Journal d'un homme des bois, 27 avril 2015

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Où, après nous avoir entretenu de ses Stratocasters, la Fujigirl et celle baptisée Angie, Francis Valéry nous parle de leur indissociable corollaire : l'ampli !

Bob est un Bronco de marque Fender, de seconde génération.

Le premier Bronco a été lancé en 1967. C’était un amplificateur à tubes, d’une puissance de cinq watts et de classe A, de la série des Silver Face (en référence à la couleur de fond du panneau de contrôle, placé à l’avant). Il fut le plus petit amplificateur, en termes de puissance, proposé par Fender. Il existait aussi une guitare d’entrée de gamme nommée Bronco. L’ensemble constituait en quelque sorte le set du débutant. Cela étant, un 5 watts à tubes, de classe A, à fond les manettes ça fait vibrer les carreaux ! Rien à voir avec les watts de petite chochotte des micro-enceintes amplifiées de votre ordinateur…

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Fender a cessé de fabriquer le Bronco en 1975. Triste époque où la plupart des guitaristes – enfin, surtout les mauvais – se sont mis à acheter des amplificateurs à transistors, moins chers et moins fragiles (encore que…) mais tout pourri au niveau du son. Certains ont fait de la résistance – et nous en fûmes – et ont continué de jouer aussi longtemps que possible sur des Fender combos, comme le Super Reverb, le Twin Reverb, ou deux-corps comme le vieux Bassman 50 (à l’origine un ampli de basse équipé d’un 15", mais les guitaristes se sont jetés dessus), ou encore, pour les plus allumés, sur des murs de son Marshall ou HiWatt qui nous décoiffaient les oreilles.

En 1993, Fender a relancé le Bronco mais dans une version sans aucun rapport avec l’original. Certes, le nouveau Bronco avait un look d’antiquité avec son habit de tweed blanc et sa petite poignée de transport en cuir… mais il utilisait des circuits intégrés à la place des bonnes vieilles lampes. Il était vendu pour 15 watts. Il y a pas loin de vingt ans – peu de temps après avoir fait l’acquisition d’Angie – je suis tombé sur un de ces « nouveaux » Bronco, dans une boutique d’occasion, à Bordeaux (aujourd’hui disparue, comme la plupart). Je ne connaissais cet ampli que de réputation – à dire vrai, assez variable. Ayant pour habitude de m’efforcer de mettre mes à-priori dans ma poche, au moins lorsqu’il s’agit de musique, je suis revenu le lendemain avec Angie pour l’essayer. Ben oui, quand je veux essayer un ampli dans un magasin, je viens avec une de mes guitares, ça me semble la moindre des choses, pas vous ? J’ai été immédiatement séduit par le son très pur et d’une grande fluidité, diffusé par son unique haut-parleur de 8" (21 cm, en français), en utilisant le canal clair (sans aucune saturation) avec le micro médium d’Angie. En poussant un peu le volume, le son restait d’une stabilité satisfaisante, se colorant un tout petit peu d’harmoniques légèrement saturées dans les haut-médiums ; en jouant avec les potentiomètres de la guitare et la triple égalisation de l’ampli, c’était aisément rectifiable. Un coup d’œil au panneau arrière, et j’aperçus une prise casque (pratique à la maison – et aisément bidouillable pour en faire une sortie ligne, toujours utile pour faire des petits enregistrements directs, sans micro) ainsi qu’une prise pour connecter une enceinte additionnelle. Il est toujours intéressant, sur ces petits amplis, d’augmenter la surface de membrane en ajoutant un baffle avec un ou deux 12", voire une enceinte pour claviers à deux voies avec un 15", histoire de gagner du coffre, de la rondeur, des graves et des bas-médium bien profonds et précis.

Ce Bronco avait tout pour plaire, y compris son poids plume. Je l’ai acheté sans hésiter – d’autant que le prix était attractif, genre quelques centaines de francs. Ce devait être vers 1996. Je n’avais à l’époque plus aucun ampli – j’avais revendu quinze ans plus tôt mon Super Reverb Fender, un modèle Black Face que je regrette encore aujourd’hui, et la tête de puissance dont je me servais sur scène, en dernier, une Hi-Watt de 100 Watts à tubes (double push-pull avec quatre EL34/6L6, un monstre), était en panne.

Arrivé chez moi, je l’ai baptisé Bob.

Quand je suis parti pour la Suisse et que j’ai recommencé à tourner, je trimballais Angie dans une house passée en bandoulière, et Bob dans une valise à roulettes. Ca a duré quelques années et c’était plutôt cool. J’ai toujours Bob dans mon studio, de temps en temps il fait chanter une guitare.

Au cours des tournées, j’ai simplement parfois regretté l’absence d’une reverb intégrée – dans certaines salles un peu grandes, ou sur des scènes très encombrées et étouffantes (pendillons, rideaux, etc.) ça aurait un peu enrobé le son de la guitare et ça aurait aidé à sa projection, mais bon, on ne peut pas tout avoir. D’ailleurs, c’est pour cela que, quelques années plus tard, j’ai acheté Kuby – mais c’est une autre histoire.

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