Le blog Bifrost | Le Bélial - Mot-clé - Asimov<p>Le Blog Bifrost !</p>2024-03-01T09:50:55+01:00Le Bélial'urn:md5:9367ffb8d62a93ed9d6245b1363ef9c1DotclearAsimovies, part 2urn:md5:3af7a6960e9567a38fe279d6575ba78f2012-06-05T15:49:00+02:002012-06-05T15:23:46+02:00ClémentCinéma et sériesAsimovPhilippe Boulier<img src="https://blog.belial.fr/media/asimovies-part2-une.jpg" alt="asimovies-part2-une.jpg" style="display:none;" />Au programme de ce deuxième épisode des <strong><a href="https://blog.belial.fr/post/2012/05/14/Asimovies-1" hreflang="fr">Asimovies</a></strong>, série d'articles consacrés aux adaptations cinématographiques ou télévisuelles des œuvres du Bon Docteur, l'on redécouvre le court-métrage <strong>Teach 109</strong> et sa version longue téléfilmique, <strong>The Android Affair</strong>. Le fallait-il ? Quand <a href="http://www.belial.fr/isaac-asimov/" hreflang="fr">Asimov</a> rencontre Philip K. Dick pour le meilleur et surtout pour le pire… <p>À l’origine, <strong>Teach 109</strong> est un scénario original d’Isaac Asimov, écrit dans les années 80 pour une anthologie télé de science-fiction qui ne verra jamais le jour. Dans un futur proche, les étudiants en médecine utilisent des androïdes comme cobayes pour peaufiner leurs talents de chirurgien. Karen Garrett est l’une des étudiantes les plus douées de sa promotion, mais c’est une jeune femme froide, qui semble n’éprouver aucune compassion pour ses patients. Pour son ultime examen, elle se voit confier un androïde d’un type particulier, Teach 109, avec lequel elle doit passer quelques jours avant de l’opérer. A sa grande surprise, elle découvre que ce robot est capable d’éprouver des sentiments, se passionne pour la musique et fait preuve à bien des égards d’une plus grande humanité qu’elle. Petit à petit, Karen s’attache à Teach 109, qui devient pour elle bien plus qu’un simple cobaye. Une relation qui s’achève tragiquement lorsque Teach 109 meurt au cours de l’intervention chirurgicale pratiquée par Karen. Le Dr. Winston, son mentor, lui révèle alors que l’androïde était programmé pour lui permettre de développer ses propres qualités humaines envers ses patients, qualités indispensables pour faire d’elle un bon médecin.</p>
<p><img src="https://blog.belial.fr/media/asimovies-part2-teach109-01.jpg" alt="asimovies-part2-teach109-01.jpg" /></p>
<p>De ce scénario, le réalisateur Richard Kletter tire en 1990 un court-métrage de 25 minutes qui réunit quelques acteurs assez renommés à l’époque : Jason Patric, découvert en vampire new-wave au côté de Kiefer Sutherland dans <strong>Génération Perdue</strong>, Elizabeth Perkins, qui tenait la vedette dans <strong>Big</strong> en compagnie de Tom Hanks, sans oublier James Earl Jones dans le rôle du Dr. Winston.</p>
<p>Richard Kletter se contente de mettre en scène assez platement le scénario d’Asimov, sans toujours parvenir à éviter le ridicule. En particulier, la scène dans laquelle Jason Patric entame au piano et d’une voix de fausset une chanson de sa propre composition peut faire ricaner, là où elle devrait mettre en exergue les émotions humaines qu’éprouve l’androïde.</p>
<p><img src="https://blog.belial.fr/media/asimovies-part2-teach109-02.jpg" alt="asimovies-part2-teach109-02.jpg" /></p>
<p>L’androïde qu’interprète Patric n’a pas grand rapport avec les robots traditionnels d’Asimov. On est davantage ici dans une problématique dickienne, plus proche de <strong>Blade Runner</strong> que des <strong>Robots</strong>. On perçoit davantage la patte de l’auteur dans les questions éthiques que soulève le personnage de Karen Bennett, et dans la morale par laquelle se conclut ce court-métrage. L’évolution que connait la jeune femme est d’ailleurs assez proche de celle de la nurse dans <strong>Ugly Little Boy</strong>.</p>
<p><img src="https://blog.belial.fr/media/asimovies-part2-android-affair-01.jpg" alt="asimovies-part2-android-affair-01.jpg" style="float: left; margin-top: 0; margin-right: 1em; margin-bottom: 1em; margin-left: 0; " />L’histoire, aussi anecdotique soit-elle, aurait pu s’arrêter là. Mais, cinq ans plus tard, Richard Kletter développe le scénario original pour en faire un long métrage : <strong>The Android Affair</strong>. Le récit débute de manière identique, mais part dans une toute autre direction lorsque Karen Bennett et l’androïde, baptisé cette fois 905, fuient la clinique où ils se trouvaient et tombent amoureux l’un de l’autre. Plus dickien que jamais, 905 veut désormais vivre une vie normale plutôt que de se faire vivisectionner par d’apprentis chirurgiens.</p>
<p>905 est interprété par Griffin Dunne, acteur dont on se souvient surtout pour sa prestation dans <strong>After Hours</strong> de Martin Scorsese. Son jeu d’acteur et son physique donnent à l’androïde un aspect comique, aux antipodes de l’interprétation qu’en faisait Jason Patric dans <strong>Teach 109</strong>. Son interprétation est probablement le meilleur point (ou le moins pire) de ce téléfilm. A ses côtés, Harley Jane Kozak est tout à fait quelconque dans le rôle de Karen Bennett. Quant à Ossie Davis, qui succède à James Earl Jones dans le rôle du Dr. Winston, on préfèrera se souvenir de lui pour son interprétation mémorable de JFK dans le délirant <strong>Bubba Ho-Tep</strong> de Don Coscarelli. Notons enfin la présence dans un rôle secondaire de Saul Rubinek, coiffé comme un chanteur de glam-rock, c’est dire l’ampleur du désastre capillaire…</p>
<p><img src="https://blog.belial.fr/media/asimovies-part2-android-affair-02.jpg" alt="asimovies-part2-android-affair-02.jpg" /></p>
<p>Médiocre réalisateur, Richard Kletter est encore moins doué comme scénariste. Plus il tente de rallonger la sauce et plus son histoire prend l’eau de toute part. La romance entre 905 et Kate est risible de bout en bout, les deux acteurs enchainent des scènes de dialogues aussi interminables qu’inutiles, rencontrent un autre androïde qui s’est lui aussi évadé, s’amusent à la fête foraine, passent une soirée en discothèque… Pour pimenter le tout, Kletter lance à leurs trousses un couple de tueurs, ce qui donne lieu à quelques scènes d’action amorphes. Au cours de l’une d’entre elles, on découvre d’ailleurs que 109 résiste aux balles. Etonnant pour un androïde supposé servir de cobaye à des médecins… Après avoir totalement dévié de son sujet, Kleter tente de se rattraper aux branches comme il peut dans les dernières scènes : l’opération que devait pratiquer Kate sur 109 devait permettre indirectement de soigner le Dr. Winston, qui souffre d’un mal identique. Sauf que celui-ci est mort depuis des années et a été remplacé par un androïde… atteint de la même pathologie ! <strong>The Android Affair</strong> s’achève dans un concert de huées auquel se sont joints tous les spectateurs ayant subi une heure trente durant ce navrant spectacle.</p>
<p><img src="https://blog.belial.fr/media/asimovies-part2-android-affair-03.jpg" alt="asimovies-part2-android-affair-03.jpg" /></p>Asimovies, part 1urn:md5:e15ea2fdc0338a7517c54c09e2b11d322012-05-14T09:04:00+02:002012-05-14T08:05:03+02:00ClémentCinéma et sériesAsimovPhilippe Boulier<img src="https://blog.belial.fr/media/asimovies-part1-une.jpg" alt="asimovies-part1-une.jpg" style="display:none;" />À l’inverse de Philip K. Dick, <a hreflang="fr" href="http://www.belial.fr/isaac-asimov/">Isaac Asimov</a> est à première vue loin d’être un auteur dont les titres sont régulièrement portés sur les écrans. Certes, il y a eu <em><strong>I, Robot</strong></em> d’Alex Proyas, il y aura peut-être <em><strong>Fondation</strong></em> par Roland Emmerich. En réalité, pas seulement. De fait, l’adaptation sur petit et grand écran des œuvres du bon docteur remonte aux années 60, pour des résultats d’une qualité variable. Aussi, en complément au dossier Asimov du <a href="http://www.belial.fr/revue/bifrost-66" hreflang="fr"><em>Bifrost</em> n°66</a>, voici le premier d’une série d’articles consacrés aux films et téléfilms inspirés des romans et nouvelles du plus célèbre des auteurs de science-fiction. <p>S’il aura fallu attendre très longtemps avant que Hollywood ne s’intéresse à Isaac Asimov, en revanche la télévision s’est penchée sur son œuvre dès les années 60. Plus précisément : la télévision britannique. Entre 1962 et 1969, ce ne sont pas moins de huit de ses textes qui vont être adaptés pour le petit écran.</p>
<p><img style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="asimovies-part1-robots.jpg" src="https://blog.belial.fr/media/.asimovies-part1-robots_m.jpg" />En 1962, ABC Television diffuse une anthologie de films de science-fiction, présentée par Boris Karloff, et intitulée <strong>Out of this World</strong>. Parmi les différents auteurs anglo-saxons qui seront adaptés, citons Philip K. Dick, Clifford D. Simak ou Raymond F. Jones. Malheureusement, l’intégralité de ces épisodes a aujourd’hui disparu, à une exception près : « Little Lost Robot », adaptation de la nouvelle éponyme d’Asimov (en français : « Petit Robot perdu », in <strong>Les Robots</strong>).</p>
<p>Dans cette histoire, Susan Calvin est à la recherche d’un robot obéissant à une version modifiée de la première loi de la robotique et qui s’est mêlé à une vingtaine d’autres robots ordinaires pour échapper aux recherches. Susan Calvin doit donc imaginer une série de tests afin de le confondre.</p>
<p><img alt="asimovies-part1-llr2.JPG" src="https://blog.belial.fr/media/asimovies-part1-llr2.JPG" /></p>
<p>Cette adaptation s’avère très fidèle au texte d’Asimov, hormis dans sa conclusion, lorsque le robot démasqué se jette sur un humain et le tue. Une chute qui va à l’encontre de toute la philosophie de l’œuvre, et qui ne s’explique que par la volonté des producteurs de dramatiser les enjeux et d’amplifier la menace potentielle que représentent les robots. On notera d’ailleurs que tout au long de cet épisode, les robots, malgré leur aspect rudimentaire (des figurants affublés d’armures cylindriques) et leur mutisme, sont systématiquement filmés de manière à apparaitre inquiétants.</p>
<p><img alt="asimovies-part1-llr1.JPG" src="https://blog.belial.fr/media/asimovies-part1-llr1.JPG" /></p>
<p>Dans l’ensemble, malgré des moyens techniques limités, la réalisation est tout à fait correcte, et l’interprétation dans l’ensemble correcte. On soulignera en particulier la prestation de Maxine Audley, qui campe une Susan Calvin fort convaincante, à la fois autoritaire, arrogante et froide.</p>
<p>"Little Lost Robot" sur YouTube : <a href="http://www.youtube.com/watch?v=5dK_XqMiOZU">première partie</a>, <a href="http://www.youtube.com/watch?v=Qo_Hxl5UezU">deuxième partie</a>, <a href="http://www.youtube.com/watch?v=2_AAp5xiPsc">troisième partie</a>, <a href="http://www.youtube.com/watch?v=yo_xB1NgsdQ">quatrième et dernière partie</a>.</p>
<p><img style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" alt="asimovies-part1-cavernes.jpg" src="https://blog.belial.fr/media/asimovies-part1-cavernes.jpg" />Deux ans plus tard, Irene Shubnik, créatrice de <strong>Out of this World</strong>, lance une nouvelle anthologie, <strong>Story Parade</strong>, consacrée à l’adaptation de romans contemporains. Shubnik jette cette fois son dévolu sur un autre texte du cycle des Robots : <strong>Les Cavernes d’Acier</strong>. Impossible malheureusement de juger des qualités de cette version, dans laquelle Elijah Baley est interprété par Peter Cushing, les bandes ayant été effacées.</p>
<p>Il en est de même pour une grande partie des épisodes de <strong>Out of the Unknown</strong>, autre anthologie de science-fiction, toujours sous la houlette d’Irene Shubnik, diffusée sur la BBC de 1965 à 1969. Il est d’autant plus regrettable que la majeure partie de cette œuvre ait disparu que ce ne sont pas moins de six textes d’Asimov qui y ont été adaptés. De « Satisfaction Guaranteed » (« Satisfaction garantie », in Un Défilé de Robots), « The Prophet » (« Raison », in Les Robots), Liar ! (« Menteur », in Les Robots) et « The Naked Sun » (Face aux feux du soleil), ne subsistent au mieux que quelques extraits. En revanche, deux autres adaptations ont par chance été conservées : « The Dead Past » (« Les Cendres du passé », in Espace vital) et « Sucker Bait » (« L’Attrape-Nigaud », in La Voie martienne).</p>
<p>La nouvelle « The Dead Past », avec ses nombreux dialogues et son nombre restreint de protagonistes, se prête idéalement bien à une adaptation télévisée qui, contraintes techniques obligent, ressemble davantage à du théâtre filmé qu’à un film à grand spectacle. L’histoire est celle d’Arnold Potterley, un historien, souhaitant utiliser une technique de visionnage temporel pour étudier la civilisation carthaginoise. Le refus de son supérieur d’accéder à sa demande va amener Potterley à tenter, avec l’aide d’un jeune étudiant, de construire son propre « chronoscope », ce qui va entrainer quelques réactions catastrophiques.</p>
<p>La nouvelle peut faire figure de texte mineur dans l’œuvre d’Asimov, elle offre néanmoins quelques éléments intéressants, notamment le drame personnel qu’ont connu Potterley et son épouse (la mort accidentelle de leur fille), qui explique l’obsession du personnage principal et va jouer un rôle crucial dans le récit. L’adaptation amplifie d’ailleurs sensiblement cet élément de l’histoire, jusque dans sa chute, assez réussie.</p>
<p><a href="http://www.youtube.com/watch?v=ktX5E97wtzE">"The Dead Past" sur YouTube.</a></p>
<p>L’adaptation de « Sucker Bait » est moins convaincante. Il faut dire aussi que la nouvelle d’Asimov n’est pas très bonne. L’histoire est celle des membres d’un vaisseau spatial envoyé vers une planète dont tous les colons sont morts dans des circonstances inconnues. Sujet classique, auquel l’auteur ne prête guère d’attention pour se concentrer presque exclusivement sur le personnage de Mark Annuncio, un jeune homme possédant une mémoire totale, qui se souvient ainsi de tout ce qu’il voit et qui est capable de traiter cette masse d’information.</p>
<p>Encore une fois, l’adaptation est fidèle, même si les tensions entre les différents membres d’équipage sont atténuées par rapport au texte d’origine. Malheureusement, la réalisation est quelque peu à la peine. Si les scènes à bord du vaisseau fonctionnent à peu près bien, en revanche le manque de moyens se fait cruellement sentir pour celles qui se déroulent sur la surface de la planète.</p>
<p><a href="http://www.youtube.com/watch?v=Fygp_VsVado">"Sucker Bait" sur YouTube.</a></p>
<p><img style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="asimovies-part1-avenir.jpg" src="https://blog.belial.fr/media/asimovies-part1-avenir.jpg" />Après l’arrêt d’<strong>Out of the Unknown</strong>, il faudra attendre près de dix ans pour qu’Asimov fasse son retour sur petit écran. Cette fois, c’est une chaine canadienne (TV Ontario) qui va se pencher sur son œuvre et adapter « The Ugly little Boy » (« L’Affreux petit garçon », in <strong>L’Avenir commence demain</strong>), l’un des textes favoris de l’auteur. L’histoire est celle d’un enfant néanderthalien transporté au XXème siècle dans le cadre d’une expérience scientifique, et de sa relation avec Edith Fellowes, l’infirmière chargée de s’occuper de lui.</p>
<p>Tout l’intérêt de cette nouvelle repose sur cette relation, la manière dont Fellowes va progressivement s’attacher à cette créature monstrueuse et développer des sentiments maternels à son égard. Or, sur ce plan, l’adaptation ne fonctionne pas du tout. Ici, l’infirmière est une femme acariâtre, dont le travail lui apparait comme une corvée, et qui pendant plusieurs mois va s’occuper de l’enfant sans même songer à lui donner un nom. Dans ces conditions, son changement de sentiments à l’égard de l’enfant, dans les dernières minutes du téléfilm, et le sacrifice qu’elle consent pour lui, sont aussi brutaux qu’improbables. Pour l’anecdote, on notera que ce film est réalisé et interprété par Barry Morse, acteur surtout connu pour son rôle du professeur Victor Bergman dans <strong>Cosmos 1999</strong>.</p>
<p>À noter : l’intégralité des épisodes « Little Lost Robot », « Dead Past » et « Sucker Bait » est visible sur Youtube. Je ne garantis pas que ce soit dans la légalité la plus stricte, mais comme ils ne sont pas à ma connaissance visibles ailleurs…</p>