Cosmicomics - mai 2012 1/2

Super les héros ! |

cosmicomics-2012-05-1-une.jpgEn ce joli mois de mai 2012, dans ce deuxième épisode des Cosmicomics, l’on s’intéresse aux sorties en kiosques (en attendant un prochain billet consacré aux sorties librairies), où ça conclut et ça reboote à tout va, tant du côté de Marvel que de DC Comics, ce qui permet de lier connaissance avec le nouveau Spider-Man ou de clore la page Fear Itself, de retrouver un Hulk tantôt vert, tantôt rouge, sans oublier un Superman transformé en arme de destruction massive…

Flashforward

Trois mois seulement après leur lancement, les trois revues publiées par Urban Comics tirent leur révérence. Non par manque de succès, mais simplement parce que les revues en question auront accompli leur tâche et assuré la transition entre les anciens titres Panini et le redémarrage de l’ensemble des séries DC qui aura lieu le mois prochain. Aux Etats-Unis, en septembre dernier, DC Comics avait fait sensation en relançant la totalité de ses titres (exception faite du label Vertigo) au numéro 1. Ce sont ces nouvelles séries, du moins une sélection d’entre elles, que l’on découvrira fin mai dans trois nouvelles revues : Batman Saga, Green Lantern Saga et DC Saga. A noter que certaines séries, comme la Justice League de Geoff Johns et Jim Lee ou Batman par Scott Snyder et Greg Capullo, seront disponibles en même temps en kiosque et en librairie, dans deux éditions différentes. Une politique éditoriale qui marque une nette rupture avec celle pratiquée par Panini Comics jusqu’à présent.

Mais revenons aux magazines du mois. Flashpoint n°3 conclut les mésaventures de Flash dans l’univers parallèle apocalyptique où il a atterri. Le scénariste Geoff Johns sachant cet univers condamné, il peut se permettre de multiplier les cataclysmes et de massacrer son casting à tout-va. Le résultat est d’autant plus dramatique et brutal qu’Adam Kubert excelle dans la mise en scène de combats chaotiques, où s’affrontent des dizaines de héros sur fond de cités en flammes et de bâtiments qui s’effondrent. Le résultat est forcément spectaculaire, pas subtil pour un sou, mais dans le genre ça se lit plutôt bien.

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Après le Batman de Brian Azzarello et Eduardo Risso le mois dernier, la revue propose également à son sommaire une autre des nombreuses mini-séries nées de ce crossover : Flashpoint : Project Superman, par Scott Snyder, Lowell Francis et Gene Ha. On y retrouve le Superman de cet univers, déjà aperçu le mois précédent, un gamin détenu depuis son arrivée sur Terre par l’armée américaine qui souhaite en faire une arme de destruction massive. Bien entendu, le jour où il parvient à se libérer de ses chaines, on peut s’attendre à du grabuge… La situation que mettent en scène Snyder et Francis et assez caricaturale, mais ces épisodes valent le coup d’œil, ne serait-ce que pour les dessins du trop rare Gene Ha, passé à la postérité pour son travail sur la série Top Ten d’Alan Moore. Même si le super-héroïque classique n’est pas le genre où il est le plus à l’aise, le voir mêler les genres comme c’est le cas ici – le look du bad guy de cette histoire lorgne furieusement du côté du manga – est un plaisir trop rare pour qu’on s’en prive.

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Après les derniers épisodes de Batman Incorporated il y a deux mois, Batman Showcase n°2 nous propose quatre épisodes de la série Batman & Robin. Les trois premiers, par Peter Tomasi et Patrick Gleason, mettent aux prises le duo avec un tueur qui s’attaque aux familles des pires criminels enfermés à Arkham Asylum. Une bonne histoire de super-héros urbain, dans la grande tradition du genre, spectaculaire à souhait grâce aux planches énergiques de Patrick Gleason. Le dernier épisode de la revue, signé David Hine et Greg Tocchini, est une étrange tentative de récit super-héroïque dadaïste, citant en vrac Magritte, Picasso ou Hugo, et dont l’action se déroule à Paris. C’est également et surtout un récit hommage à Grant Morrison, non seulement à son travail sur Batman ces dernières années, mais également à ses œuvres antérieures, en particulier Doom Patrol, la série surréaliste qu’il il y a une vingtaine d’années – série malheureusement toujours inédite en France. Le résultat est intriguant et plutôt réussi, même si Tocchini n’est sans doute pas le dessinateur idéal pour un récit aussi foutraque.

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cosmicomics-2012-05-1-pic04.jpgDes trois revues Urban Comics, la seule dont on ne conseillera pas la lecture est Green Lantern Showcase n°2, qui conclut le crossover La Guerre des Green Lantern. De l’action non-stop, qui tente de dissimuler sa vacuité sous une débauche de scènes spectaculaires et voit les différents Green Lanterns humains se tirer la bourre pour savoir qui a la plus grosse. Côté dessins, Doug Mahnke est toujours impeccable et Fernando Pasarin se débrouille plutôt pas mal, en revanche les planches de Tyler Kirkham sont tout à fait immondes. Beaucoup de bruit, d’explosions et de morts pour rien.

Ultimate Ultimate

Changement de politique éditoriale de la part de Panini pour la ligne Ultimate. Jusqu’à présent, les différentes séries se déroulant dans cet univers parallèle avaient chacune droit à leur propre titre. Profitant du redémarrage de ces séries, l’éditeur a choisi de les réunir au sein d’un nouveau bimestriel : Ultimate Universe.

cosmicomics-2012-05-1-pic05.jpgDes trois séries au sommaire, la plus attendue était sans doute Ultimate Spider-Man, par Brian Michael Bendis et Sara Pichelli. Peter Parker étant mort, qui va désormais endosser la tenue du Tisseur de Toiles ? L’heureux élu se nomme Miles Morales, un gamin de Brooklyn, qui va être à son tour mordu par une araignée radioactive. Surprise : les pouvoirs qu’il développe sont fort différents de ceux de son prédécesseur. Les deux épisodes présentés ici prennent leur temps pour introduire le personnage et son entourage, et l’ensemble fonctionne plutôt bien, notamment grâce au dessin réaliste mais dynamique de Pichelli. Aux Etats-Unis, Marvel a réussi à créer le buzz avec cette série, en particulier parce qu’elle fait d’un gamin noir le nouveau Spider-Man. Reste que, même si le personnage est effectivement sympathique, on voit mal comment il parviendra à s’imposer dans la durée et à faire oublier celui qui portait ce masque depuis un demi-siècle.

La série Ultimate X-Men risque de souffrir d’un problème similaire. La quasi-totalité de l’équipe – dont ses membres les plus charismatiques – ayant été massacrée au terme de la mini-série Ultimatum, ne reste plus qu’une poignée de gamins, menés par Kitty Pryde, qui cherchent à échapper aux autorités, lesquelles ont désormais le droit de tirer à vue. Le scénario de Nick Spencer tente de gérer les conséquences d’Ultimatum, non sans talent, mais ne semble pas pour l’instant capable de redynamiser le concept.

Troisième et dernière série au sommaire, Ultimates revient à ce qu’elle sait faire de mieux : action à outrance et menaces planétaires à foison. C’est même à trois menaces planétaires simultanées que l’équipe devra faire face ici. Si le dessinateur Esad Ribic réalise une jolie prestation, côté scénario en revanche, à force de courir plusieurs lièvres à la fois, Jonathan Hickman s’essouffle assez vite et ne prend pas le temps de donner suffisamment d’épaisseur à ses personnages.

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Les meilleures choses ont une fin… les pires aussi !

Parution ce mois-ci du septième et dernier numéro de Fear Itself, le crossover qui s’étend à la quasi-totalité des titres Marvel depuis plusieurs mois. Globalement, le résultat est peu glorieux, et la mini-série elle-même est une véritable purge. Une accumulation de scènes de baston sans queue ni tête, l’équivalent en comics des blockbusters décérébrés dont nous abreuve Hollywood en flot continu. Dommage pour le dessinateur Stuart Immonen, qu’on est navré de voir gâcher son talent sur un tel projet. Dommage surtout pour Matt Fraction, autrefois scénariste doué, qui ne cesse de décevoir depuis quelques temps déjà.

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L’un des objectifs de Fear Itself était de servir de rampes de lancement à de nouvelles séries, on verra dans les prochains mois si, de ce point de vue, l’opération est un succès. La première d’entre elles est Incredible Hulk, qui redémarre au numéro 1 dans les pages de Marvel Stars n°16, sous la houlette de Jason Aaron et Marc Silvestri. La nouveauté de cette série, c’est que Hulk et Bruce Banner font désormais bande à part. Et que l’un des deux semble beaucoup moins bien prendre cette situation que l’autre. Difficile de se faire une opinion sur ce seul épisode. Le concept n’est pas inintéressant, et les dernières pages revisitent L’Ile du Docteur Moreau de H.G. Wells. Jason Aaron n’a que rarement déçu jusqu’à présent, on attendra donc de voir dans quelle direction il compte nous emmener. Quant à Silvestri, sont trait surchargé convient assez bien au côté bestial du personnage, mais je garde la nostalgie de son style d’autrefois, plus dépouillé et dynamique.

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A noter que Marvel Stars accueille donc désormais à son sommaire deux séries consacrées à Hulk, puisque les aventures du Red Hulk (ou Rulk pour les intimes) se poursuivent également. Même si la série est bien meilleure qu’à ses débuts, ça reste une lecture relativement dispensable, souvent trop bavarde, malgré le joli travail graphique de Gabriel Hardman. Le scénariste Jeff Parker se montre bien plus inspiré sur ses Thunderbolts, cette équipe de super-vilains obligés de travailler pour les autorités. Le résultat est parfois bordélique mais souvent réjouissant, en particulier lorsqu’il est mis en image par l’excellent Kev Walker, comme c’est le cas ce mois-ci.

Notons enfin une nette amélioration du côté des Secret Avengers. Les deux premiers épisodes scénarisés par Warren Ellis étaient tout à fait médiocres, le dernier en date est nettement plus réussi. Le fait que son dessin ait été confié à David Aja n’y est sans doute pas tout à fait étranger.

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En bref

A peine Fear itself est-il terminé qu’un autre event démarre, dont les effets se limiteront cette fois aux séries mutantes de Marvel : Schism, dont les deux premiers épisodes sont parus dans X-Men n°15. L’objectif est cette fois de remettre à plat les différentes séries X-Men, tâche qui a été confiée à Jason Aaron, accompagné d’un dessinateur différent pour chaque épisode (en l’occurrence Salvador Larroca et Frank Cho). Le résultat est plutôt enthousiasmant, et sans liens apparents avec la soporifique mini-série Prelude to Schism qu’on a pu lire ces derniers mois. L’intrigue principale tourne autour de Quentin Quire, personnage créé il y a quelques années par Grant Morrison, dans le rôle de meneur d’une nouvelle génération de mutants, bien décidée à déloger les anciens à coups de pompe dans le trône. Le résultat est extrêmement bien construit, et donne à voir des X-Men absolument pas préparés à ce qui est sur le point de leur tomber sur le coin de la tronche. Le résultat n’est pas loin d’évoquer les grandes heures des X-Men, période Chris Claremont / John Byrne.

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L’autre titre Marvel réjouissant du moment, c’est le bimestriel Marvel Knights, dont le deuxième numéro vient de paraitre. Une revue à ne pas rater, avant tout pour la nouvelle série Daredevil. Mark Waid a su insuffler une énergie nouvelle à ce personnage, en marquant une nette rupture avec tout ce qui a été fait depuis Frank Miller, soit plus de trente ans. Bien aidé par la ligne claire de ses dessinateurs attitrés, Paolo Rivera et Marcos Martin, le scénariste a opté pour un ton plus léger. Daredevil a enfin repris des couleurs et cessé de broyer du noir à longueur d’épisodes pour afficher une assurance nouvelle. Le duo Matt Murdock / Foggy Nelson fonctionne à la perfection, et le résultat final est une bouffée de fraicheur bienfaisante. Dans ces deux épisodes, Daredevil affronte Klaw, le maître du son, au cours d’un épisode dynamique et inventif, avant que son alter-ego n’offre ses services juridiques à un jeune aveugle, licencié par son employeur sans motif valable.

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Les amateurs de polar urbain devraient plutôt se tourner du côté du Punisher, également au sommaire de Marvel Knights. Greg Rucka et Marco Checchetto confirment ici la bonne impression qu’avait laissée leur premier épisode. Sans pousser aussi loin dans la violence graphique que la série publiée sous le label Max, cette version du Punisher n’en est pas moins sombre et sanglante, et le découpage de Checchetto est un modèle du genre. En revanche, on pourra zapper sans scrupules sur la nouvelle série consacrée à Ghost Rider, par Rob Williams et Matthew Clark, dans laquelle il n’y a strictement rien à sauver.

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En kiosque :

cosmicomics-2012-05-1-flashpoint.jpgcosmicomics-2012-05-1-batmansc.jpgcosmicomics-2012-05-1-greenlanternsc.jpg

Flashpoint n°3, Urban Comics, 128 pp. 5,60 €
Batman Showcase n°2, Urban Comics, 96 pp. 5,60 €
Green Lantern Showcase n°2, Urban Comics, 112 pp. 5,60 €

cosmicomics-2012-05-1-ultuniv.jpgcosmicomics-2012-05-1-fearitself.jpgcosmicomics-2012-05-1-marvelstars.jpg

Ultimate Universe n°1, Panini Comics, 128 pp. 5, 70 €
Fear Itself n°7, Panini Comics, 64 pp. 4,30 €
Marvel Stars n°16, Panini Comics, 96 pp. 4,70 €

cosmicomics-2012-05-1-xmen.jpgcosmicomics-2012-05-1-marvelk.jpg

X-Men n°15, Panini Comics, 96 pp. 4,10 €
Marvel Knights n°2, Panini Comics, 128 pp. 5,70 €

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