Razzies 2009 : le prix du pire !

Razzies |

Nous y voilà, un an après le lancement sur le blog Bifrost, la boucle est bouclée : c'est près de dix ans d'archives des Razzies qui sont désormais accessibles en ligne, pour le plus grand plaisir de tous (ou presque). Un condensé exceptionnel de médiocrité et de putasserie, un regard « subjectif, bête, de mauvaise foi et volontiers méchant » sur ce qui se fait de pire dans les littératures que nous aimons. Et on s'amuse, et on rigole ! Prochaine étape, alors que seront ouverts, en décembre, les votes pour le prix du public des Razzies 2011, la publication en ces lieux des Razzies 2010 (concernant donc les livres parus en 2009). Et peut-être qu'après ça, Bifrost récompensera un jour les bons livres, car il y en a aussi un paquet. L'année prochaine, pour son 15ème anniversaire ? Restez à l'écoute...

2009_une.jpg

Dune assiégée, Dune humiliée, Dune outragée, Dune vitrifiée renaîtra-t-elle de ses cendres ?

Nos lecteurs fidèles le savent, chaque premier Bifrost de l'année est l'occasion d'une cérémonie païenne fleurant bon le darwinisme éditorial : les Razzies, le prix du pire, au cours de laquelle se trouve justement récompensé le plus dispensable des douze derniers mois au sein du micro paysage de l'édition de genre. Cette année, pour changer, la fiesta prit pour cadre Gouvieux. Ambiance couscous, Caol Ila, Sancerre rouge, pâtisseries orientales et fêtes d'anniversaire. Etaient présents : Org (et madame), Pat, Vicious (et madame), sans oublier deux nains de jardin dissipés (du moins, jusqu'à l'heure de la sieste).

Petit rappel, à toutes fins utiles : les Razzies se veulent subjectifs, bêtes, d'une mauvaise foi plus qu'occasionnelle et volontiers méchants. Faire sourire est leur seule ambition (en tout cas avouée). Les nominations aux Razzies ne sont pas seulement motivées par la qualité intrinsèque des œuvres en compétition, mais aussi par le contexte de leur publication. Pour la seconde année, nos lecteurs pouvaient voter et les résultats risquent d'en surprendre plus d'un.

Avant de passer directement aux nominations, puis au palmarès, on notera, en guise de préliminaires, que les éditions Eons et leur revue Lunatique la magnifique ne nous envoient plus leur service de presse. On se demande bien pourquoi et c'est dommage, car nous perdons là non seulement de belles parties de rigolade, mais un candidat de taille à plus ou moins toutes les catégories des Razzies. Rendez-nous Eons ! Rendez-nous Lunatique la terrifique !

2009_galaxies-ns1.jpgPire nouvelle francophone

• « Notre-dame des oubliés » de Claire et Robert Belmas dans Galaxies Nouvelle Série 1. On reste sans voix face à la médiocrité du texte en question.

• « Maudit soit l'éternel » de Thierry Marignac, chez Les Trois Souhaits, du sous Frédéric Dard anti-cureton, une infâme bouillie dure à digérer (mais qui, pour une raison incompréhensible, fait rigoler les mongoliens).

• « Engadine » de Xavier Mauméjean dans Galaxies NS1. On n'y comprend rien. Surtout la fin… Ah ! On nous murmure qu'en fait, c'est parce qu'on avait demandé à l'auteur une nouvelle à chute, et que le maquettiste a bouffé la dernière ligne du texte. Bon ben d'accord. Pardon. Au temps pour nous ; voilà qui nous emmènerait donc plutôt du côté du prix de l'incompétence éditoriale…

• « Dellamorte » de Jonathan Reynolds (in Solaris 166), du nul de chez nul. Impubliable mais qui l'a pourtant été (espérons pour Solaris que le chèque envoyé par l'auteur était signé).

A l'unanimité des votants, le vainqueur est un couple : Claire et Robert Belmas pour « Notre-Dame des oubliés »  (mais pas par tout le monde). Il serait temps que l'éducation nationale se penche sur le cas de ce duo dont la moitié féminine serait agrégée de lettres, parce que quand on écrit des trucs comme cette nouvelle, la seule façon d'avoir eu une agrégation c'est de l'avoir achetée en Birmanie. A noter que les mêmes ont aussi un site « randonnées et S-F » qui vaut le détour.

2009_galaxies-ns2.jpgPire nouvelle étrangère

• « Neutres » de Kevin J. Anderson dans Galaxies NS2. On l'a pas lue, on ne s'abaissera jamais à la lire, mais on n'aime pas Kevin J. Anderson.

• « Mishima Boulevard » d'Alberto Cola in Lunatique 77, un truc sur le Japon et Mishima complètement à côté de la plaque et traduit par quelqu'un qui ignore tout ou presque du Japon et de la société japonaise. Ridicule.

Parce que ce tâcheron, à la production aussi merdique que pléthorique, est devenu incontournable sur les étals des libraires, notre lauréat 2009 est Kevin J. Anderson. Faites comme nous, boycottez ce profanateur de sépulture !

 

2009_chattam-l-alliance-des-trois.jpgPire roman francophone

Jusque-là tout à fait posées, les discussions se sont animées arrivé à la catégorie pire roman francophone ; il faut bien reconnaître qu'il y avait du lourd cette année. Voyez donc :

Styx de Jean-Michel Calvez aux éditions Glyphe. Simplement parce que sur le même sujet, avec une plume aussi âpre que splendide, Francis Berthelot a fait cent fois mieux dix-huit ans avant (ah oui, quand même…). Jean-Michel Calvez, lui, rajoute du vent, des violons, du ralenti et des monceaux de phrases plantées là pour faire joli. Au final, son roman (qui se voudrait bouleversant) n'en est que plus pénible à lire, ridicule de bout en bout, construit n'importe comment, et à peu près aussi crédible que l'honnêteté d'André Santini.

Autremonde, l'alliance des trois de Maxime Chattam chez Albin Michel, un grand dégueulis de niaiseries, de remplissage et d'humour involontaire (voir critique dans ce numéro) qui nous a prouvé, alors qu'on en doutait, qu'il était possible de faire pire qu'Alexis Aubenque.

La davinciconnerie annuelle d'Henri Loevenbruck chez Flammarion ; on l'a pas lue, faut pas déconner non plus, mais le site actusf.com s'en est chargé pour nous.

Crépuscule-ville de Lolita Pille chez Grasset, un navet surmédiatisé, sans doute grâce au joli minois de son auteur. Valérie Bègue, tu ne le sais pas encore mais Grasset a une carrière pour toi (en plus, Valérie, toi tu lèches du yahourt et tu montres tes nichons, un argument-choc).

Les Quatre mousquetaires... et plus si affinité de Michel Robert, chez Mnémos. Une leçon d'humour et de bon goût, une démonstration de maîtrise narrative (voir critique dans ce numéro).

Sans surprise aucune, notre lauréat est l'insurpassable Maxime « Oui-Oui® » Chattam® ; avec un coup de chapeau à son éditeur, lucide, qui a préféré mettre toutes ses billes dans le marketing plutôt que dans le travail de réécriture et de corrections.

 

2009_gibson_code-source.jpgPire roman étranger

Code source de William Gibson (celui qui est toujours vivant, pas celui qui vient de mourir, quoique...) au Diable Vauvert.

Elyseum de L. E. Modesitt, un mauvais Fleuve Noir « Anticipation » publié par « Ailleurs & Demain » - nous pas comprendre (ah mais si, on est cons : c'est la même collection qui publie Kevin J. Anderson !).

L'Enfant de cristal de Theodore Roszak au Cherche-Midi, roman grotesque servi par un fatras new age insupportable, le tout ayant été, bien sûr, récompensé par le Grand Prix de l'Imaginaire 2009. La classe…

Décision unanime : le lauréat 2009 du pire roman étranger est Code source de William Gibson, auteur qui semble avoir définitivement perdu tout ressort et devrait désormais sérieusement penser à nous épargner ses pénibles et incompréhensibles divagations.

 

Pire traduction

• Alexandra Maillard pour son honteux travail de rewriting sur Citoyen de la Galaxie de Robert Heinlein chez Terre de brume.

• Alain Smissi (pseudonyme transparent pour tout cinéphile qui se respecte) et Marion Mazauric Au Diable Vauvert pour leur travail non accordé sur Code Source de William Gibson.

• Elizabeth Vonarburg pour son massacre de Gradisil d'Adam Roberts, chez Bragelonne. Nivellement par le bas d'un assez bon roman dont un des intérêts est le jeu sur les évolutions du vocabulaire (on applaudit bien fort la traductrice et son éditeur pour ce magnifique refus d'obstacle).

• La même pour Les Disparus de Kristine Kathryn Rusch, toujours chez Bragelonne, semé dans sa version française de phrases lourdingues et/ou qui ne veulent rien dire.

On avait aussi pensé à Cédric Perdereau pour Voyageurs de Neal Asher, mais bon, on a trop eu peur de se faire écorcher…

Sans surprise aucune, puisque tout le monde était d'accord, le lauréat de la pire traduction est Alain Smissi pour Code Source, bouquin qui réalise donc un joli doublé pire roman/pire traduction. De quoi se demander s'il y a un lien de cause à effet…

 

Pire couverture2009_card_trahison.jpg

Et vlam boum patatras, arrivé au prix de la pire couverture, le champagne, le whisky et le vin aidant, le repas si policé jusqu'ici s'est transformé en foire d'empoigne. C'est Pat, intenable, qui a ouvert le feu en criant à l'injustice :

[Pat] : Une fois de plus, Jackie Paternoster se distingue ! Essentiellement la superbe illustration accompagnant Unica, au Livre de Poche. De mémoire de lecteur, on n'a jamais vu pire. Du coup, elle va encore l'avoir. A mon avis, on devrait plutôt décerner le Razzy de la pire couverture sous l'appellation Prix Jackie Paternoster de la pire couverture.

[Org] : Super idée ! J'adore… Y a encore du vin ?

[Vicious] : T'as pensé au trou de balle malade qui orne l'édition française d'Eifelheim de Michael Flynn chez Laffont de la même Paternoster ?

Question nominés, il y avait donc foule, mais c'est une habitude. Citons, en vrac : Lothar Blues, de et AVEC Philippe Curval, qui prouve qu'on peut être un écrivain de grand talent et dessiner comme un pied (SURTOUT avec un ordinateur). L'intégrale de la collection Bragelonne « SF », qui prouve… Euh… Qui prouve rien, en fait. La revue Galaxies qui, elle, prouve par deux fois que les handicapés des yeux peuvent AUSSI lire (mais mal). La collection Folio « SF », qui prouve une fois de plus qu'il est grand temps qu'un tribunal populaire juge et fusille les DA des grandes maisons d'édition. Les éditions Eons qui, comment dire ? Non, comment ne pas le dire ? Allez, tant pis. Les éditions Eons qui prouvent que… ah non, en fait, on nous murmure qu'on n'a pas le droit de le dire, sous peine de procès.

[Vicious] : On avait dit pas plus de trois nominés par catégorie...

[Pat] : Je n'ai jamais voté Bayrou, moi, alors vos règles fascistes vous savez où vous pouvez vous les mettre…

[Vicious] : Dans les hémorroïdes de Michael Flynn ?

[Pat] : De toute façon, je suis sûr que vous avez les mêmes que moi.

[Vicious] : D'hémorroïdes ?

[Pat] : Non, de nominés...

[Org] Et l'Atalante, alors ? En très grande forme, l'Atalante (La Fraternité du Panca tome 2, La Flotte perdue tome 2, Trahison d'Orson Scott Card, L'Homme au torque d'or).

[Vicious] : Sérieux Pat, l'Atalante c'est insurpassable cette année. Ce qui ne nous empêchera pas de rebaptiser le prix Prix Jackie Paternoster 2009 si tu y tiens vraiment.

[Pat] : Ok... Je reprendrai bien un peu de Sancerre et des merguez, s'il en reste.

Dont acte : le lauréat du Prix Jackie Paternoster 2009 de la pire couverture est les éditions de l'Atalante pour être parvenues à transformer leur catalogue en musée des horreurs.

 

Prix de la non-fiction

Une fois de plus, le prix de la non-fiction (surnommé le « fourre-tout céleste » dans les milieux bien introduits) a donné lieu à un peu de tout et beaucoup de n'importe quoi. Ont été cités :

Jeanne A-Debats qui, au cours de son discours d'acceptation du prix Nobel, pardon, du prix Julia Verlanger, lors des Utopiales 2008, a déclaré, sans rire : « Merci beaucoup, je ne m'attendais pas à recevoir un prix, en tout cas pas si tôt. » Soit elle voulait parler du GPI dont elle se savait lauréate et qu'on devait lui remettre quelques minutes plus tard, auquel cas son discours était juste grossier, soit elle parlait de sa carrière d'auteur, auquel cas son discours était juste un poil mégalomane. Au choix.

• Globalement et pour l'ensemble : l'incomparable Science-Fiction Magazine, pour son œuvre absolument tordante. Le fait que SF Mag soit à ce jour l'unique support consacré à la S-F qui soit distribué en maisons de la presse (enfin, il paraît) en dit long sur l'état critique de nos domaines et l'intérêt que lui porte le grand public…

• Restons dans la diffusion en kiosque avec la fin de l'édition papier de Khimaira. On en profite donc illico pour saluer la mémoire de ce magazine que nous chérissions aux Razzies, en le nominant ici pour la toute dernière fois, et ce grâce à l'interview de Drakaina, exceptionnel morceau de bravoure intitulé « Drakaina reine-muse de la fantasy ! » publié dans l'ultime numéro du magazine (le 16). Grand moment de bonheur que l'interview de cette magnifique (!) créature, dont la profession est muse d'artiste (si si !), au cours de laquelle on peut lire des sommets du style : « Oui… Le chien a fait partie de ma vie depuis ma naissance, ma mère étant également une amoureuse de la nature, je fus élevée dans le respect et l'amour des animaux et du chien en particulier (…) Il était normal pour moi que je mette ma mini notoriété au service des animaux… Ils souffrent tellement… Et pourquoi ? Juste pour avoir commis le crime de nous aimer, nous, les humains… » Merci à Khimaira pour la découverte de cette grande dame de la fantasy ! Décidément, on n'a pas fini de regretter la disparition de ce support…

Denis Labbé et son grandiose « dossier space opera » (?) dans le Galaxies NS 2.

• On terminera en citant l'immense Roland C. Wagner (Fat Freddy's Cat et Bouse Bleuâtre pour ceux qui l'ignoraient) qui, lors d'une crise de lucidité heureusement brève, est parti en croisade contre Vélum de Hal Duncan sur la quasi totalité de la toile francophone, évidemment sans avoir lu ledit ouvrage. Du grand art. Roland C. Wagner qui a, un jour, écrit quelque chose, mais là, tout de suite, on a oublié. Quelqu'un sait ?

Et notre lauréat est Denis Labbé pour son dossier space op' imparable ; Denis Labbé (notre Uwe Boll à nous, la prétention en moins), dont on rêve maintenant qu'il puisse avoir la bonne idée de s'intéresser à la littérature générale ou à l'œuvre de Terry Goodkind.

 

2009_glyphe_vampires.jpgPrix de l'incompétence éditoriale

Estelle Valls de Gomis pour l'exceptionnelle nullité de son anthologie Vampires chez Glyphe.

Les Moutons électriques et leur célèbre suivi de corrections sur Fiction n°8

Galaxies NS pour .../////... system error 666 - too much data .../////...

Après une âpre bataille, le lauréat est une lauréate : Estelle Valls de Gomis pour son anthologie Vampires chez Glyphe. Mauvais à ce point, franchement, nous, on appelle ça du talent ! Ah ! si Galaxies NS pouvait lui confier un dossier « sexe et nanotechnologies » ! Rêvons un peu…

 

Prix Putassier

• Nous commencerons par remercier un de nos lecteurs jusqu'ici anonyme, Pierre-Louis Mangeard, qui nous a permis d'ajouter Gilles Dumay aux nominés de cette catégorie. L'éditeur de « Lunes d'encre », donc, qui profite des récompenses reçues par les ouvrages qu'il publie pour voter sur Amazon.fr (Les Tours de Samarante de Norbert Merjagnan et La Jeune détective de Kelly Link), attribuant à chacun desdits ouvrages cinq étoiles (la note maximum, comme il se doit ; une belle « dérive silholienne » qui méritait pour le moins une nomination…). Etrangement, à la suite du repas des Razzies 2009, lesdits commentaires ont disparu, sans doute la faute à ces incompétents d'amazon.fr.

Etaient aussi nominés :

Albin Michel qui ne recule devant rien (film promotionnel, site dédié, harcèlement par l'attaché de presse des responsables de tous les sites liés un tant soit peu au fantastique, même les plus obscurs) pour vendre leur bouse de la rentrée : Autremonde de Maxime Chattam.

Bragelonne pour sa présentation de l'écrivain David Gunn : « … un Britannique élégant et discret qui a effectué des missions secrètes en Amérique centrale, au Moyen-Orient et en ex-Union soviétique, entre autres. Il ne reste jamais au même endroit très longtemps et dort avec un shotgun sous son oreiller. Le Faucheur est son premier roman, le coup de tonnerre de la littérature de genre en Grande-Bretagne cette année. » Le coup de tonnerre était un pet mouillé et une question demeure : qui, de Richard Morgan, Neal Asher ou un de leurs clones pondeurs de prose kilométrique, se cache derrière le pseudonyme de David Gunn ? Vicious penche pour Morgan ; quelqu'un sait ?

Gérard Klein qui, désireux de vendre le dernier tome du Quatuor de Jerusalem par palettes entières, l'a astucieusement doté d'un bandeau fascinant d'intelligence : « Si vous voulez comprendre le conflit qui agite le Moyen-Orient, lisez ce roman d'espionnage. » Le tout sous une belle couverture de Jackie Paternoster (voir le Razzy correspondant), encore plus inepte qu'à l'habitude. Pour la prochaine publication du Fils de Jean-Paul Dune, suggérons à Gérard Klein d'y adjoindre le bandeau suivant : « Si vous voulez que la guerre cesse dans le monde et que l'humanité connaisse une nouvelle ère de paix et de prospérité, lisez ce roman philosophique. » Pour la guérison du cancer, du Sida et du reste, on attendra La Revanche de Didier Dune.

2009_gregan_requiem-pour-un-elfe-noir.jpgMnémos qui persiste à publier des romans d'auteurs français en les vendant comme s'ils avaient été écrits par des auteurs anglo-saxons. Ainsi Requiem pour elfe noir du soi-disant John Gregan (la putasserie s'insinue jusque dans le pseudo choisi), roman soi-disant traduit par Eléa Drax, et en vérité écrit par l'auteur français Fabien Clavel. Non seulement ça permet de vendre un bouquin de 280 pages à 22 euros (ben oui, la traduction, c'est cher !), mais en plus c'est quand même sacrément se foutre de la gueule des lecteurs. Ce qui relevait plutôt du canular rigolo avec Blood-silver de Wayne Barrow (en fait écrit par Xavier Mauméjean et Johan Heliot), semble désormais relever d'un système, système bien puant basé sur le mensonge et cautionnant l'idée débile que si c'est anglo-saxon, c'est meilleur que si c'est francophone. Une putasserie grande classe, chez un éditeur qui, ces derniers temps, s'est spécialisé dans le recyclage tout azimut de ses vieilles gloires.

Pygmalion (un habitué de la catégorie) qui fait très fort cette année en vendant à 19,90 euros Le Chevalier errant suivi de L'épée lige de George R. R. Martin, un recueil de deux novellas déjà traduites, publiées précédemment dans des anthologie de Robert Silverberg disponibles en poche. Les temps sont durs, il n'y a pas de petits profits, madame. Vive la Crise !

Les éditions Télémaque pour vendre comme inédits deux textes de Theodore Sturgeon déjà publiés en français. Le volume s'appelle Un peu de ton sang et si les traductions étaient du niveau des textes originaux, on vous conseillerait bien de le lire, mais bon, c'est pas le cas…

Les Trois souhaits pour leurs Guides à se trimballer dans la poche, pour le coup plutôt bien fichus et joliment illustrés, mais gâchés par des pages de publicité pénibles, laides, franchement obscènes et tout sauf nécessaires. Fut un temps où le slogan « la pub c'est con, la pub ça rend con » était à la mode, slogan qu'on n'a manifestement pas encore compris partout, Bifrost inclus.

Et notre lauréat est Mnémos, qui ferait mieux de trouver des auteurs de la trempe de Greg Egan plutôt que de mal écrire son nom.

 

Grand Master Award

Etaient nominés :

Kevin J. Anderson, dit le parasite, pour ses œuvres passées, présentes et à venir.

Thibaud Eliroff de la collection J'ai Lu « SF/Fantasy », pour avoir clamé haut et fort son départ de ladite collection, avoir mis en œuvre le recrutement de son (sa) futur(e) remplaçant(e) et, au dernier moment, avoir changé d'avis et planté tous ceux qui étaient sur les rangs pour le remplacer à son initiative. Espérons que monsieur Eliroff ait au moins offert la vaseline.

La Fnac, pour son incompétence crasse en matière de littératures de genre, sa politique du « tout payant » (mise en avant des livres, opérations commerciales internes, etc) digne du meilleur des Carrefour ou Prisunic, la centralisation de ses commandes, le retrait de compétence de ses libraires, bref, le non sens de sa gestion au niveau de la littérature. On rappellera que la Fnac fut fondée en 1954 par André Essel et Max Théret, deux anciens militants marxistes qui ambitionnaient de démocratiser la culture. « La Fnac, agitateur d'idées », nous dit le fameux slogan. Aujourd'hui, si la Fnac ambitionne d'agiter quelque chose, c'est notre porte-monnaie. La classe !

La Nouvelle Equipe de Galaxies pour leur performance comique trimestrielle, inégalée et probablement inégalable.

Les mêmes. Notamment pour ce morceau d'anthologie : la présentation en grande pompe du premier opus de la revue nouvelle série aux Imaginales d'Epinal 2008, avec champagne et tutti quanti, le tout devant les mines consternées de celles et ceux qui avaient le douteux privilège de tenir la chose dans leurs doigts fébriles. Coupé à la scie-sauteuse, maquetté à la hache, imprimé avec les deux pieds gauches d'un amputé, corrigé par un aveugle, la naissance de Galaxies NS1, c'était, comment dire ? En fait, les mots nous manquent tant nos gencives saignent.

On va encore parler de cabale, dire que chez Bifrost on est rien que de méchants abrutis cherchant la merde, mais impossible de ne pas donner notre Grand Master Award à Pierre Gévart, ses correcteurs fantômes, Denis Labbé, Olivier Noël et, plus globalement toute l'équipe de Galaxies NS. Les deux premiers numéros de cette revue ce fanzine sont simplement indignes, grotesques, affligeants (mais heureusement très drôles !).

 

Prix des lecteurs de Bifrost

Un peu plus de 150 lecteurs ont voté.

• 1er, très largement en tête (près de 60 % des votes) : Milady (auquel est souvent associé Bragelonne) pour la surproduction, l'aspect putassier et épouvantablement médiocre des titres proposés.

• 2nd, loin après Milady, les éditions l'Atalante. Voici ce que nous en dit Bruno, et qui résume parfaitement la motivation des votants au Prix des lecteurs : « Jadis maison d'édition respectée et réputée, seule maison ayant généré un fanzine qui lui était entièrement dédié, mais maison qui ne publie désormais plus grand-chose d'intéressant et, surtout, sous des couvertures soit putassières (les space op'), soit ignobles (la couv de Paradis retrouvé de Guitteaud/ Wenta). Pour ce que l'Atalante était, et ce qu'elle est devenue, je vote sans aucun état d'âme pour elle. »

• 3e, avec 32 votes, le Forum du Cafard Cosmique pour être un « repère de connards élitistes qui se prennent pas pour de la merde », nous dit Thomas, ou, ajoute Joseph : « Le sommet de mesquinerie atteint par sa direction… ».

Voilà, c'est tout pour cette année. On ne sait pas pour vous, mais en tout cas, nous, on s'est bien marré ! A l'année prochaine.

Haut de page