Le jeu vidéo est un peu con, je ne vois pas vraiment d'autre façon de le dire.
Etant donné que je sors avec lui j'essaie de le défendre dans les
soirées mais quand il va aux toilettes, mes amis se tournent
généralement vers moi en haussant un sourcil et me sortent : "Dis, il
serait pas un petit peu con, ton copain ?" Et que puis-je leur répondre
? Qu'il assure comme une bête au pieu ? Qu'il connaît des positions
incroyables et qu'il est disponible n'importe où, même dans les lieux
publiques ?
Il n'en reste pas moins con.
Dans cet
article, j'évoquerai les jeux se déroulant dans un univers de
science-fiction faisant preuve d'une connerie hors du commun.
Entendons-nous bien, 98% des jeux vidéo sont scénaristiquement débiles,
et personne ne dissertera jamais sur les nuances de l'intrigue d'un jeu
tel que Earth Defense Force 2017...
"En fait, les robots géants et les fourmis mutantes
constituent une parabole de la situation au Moyen-Orient."
...Mais Earth Defense Force 2017 n'a pas d'autre prétention que de
défouler, et ne repose finalement que sur ses mécaniques de jeu (un peu
comme tetris). En revanche, les cinq jeux suivants ont tous partagé la
même ambition : offrir un scénario et un univers SF de qualité.
Leur spectaculaire échec sera mesuré en John RomeroNote de Clément :
A ne pas confondre avec George A. Romero, réalisateur de La nuit des morts-vivants, John Romero est à l'origine de jeux à grands succès comme Doom ou Quake mais l'histoire l'a surtout retenu pour son jeu Daïkatana, généralement considéré comme l'un des pires ratages vidéo-ludiques de tous les temps. :
Mass Effect
La lueur d'espoir : L'univers de Mass Effect est l'un des plus
fouillés, vastes et réalistes qu'il m'ait été donné de parcourir dans
un jeu vidéo. Limite hard-science, il présente même des concepts bien
originaux tels que cette race extra-terrestre qui ne maîtrise pas le
concept d'intonation, et dont la machine de traduction est obligée de
préciser l'humeur en début de chaque phrase.
La triste réalité : Vous incarnez le capitaine Shepard,
vous êtes célèbre et courageux, vous êtes à la tête d'un tout nouveau
prototype de vaisseau révolutionnaire et ultra-performant, dans la
première heure de jeu, vous êtes nommé membre des SPECTRE, la super
unité spéciale de l'Alliance qui s'occupe des opérations spéciales
vachement dangereuses, et vous vous retrouvez par accident dépositaire
du savoir d'un artefact millénaire, duquel dépendra le sort de la
galaxie. Y a un méchant qui veut détruire l'univers avec une armée
d'aliens zombies, il faut l'arrêter. Voilà. C'est triste, mais c'est
comme ça.
"Et on dirait qu'en plus, je serais le prince du royaume et puis un ninja aussi !"
Note :
Metal Gear Solid 2
La lueur d'espoir : Metal Gear Solid 2 est la suite de Metal Gear Solid
(oui j'ai pris des cours), et Metal Gear Solid était un peu moins con
que la plupart des jeux vidéo, niveau scénario.
La triste réalité : Hideo Kojima, après le succès
phénoménal (et mérité) de MGS premier du nom, a tout simplement pêté un
câble. Non content de refaire plus ou moins le même jeu, en plus beau
(et ce sont les personnages du jeu eux même qui le disent : « Nous
avons reproduit les évènements de Shadow Moses, ah ah ! »), la fin de
l'histoire enchaîne une succession de twist plus navrants les uns que
les autres. Genre on était dans une simulation virtuelle au sein d'un
complot, mais c'était un rêve et tout le monde t'a trahi, de ton
supérieur à ta petite amieNote de Clément :
Laquelle, si je me souviens bien, s'avère par ailleurs être une intelligence artificielle totalement dématérialisée. True story.. Imbitable.
Le président des Etats-Unis d'Amérique, dans MGS2. Sans déconner.
Note :
Beyond good and evil
La lueur d'espoir : « Beyond Good and Evil », Au-delà du bien et du mal ! Voilà un titre qui résonne !
La triste réalité : Dans le jeu, on incarne Jade, une jeune et
courageuse reporter qui s'occupe d'un orphelinat. Pendant les 10
premières minutes du jeu, on sauve déjà quatre orphelins d'un tentacule
extra-terrestre. Déjà, les lignes du bien et du mal sont floutées … La
complexité de l'être humain et ses zones de morales grises sont
dépeintes à la perfection. Mais l'intrigue va plus loin encore : après
l'incident, des policiers arrivent : « Section Alpha, nous sommes là
pour vous protéger ! Il est interdit de filmer mademoiselle ! Nous
sommes contre la liberté d'expression et le bonheur en général ! ».
Cette mystérieuse section alpha travaille pour le gouvernement. Mais
veut-elle vraiment notre bien ? Vous ne le saurez qu'en jouant à ce
jeu, directement inspiré des travaux de Friedrich Wilhelm Nietzsche sur
la condition humaine.
Sur cet exemplaire du jeu, un mystérieux justicier a rétabli la vérité
Note :
Half-Life 1 et 2
La lueur d'espoir : Les Half-Life sont tout simplement considérés comme
les plus grands jeux PC de tous les temps par gamerankings et
méta-critiques, et les plus intelligent des jeux de tirs subjectifs au
monde.
La triste réalité : Le premier Half-Life commence très
bien. Nous sommes Gordon Freeman, un scientifique engagé dans
l'installation de recherche de pointe Black Mesa. Au bout de onze
minutes de jeu, un incident se produit, une faille s'ouvre sur une
autre dimension : des extra-terrestres zombies assoiffés de sang en
sortent. Il faut les tuer à coups de pied de biche. Plus tard, des
militaires viennent nous sauver. Ah non, nous tuer, en fait. Il faut
aussi les tuer à coups de pied de biche.
Après un rapide calcul, il s'avère que l'on doit tuer
plusieurs milliers de soldats / extra-terrestres /
zombies-soldat-extra-terrestres, durant ces deux jeux. Ca donne envie
de connaître le scénario du jeu de tir le moins intelligent au monde,
non ? (un indice, il se déroule sur mars et implique des démons venus
des enfers)
Les lunettes symbolisent la science et la pondération, motherfucker
Note :
Haze
La lueur d'espoir : Des soldats que l'on drogue pour altérer leur
perception de la réalité, un cartel économique déclarant la guerre à
des paysans mexicains (?)…Le pitch avait quand même la classe.
La triste réalité : Haze est le parfait épitomé de la maladie qui ronge les scénarios de jeu vidéo, et pas simplement parce qu'il me permet de caser le terme "épitomé". Haze ne veut pas raconter son histoire, Haze veut nous faire tirer sur des choses. Alors Haze utilise des cinématiques balourdes, et Haze en fait des caisses. Haze chie sur la subtilité. Tout est prévisible dans Haze, et quand le héros découvre la sinistre réalité sur ses employeurs (en fait, la corporation qui le droguait pour tuer des pauvres n'était pas aussi honnête que prévu), c'est après avoir eu soixante-quatre flashs "incompréhensibles" lui montrant des cadavres et de la pluie.
Et surtout, contrairement aux quatre jeux cités précédemment, Haze est un jeu d'une médiocrité affligeante. Et quand le jeu vidéo n'assure même plus au pieu, il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark.
"Je suis résolument contre la malhonnêteté !!!"
Note :
Voilà qui conclue notre tour de l'horizon étriqué dans lequel stagnent les jeux vidéo doués des meilleurs intentions. Mais comme nous aimons l'espèce humaine et que nous voulons croire en l'amour, nous évoquerons le mois prochain des jeux proposant au contraire d'excellents scénarios et univers de Science-Fiction. Le premier article au monde rédigé par une poule tapant avec ses dents ? Probablement.