le calamiteux travail de Marie de Prémonville sur Rhapsody d'Elizabeth Haydon (éditions Pygmalion). Une traduction si naze que l'éditeur s'est empressé d'appeler un vétéran de la traduction (par ailleurs lauréat du Grand Prix de l'Imaginaire) pour voir s'il y avait moyen de rattraper le tir dans les volumes suivants. Le pire, c'est que le vétéran en  question a relevé le défi…

Couverture

C'est au moment du vote pour le Razzy de la pire couverture que le repas jusque-là plutôt calme et consensuel s'est franchement animé, chacun fourbissant une liste longue comme un intitulé d'accusation du Tribunal Pénal International.

Ont été cités : Armel Gaulme pour les couvertures de Mary Stewart aux éditions Cal-mann-Lévy ; Denoël « Lunes d'encre » pour la couverture du Adam Johnson Des Parasites comme nous (qui n'est autre que la couverture américaine du livre) ; Chabeuh pour sa vomitive, grise et triste couverture du Bifrost n°41 spécial Christopher Priest ; Christophe Vacher pour La Déchirure de Robin Hobb (Pygmalion) ; Jackie Paternoster pour l'ensemble de sa production de l'année, avec une spéciale dédicace pour la couverture de La Route de Dune  de Frank Herbert, Brian Herbert et Kevin J. Anderson (trois noms pour une seule bouse !) chez « Ailleurs & demain » aux éditions Robert Laffont, mais bon, on pourrait aussi souligner l'ignoble amateurisme de ses couvertures pour le « Quatuor de Jérusalem » d'Edward Whittemore ; Michelle Blessemaille pour ses immondes couvertures de  Né avec les morts de Robert Silverberg et En route pour la gloire de Robert Heinlein chez Folio « SF », collection dont on soulignera la laideur globale, surtout sur le premier semestre 2006 (ainsi, outre Michelle Blessemaille, les couvertures signées Gary Tonge, Diane Dufraisy ou, summum de la réussite, Meltin Seven, dont on se souvient de la réalisation pour Semailles humaines de Blish : un pur bonheur) ; toujours au rang de l'immonde itératif, une palme à la collection J'ai Lu « SF/Fantasy » qui nous concocte tout de même deux fois sur trois des plâtrages re-doutables et, plus spécifiquement, une palme bien appuyée pour le jeu de massacre auquel se livre Johan Camou sur l'excellente série de fantasy « La Compagnie noire » de Glen Cook - ceci dit, on constate que chez J'ai Lu, ils illustrent aussi très mal les bouses, comme le prouve le travail de Bernard Ling sur la série « Honor Harrington » ; Bragelonne, pour l'extraordinaire exploit d'employer celui qui est sans doute à l'heure actuelle l'un des tout meilleurs illustrateurs du domaine, Stephan Martinière, et lui faire accoucher d'un truc aussi vomitif que la couve de L'Algébriste de Iain M. Banks ; les éditions Au Diable Vauvert pour leur couverture d'Anansi Boys de Neil Gaiman… en fait, la liste est sans fin, ou presque.

2007_lord-dunsany_la-fille-du-roi-des-elfes.jpgReste que tout ce beau monde est coiffé au poteau par deux couvertures : La Fille du roi des elfes illustré par Guillaume Sorel (Denoël « Lunes d'encre »), un ratage qui ne remet pas en cause le talent de l'artiste, mais laisse fortement douter du bon goût de son éditeur (voilà pour la fantasy) ; Alien Earth de Megan Lindholm (éditions Télémaque), sans aucun doute la couverture de S-F la plus laide d'une année très riche (couverture non signée, d'ailleurs, et on comprend pourquoi) : même Jacky Paternoster est battue à plat de couture (et Dieu sait que la barre était basse). Bref, deux lauréats pour un prix : Guillaume Sorel et le courageux (courageuse ?) ayant commis la couverture des éditions Télémaque, qu'on surnommera, pour l'occasion : « Je n'ai aucun talent et en plus je ne sais pas me servir de mon Mac ».

Putassier

Le prix putassier, le préféré des éditeurs, a été cette année, et plus ou moins comme d'habitude, la bulle temporelle d'une véritable bataille rangée.

A tout seigneur tout honneur : on commencera par Gilles Dumay, nominé deux fois pour son intégrale « Fondation  » en « Lunes d'encre », qui n'a rien d'intégrale (manquent deux romans du cycle) et dont la publication n'a pour but que de ramener de l'argent (beaucoup d'argent) aux éditions Denoël, puisque l'aversion du directeur de « Lunes d'encre » pour l'œuvre d'Asimov est non seulement connue, mais revendiquée. Ainsi, courant 2006, a-t-on pu observer le sieur Dumay abondamment cracher dans la soupe sur quelques sites innommables et traiter (entres autres avanies) Asimov « de Barbara Cartland de la S-F ».

Continuons avec Bragelonne, qui fait fort sur deux fronts très différents, d'abord avec la nouvelle collection Bragelonne « SF », dont on attend encore le premier bon livre ; ensuite pour la réédition des romans de Ian Fleming qui colle, certes, à l'arrivée du nouveau James Bond au cinéma, mais ne séduira ni les amateurs de littérature, ni les cinéphiles enivrés à la « vodka-martini, au shaker, pas à la cuiller » ; car pour ceux qui l'ignoreraient, Fleming c'est quand même beaucoup plus chiant que Marguerite Duras et infiniment moins intelligent.

Question putasseries, notons que le Fleuve Noir (à moins que l'auteur écrive lui-même ses textes de quatrième de couve, qui sait ?) fait très fort en affirmant en quatrième de couverture des œuvres d'Alexis Aubenque que celles-ci s'inscrivent dans la tradition des grandes sagas, entre « Dune » et « Le Seigneur des anneaux  ». Evidemment, ça claque plus qu'une bande : « Lauréat du Razzy 2007 - catégorie pire roman francophone ».

N'oublions pas aussi Calmann-Lévy « Fantasy » qui, avec La Sorcière grise de Ryo Mizuno, une bouse mal écrite/mal traduite, lue cent fois, dénuée du moindre intérêt et qui prendrait même l'amateur de la plus foireuse des fantasy de chez Bragelonne pour un con, se lance dans la publication des « Chroniques des Guerres de Lodoss  » dans le seul but de surfer sur la vague manga. Minable.

Et pour finir, notre favori et lauréat, ta ta ta !, Les éditions Pygmalion, qui s'obstinent à couper en deux tout bouquin de Robin Hobb sous le seul prétexte que Robin Hobb est leur vache à lait (saucissonnage qui ne s'arrête pas à Hobb, loin de là, et dont sont victimes quasiment tous les auteurs de leur ligne fantasy). Comme ils ne veulent pas que ça se sache, de peur de s'aliéner leurs cochons de lecteurs-payeurs (ils sont vraiment crédules, ces éditeurs !), décernons-leur sans problème le Prix Putassier 2007 et invitons TOUS nos lecteurs à attendre que les bons livres de Pygmalion sortent en poche, chez J'ai Lu, avant de les acheter. Ce qui devrait rapidement les faire changer de politique.

Non fiction

Pour ce qui est du Prix de la pire non fiction, les candidats étaient nombreux :

- Stéphane Marsan pour sa préface de Fantasy 2006 (Bragelonne) où il ose écrire que le marché de la fantasy n'est pas saturé (l'Oxymore confirme) ; le même pour son éditorial de Science-Fiction 2006  (Bragelonne, toujours) où il explique qu'il ne connaît rien à la S-F, mais bon, que ça ne va pas l'empêcher de la sauver en publiant des Super Nouveaux Space Opera Qui Arrachent La Culotte A Ta Mère (SNSOQALCATM), grâce à son nouveau pote avec qui il se marre beaucoup : Jean-Claude Dunyach.

- L'interview de William Gibson dans le Galaxies n°40, spécial cyberpunk. Summum de vide et traduction au diapason.

- La revue Sci Fi, pour l'ensemble de leur premier numéro, totalement foireux, sans le moindre intérêt, rempli de news réchauffées et de rubriques sur l'étrange pour le moins suspectes, dénué de la moindre rubrique critique sur l'actualité du livre S-F. La misère !!

- La complainte de Crapougnette (aka Sylvie Lainé) sur le site cafardcosmique.com ; Cosette a trouvé sa maîtresse… mais que fait Jean Valjean ? Plutôt que d'écrire des conneries à faire pleurer Candy sur la Toille, elle ferait mieux d'écrire un roman.

- Le délicieux Fabrice Colin, qui passe quand même 7000 signes à expliquer aux lecteurs du site actusf.com à quel point les Razzies c'est que dalle, que ça compte même pas (suite à son couronnement l'an dernier pour Sunk, crotte insignifiante commise avec son pote David Zébulon Calvo)

- L'article fielleux de Léa Silhol, « Happiness in slavery », publié sur le site actusf.com, un compendium de conneries suffisantes sur la fin de sa maison d'édition, l'Oxymore, une envolée haineuse et désabusée farcie d'anglicismes parce que c'est quand même plus classe et qui crache à longueur de lignes sur ces gros cons de lecteurs qui n'ont pas acheté ses livres et cette France de merde où tout est pourri. Du joli travail, et une épitaphe douteuse dont cette petite structure méritante se serait bien passée. (On rappelle aux « connards » habitués à lire les œuvres toutes en modestie de Léa Silhol que son prochain roman paraîtra en avril 2007 aux Moutons électriques ; surtout ruez-vous pour en acheter des tonnes, on sait de source sûre qu'il n'y en aura pas pour tout le monde).

Rest in peace, Léa ; c'est avec un plaisir immense et sincère que nous te décernons le Razzy 2007 de la pire non-fiction.

Incompétence éditoriale

Les débats ne se sont guères calmés au moment de la remise du  Prix de l'incompétence éditoriale. Etaient nominés :

- La collection «  Ailleurs & demain » (Robert Laffont) pour ses couvertures, évidemment, mais aussi pour sa ligne éditoriale de plus en plus étrange : de la fantasy (en tout cas, c'est ce que nous en dit la quatrième de couverture) de Charles Stross, médiocre pour tout arranger ; des spin off de Dune en veux-tu en voilà ; le « Quatuor de Jérusalem », qui est certes une œuvre géniale, mais n'a rien à faire dans une collection comme « Ailleurs & demain » (qu'il serait sans doute temps de rebaptiser : « Gérard Klein présente »). Au final, plein de choses à lire, y compris quelques bonnes, mais quasiment plus de science-fiction  stricto sensu.

- Les éditions Gallimard, pour avoir pilonné l'intégralité du premier tirage de Rêve de fer de Norman Spinrad, parce que les lecteurs risquaient de prendre la couverture et la quatrième de couverture au premier degré. Chez Gallimard, on sait ce qui est bon pour vous, pauvres lecteurs privés de la moindre once de culture générale, qu'on se le dise !

- La collection fantasy des éditions du Seuil, le royaume du grotesque et du n'importe quoi. On y publie en poche le premier volume d'une trilogie dont la suite n'a jamais été traduite en grand format, on y reprend des traductions catastrophiques sans en corriger la moindre virgule, on y publie les fonds de tiroir de Robert Holdstock histoire de surfer sur la vague Holdstock, ce qui achève de décrédibiliser totalement l'auteur. Etc. Du grand art éditorial et un niveau littéraire ras des pâquerettes, ce qui surprend de la part d'un tel groupe.

Sans surprise, et à  l'unanimité, c'est la collection Point Seuil « Fantasy » qui récolte le Prix de l'incompétence éditoriale.

Grand Master Award

Outre la collection Point Seuil « Fantasy », récompensée ci avant, étaient nominés au  Grand Master Award :

- La bande de comiques qui a ressuscité le Grand Prix de la science-fiction Française parce qu'il y a souvent - horreur ! - du fantastique et de la fantasy dans le palmarès du Grand Prix de l'Imaginaire. Comme toujours avec les intégristes, c'est leur manque d'imagination qui frappe, puisque leur palmarès correspond évidemment à celui du GPI. La honte ! (Mais bon, y'a pas mort d'elfe, non plus…) En Afrique, on se cache une lune durant derrière un baobab pour moins que ça.

- Stéphanie Nicot, pour le naufrage annoncé de la revue Galaxies (retards itératifs, qualité en berne, putasserie généralisée du ton de la revue, n°42 réservé aux abonnés, etc.).

Evidemment, entre une comique bande d'intégristes et une grande dame de l'édition, incapable du moindre poil de cul d'autocritique, trait qu'elle partage avec Léa Silhol, il n'y avait pas de choix possible. Aussi est-ce avec grand plaisir que nous offrons, tel un magnifique bouquet de roses, notre Grand Master Award à Stéphanie Nicot, en lui souhaitant qu'elle redresse la barre, ce qui semble salement mal engagé.

C'est fini pour cette année. A l'an prochain !

Et comme disait ce bon vieux Jack Baron : « Et on s'amuse, et on rigole ! »

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